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Égypte : les députés islamistes provoquent justice et armée

Rédigé par leral.net le Mercredi 11 Juillet 2012 à 13:07 | | 0 commentaire(s)|

Rétablis dans leurs fonctions par le président Mohammed Morsi, ils se sont réunis symboliquement mardi.


Égypte : les députés islamistes provoquent justice et armée
La réouverture des travaux de l'Assemblée par Mohammed Morsi n'aura été que de courte durée. La session parlementaire convoquée par le nouveau chef de l'État a débuté mardi à 10 h 20 et n'a duré qu'une douzaine de minutes. Saad al-Katatni, président du Parlement, tout juste rétabli dans ses fonctions, dimanche par décret, a ouvert la séance. À cette occasion, il a indiqué que le président n'avait pas violé la décision de la Haute Cour constitutionnelle en annulant la dissolution de l'Assemblée du peuple.

Une déclaration qu'est venue contredire dans la soirée cette Haute Cour en annonçant la suspension du décret émis dimanche par le nouveau président. L'annonce a eu l'effet d'une bombe dans le camp des islamistes. Le conseiller juridique du parti Liberté et Justice, bras politique de l'organisation des Frères musulmans, Ahmed Abou Baraka, a déclaré avec émotion à la chaîne al-Jazeera que la Haute Cour constitutionnelle avait dépassé ses prérogatives. «C'est du despotisme au nom de la loi ! » a-t-il affirmé. Le conseiller juridique a appelé l'Assemblée à «ne pas prendre en compte la décision de la Haute Cour », considérant que cette décision constitue «un empiétement du pouvoir judiciaire sur le pouvoir législatif ».

Le nombre de manifestants déjà présents dans la journée sur la place Tahrir pour soutenir le décret du président a considérablement grossi après le communiqué de la haute institution judiciaire. Autour de 22 heures, Ils étaient encore des milliers à dénoncer «une justice à la solde des militaires». Hamdeen Sabbahi, candidat à la présidentiel, entré dans le camp de l'opposition, s'est dit, lui, satisfait de l'arrêt rendu: «Cette décision tranche définitivement le litige.» L'homme de gauche a appelé Mohammed Morsi à «respecter la suprématie de la loi et de la justice».

Votant à main levée, mardi matin les députés présents - Frères musulmans et salafistes pour l'essentiel - avaient approuvé la proposition de M. Katatni de solliciter la Cour de cassation sur la meilleure façon de mettre en œuvre la décision de la Haute Cour constitutionnelle. À la mi-juin, celle-ci avait déclaré un tiers des sièges de l'Assemblée invalide en raison d'un vice de forme. M. Katatni a insisté sur le fait que le Parlement était pleinement conscient de la charge qui lui incombait, ainsi que de ses droits. Les sessions de l'Assemblée ne devaient pas reprendre avant que le verdict de la juridiction d'appel n'ait été prononcé.

Les partis libéraux - farouchement opposés à la promulgation du décret de dimanche - avaient sèchement boycotté la session. C'est le cas notamment du député indépendant Mustafa Bakry, boutefeu bien connu en Égypte pour son franc-parler, qui a annoncé sa démission, fustigeant une forme de «banditisme politique» et une «violation de l'État de droit».

Désignation du premier ministre
Alors que le bras de fer entre islamistes et militaires perdure, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a appelé mardi à la retenue et au dialogue entre les différentes parties. Elle doit être reçue samedi par le président. Parallèlement, la Haute Cour administrative, que les Frères musulmans avaient saisie pour statuer sur l'arrêt de l'armée par lequel celle-ci s'octroyait le pouvoir législatif après la dissolution de l'Assemblée, a ajourné sa délibération au 19 juillet.

Dans ce contexte potentiellement explosif que le porte-parole du nouveau président a annoncé la communication dans les prochaines heures du nom du premier ministre. Plusieurs noms de personnalités sont évoqués: le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, le directeur de la banque centrale d'Égypte, Farouk el-Okdah, l'ancien ministre des Finances Hazem el-Beblawi ainsi que des candidats aux profils d'économistes comme Mahmoud Aboul Eyoon, ancien gouverneur de la Banque centrale, et Hisham Ramez, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale égyptienne, actuellement directeur général de la Banque internationale du commerce, la plus grande banque privée du pays.


Par Fatiha Temmouri