Mais pourquoi est-il si méchant? Les plus de 20 ans se souviennent sans doute de ce slogan publicitaire pour un soda à l’orange sanguine. Il s’applique aussi à El Hadji Diouf. Le footballeur sénégalais vient d’ajouter quelques lignes supplémentaires à son C.V. déjà bien chargé de mauvais garçon.
Le 20 juin dernier, le sportif fustigeait, auprès de RFI, les comportements malhonnêtes des fédérations africaines de football, en particulier celle du Sénégal, présidée par Augustin Senghor:
i[«Il y a beaucoup de magouilles dans le football sénégalais. Ils ont très peur de moi parce qu’ils savent que ma voix est très écoutée. Le président aussi fait des magouilles. Ils magouillent entre eux. C’est inadmissible […]
]i
La plupart des fédérations aiment l’argent du football, mais pas le football. C’est à cause de ça qu’on ne gagnera pas de compétition majeure. Tout le système du football africain est corrompu.»
Et vlan. La Fédération sénégalaise de football (FSF) a attendu un mois pour lancer sa contre-offensive: le 27 juillet, elle a suspendu l’ancienne star nationale de toute compétition sportive au Sénégal pour une durée de 5 ans. Le revers de la médaille, bien que prévisible, sonne probablement la fin de la carrière en sélection de Diouf, officiellement âgé de 30 ans. Un épilogue qui ne semble pas l’émouvoir outre mesure:
«En sélection, je n’ai plus de rêve à atteindre. Si je ne suis plus convoqué, c’est la vie», déclarait-il à RFI après s’être lâché.
Le 20 juin dernier, le sportif fustigeait, auprès de RFI, les comportements malhonnêtes des fédérations africaines de football, en particulier celle du Sénégal, présidée par Augustin Senghor:
i[«Il y a beaucoup de magouilles dans le football sénégalais. Ils ont très peur de moi parce qu’ils savent que ma voix est très écoutée. Le président aussi fait des magouilles. Ils magouillent entre eux. C’est inadmissible […]
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La plupart des fédérations aiment l’argent du football, mais pas le football. C’est à cause de ça qu’on ne gagnera pas de compétition majeure. Tout le système du football africain est corrompu.»
Et vlan. La Fédération sénégalaise de football (FSF) a attendu un mois pour lancer sa contre-offensive: le 27 juillet, elle a suspendu l’ancienne star nationale de toute compétition sportive au Sénégal pour une durée de 5 ans. Le revers de la médaille, bien que prévisible, sonne probablement la fin de la carrière en sélection de Diouf, officiellement âgé de 30 ans. Un épilogue qui ne semble pas l’émouvoir outre mesure:
«En sélection, je n’ai plus de rêve à atteindre. Si je ne suis plus convoqué, c’est la vie», déclarait-il à RFI après s’être lâché.
L’art de se faire détester
Au moins peut-on se satisfaire qu’El Hadji Diouf ait exprimé son point de vue avec des mots corrects. Car le personnage a déjà usé d’un langage plus fleuri. Début 2009, alors qu’il évoluait à Blackburn en Angleterre, Diouf s’était fait piéger par de jeunes plaisantins auteurs d’un canular téléphonique. Provoqué, le Sénégalais s’était lancé dans une tirade de 3 minutes 33, enregistrée et postée sur la Toile. Le titre de la vidéo: «Une autre raison de détester Diouf». Un grand moment de tendresse à suivre.
Subversif et bouillant, tel est El Hadji Diouf. En France, du temps de ses années lensoises, il était ce jeune attaquant très prometteur, flamboyant avec les Lions de la Teranga pendant le Mondial 2002. Au Japon et en Corée du Sud, lui et ses coéquipiers avaient atteint les quarts de finale, en s'offrant notamment le scalp des champions du monde français en ouverture. Depuis, Diouf poursuit sa route au Royaume-Uni, où il se complaît surtout dans son rôle de bad guy qui lui sied à ravir.
