Participeront également à cette réunion, Moussa Faki Mahamat, pour l’Union africaine, et Louise Mushikiwabo, pour l’OIF, tout comme le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Les discussions seront ensuite élargies en visio-conférence aux dirigeants italien et allemand. Ce sera l’occasion de faire un point sur la stratégie engagée, il y a près de six mois, lors de la dernière réunion à Pau, dans le sud-ouest de la France. Un semestre qui, du point de vue français, a été propice pour l’opération Barkhane.
Lorsque la France et ses partenaires sahéliens se sont retrouvés à Pau, le 13 janvier dernier, l’ambiance n’était pas à l’optimisme après plusieurs mois de difficultés sur le terrain. Emmanuel Macron demandera alors à ses homologues de confirmer leur soutien à l’engagement français, lors de cette réunion qui passera souvent, dans l’opinion publique sahélienne, pour une « convocation » élyséenne des dirigeants africains.
À Pau, des priorités ont également été définies contre un ennemi, l’État islamique au grand Sahara (EIGS), et dans une région, celle des « trois frontières » (Mali, Niger, Burkina).
Six mois plus tard, si les acquis sont « fragiles », l’état d’esprit est tout autre et on n’hésite pas à dire au cabinet présidentiel que « la victoire est possible » au Sahel.
La force Barkhane a changé son mode d’action
Renforcée par 500 hommes, la mission Barkhane a multiplié les opérations et modifié son mode d’action.
Ainsi, pour déloger les groupes terroristes, il a été décidé qu’il y aurait désormais moins de patrouilles composées de convois lourds et lents - cibles des mines artisanales - mais plutôt une présence sur le temps long, ce que les militaires appellent la « permanentisation ». Dans les faits, les légionnaires du 2e REP ont été désignés pour s'accrocher au terrain, en totale autonomie, un engagement extrêmement rustique, sur plusieurs semaines et solidement coordonné avec les armées régionales, comme cela avait été décidé en janvier dernier.
Après des mois d'efforts, les résultats sont là, assure l'état-major qui indique que ces derniers mois, plusieurs centaines de terroristes ont été neutralisés dont des chefs de premier plan, à l'instar d'Abdelmalek Droukdel, le chef d'Aqmi, tué le 3 juin dernier.
Dans la zone des « trois frontières », l'étau sur les forces locales s'est peu à peu desserré. Le principe d'incertitude « s'est inversé », se réjouissent les responsables des opérations, soulignant que désormais, la force Barkhane et ses alliés étaient devenus imprévisibles pour les groupes armés terroristes.
Désormais, Paris veut également une « consolidation » des gains militaires via des avancées concrètes sur l’autonomie des armées nationales, sur le redéploiement des États dans les zones instables et sur la concrétisation de projets ciblés de développement.
De nombreux défis dans la région
La France se défend d’être « timide » dans sa dénonciation des violations des droits humains, mais la Minusma et les ONG documentent, par centaines, les exactions extrajudiciaires au Mali, Niger et Burkina Faso.
Pour y répondre, Paris donne la priorité aux opérations conjointes, afin d’éviter les actions autonomes d’armées nationales, toujours décrites comme « fragiles », et espère une implication européenne croissante dans la formation et le déploiement de magistrats pour permettre des suites pénales.
Autre défi, celui de la mobilisation de la communauté internationale. Sur le volet militaire, l’opération européenne Takuba manque encore de partenaires.
Sur le volet développement, la Coalition pour le Sahel, lancée à Pau, doit soutenir des projets plus ciblés, plus visibles et plus efficaces.
Sur le plan politique, avec la crise au Mali, la mise en œuvre des accords d’Alger est à l’arrêt, tandis que le Burkina entre dans un cycle électoral qui laisse craindre, là-aussi, un « flottement » qui inquiète Paris.
Reste surtout à savoir comment les groupes jihadistes répondront à la pression des derniers mois, comment Aqmi se réorganisera après la mort d’Abdelmalek Droukdel, si son conflit avec l’EIGS se poursuivra ou encore si l’attaque de Kafolo augure d’une tentative pérenne de nuire plus au sud.
Deux priorités à ne pas occulter
Que faut-il attendre de ce sommet de quelques heures qui réunit les pays du G5 et leurs partenaires de la communauté internationale ? Pour Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (IFRI), il y a plusieurs priorités, dont deux notamment qu’il est important de ne pas oublier.
Il y a deux problèmes qui se sont accélérés ces derniers mois. C’est celui des exactions contre les civils par les Forces armées nationales. Ça, c’est un point - s’il n’est pas réglé rapidement – qui va faire empirer les choses. Le deuxième point - qui est tout aussi délicat à aborder - c’est celui des détournements des budgets militaires et des pôts-de-vin versés lors des contrats d’armement.
