Mohamed Morsi n’aura pas attendu longtemps avant de relancer le bras de fer avec l’armée. Finis les discours d’apaisement prononcés lors de son investiture le 30 juin dernier. Une semaine après, le nouveau président déclenche les hostilités. En prenant un décret, dimanche 8 juillet, rétablissant l’Assemblée du peuple, il contrevient à une décision de la plus haute instance judiciaire du pays et de l’armée qui l’avait validée.
L'affaire remonte au 15 juin dernier. La Haute cour constitutionnelle décide d'invalider l'élection de la chambre basse du Parlement, l’Assemblée du peuple, car des sièges sont revenus à des personnes qui n'auraient pas dû les briguer. Le Conseil supérieur des forces armées, alors au pouvoir, prend acte. L’Assemblée est dissoute. Et en attendant de nouvelles élections parlementaires, les militaires s’arrogent le pouvoir législatif.
Colère des Frères musulmans. Ils étaient majoritaires au Parlement et ils voient dans cette décision de l'armée une façon de monopoliser le pouvoir. Ils manifestent donc plusieurs jours durant place Tahrir au Caire. Entre temps, l'élection présidentielle a lieu, les 16 et 17 juin. Durant une semaine, c'est l'incertitude sur le nom du vainqueur. Et l'armée prend une autre décision qui renforce la colère des islamistes : elle publie un texte définissant les pouvoirs du futur président, en l'absence de Constitution, et ces pouvoirs sont nettement réduits, au profit des militaires.
Les jugements de la Haute cour constitutionnelle sont « sans appel »
Les Frères musulmans voient donc leur candidat Mohamed Morsi élu président avec des prérogatives amoindries. Qu’à cela ne tienne. Une semaine après sa prise de fonction, Morsi prend ce décret réhabilitant la chambre basse du Parlement, privant de fait les militaires du pouvoir qu'ils s'étaient arrogés.
Le Conseil suprême des forces armées s’est réuni en urgence quelques heures après la décision du président. Mais ce lundi 9 juillet dans la matinée, il n’avait toujours pas réagi.
La Haute cour constitutionnelle quant à elle, a affirmé dans un communiqué que tous ses jugements étaient « définitifs, ils ne peuvent faire l'objet d'un appel (...) et sont contraignants pour toutes les institutions de l'Etat. »
Néanmoins, le président du Parlement Saad al-Katatni, issu des Frères musulmans comme Mohamed Morsi, a convoqué les députés de l’Assemblée pour tenir une session dès mardi 10 juillet.
Azza al-Garf, députée du Parti justice et liberté, la vitrine politique des Frères musulmans, compte bien s’y rendre. « Le président Morsi a pris une décision juste à 100%, salue-t-elle dans un entretien à RFI. Il a soulagé le peuple égyptien qui était préoccupé par l'instabilité et l'absence de la première assemblée élue librement par plus de 32 millions d'électeurs égyptiens ».
L’Egypte dans « une situation de chaos politique et juridique »
A l’inverse, le libéral Abdel Megid el-Mehelmy, membre de la Coalition nationale pour le changement de Mohamed el Baradei, regrette la décision de Mohamed Morsi. « J’aurais préféré que Morsi ne prenne pas une telle décision, confie-t-il à RFI. L’Egypte se trouve dans une situation de chaos politique et juridique. »
Les experts en droit sont eux-mêmes divisés sur le bien-fondé de rétablir l’Assemblée dissoute. Et le décret présidentiel risque de créer un peu plus d’incertitudes et de tensions dans un pays où les institutions sont en train de se construire.
Mohamed Morsi a promis dimanche 8 juillet de convoquer de nouvelles élections parlementaires deux mois après le référendum validant la nouvelle Constitution. C’est plus ou moins ce qu’avait promis le Conseil suprême des forces armées, lorsqu’il avait pris le pouvoir législatif. Reste à écrire cette Constitution. Et là encore, les choses ne sont pas simples. L’Assemblée constituante chargée de cette tâche est elle-même décriée.
SOURCE:Rfi
L'affaire remonte au 15 juin dernier. La Haute cour constitutionnelle décide d'invalider l'élection de la chambre basse du Parlement, l’Assemblée du peuple, car des sièges sont revenus à des personnes qui n'auraient pas dû les briguer. Le Conseil supérieur des forces armées, alors au pouvoir, prend acte. L’Assemblée est dissoute. Et en attendant de nouvelles élections parlementaires, les militaires s’arrogent le pouvoir législatif.
Colère des Frères musulmans. Ils étaient majoritaires au Parlement et ils voient dans cette décision de l'armée une façon de monopoliser le pouvoir. Ils manifestent donc plusieurs jours durant place Tahrir au Caire. Entre temps, l'élection présidentielle a lieu, les 16 et 17 juin. Durant une semaine, c'est l'incertitude sur le nom du vainqueur. Et l'armée prend une autre décision qui renforce la colère des islamistes : elle publie un texte définissant les pouvoirs du futur président, en l'absence de Constitution, et ces pouvoirs sont nettement réduits, au profit des militaires.
Les jugements de la Haute cour constitutionnelle sont « sans appel »
Les Frères musulmans voient donc leur candidat Mohamed Morsi élu président avec des prérogatives amoindries. Qu’à cela ne tienne. Une semaine après sa prise de fonction, Morsi prend ce décret réhabilitant la chambre basse du Parlement, privant de fait les militaires du pouvoir qu'ils s'étaient arrogés.
Le Conseil suprême des forces armées s’est réuni en urgence quelques heures après la décision du président. Mais ce lundi 9 juillet dans la matinée, il n’avait toujours pas réagi.
La Haute cour constitutionnelle quant à elle, a affirmé dans un communiqué que tous ses jugements étaient « définitifs, ils ne peuvent faire l'objet d'un appel (...) et sont contraignants pour toutes les institutions de l'Etat. »
Néanmoins, le président du Parlement Saad al-Katatni, issu des Frères musulmans comme Mohamed Morsi, a convoqué les députés de l’Assemblée pour tenir une session dès mardi 10 juillet.
Azza al-Garf, députée du Parti justice et liberté, la vitrine politique des Frères musulmans, compte bien s’y rendre. « Le président Morsi a pris une décision juste à 100%, salue-t-elle dans un entretien à RFI. Il a soulagé le peuple égyptien qui était préoccupé par l'instabilité et l'absence de la première assemblée élue librement par plus de 32 millions d'électeurs égyptiens ».
L’Egypte dans « une situation de chaos politique et juridique »
A l’inverse, le libéral Abdel Megid el-Mehelmy, membre de la Coalition nationale pour le changement de Mohamed el Baradei, regrette la décision de Mohamed Morsi. « J’aurais préféré que Morsi ne prenne pas une telle décision, confie-t-il à RFI. L’Egypte se trouve dans une situation de chaos politique et juridique. »
Les experts en droit sont eux-mêmes divisés sur le bien-fondé de rétablir l’Assemblée dissoute. Et le décret présidentiel risque de créer un peu plus d’incertitudes et de tensions dans un pays où les institutions sont en train de se construire.
Mohamed Morsi a promis dimanche 8 juillet de convoquer de nouvelles élections parlementaires deux mois après le référendum validant la nouvelle Constitution. C’est plus ou moins ce qu’avait promis le Conseil suprême des forces armées, lorsqu’il avait pris le pouvoir législatif. Reste à écrire cette Constitution. Et là encore, les choses ne sont pas simples. L’Assemblée constituante chargée de cette tâche est elle-même décriée.
SOURCE:Rfi