Une rentrée perturbée, avec des liaisons instables et des communications défaillantes.
Pour la téléphonie mobile, le lancement de la 3G a été reporté, une énième fois, dans une terrible confusion, tout comme la gestion de la licence du premier opérateur de téléphonie mobile, Djezzy, racheté par le russe Vimpelcom, et dont la cession à l’Etat algérien est censée être toujours en cours de discussion.
Pour le reste, ce n'est guère mieux, l'accès à la téléphonie fixe est toujours problématique pour celui qui n'a pas de ligne et le débit Internet encore capricieux.
En juin 2012, selon un classement de Netindex qui a comparé et étudié 176 pays et leurs bandes passantes respectives, l'Algérie est passée à la dernière place, 176e, avec un débit réel mesuré de 0,95 Mbps, dégringolant après avoir été classée, en janvier, et par le même organisme 172e au niveau mondial.
Pour compliquer le tout, plusieurs opérateurs privés accusent l'ARPT, l'autorité de régulation du secteur, de bloquer le développement de l'Internet, notamment par des règlements absurdes et des redevances prohibitives, qui donnent en fin de boucle des tarifs individuels de connexion représentant 1/10e du salaire minimum.
«La demande est nettement supérieure à l’offre, qu’il s’agisse du Net ou de la téléphonie», a reconnu Moussa Benhamadi, reconduit le 4 septembre comme ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication.
En Algérie, l'Internet reste élitiste, peu vivant et le taux de pénétration actuel est faible, avec seulement 1,6 million d'abonnés individuels (aux différents réseaux d'ADSL) pour 36 millions d'habitants, et 20% seulement des entreprises raccordées au Net.
Pour tous les spécialistes, le problème n'est pas technique, il est lié à la gestion, 80% du territoire du plus grand pays d'Afrique sont déjà couverts par de la fibre optique.
Le reste est humain, il suffit de consulter le site Internet du ministère concerné, pour se rendre compte que les informations les plus récentes datent de trois mois, quand des indicateurs et statistiques disponibles datent de trois ans.
Dernier parmi les derniers
D'une façon plus générale, les NTIC ne sont pas non plus en forme. La valse des PDG d'Algérie Télécom, l'entreprise publique qui chapeaute le secteur, et les différents scandales financiers qui y ont eu lieu, auront eu raison d'un secteur pourtant juteux, qui pèse près de 5 milliards d'euros par an.
Le Forum économique mondial (WEF) vient de publier une étude concernant l’utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Sans grosse surprise, l’Algérie occupe la 118e place sur 142 pays.
La surprise vient plutôt, selon cette étude, de ce que des pays pauvres comme la Zambie ou le Cambodge, sont mieux lotis que l'Algérie, dépassée naturellement au niveau du Maghreb par la Tunisie (50e) et le Maroc (91e).
Pour Mokhtar Aiad, président de l’Association des sociétés de services et des éditeurs de logiciels, c'est le peu d’importance accordée par les pouvoirs publics à ce secteur qui en est la cause:
«Si nous sommes classés les derniers aujourd’hui, c’est parce que nous avons pris un mauvais départ. Aujourd’hui, l’informatique reste sous la coupe du ministère de la Poste et des TIC. Or, vouloir développer l’informatique implique une structure au niveau ministériel.»
De plus, l'encadrement pose problème, la fuite des cerveaux à l'étranger ayant aussi causé du retard dans le développement des TIC:
«L’université algérienne forme 1.500 informaticiens par an. Certains quittent le pays et d’autres ne font que bricoler. A ce rythme, on serait obligés de faire appel à des spécialistes étrangers ajoute Mokhtar Aiad,»
Une com' approximative au sommet
D'une façon encore plus générale, c'est toute la communication du pays qui est à revoir.
Si l'Algérie gère de façon chaotique un secteur aussi porteur que les NTIC, comprenant l'Internet, les réseaux et la téléphonie, au sommet le régime communique très mal avec ses citoyens.
L'Internet est libre en Algérie et aucun filtre n'empêche de naviguer à part les lenteurs bureaucratiques et les lourdeurs techniques. A titre d'exemple significatif, la récente rumeur sur la mort du président Abdelaziz Bouteflika est partie d'Internet et a rapidement enflé sur les réseaux sociaux, avant d'être démentie par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, accusant les sources de «malveillance».
On aurait pu s'attendre à un démenti des services de la présidence ou d'un simple passage de Bouteflika à la télévision. Une autre histoire de com'.
