La présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic a prévu de s'entretenir vendredi au téléphone avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. "Nous faisons tout notre possible pour trouver une solution", a-t-elle dit selon l'agence officielle HINA.
Tomislav Salopek est le premier étranger enlevé et menacé de mort par la branche égyptienne de l'EI.
Les autorités égyptiennes craignent que la décapitation d'un occidental effraie encore un peu plus les touristes, déjà moins nombreux qu'avant en Egypte, mais également les nombreuses entreprises étrangères présentes dans le pays, dans un contexte économique morose.
Une exécution montrerait aussi les limites de la vaste campagne militaire engagée contre les jihadistes dans le Sinaï, leur bastion en Egypte.
Dans une vidéo mise en ligne mercredi, Tomislav Salopek dit qu'il sera exécuté dans 48 heures si le gouvernement égyptien ne libère pas "des femmes musulmanes" emprisonnées. Il est agenouillé aux pieds d'un homme cagoulé tenant un couteau.
Cette vidéo ne précise pas quand le compte à rebours a exactement commencé mais deux jours se sont écoulés depuis sa publication.
Au moment de son enlèvement, le 22 juillet, M. Salopek travaillait depuis quelques mois pour la société Ardiseis, filiale de la Compagnie Générale de Géophysique (CGG), une entreprise française spécialisée dans l'exploration du sous-sol.
Ardiseis a confirmé l'enlèvement de son employé croate, membre d'une équipe d'analyse sismique et père de deux enfants.
"C'était son dernier jour de travail pour la société française. Il s?apprêtait à rentrer à la maison le lendemain", a déploré son père Zlatko.
- "Défaire" les insurgés -
La ministre croate des Affaires étrangères Vesna Pusic s'est rendue au Caire jeudi. Ce même jour, les plus hautes autorités égyptiennes assistaient à l'inauguration en grande pompe du "nouveau canal de Suez", dont elles espèrent qu'il donnera un coup de fouet à l'économie du pays.
Lors de la cérémonie fasteuse aux portes du Sinaï, en présence de nombreux chefs d'Etat, le président Sissi a encore promis de "défaire" les insurgés.
La branche égyptienne de l'EI a revendiqué le mois dernier sa première attaque contre une mission diplomatique en Egypte, un attentat contre le consulat italien au Caire qui a fait un mort. En décembre, elle avait affirmé avoir tué un Américain travaillant pour la société pétrolière Apache, près du Caire.
Mais elle est plus particulièrement active dans la péninsule du Sinaï, où elle multiplie les attaques sanglantes contre les forces de sécurité, et se fait d'ailleurs appeler "Province du Sinaï".
Les jihadistes affirment agir en représailles à la répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste Mohamed Morsi après sa destitution par l'armée il y a deux ans. Plus de 1400 personnes, principalement des manifestants islamistes, ont été tuées dans les mois qui ont suivi cette destitution orchestrée par M. Sissi, ex-chef de l'armée qui a poursuivi la répression après avoir été élu chef de l'Etat en 2014.
Le président, qui bénéficie d'une cote de popularité élevée même s'il mène l'Egypte d'une main de fer, a fait voter une nouvelle législation antiterroriste en réaction à une série d'attaques sans précédent de l'EI contre la police et l'armée, qui a fait des dizaines de morts fin juin dans le nord du Sinaï.
Ce nouvel arsenal législatif a été critiqué par des experts et des défenseurs des droits de l'Homme comme attentatoire aux libertés.
afp