De notre envoyé spécial au Caire
Les Frères musulmans ne laissent décidément rien au hasard. Comme s'ils voulaient impressionner leurs concurrents et décourager toute tentative de truquer l'élection présidentielle, les partisans de Mohammed Morsi occupent le terrain médiatique depuis jeudi soir en publiant les résultats partiels à mesure qu'ils leur parviennent. Dès minuit, alors que seuls 236 bureaux de vote sur 13000 avaient été dépouillés, ils ont annoncé que leur candidat occupait la première place. Une prédiction qui semble se confirmer vendredi matin, alors que plus de la moitié des bureaux de vote ont communiqué leurs résultats.
À en croire des estimations affinées ce matin, Mohammed Morsi obtiendrait entre 25 et 30 % des voix. Il devancerait Ahmed Chafiq, ancien général de l'armée de l'air et éphémère premier ministre de Moubarak durant la révolution, qui est crédité de 23 % des suffrages. Hamdeen Sabahi, candidat «nassérien» qui se proclame comme l'unique porte-parole de la révolution, créerait la surprise en obtenant près de 20 % des voix. Quant au candidat islamiste «libéral» Abdel Moneim About Foutouh et à l'ex-secrétaire générale de la Ligue arabe, ils semblent nettement distancés.
Le pire scénario pour les révolutionnaires
«Aujourd'hui est un grand jour», s'est réjoui cette nuit Essam el Erian, vice-président de la confrérie, lorsque les premières tendances ont été diffusées. «Ce sont des élections de la vérité qui vont ouvrir la voie à la justice sociale et à la liberté pour tous les Égyptiens. Musulmans et chrétiens, jeunes et vieux, hommes et femmes: nous nous battons depuis 80 ans pour que tous les habitants de ce pays puissent vivre libres.»
Martelant que leur victoire finale ne fait aucun doute, les responsables de la confrérie ont précisé, à l'intention de la presse internationale: «Nous voulons construire la démocratie et tous les investisseurs doivent savoir que nous allons garantir un environnement stable, respectueux de l'état de droit et des libertés publiques.»
Si ces résultats se confirment, le deuxième tour de la présidentielle opposera donc un islamiste et un militaire issu de l'ancien régime. Pour les révolutionnaires laïcs de la place Tahrir, il s'agit du pire scénario envisageable. Ces derniers jours, le Conseil suprême des forces armées a mis en garde contre une éventuelle tentation de contester les résultats. Dans une menace à peine voilée, ils se sont engagés à protéger par tout moyen «la légitimité institutionnelle» lors de cette présidentielle.
Par Cyrille Louis
Les Frères musulmans ne laissent décidément rien au hasard. Comme s'ils voulaient impressionner leurs concurrents et décourager toute tentative de truquer l'élection présidentielle, les partisans de Mohammed Morsi occupent le terrain médiatique depuis jeudi soir en publiant les résultats partiels à mesure qu'ils leur parviennent. Dès minuit, alors que seuls 236 bureaux de vote sur 13000 avaient été dépouillés, ils ont annoncé que leur candidat occupait la première place. Une prédiction qui semble se confirmer vendredi matin, alors que plus de la moitié des bureaux de vote ont communiqué leurs résultats.
À en croire des estimations affinées ce matin, Mohammed Morsi obtiendrait entre 25 et 30 % des voix. Il devancerait Ahmed Chafiq, ancien général de l'armée de l'air et éphémère premier ministre de Moubarak durant la révolution, qui est crédité de 23 % des suffrages. Hamdeen Sabahi, candidat «nassérien» qui se proclame comme l'unique porte-parole de la révolution, créerait la surprise en obtenant près de 20 % des voix. Quant au candidat islamiste «libéral» Abdel Moneim About Foutouh et à l'ex-secrétaire générale de la Ligue arabe, ils semblent nettement distancés.
Le pire scénario pour les révolutionnaires
«Aujourd'hui est un grand jour», s'est réjoui cette nuit Essam el Erian, vice-président de la confrérie, lorsque les premières tendances ont été diffusées. «Ce sont des élections de la vérité qui vont ouvrir la voie à la justice sociale et à la liberté pour tous les Égyptiens. Musulmans et chrétiens, jeunes et vieux, hommes et femmes: nous nous battons depuis 80 ans pour que tous les habitants de ce pays puissent vivre libres.»
Martelant que leur victoire finale ne fait aucun doute, les responsables de la confrérie ont précisé, à l'intention de la presse internationale: «Nous voulons construire la démocratie et tous les investisseurs doivent savoir que nous allons garantir un environnement stable, respectueux de l'état de droit et des libertés publiques.»
Si ces résultats se confirment, le deuxième tour de la présidentielle opposera donc un islamiste et un militaire issu de l'ancien régime. Pour les révolutionnaires laïcs de la place Tahrir, il s'agit du pire scénario envisageable. Ces derniers jours, le Conseil suprême des forces armées a mis en garde contre une éventuelle tentation de contester les résultats. Dans une menace à peine voilée, ils se sont engagés à protéger par tout moyen «la légitimité institutionnelle» lors de cette présidentielle.
Par Cyrille Louis