Chawki Amari
Pour la téléphonie mobile, le lancement de la 3G a été reporté, une énième fois, dans une terrible confusion, tout comme la gestion de la licence du premier opérateur de téléphonie mobile, Djezzy, racheté par le russe Vimpelcom, et dont la cession à l’Etat algérien est censée être toujours en cours de discussion.
Pour le reste, ce n'est guère mieux, l'accès à la téléphonie fixe est toujours problématique pour celui qui n'a pas de ligne et le débit Internet encore capricieux.
En juin 2012, selon un classement de Netindex qui a comparé et étudié 176 pays et leurs bandes passantes respectives, l'Algérie est passée à la dernière place, 176e, avec un débit réel mesuré de 0,95 Mbps, dégringolant après avoir été classée, en janvier, et par le même organisme 172e au niveau mondial.
Pour compliquer le tout, plusieurs opérateurs privés accusent l'ARPT, l'autorité de régulation du secteur, de bloquer le développement de l'Internet, notamment par des règlements absurdes et des redevances prohibitives, qui donnent en fin de boucle des tarifs individuels de connexion représentant 1/10e du salaire minimum.
«La demande est nettement supérieure à l’offre, qu’il s’agisse du Net ou de la téléphonie», a reconnu Moussa Benhamadi, reconduit le 4 septembre comme ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication.
En Algérie, l'Internet reste élitiste, peu vivant et le taux de pénétration actuel est faible, avec seulement 1,6 million d'abonnés individuels (aux différents réseaux d'ADSL) pour 36 millions d'habitants, et 20% seulement des entreprises raccordées au Net.
Pour tous les spécialistes, le problème n'est pas technique, il est lié à la gestion, 80% du territoire du plus grand pays d'Afrique sont déjà couverts par de la fibre optique.
Le reste est humain, il suffit de consulter le site Internet du ministère concerné, pour se rendre compte que les informations les plus récentes datent de trois mois, quand des indicateurs et statistiques disponibles datent de trois ans.
Dernier parmi les derniers
D'une façon plus générale, les NTIC ne sont pas non plus en forme. La valse des PDG d'Algérie Télécom, l'entreprise publique qui chapeaute le secteur, et les différents scandales financiers qui y ont eu lieu, auront eu raison d'un secteur pourtant juteux, qui pèse près de 5 milliards d'euros par an.
Le Forum économique mondial (WEF) vient de publier une étude concernant l’utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Sans grosse surprise, l’Algérie occupe la 118e place sur 142 pays.
La surprise vient plutôt, selon cette étude, de ce que des pays pauvres comme la Zambie ou le Cambodge, sont mieux lotis que l'Algérie, dépassée naturellement au niveau du Maghreb par la Tunisie (50e) et le Maroc (91e).
Pour Mokhtar Aiad, président de l’Association des sociétés de services et des éditeurs de logiciels, c'est le peu d’importance accordée par les pouvoirs publics à ce secteur qui en est la cause:
«Si nous sommes classés les derniers aujourd’hui, c’est parce que nous avons pris un mauvais départ. Aujourd’hui, l’informatique reste sous la coupe du ministère de la Poste et des TIC. Or, vouloir développer l’informatique implique une structure au niveau ministériel.»
De plus, l'encadrement pose problème, la fuite des cerveaux à l'étranger ayant aussi causé du retard dans le développement des TIC:
«L’université algérienne forme 1.500 informaticiens par an. Certains quittent le pays et d’autres ne font que bricoler. A ce rythme, on serait obligés de faire appel à des spécialistes étrangers ajoute Mokhtar Aiad,»
Une com' approximative au sommet
D'une façon encore plus générale, c'est toute la communication du pays qui est à revoir.
Si l'Algérie gère de façon chaotique un secteur aussi porteur que les NTIC, comprenant l'Internet, les réseaux et la téléphonie, au sommet le régime communique très mal avec ses citoyens.
L'Internet est libre en Algérie et aucun filtre n'empêche de naviguer à part les lenteurs bureaucratiques et les lourdeurs techniques. A titre d'exemple significatif, la récente rumeur sur la mort du président Abdelaziz Bouteflika est partie d'Internet et a rapidement enflé sur les réseaux sociaux, avant d'être démentie par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, accusant les sources de «malveillance».
On aurait pu s'attendre à un démenti des services de la présidence ou d'un simple passage de Bouteflika à la télévision. Une autre histoire de com'.
Chawki Amari