Mais si une consigne de vote n’est pas envisageable au plus haut niveau de la pyramide mouride, elle n’est pas à exclure du côté de certains segments de la confrérie. Cheikh Béthio Thioune et Serigne Modou Kara Mbacké, tous deux chefs de file d’une faction «de mourides de la dernière heure», sont connus pour leur «promptitude à pactiser avec le régime libéral». L’on se rappelle du syndrome 2007, quand le guide des thiantacounes et le leader du Pvd (Parti de la vérité pour le développement) avaient publiquement soutenu le candidat du Sopi, moyennant plusieurs centaines de millions de francs Cfa. Ce qui avait sans doute valu, en bonne partie, à Abdoulaye Wade sa victoire en 2007.
Mais en 2012, le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) va devoir faire sans Serigne Modou Kara Mbacké, si l’on s’en tient aux propos tenus récemment par son porte-parole. Le chef de file du (Pvd), selon Bamba Seydou Diop, «ne compte soutenir personne à la prochaine Présidentielle». Quant au guide des thiantacounes, il dit «attendre un ndigël de Touba».
Toutefois selon Serigne Khadim Mbacké, chercheur à l’Ifan, un éventuel ndigël de Kara ou Béthio ne lie pas l’ensemble de la communauté mouride. «Au sein de la confrérie mouride, le vrai ndigël ne peut émaner que de la première autorité morale et religieuse, c’est-à-dire le khalife général. Toute autre recommandation émanant de certains marabouts-politiciens ne sera considérée que comme une simple consigne de vote. Et cette consigne ne concerne que ceux qui ont un rapport d’acte d’allégeance avec eux. Avec l’ère des petits-fils, le ndigël n’est plus ce qu’il était», souligne Serigne Khadim Mbacké. Ce dernier est convaincu que l’actuel khalife général des mourides «ne va pas se risquer au jeu politique». Et M. Mbacké d’expliciter : «Non seulement Serigne Sidy Moctar veut suivre l’exemple de Serigne Saliou, qui n’a jamais situé les intérêts des mourides dans le jeu politique ; mais surtout l’actuel khalife est conscient de l’évolution des mentalités au sein de la confrérie mouride. Pour maintenir la cohésion au sein de la confrérie, le khalife est conscient qu’il est préférable pour lui de ne pas donner de ndigël. A cela, s’ajoute la posture particulière de l’actuel khalife qui ne s’intéresse pas à la politique.» Serigne Khadim Mbacké se désole du fait qu’aujourd’hui, le champ d’application du ndigël soit réduit au domaine politique, car rappelle le chercheur, «le ndigël est essentiel dans la vie des mourides».
Toutefois, l’avènement de ces nouveaux centres de décisions (exemple de Béthio et Kara) a fait que l’unicité d’un centre du ndigël ne semble plus exister, comme par le passé, dans la confrérie mouride. Il est pourtant communément admis que le ndigël, s’il y aura lieu, devrait provenir d’un unique centre, c’est-à-dire le khalife. Serigne Khadim Mbacké précise que l’attitude de l’actuel khalife général des mourides d’être à équidistance des prétendants à l’élection présidentielle de 2012 desserre la contrainte religieuse sur les «marabouts-politiciens» pour se libérer de leurs ambitions politiques.
Le journaliste-consultant, Cheikh Yérim Seck, parle d’une mutation sociologique profonde de la société sénégalaise. Ce changement a entraîné, dit-il, une forme de transition du talibé en citoyen. «Cette forme de prise en charge du propre choix du citoyen est sans aucun doute une innovation sociale qui peut avoir un impact sur l’issue de la prochaine élection présidentielle prévue le 26 février 2012 au Sénégal», prévient le journaliste. Mais, il y a une partie de la population sénégalaise sur qui le ndigël exerce toujours une certaine influence. C’est le cas chez les disciples de Cheikh Béthio Thioune. Ce dernier est aujourd’hui le dignitaire mouride qui a le plus de talibés. La relation quasi fanatique que ces derniers entretiennent avec leur guide, fera qu’ils suivront sans rechigner un ndigël de ce dernier.
