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El Hadji Malick Sy « Souris », ancien président de la FSF


L’élimination des « Lions » de la course à la CAN et au Mondial 2010 de football avant même le 3ème et dernier tour des éliminatoires, a fait sortir El Hadji Malick Sy « Souris » de sa réserve. Président de ce qui tenait lieu de fédération lors de la seule CAN que le Sénégal a abritée en 1992 et de la FSF lorsque les « Lions » ont disputé la finale de la CAN 2002 au Mali et le Mondial de la même année en Corée et au Japon, cet ancien international de football est un personnage respecté du milieu.


Rédigé par leral.net le Mercredi 22 Octobre 2008 à 13:05 | | 0 commentaire(s)|

El Hadji Malick Sy « Souris », ancien président de la FSF
Son avis a forcément son importance et ses prises de position ont le mérite d’être claires. Avec nous, il a accepté de parler des sujets brûlants du football national de l’heure. Il s’est déclaré disposé à revenir aux affaires. Mais à ses conditions.

« Je suis prêt à revenir si ... »

Depuis que l’élimination des « Lions » de la CAN et du Mondial 2010 est effective, on assiste comme à des prolongations de mauvais goût avec des joueurs, El Hadji Diouf et Souleymane Diawara notamment, qui se traitent de tous les noms d’oiseaux par presse interposée. « Il faut régler ce problème, s’exclame El Hadji Malick Sy « Souris ». On a l’impression que l’avenir et l’intérêt du Sénégal sont entre les mains de Diouf et Diawara. Et c’est grave ». Pour l’ancien président de la FSF, « il y a une démarche à faire entre ces joueurs. Mais, malheureusement, c’est comme si les dirigeants ne savaient pas pourquoi ils sont là ».

Les insanités que les joueurs s’envoient sont lues même jusqu’en Alaska, du fait de la magie de l’Internet. Selon lui, au Togo, Emmanuel Adebayor avait fait pire, puisqu’il avait insulté le président de la fédération. « Mais, quand l’intérêt national l’a exigé, on était allé le chercher. Et il a qualifié son équipe au prochain tour », argumente-t-il.

Des joueurs indisciplinés, l’ancien président de la FSF soutient en avoir connu des navétanes à l’équipe nationale en passant par les équipes de club. Mais, il fallait savoir comment s’y prendre avec eux. « On ne devait pas laisser l’entraîneur seul avec ses problèmes ». « Souris » soutient n’indexer personne ; il n’en estime pas moins qu’ « un responsable devait agir avant et après » que ne se déclenchent les hostilités. Alors, se verrait-il dans un rôle de facilitateur ou de médiateur ? « Je ne peux pas intervenir dans un milieu où je ne suis pas appelé », réplique-t-il. Depuis 2002, il dit s’être mis dans une posture d’observation et d’écoute, lui qui dit avoir « servi (ses) plus belles années pour le Sénégal. Personne n’est mieux placé que moi ». Disposé donc à revenir, au même titre, selon lui, que des dirigeants qui ont fait leurs preuves dans le milieu tels Mbaye Ndoye et Me Alioune Abatalib Guèye. « Si l’on m’appelle demain, je viens si la mission est en adéquation avec ce que je crois ; même si je n’ai plus l’âge de mes intentions ».

