Pour s’attaquer aux problèmes les plus urgents, le gouvernement que Macky Sall va mettre en place devra trouver en urgence 250 milliards, pour s’assurer de fournir l’électricité et éviter au moins une crise alimentaire. Sans compter d’autres besoins de fonctionnaires. Or, il n’a pas beaucoup de leviers pour rassembler ce montant.
Le Président nouvellement installé va devoir trouver, de manière urgente, environ 120 milliards de francs Cfa pour continuer à assurer une distribution plus ou moins optimale de l’électricité. Le Quotidien avait déjà annoncé que le contrat de location des containeurs électriques à la compagnie américaine Apr Energy arrivait à terme à la fin de ce mois de mars, et que le pays avait besoin, soit de le renouveler, soit de trouver des moyens alternatifs pour fournir du carburant à la population. En fait, c’est plus de 200 milliards d’urgence dont a besoin le nouveau pouvoir, pour assurer l’électricité et éviter une catastrophe alimentaire.
120 milliards pour l’électricité
La Senelec, on le sait, n’a aucune prise sur le Plan Takkal, qui a toujours été piloté à partir du ministère de l’Energie, sous l’autorité de M. Karim Wade et son acolyte Ibrahima Sarr. Or, ces deux ministres partent juste au moment où la distribution d’électricité va redevenir problématique, si les choses ne s’arrangent pas rapidement. Car, le renouvellement du contrat d’Apr Energy demande 60 milliards de francs Cfa environ, et il faut une somme équivalente, pour sécuriser l’approvisionnement en carburant pour faire tourner les centrales. Or, là aussi, les contrats signés arrivent à expiration en cette même période.
On sait que le montage financier du plan Takkal imposait de ponctionner sévèrement les différents ministères, qui ont vu leurs budgets subir des coupes claires pour que le gouvernement réussisse son pari de fournir de l’électricité au Sénégal, du moins jusqu’à ce que la période électorale puisse passer. Sans doute les tenants du pouvoir libéral avaient une idée de la manière dont ils allaient s’arranger pour assurer la continuité de la distribution normale de l’électricité, mais comme ils sont partis, le gouvernement à venir devra certainement chercher d’autres leviers sur lesquels jouer. D’autant plus que le président Macky Sall sait qu’il ne pourra pas compter sur le budget de l’Etat. Le Président Wade l’avait lui-même avoué pendant la campagne électorale : il ne reste plus rien du budget de la Présidence, et les fonds secrets du chef de l’Etat ont été totalement raclés durant la campagne électorale.
45 milliards pour l’Agriculture
Comme pour renforcer les déclarations du président Abdoulaye Wade (voir Le Quotidien n° 2752 du 21 mars 2012), les salaires du mois de mars ont été payés avec beaucoup de difficultés. Et la fonction publique a, en l’état actuel des choses, besoin de 40 milliards de francs environ chaque mois, pour régler les salaires de la Fonction publique. Les engagements pris par les ministres de l’enseignement avec les enseignants ne sont pas encore entrés en vigueur. Or, en plus, du fait d’une campagne agricole catastrophique et des aléas climatiques, l’insécurité alimentaire est déjà dans certaines zones du pays, comme l’ont annoncés la Fao et Oxfam grande Bretagne (Le Quotidien 2743 des 10 et 11 mars 2012). Si les organisations internationales viennent un peu à notre secours pour nous éviter une situation de famine, le pays a besoin de trouver des ressources internes pour préparer sa prochaine campagne agricole. Pour cela, il faut un minimum de 45 milliards, pour assurer les semences, les engrais et du matériel agricole. Et, si l’on veut éviter une catastrophe alimentaire, des organisations paysannes comme le Cncr et la Fongs ont déjà averti les nouveaux dirigeants que cela ne peut pas attendre.
Pas de secours fiscal ou douanier
Mais si les caisses de l’Etat sont vides, comme annoncé par le président Wade, où Macky Sall pourrait-il trouver les fonds d’urgence dont il a besoin ? La semaine dernière, il a reçu en sa résidence les directeurs généraux du Trésor, des Impôts et Domaines, ainsi que de la Douane. Avec chacun d’eux, Macky Sall a essayé de voir sur quels leviers il pouvait jouer pour rassembler les sommes dont il avait besoin, et chacun d’eux lui a démontré qu’il n’avait pas une grosse marge de manœuvre. Si les «pays amis», essentiellement les partenaires occidentaux membres de l’Arrangement au cadre de l’appui budgétaire (Acab) ne débloquent pas une assistance exceptionnelle d’urgence, comme ce fut le cas en 2008, lors de la lutte contre la hausse des prix des produits alimentaires, ils pourraient à tout le moins demander au Fonds monétaire international (Fmi) de donner sa bénédiction à des structures comme l’Agence française de développement (Afd) pour un prêt d’urgence, à des conditions pas trop usuraires.
Autrement, il resterait à se tourner vers le marché financier. Or, sur ce plan, le marché régional ne permet pas encore de lever d’un seul coup plus de 50 milliards de francs Cfa. Du moins, aucun pays ou institution n’a jamais pu lever plus que ce montant d’un seul coup. Et, on a remarqué que, outre d’être des crédits à très court terme, les emprunts contractés sur le marché financier international, servaient plus à payer des dettes contractées précédemment, et ne remplissaient plus de mission de développement. Difficile dans ces conditions qu’ils satisfassent la soif d’argent dont souffre le pays.