A peine débarqué à Liverpool au sortir de la Coupe du monde 2002, Diouf déchante vite. Ses performances sont catastrophiques (6 but en 80 matchs) et son comportement dérape. Lion et chameau ne se ressemblent pas, mais le Sénégalais se met à cracher —au sens propre du terme. D’abord sur des supporters, puis sur des adversaires. Les amendes pleuvent, mais n’éteignent pas ce tempérament brûlant.
Impulsif sur la pelouse, El Hadji Diouf se fait aussi épingler en dehors. Il est surpris plusieurs fois à faire la fête jusqu’au petit matin, à quelques heures d’un match. Son permis lui est retiré un temps, pour cause de conduite en état d’ébriété. Les accidents de circulation se multiplient. Les rixes et pugilats aussi. Diouf, le gendre idéal.
Des bords de la Mersey à Blackburn, en passant par Bolton et Sunderland, El Hadji Diouf évolue depuis plus de neuf saisons au royaume de Sa Majesté. Autant de temps à se surpasser dans les polémiques. Quand il ne partage pas sa salive, l’enfant de Saint-Louis joue des poings ou vocifère. Il s’accroche avec ses propres coéquipiers, moleste des femmes (dont l’ex-compagne de son acolyte en sélection Khalilou Fadiga, ce qui lui vaudra 3 mois de prison avec sursis), et déverse un flot d’injures sur un petit ramasseur de balles en septembre 2009. Un écart qui le conduira à nouveau au commissariat.
En janvier 2011, le défenseur de Queens Park Rangers, Jamie Mackie, se fracture le tibia et le péroné lors d’une opposition contre Blackburn Rovers. Après son opération, le blessé raconte au Sun l'attitude de Diouf à son égard:
«Même ses coéquipiers étaient gênés par ce que Diouf racontait. Il a dit: "Allez vous faire foutre, toi et ta jambe". Il n’y a pas de place pour ce genre de comportement dans le foot. Pour moi, c’est une honte absolue.»
Quelques jours après, les Rovers envoient leur avant-centre se faire oublier du côté de l’Ecosse et des Glasgow Rangers, sous forme de prêt. Et en quelques semaines à peine, il réussit bien sûr à faire parler de lui. En faisant encore étalage de son caractère sanguin ou en déclarant publiquement son admiration pour le colonel Kadhafi…
Subversif et bouillant, tel est El Hadji Diouf. En France, du temps de ses années lensoises, il était ce jeune attaquant très prometteur, flamboyant avec les Lions de la Teranga pendant le Mondial 2002. Au Japon et en Corée du Sud, lui et ses coéquipiers avaient atteint les quarts de finale, en s'offrant notamment le scalp des champions du monde français en ouverture. Depuis, Diouf poursuit sa route au Royaume-Uni, où il se complaît surtout dans son rôle de bad guy qui lui sied à ravir.
A peine débarqué à Liverpool au sortir de la Coupe du monde 2002, Diouf déchante vite. Ses performances sont catastrophiques (6 but en 80 matchs) et son comportement dérape. Lion et chameau ne se ressemblent pas, mais le Sénégalais se met à cracher —au sens propre du terme. D’abord sur des supporters, puis sur des adversaires. Les amendes pleuvent, mais n’éteignent pas ce tempérament brûlant.
Impulsif sur la pelouse, El Hadji Diouf se fait aussi épingler en dehors. Il est surpris plusieurs fois à faire la fête jusqu’au petit matin, à quelques heures d’un match. Son permis lui est retiré un temps, pour cause de conduite en état d’ébriété. Les accidents de circulation se multiplient. Les rixes et pugilats aussi. Diouf, le gendre idéal.
Des bords de la Mersey à Blackburn, en passant par Bolton et Sunderland, El Hadji Diouf évolue depuis plus de neuf saisons au royaume de Sa Majesté. Autant de temps à se surpasser dans les polémiques. Quand il ne partage pas sa salive, l’enfant de Saint-Louis joue des poings ou vocifère. Il s’accroche avec ses propres coéquipiers, moleste des femmes (dont l’ex-compagne de son acolyte en sélection Khalilou Fadiga, ce qui lui vaudra 3 mois de prison avec sursis), et déverse un flot d’injures sur un petit ramasseur de balles en septembre 2009. Un écart qui le conduira à nouveau au commissariat.
