Tout droit après le garage des véhicules dits « clandos » de Keur Mbaye Fall, à hauteur du mur du Train express régional (Ter), une trentaine de mètres à droite, sont dressées deux bâches devant un domicile R+1 aux carreaux gris. Devant la maison d’en face, est visible un tas de sable. C’est en dessous que se trouvait la mare de sang de K. Ndiaye, égorgée samedi dernier vers 18 h.
À l’entrée de la maison mortuaire, sous une tente, trois grands-mères de la victime, venues de Sébikhotane et de Kounoune, prennent le petit-déjeuner. Des marmites et assiettes vides ou contenant des restes du repas de la veille, sont posées dans un coin. Dans un autre coin, sont superposées des dizaines de chaises en plastique. Assis à côté des dames qui forcent leur premier repas de la journée, M. Ndiaye, oncle de l’élève, explique ce qu’il sait des faits. Sa nièce K. Ndiaye est née le 15 décembre 2003 et devait faire la Terminale cette année. Samedi dernier, vers 18 h, rentré du boulot, il ôtait ses chaussures lorsqu’il a entendu quelqu’un crier que K. Ndiaye venait d’être égorgée.
L’oncle a couru vers l’extérieur et a trouvé l’adolescente vêtue d’un tee-shirt et d’un pantalon jean, devant la maison qui fait face à la sienne, la gorge tranchée, gisant dans une mare de sang. Son père est décédé le 19 août 2022. Sa mère était partie au marché et la coépouse de sa maman, rentrée épuisée de Touba la veille, dormait comme une souche au premier étage. Du coup, K. Ndiaye était seule au rez-de-chaussée. Lorsque les sapeurs-pompiers sont arrivés, M. Ndiaye s’est mis à l’écart avec l’un d’eux et lui a demandé discrètement si sa nièce était encore en vie. Après la confirmation du décès, les sapeurs-pompiers ont alerté le commissariat de Zac Mbao qui est venu sur les lieux, avant que le corps ne soit transféré à l’hôpital de Thiaroye.
La famille attend l’autopsie. « Nous ne pouvons que nous en remettre à Allah. Nous entendions parler de ce genre de faitsqui se passaient dans des maisons. Aujourd’hui, c’est dans la nôtre que la tragédie a frappé », se résigne M. Ndiaye. Trois bambins l’entourent. L’un, lui souffle qu’ils doivent aller à l’école coranique, mais ils n’ont pas encore pris leur petit-déjeuner. Aussi douloureux que cela puisse paraître, la vie continue…
Un rêve brisé à jamais
M. F. Ndiaye, née en 1977, mère de la victime, femme au foyer, était partie au marché acheter des médicaments traditionnels. Sur le chemin de retour, vers 18 h, elle a reçu plusieurs appels de voisins qui voulaient savoir où elle était, sans lui dire ce qui se passait. Aux alentours de sa maison, elle a trouvé un monde fou. Lorsque des badauds se sont dégagés et qu’elle a découvert sa fille par terre, dans une mare de sang, elle a senti le sol se dérober sous ses pieds. C’était son second enfant. « Une petite toujours aux petits soins. Elle rêvait d’avoir son baccalauréat, de poursuivre ses études, de décrocher du travail et de m’aider », confie la maman. Avant de retourner à l’intérieur, en bonne hôtesse, elle demande aux invités s’ils ont déjà mangé.
Le témoignage de S. Ndiaye, grande sœur de K. Ndiaye, est sans doute un élément capital dans l’enquête de police. Le jour du drame, son téléphone a sonné vers 18 h. C’était sa demi-sœur. « S. Ndiaye, K. Ndiaye a été poignardée par Papa Moto qui a fui », lui dit sa cadette. Elle a failli s’évanouir. À peine cette communication coupée, le petit ami de la victime l’a appelée, comme si de rien n’était : « boy, on a poignardé K. Ndiaye. Je suis là devant votre maison. Elle est sortie de la maison en courant et son sang coule abondamment. Là, elle vient de tomber. Elle s’est relevée, m’a regardé et, est retombée. Viens vite ». Poursuivant son récit, S. Ndiaye soutient avoir demandé au suspect de secourir sa sœur, même si la victime avait mis fin à leur amourette il y a quelques mois. Mais « Papa moto » ne l’entendait pas et disait : « Là où elle est blessée, il est impossible qu’elle survive. Je n’ai plus d’espoir. Fais-moi signe quand tu seras à la maison », a dit le suspect, avant de raccrocher.
