Le ministre de l'Économie et des Finances n'a pas apprécié l'interview de sa femme sur leur intimité, publiée par Paris Match. Une «bêtise», selon lui.
Une «bêtise» que Brigitte Macron «regrette». Le ministre de l'Économie et des Finances est devenu cette semaine «Emmanuel», le mari de «Brigitte», en une de Paris Match. Sur la couverture de l'hebdomadaire, on peut lire: «Ensemble sur la route du pouvoir. Brigitte et Emmanuel Macron. Elle se confie en exclusivité à Paris Match. Les photos de leur album intime.» Une Brigitte Macron qui ne tarit évidemment pas d'éloges à l'égard de son mari:
«Mon mari, addict au travail, est un chevalier, un personnage d'une autre planète qui mêle une intelligence rare à une humanité exceptionnelle.»
Le ministre –qui a lancé son mouvement «En marche !» le 6 avril dernier– n'assume pas vraiment cette interview de sa femme et la publication de photos de leur vie de couple. Après une conférence organisée par le Financial Times sur l'avenir de l'Europe à Londres à laquelle il était présent, des journalistes ont noté qu'il a regretté que sa femme ait parlé.
«C’est une bêtise, une bêtise qu’on a faite ensemble, non pas que ça ait beaucoup d’importance mais moi, ce qui m’importe le plus, au-delà de mon engagement, c’est mon couple. [...] Mon épouse, à laquelle je tiens beaucoup, a parlé à une journaliste de Paris Match. Mon épouse, elle ne connaît pas le système médiatique, elle le regrette d’ailleurs profondément.»
«Etre mariée avec un homme politique, ce n'est pas facile»
Un ministre ne peut-il pas assumer que la presse parle de lui (surtout que le portrait de Paris Match le compare au jeune dirigeant canadien Justin Trudeau)? A-t-il besoin de revenir sur le choix de sa femme? Surtout que Brigitte Macron affirme dans l'interview à Paris Match: «Etre mariée avec un homme politique, ce n'est pas facile. On doit rester debout et se taire.» Comme si elle avait déjà intégré la docilité que beaucoup attribuent aux femmes de politiques. L'intervieweuse Caroline Pigozzi précise d'ailleurs plus loin que Brigitte Macron «n'est ni directive, ni ambitieuse, mais amoureuse»... comme s'il fallait répondre par avance aux soupçons de «carrière par procuration» que doit affronter une épouse d'élu ou de ministre.
Au-delà du sexisme sous-jacent de la réponse d'Emmanuel Macron, celle-ci semble enfantine, sur le registre du «c'est pas moi, c'est elle», se moque-t-on sur Twitter.
Il est vrai que le timing de cette une d'un magazine people ne sert pas forcément Emmanuel Macron. Ces images de couple correspondent plus à la com' politique des années 90 et ne vont pas avec l'image d'un homme en avance sur son temps et «en marche» (même si, OK, il marche sur la photo de une). L'enjeu est d'importance pour lui –il a récemment fait appel à des communicants plus jeunes pour améliorer son discours et s'assurer qu'il soit novateur.
D'autant que cette une n'est pas sans rappeler les images d'une figure politique avec laquelle les relations d'Emmanuel Macron se sont tendues: Manuel Valls. A l'intérieur d'un portrait consacré au Premier ministre, publié après son arrivée à Matignon en 2014,on le voyait embrasser sa femme violoniste, Anne Gravoin, après l'un de ses concerts. La photo, en plan resserré, avait été commentée à l'envi.