Ismael ould cheikh Ahmed, le ministre mauritanien des Affaires étrangères et président du conseil des ministres du G5 Sahel, dresse lui aussi les nombreux enjeux qui decront être traités au sommet : terrorisme et sécuritaire bien sûr, qui va de pair avec « les questions de developpement et la lutte contre la pauvreté », le Covid-19, qui « perturbe ces économies déjà très fragiles ». « Les présidents du G5 ont fait un appel à une annulation pure et simple de la dette africaine, et de celle en particulier du G5. Mais je pense qu'au-delà de l'annulation de la dette, nous avons besoin d'argent frais. »
Rfi
Lorsque la France et ses partenaires sahéliens se sont retrouvés à Pau, le 13 janvier dernier, l’ambiance n’était pas à l’optimisme après plusieurs mois de difficultés sur le terrain. Emmanuel Macron demandera alors à ses homologues de confirmer leur soutien à l’engagement français, lors de cette réunion qui passera souvent, dans l’opinion publique sahélienne, pour une « convocation » élyséenne des dirigeants africains.
À Pau, des priorités ont également été définies contre un ennemi, l’État islamique au grand Sahara (EIGS), et dans une région, celle des « trois frontières » (Mali, Niger, Burkina).
Six mois plus tard, si les acquis sont « fragiles », l’état d’esprit est tout autre et on n’hésite pas à dire au cabinet présidentiel que « la victoire est possible » au Sahel.
La force Barkhane a changé son mode d’action
Renforcée par 500 hommes, la mission Barkhane a multiplié les opérations et modifié son mode d’action.
Ainsi, pour déloger les groupes terroristes, il a été décidé qu’il y aurait désormais moins de patrouilles composées de convois lourds et lents - cibles des mines artisanales - mais plutôt une présence sur le temps long, ce que les militaires appellent la « permanentisation ». Dans les faits, les légionnaires du 2e REP ont été désignés pour s'accrocher au terrain, en totale autonomie, un engagement extrêmement rustique, sur plusieurs semaines et solidement coordonné avec les armées régionales, comme cela avait été décidé en janvier dernier.
Après des mois d'efforts, les résultats sont là, assure l'état-major qui indique que ces derniers mois, plusieurs centaines de terroristes ont été neutralisés dont des chefs de premier plan, à l'instar d'Abdelmalek Droukdel, le chef d'Aqmi, tué le 3 juin dernier.
Dans la zone des « trois frontières », l'étau sur les forces locales s'est peu à peu desserré. Le principe d'incertitude « s'est inversé », se réjouissent les responsables des opérations, soulignant que désormais, la force Barkhane et ses alliés étaient devenus imprévisibles pour les groupes armés terroristes.
Désormais, Paris veut également une « consolidation » des gains militaires via des avancées concrètes sur l’autonomie des armées nationales, sur le redéploiement des États dans les zones instables et sur la concrétisation de projets ciblés de développement.
De nombreux défis dans la région
La France se défend d’être « timide » dans sa dénonciation des violations des droits humains, mais la Minusma et les ONG documentent, par centaines, les exactions extrajudiciaires au Mali, Niger et Burkina Faso.
Pour y répondre, Paris donne la priorité aux opérations conjointes, afin d’éviter les actions autonomes d’armées nationales, toujours décrites comme « fragiles », et espère une implication européenne croissante dans la formation et le déploiement de magistrats pour permettre des suites pénales.
Autre défi, celui de la mobilisation de la communauté internationale. Sur le volet militaire, l’opération européenne Takuba manque encore de partenaires.
Sur le volet développement, la Coalition pour le Sahel, lancée à Pau, doit soutenir des projets plus ciblés, plus visibles et plus efficaces.
Sur le plan politique, avec la crise au Mali, la mise en œuvre des accords d’Alger est à l’arrêt, tandis que le Burkina entre dans un cycle électoral qui laisse craindre, là-aussi, un « flottement » qui inquiète Paris.
Reste surtout à savoir comment les groupes jihadistes répondront à la pression des derniers mois, comment Aqmi se réorganisera après la mort d’Abdelmalek Droukdel, si son conflit avec l’EIGS se poursuivra ou encore si l’attaque de Kafolo augure d’une tentative pérenne de nuire plus au sud.
Deux priorités à ne pas occulter
Que faut-il attendre de ce sommet de quelques heures qui réunit les pays du G5 et leurs partenaires de la communauté internationale ? Pour Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales (IFRI), il y a plusieurs priorités, dont deux notamment qu’il est important de ne pas oublier.
Il y a deux problèmes qui se sont accélérés ces derniers mois. C’est celui des exactions contre les civils par les Forces armées nationales. Ça, c’est un point - s’il n’est pas réglé rapidement – qui va faire empirer les choses. Le deuxième point - qui est tout aussi délicat à aborder - c’est celui des détournements des budgets militaires et des pôts-de-vin versés lors des contrats d’armement.
Ismael ould cheikh Ahmed, le ministre mauritanien des Affaires étrangères et président du conseil des ministres du G5 Sahel, dresse lui aussi les nombreux enjeux qui decront être traités au sommet : terrorisme et sécuritaire bien sûr, qui va de pair avec « les questions de developpement et la lutte contre la pauvreté », le Covid-19, qui « perturbe ces économies déjà très fragiles ». « Les présidents du G5 ont fait un appel à une annulation pure et simple de la dette africaine, et de celle en particulier du G5. Mais je pense qu'au-delà de l'annulation de la dette, nous avons besoin d'argent frais. »
Rfi