Toutefois, El H. Malick Sy refuse de se définir comme « l’homme de la situation », ainsi qu’El Hadji Diouf a eu à le présenter dernièrement à travers la presse. Il se contente juste de signaler que « depuis l’échec de Tamale, j’avais tiré la sonnette d’alarme ». Pour la première fois de l’histoire, les « Lions » étaient rentrés d’une CAN dès le premier tour sans avoir enregistré la moindre victoire et après avoir concédé leur plus lourde défaite (1 - 3 face à l’Angola). Et « Souris » dit avoir noté qu’il n’y avait pas eu de solidarité « encore moins le management qu’il fallait ». Lui qui avait été appelé par le ministre des Sports d’alors, Joseph Ndong, au lendemain de l’alternance, pour placer durablement le football sénégalais sur les rails du succès, se dit « meurtri par tout ce qui se passe actuellement ». Il est urgent, selon lui, de reconstruire le sport national et le football en particulier. « Et cette tâche dépasse les fédérations ». Pour passer de la phase négative actuelle à celle positive comme le Sénégal en a connue, « il faut sélectionner ceux qui peuvent replacer notre football parmi les meilleurs ; et avec l’aide de la coopération, travailler sérieusement sur 5 voire 10 ans. Il faut également mettre en place un comité pour réfléchir au professionnalisme qu’on annonce depuis quelque temps ». Ce d’autant que les textes existent au plan local. Sans oublier la possibilité de s’inspirer de ce qui se fait de bon ailleurs. « On n’invente rien. Il faut copier intelligemment. Mais surtout, il faut de la volonté politique », tient-il à préciser.

« J’avais senti venir l’élimination des « Lions »

Quand on a fini de perdre un match, on peut le gagner mille fois. Autrement dit, et dans le cas d’espèce, après une élimination, il est toujours aisé de dire ce qu’on aurait pu faire pour que ça marche. Ce n’est pas qu’il cherche à s’entourer de précautions oratoires, mais El Hadji Malick Sy « Souris » dit « avoir senti venir » le sort aujourd’hui réservé aux « Lions » du football, éliminés de la course aux deux compétitions majeures de 2010, la CAN prévue en janvier en Angola et la Coupe du monde qui aura lieu à l’été en Afrique du Sud. Pour l’ancien président de la Fédération sénégalaise de football, c’est depuis le match de Monrovia, lors de la 3ème journée du Groupe 6, face au Libéria que les choses ont commencé à se compliquer. Ce jour-là, après avoir mené par 2 buts à 0, l’équipe du Sénégal s’était fait rejoindre au score dans les 15 dernières minutes de la rencontre. « Deux précieux points avaient été perdus et il fallait, après cela, réarmer moralement tout le monde, sonner la grande mobilisation autour de l’équipe », regrette-t-il aujourd’hui. Puis, c’est devenu assez compliqué après la défaite sénégalaise à Blida contre l’Algérie (2 - 3), lors de la 5ème journée. El Hadji Malick Sy « Souris » dit avoir été inquiet en entendant les discours d’avant-match. Pour lui, c’est comme si l’on allait en territoire conquis dont on reviendrait avec la victoire ; alors que de son point de vue, « il fallait se rattraper du nul de Monrovia et un nul aurait suffi pour permettre aux « Lions » de conserver la tête du Groupe 6 ». Pour lui, c’était « une finale de qualification ».

Mais, tout de même, perdre la qualification à domicile, face à la Gambie ! Ça, « Souris » avoue qu’il s’y attendait moins, même si ce n’est que l’aboutissement d’un processus. N’empêche, se plait-il à rappeler, « le Sénégal était leader de son groupe et qualifié jusqu’à 5 minutes de la fin ». Et c’est ce qui est regrettable à ses yeux. « Car, nous avons un potentiel de joueurs tel que cette élimination va être ressentie par l’ensemble du football africain ». Le seul président de fédération dont le magistère a été marqué par une qualification sénégalaise à une phase finale de Coupe du monde de football (Corée du Sud - Japon en 2002) et par une finale continentale de CAN (la même année au Mali), est d’avis qu’en football « la chose la plus facile, c’est de jouer ». Il dit parler en connaissance de cause pour avoir été joueur pendant de longues années. « La deuxième chose la plus facile, c’est l’entraînement ». Le plus difficile alors ? « C’est tout le reste », répond-il. Et d’enchaîner pour dire que tout ce qui se passe depuis que les « Lions » sont hors course « est simplement désolant ». Pourtant, « Souris » soutient avoir géré des situations bien plus compliquées, notamment lors de la CAN 2002 au Mali où « il y avait eu une bataille rangée entre joueurs à l’entraînement ».