En janvier 2011, le défenseur de Queens Park Rangers, Jamie Mackie, se fracture le tibia et le péroné lors d’une opposition contre Blackburn Rovers. Après son opération, le blessé raconte au Sun l'attitude de Diouf à son égard:
«Même ses coéquipiers étaient gênés par ce que Diouf racontait. Il a dit: "Allez vous faire foutre, toi et ta jambe". Il n’y a pas de place pour ce genre de comportement dans le foot. Pour moi, c’est une honte absolue.»
Quelques jours après, les Rovers envoient leur avant-centre se faire oublier du côté de l’Ecosse et des Glasgow Rangers, sous forme de prêt. Et en quelques semaines à peine, il réussit bien sûr à faire parler de lui. En faisant encore étalage de son caractère sanguin ou en déclarant publiquement son admiration pour le colonel Kadhafi…
Ego sans égal
El Hadji Diouf n’est pas du genre à y aller avec le dos de la cuillère quand il souhaite s’exprimer. Une franchise qui ne trouve pas écho partout. Pour preuve, Steven Gerrard, le capitaine de Liverpool a évoqué, dans son autobiographie, le passage du Sénégalais au club anglais:
«Tout le monde aimait Anelka, un grand joueur, bon camarade, respectueux des valeurs du club, alors que Diouf se révéla tout l’inverse. Quelqu’un qui ne pensait qu’à lui et se foutait totalement de l’histoire de Liverpool. Il se prenait pour le meilleur joueur du monde, alors qu’il en était à des années-lumière.»
Le début des hostilités. Quelques mois plus tard, pour leurs retrouvailles, les deux anciens coéquipiers en sont venu aux mains. Sans doute l'ex-Lensois a-t-il peu goûté aux mots du capitaine des Reds. «Dioufy» (son surnom à Liverpool) a, il est vrai, un melon de fort belle taille. Jugez plutôt ce florilège de déclarations:
«Je veux jouer dans un grand club comme le Barça ou le Real Madrid, c’est mon rêve, je suis sûr d’y arriver.»
Sur Jamie Carragher, ancien équipier à Liverpool:
i[«Il était jaloux de moi […], je gagnais plus que lui et mon nom était plus connu. J’ai amené ma sélection à la Coupe du monde et en finale de la Coupe d’Afrique [en 2002, ndlr], donc Carragher ne peut pas me critiquer, car lui n’a rien fait de sa vie.»
]i
Sur l’équipe du Sénégal:
«J’ai fait cette équipe. Si les gens en sont fiers, c’est aussi parce que Diouf en a fait partie et qu’ils veulent devenir le nouvel El Hadji.»
De l’extrait de Muhammad Ali à la sauce football. Car comme ce fut le cas pour l’illustre boxeur américain, cette orgueil plaît à ses supporters sénégalais, plus nombreux qu’on ne pourrait le croire.
«Tout le monde aimait Anelka, un grand joueur, bon camarade, respectueux des valeurs du club, alors que Diouf se révéla tout l’inverse. Quelqu’un qui ne pensait qu’à lui et se foutait totalement de l’histoire de Liverpool. Il se prenait pour le meilleur joueur du monde, alors qu’il en était à des années-lumière.»
Le début des hostilités. Quelques mois plus tard, pour leurs retrouvailles, les deux anciens coéquipiers en sont venu aux mains. Sans doute l'ex-Lensois a-t-il peu goûté aux mots du capitaine des Reds. «Dioufy» (son surnom à Liverpool) a, il est vrai, un melon de fort belle taille. Jugez plutôt ce florilège de déclarations:
«Je veux jouer dans un grand club comme le Barça ou le Real Madrid, c’est mon rêve, je suis sûr d’y arriver.»