Avec l’émotion et le remue-ménage à la maison, S. Ndiaye a oublié de rappeler. Elle ne s’en est rappelé qu’à l’arrivée des enquêteurs, qui lui ont suggéré de joindre le mis en cause. Mais c’était trop tard parce que sa ligne était sur boîte vocale. Selon S. Ndiaye, la victime a mis fin à sa relation avec « Papa moto », parce qu’il est indigne de confiance. « J’ai rejoint le domicile conjugal mais nous nous parlions chaque jour. Nous n’avions pas de secret l’une pour l’autre. Elle me demandait toujours conseil. Nous étions dans la même classe. Nous étions comme des jumelles. Elle va beaucoup me manquer ».
Appliquer la peine de mort
Rentrée épuisée du Magal de Touba, N. S. Diop, coépouse de la maman de la défunte, a été subitement tirée de son sommeil par un cri strident. Elle a sauté du lit, a couru au balcon et vu que du sang giclait de la gorge de K. Ndiaye. Elle est sortie de la maison en titubant et a tourné le dos, en désignant quelqu’un ou quelque chose. « Je ne pouvais pas me douter qu’il s’agissait de son assassin. J’ai eu la peur de ma vie et je me suis mise à crier de toutes mes cordes vocales. C’est ce qui a cassé ma voix. En compagnie de mes enfants, nous avons dévalé les escaliers et trouvé K. Ndiaye devant la maison d’en face. Depuis ce jour, je ne dors plus. Il n’y a que la peine de mort qui doit s’appliquer pour ce genre de monstre. Cela fait vraiment mal. Que le Bon Dieu nous donne la force de surmonter cette épreuve », prie la belle-mère, partagée entre la tristesse et la colère.
Source: leSoleil.sn
À l’entrée de la maison mortuaire, sous une tente, trois grands-mères de la victime, venues de Sébikhotane et de Kounoune, prennent le petit-déjeuner. Des marmites et assiettes vides ou contenant des restes du repas de la veille, sont posées dans un coin. Dans un autre coin, sont superposées des dizaines de chaises en plastique. Assis à côté des dames qui forcent leur premier repas de la journée, M. Ndiaye, oncle de l’élève, explique ce qu’il sait des faits. Sa nièce K. Ndiaye est née le 15 décembre 2003 et devait faire la Terminale cette année. Samedi dernier, vers 18 h, rentré du boulot, il ôtait ses chaussures lorsqu’il a entendu quelqu’un crier que K. Ndiaye venait d’être égorgée.
L’oncle a couru vers l’extérieur et a trouvé l’adolescente vêtue d’un tee-shirt et d’un pantalon jean, devant la maison qui fait face à la sienne, la gorge tranchée, gisant dans une mare de sang. Son père est décédé le 19 août 2022. Sa mère était partie au marché et la coépouse de sa maman, rentrée épuisée de Touba la veille, dormait comme une souche au premier étage. Du coup, K. Ndiaye était seule au rez-de-chaussée. Lorsque les sapeurs-pompiers sont arrivés, M. Ndiaye s’est mis à l’écart avec l’un d’eux et lui a demandé discrètement si sa nièce était encore en vie. Après la confirmation du décès, les sapeurs-pompiers ont alerté le commissariat de Zac Mbao qui est venu sur les lieux, avant que le corps ne soit transféré à l’hôpital de Thiaroye.