Aujourd’hui, il constate pour s’en désoler que « ça part dans tous les sens ». Le sélectionneur national, Lamine Ndiaye, qu’il dit connaître assez bien puisqu’étant joueur alors que lui « Souris » était président de la FSF, lors de la CAN « Sénégal 92 » a été « très courageux dans ses choix ». Notamment de n’avoir pas convoqué Niang et Diawara, lors de ce fameux Sénégal - Gambie (1 - 1) du 11 octobre dernier. Parce que c’est lui le premier responsable de l’équipe. Cependant, M. Sy est catégorique : « il y a un niveau au-delà duquel un entraîneur ne peut pas aller. A un moment donné, c’est à la fédération de prendre le relais, puis intervient en cas de besoin le ministre ». Tout cela pour dire que Lamine Ndiaye « aurait dû convoquer Niang et Diawara pour voir si tous ceux qui menaçaient de bouder l’équipe l’auraient fait ». Pour lui, « les problèmes entre joueurs se règlent à l’interne. Et quand l’intérêt national est en jeu, les humeurs individuelles n’existent plus. Il faut que l’entraîneur et les joueurs acceptent les décisions qui les dépassent ». Une sorte d’esprit de groupe ou de sacrifice à avoir à certains moments.

Aux yeux de « Souris » donc, Lamine Ndiaye ne saurait être tenu pour seul responsable de cette malheureuse élimination du Sénégal. « L’entraîneur avait peut-être raison. Mais, ce n’était plus un problème technique, mais une affaire nationale ». Il rappelle d’ailleurs avoir été confronté à des situations du genre avec feu le président Abdoulaye Fofana, ancien président de la FSF. « On avait géré beaucoup de situations et de frustrations. Mais, c’était la voie de la réussite ». Surtout, lorsque le Sénégal était resté très longtemps sans se qualifier à une CAN. « Bocandé était suspendu à vie. Il avait été décidé de le réhabiliter et de le convoquer », rappelle-t-il. Boc était venu et avait inscrit un hat-trick contre le Zimbabwe qui avait mis fin à 18 ans de traversée du désert (de 1968 à 1986).

« Le CNF doit en tirer toutes les conclusions »

Malgré certaines difficultés récurrentes, le Sénégal avait toujours réussi, depuis 2000, à se qualifier aux phases finales de CAN. Et même à atteindre les demi-finales en 2006, en Egypte. Deux ans plus tard, les « Lions » s’étaient fait sortir dès le premier tour au Ghana. Ce qui n’était plus arrivé depuis 1986 et dans la foulée, la FSF avait été virée. « Cette fois, le CNF ne qualifie même pas l’équipe au dernier tour des éliminatoires de la CAN et du Mondial 2010. Il doit donc en tirer les conclusions. Car, seul le résultat compte ». Tel est l’avis d’El Hadji Malick Sy « Souris », ancien président de la FSF. Pour preuve, il cite le cas de Raymond Domenech, le sélectionneur national des « Bleus » de France, longtemps assis sur une chaise éjectable avant qu’un nul (2 - 2) en Roumanie en éliminatoires du Mondial 2010 et surtout une victoire en ... amical contre la Tunisie (3 - 1) ne viennent l’engoncer dans son fauteuil.

Selon « Souris », on ne peut pas transformer un secteur où l’on ne comprend pas grand-chose du fonctionnement. Dommage, ironise-t-il que le football ne soit pas comme les arts martiaux « où il faut être ceinture noire pour avoir le droit de donner son opinion ». Pour (re)mettre le football sénégalais sur les rails, il faut de l’expérience, des connaissances. « Le sport, c’est une affaire d’initiation. C’est comme le Zikr. Plus on en fait et plus on s’élève. On ne peut pas recadrer ce qu’on ne connaît pas », tranche-t-il. Il faut donc, dans son entendement, « un leader aux compétences avérées. Quelqu’un qui ne vient jamais au stade ne peut pas redresser ce football ».

Propos recueillis par B. Khalifa Ndiaye

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