Sur Jamie Carragher, ancien équipier à Liverpool:
i[«Il était jaloux de moi […], je gagnais plus que lui et mon nom était plus connu. J’ai amené ma sélection à la Coupe du monde et en finale de la Coupe d’Afrique [en 2002, ndlr], donc Carragher ne peut pas me critiquer, car lui n’a rien fait de sa vie.»
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Sur l’équipe du Sénégal:
«J’ai fait cette équipe. Si les gens en sont fiers, c’est aussi parce que Diouf en a fait partie et qu’ils veulent devenir le nouvel El Hadji.»
De l’extrait de Muhammad Ali à la sauce football. Car comme ce fut le cas pour l’illustre boxeur américain, cette orgueil plaît à ses supporters sénégalais, plus nombreux qu’on ne pourrait le croire.
Ange? Démon? Les deux?
Fier comme un coq, El Hadji Diouf ne traîne pas que des casseroles. En 2004, la légende brésilienne Pelé l’a cité parmi les 125 meilleurs joueurs de l’histoire du ballon rond. Et peu de joueurs peuvent se targuer d’un double sacre de meilleur joueur africain de l’année (2001, 2002), d’un titre de 7e meilleur joueur du Mondial 2002 et du trophée de meilleur joueur de la CAN 2002. Ses excès et sa carrière sur une courbe sinusoïdale ne peuvent effacer de telles distinctions, preuves d’un talent sans doute un peu gâché.
Steven Gerrard, lui, semble ignorer qu'El Hadji Diouf sait faire preuve d'une grande générosité. A Lens, les supporters se souviennent d'un garçon proche d'eux, toujours prêt à aider son prochain. Depuis de nombreuses années, Diouf est engagé dans de nombreux combats pour l’Afrique.
A l’image de l’Ivoirien Didier Drogba ou du Camerounais Samuel Eto’o, le Lion de la Teranga donne beaucoup de son temps et de son argent pour diverses associations au Sénégal et ailleurs sur le continent. En 2007, il s’est associé à la star du rap US Akon (lui-même né à Dakar) pour lancer Konfidence Foundation, une structure qui vient en aide aux plus démunis au Sénégal et dans toute l'Afrique.
Ces actes louables ne parviennent pourtant pas à atténuer cette image de mauvais garçon si tenace. Très bavard auprès de RFI, l’attaquant avait justement tenu à se justifier:
«Je ne suis pas un joueur ingérable. Je dis les choses. Je n’ai jamais eu de problème avec un entraîneur ou un autre joueur. Ce qui dérange, c’est mon franc-parler. On m’a collé une étiquette de "bad boy", à cause de mes tatouages et de ce que je dégage. En réalité, je suis une personne simple, comme tout le monde.»
Comme tout le monde… rien n'est moins sûr.
Nicolas Bamba slate afrique
Steven Gerrard, lui, semble ignorer qu'El Hadji Diouf sait faire preuve d'une grande générosité. A Lens, les supporters se souviennent d'un garçon proche d'eux, toujours prêt à aider son prochain. Depuis de nombreuses années, Diouf est engagé dans de nombreux combats pour l’Afrique.
A l’image de l’Ivoirien Didier Drogba ou du Camerounais Samuel Eto’o, le Lion de la Teranga donne beaucoup de son temps et de son argent pour diverses associations au Sénégal et ailleurs sur le continent. En 2007, il s’est associé à la star du rap US Akon (lui-même né à Dakar) pour lancer Konfidence Foundation, une structure qui vient en aide aux plus démunis au Sénégal et dans toute l'Afrique.
Ces actes louables ne parviennent pourtant pas à atténuer cette image de mauvais garçon si tenace. Très bavard auprès de RFI, l’attaquant avait justement tenu à se justifier:
«Je ne suis pas un joueur ingérable. Je dis les choses. Je n’ai jamais eu de problème avec un entraîneur ou un autre joueur. Ce qui dérange, c’est mon franc-parler. On m’a collé une étiquette de "bad boy", à cause de mes tatouages et de ce que je dégage. En réalité, je suis une personne simple, comme tout le monde.»
Comme tout le monde… rien n'est moins sûr.
Nicolas Bamba slate afrique