Cependant, «l’impact de la consigne de vote varie selon le niveau intellectuel des destinataires du ndigël», relève Cheikh Yérim Seck. Il précise qu’une éventuelle consigne de vote émanant de Cheikh Béthio Thioune n’agrée pas l’actuel khalife général des mourides.
lequotidien.sn
Mais en 2012, le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) va devoir faire sans Serigne Modou Kara Mbacké, si l’on s’en tient aux propos tenus récemment par son porte-parole. Le chef de file du (Pvd), selon Bamba Seydou Diop, «ne compte soutenir personne à la prochaine Présidentielle». Quant au guide des thiantacounes, il dit «attendre un ndigël de Touba».
Toutefois selon Serigne Khadim Mbacké, chercheur à l’Ifan, un éventuel ndigël de Kara ou Béthio ne lie pas l’ensemble de la communauté mouride. «Au sein de la confrérie mouride, le vrai ndigël ne peut émaner que de la première autorité morale et religieuse, c’est-à-dire le khalife général. Toute autre recommandation émanant de certains marabouts-politiciens ne sera considérée que comme une simple consigne de vote. Et cette consigne ne concerne que ceux qui ont un rapport d’acte d’allégeance avec eux. Avec l’ère des petits-fils, le ndigël n’est plus ce qu’il était», souligne Serigne Khadim Mbacké. Ce dernier est convaincu que l’actuel khalife général des mourides «ne va pas se risquer au jeu politique». Et M. Mbacké d’expliciter : «Non seulement Serigne Sidy Moctar veut suivre l’exemple de Serigne Saliou, qui n’a jamais situé les intérêts des mourides dans le jeu politique ; mais surtout l’actuel khalife est conscient de l’évolution des mentalités au sein de la confrérie mouride. Pour maintenir la cohésion au sein de la confrérie, le khalife est conscient qu’il est préférable pour lui de ne pas donner de ndigël. A cela, s’ajoute la posture particulière de l’actuel khalife qui ne s’intéresse pas à la politique.» Serigne Khadim Mbacké se désole du fait qu’aujourd’hui, le champ d’application du ndigël soit réduit au domaine politique, car rappelle le chercheur, «le ndigël est essentiel dans la vie des mourides».
Toutefois, l’avènement de ces nouveaux centres de décisions (exemple de Béthio et Kara) a fait que l’unicité d’un centre du ndigël ne semble plus exister, comme par le passé, dans la confrérie mouride. Il est pourtant communément admis que le ndigël, s’il y aura lieu, devrait provenir d’un unique centre, c’est-à-dire le khalife. Serigne Khadim Mbacké précise que l’attitude de l’actuel khalife général des mourides d’être à équidistance des prétendants à l’élection présidentielle de 2012 desserre la contrainte religieuse sur les «marabouts-politiciens» pour se libérer de leurs ambitions politiques.
Le journaliste-consultant, Cheikh Yérim Seck, parle d’une mutation sociologique profonde de la société sénégalaise. Ce changement a entraîné, dit-il, une forme de transition du talibé en citoyen. «Cette forme de prise en charge du propre choix du citoyen est sans aucun doute une innovation sociale qui peut avoir un impact sur l’issue de la prochaine élection présidentielle prévue le 26 février 2012 au Sénégal», prévient le journaliste. Mais, il y a une partie de la population sénégalaise sur qui le ndigël exerce toujours une certaine influence. C’est le cas chez les disciples de Cheikh Béthio Thioune. Ce dernier est aujourd’hui le dignitaire mouride qui a le plus de talibés. La relation quasi fanatique que ces derniers entretiennent avec leur guide, fera qu’ils suivront sans rechigner un ndigël de ce dernier.
Cependant, «l’impact de la consigne de vote varie selon le niveau intellectuel des destinataires du ndigël», relève Cheikh Yérim Seck. Il précise qu’une éventuelle consigne de vote émanant de Cheikh Béthio Thioune n’agrée pas l’actuel khalife général des mourides.
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