La famille attend l’autopsie. « Nous ne pouvons que nous en remettre à Allah. Nous entendions parler de ce genre de faitsqui se passaient dans des maisons. Aujourd’hui, c’est dans la nôtre que la tragédie a frappé », se résigne M. Ndiaye. Trois bambins l’entourent. L’un, lui souffle qu’ils doivent aller à l’école coranique, mais ils n’ont pas encore pris leur petit-déjeuner. Aussi douloureux que cela puisse paraître, la vie continue…
Un rêve brisé à jamais
M. F. Ndiaye, née en 1977, mère de la victime, femme au foyer, était partie au marché acheter des médicaments traditionnels. Sur le chemin de retour, vers 18 h, elle a reçu plusieurs appels de voisins qui voulaient savoir où elle était, sans lui dire ce qui se passait. Aux alentours de sa maison, elle a trouvé un monde fou. Lorsque des badauds se sont dégagés et qu’elle a découvert sa fille par terre, dans une mare de sang, elle a senti le sol se dérober sous ses pieds. C’était son second enfant. « Une petite toujours aux petits soins. Elle rêvait d’avoir son baccalauréat, de poursuivre ses études, de décrocher du travail et de m’aider », confie la maman. Avant de retourner à l’intérieur, en bonne hôtesse, elle demande aux invités s’ils ont déjà mangé.
Le témoignage de S. Ndiaye, grande sœur de K. Ndiaye, est sans doute un élément capital dans l’enquête de police. Le jour du drame, son téléphone a sonné vers 18 h. C’était sa demi-sœur. « S. Ndiaye, K. Ndiaye a été poignardée par Papa Moto qui a fui », lui dit sa cadette. Elle a failli s’évanouir. À peine cette communication coupée, le petit ami de la victime l’a appelée, comme si de rien n’était : « boy, on a poignardé K. Ndiaye. Je suis là devant votre maison. Elle est sortie de la maison en courant et son sang coule abondamment. Là, elle vient de tomber. Elle s’est relevée, m’a regardé et, est retombée. Viens vite ». Poursuivant son récit, S. Ndiaye soutient avoir demandé au suspect de secourir sa sœur, même si la victime avait mis fin à leur amourette il y a quelques mois. Mais « Papa moto » ne l’entendait pas et disait : « Là où elle est blessée, il est impossible qu’elle survive. Je n’ai plus d’espoir. Fais-moi signe quand tu seras à la maison », a dit le suspect, avant de raccrocher.
Avec l’émotion et le remue-ménage à la maison, S. Ndiaye a oublié de rappeler. Elle ne s’en est rappelé qu’à l’arrivée des enquêteurs, qui lui ont suggéré de joindre le mis en cause. Mais c’était trop tard parce que sa ligne était sur boîte vocale. Selon S. Ndiaye, la victime a mis fin à sa relation avec « Papa moto », parce qu’il est indigne de confiance. « J’ai rejoint le domicile conjugal mais nous nous parlions chaque jour. Nous n’avions pas de secret l’une pour l’autre. Elle me demandait toujours conseil. Nous étions dans la même classe. Nous étions comme des jumelles. Elle va beaucoup me manquer ».
Appliquer la peine de mort
Rentrée épuisée du Magal de Touba, N. S. Diop, coépouse de la maman de la défunte, a été subitement tirée de son sommeil par un cri strident. Elle a sauté du lit, a couru au balcon et vu que du sang giclait de la gorge de K. Ndiaye. Elle est sortie de la maison en titubant et a tourné le dos, en désignant quelqu’un ou quelque chose. « Je ne pouvais pas me douter qu’il s’agissait de son assassin. J’ai eu la peur de ma vie et je me suis mise à crier de toutes mes cordes vocales. C’est ce qui a cassé ma voix. En compagnie de mes enfants, nous avons dévalé les escaliers et trouvé K. Ndiaye devant la maison d’en face. Depuis ce jour, je ne dors plus. Il n’y a que la peine de mort qui doit s’appliquer pour ce genre de monstre. Cela fait vraiment mal. Que le Bon Dieu nous donne la force de surmonter cette épreuve », prie la belle-mère, partagée entre la tristesse et la colère.
Source: leSoleil.sn