SOURCE:mgueye@lequotidien.sn
Le Président nouvellement installé va devoir trouver, de manière urgente, environ 120 milliards de francs Cfa pour continuer à assurer une distribution plus ou moins optimale de l’électricité. Le Quotidien avait déjà annoncé que le contrat de location des containeurs électriques à la compagnie américaine Apr Energy arrivait à terme à la fin de ce mois de mars, et que le pays avait besoin, soit de le renouveler, soit de trouver des moyens alternatifs pour fournir du carburant à la population. En fait, c’est plus de 200 milliards d’urgence dont a besoin le nouveau pouvoir, pour assurer l’électricité et éviter une catastrophe alimentaire.
120 milliards pour l’électricité
La Senelec, on le sait, n’a aucune prise sur le Plan Takkal, qui a toujours été piloté à partir du ministère de l’Energie, sous l’autorité de M. Karim Wade et son acolyte Ibrahima Sarr. Or, ces deux ministres partent juste au moment où la distribution d’électricité va redevenir problématique, si les choses ne s’arrangent pas rapidement. Car, le renouvellement du contrat d’Apr Energy demande 60 milliards de francs Cfa environ, et il faut une somme équivalente, pour sécuriser l’approvisionnement en carburant pour faire tourner les centrales. Or, là aussi, les contrats signés arrivent à expiration en cette même période.
On sait que le montage financier du plan Takkal imposait de ponctionner sévèrement les différents ministères, qui ont vu leurs budgets subir des coupes claires pour que le gouvernement réussisse son pari de fournir de l’électricité au Sénégal, du moins jusqu’à ce que la période électorale puisse passer. Sans doute les tenants du pouvoir libéral avaient une idée de la manière dont ils allaient s’arranger pour assurer la continuité de la distribution normale de l’électricité, mais comme ils sont partis, le gouvernement à venir devra certainement chercher d’autres leviers sur lesquels jouer. D’autant plus que le président Macky Sall sait qu’il ne pourra pas compter sur le budget de l’Etat. Le Président Wade l’avait lui-même avoué pendant la campagne électorale : il ne reste plus rien du budget de la Présidence, et les fonds secrets du chef de l’Etat ont été totalement raclés durant la campagne électorale.
45 milliards pour l’Agriculture
Comme pour renforcer les déclarations du président Abdoulaye Wade (voir Le Quotidien n° 2752 du 21 mars 2012), les salaires du mois de mars ont été payés avec beaucoup de difficultés. Et la fonction publique a, en l’état actuel des choses, besoin de 40 milliards de francs environ chaque mois, pour régler les salaires de la Fonction publique. Les engagements pris par les ministres de l’enseignement avec les enseignants ne sont pas encore entrés en vigueur. Or, en plus, du fait d’une campagne agricole catastrophique et des aléas climatiques, l’insécurité alimentaire est déjà dans certaines zones du pays, comme l’ont annoncés la Fao et Oxfam grande Bretagne (Le Quotidien 2743 des 10 et 11 mars 2012). Si les organisations internationales viennent un peu à notre secours pour nous éviter une situation de famine, le pays a besoin de trouver des ressources internes pour préparer sa prochaine campagne agricole. Pour cela, il faut un minimum de 45 milliards, pour assurer les semences, les engrais et du matériel agricole. Et, si l’on veut éviter une catastrophe alimentaire, des organisations paysannes comme le Cncr et la Fongs ont déjà averti les nouveaux dirigeants que cela ne peut pas attendre.
Pas de secours fiscal ou douanier
Mais si les caisses de l’Etat sont vides, comme annoncé par le président Wade, où Macky Sall pourrait-il trouver les fonds d’urgence dont il a besoin ? La semaine dernière, il a reçu en sa résidence les directeurs généraux du Trésor, des Impôts et Domaines, ainsi que de la Douane. Avec chacun d’eux, Macky Sall a essayé de voir sur quels leviers il pouvait jouer pour rassembler les sommes dont il avait besoin, et chacun d’eux lui a démontré qu’il n’avait pas une grosse marge de manœuvre. Si les «pays amis», essentiellement les partenaires occidentaux membres de l’Arrangement au cadre de l’appui budgétaire (Acab) ne débloquent pas une assistance exceptionnelle d’urgence, comme ce fut le cas en 2008, lors de la lutte contre la hausse des prix des produits alimentaires, ils pourraient à tout le moins demander au Fonds monétaire international (Fmi) de donner sa bénédiction à des structures comme l’Agence française de développement (Afd) pour un prêt d’urgence, à des conditions pas trop usuraires.
Autrement, il resterait à se tourner vers le marché financier. Or, sur ce plan, le marché régional ne permet pas encore de lever d’un seul coup plus de 50 milliards de francs Cfa. Du moins, aucun pays ou institution n’a jamais pu lever plus que ce montant d’un seul coup. Et, on a remarqué que, outre d’être des crédits à très court terme, les emprunts contractés sur le marché financier international, servaient plus à payer des dettes contractées précédemment, et ne remplissaient plus de mission de développement. Difficile dans ces conditions qu’ils satisfassent la soif d’argent dont souffre le pays.
SOURCE:mgueye@lequotidien.sn