«Il nous faut un retour à la stabilité, relancer le tourisme, car l'Égypte est en train de sombrer», s'alarme Ahmed, chauffeur de taxi cairote, au volant de sa voiture. «Ahmed Chafiq est l'homme de la situation. C'est le seul qui pourra mettre fin à ces files d'attente interminables», pronostiquait-il, il y a une dizaine de jours, alors que la capitale et le sud du pays étaient frappés d'une pénurie d'essence.
Chute vertigineuse du tourisme, pénurie de gaz et d'essence, hausse des prix et du chômage: depuis la révolution de janvier 2011, l'Égypte peine à relever la tête, à tel point que l'économie est devenue un enjeu central de la campagne et a motivé bon nombre d'électeurs à voter Ahmed Chafiq, ancien général incarnant l'ordre et se présentant comme le champion du retour à la stabilité.
La croissance, qui caracolait aux alentours des 5 % lors des derniers mois du régime de Hosni Moubarak, s'élève en moyenne à 1,7 % depuis la révolution. Le tourisme compte parmi les secteurs les plus touchés, avec des licenciements et des réductions de salaires.
Les investissements étrangers, qui représentaient plus de 6 milliards de dollars, se sont effondrés pour être quasi nuls entre les mois de juillet et décembre 2011. «C'est la conséquence d'une instabilité politique qui dure depuis des mois», explique Magda Kandil, responsable du Centre égyptien pour les études économiques (Eces), un think-tank indépendant au Caire.
Le ralentissement de la croissance a entraîné une montée du chômage, passé de 10 % environ à plus de 12 %. Même si le nombre des sans-emploi reste très difficile à comptabiliser, en raison notamment de l'économie informelle, l'Eces estime que plus de 3 millions d'Égyptiens sont au chômage, dont un grand nombre de jeunes, les plus diplômés compris. «J'ai une formation d'ingénieur et pourtant je dois travailler comme taxi», raconte Mahmoud, parfaitement anglophone et issu du quartier aisé de Mohandessine au Caire.
Budget déficitaire
Face à cette crise, le gouvernement nommé par les militaires à l'automne dernier tente de faire bonne figure, en annonçant des créations de postes dans le secteur public déjà pléthorique. «C'est une goutte d'eau dans l'océan. Il faudrait créer un million d'emplois par an en Égypte. C'est une façon d'apaiser le mécontentement social mais structurellement cela ne sert à rien», regrette Madga Kandil.
De la même façon, le gouvernement a instauré en janvier dernier un salaire minimum de 700 livres égyptiennes (90 euros), obligatoire dans le public. «C'est un gouffre financier, ça a déjà coûté 9 milliards de livres à l'État (plus d'un milliard d'euros). Le privé s'est engagé à appliquer la loi de son côté. Mais comment l'imposer, vu la conjoncture, le chômage élevé et le poids de l'économie informelle?», s'interroge l'économiste.
Reste l'épineuse question des subventions qui gangrènent les finances publiques. Les sommes allouées à l'essence et au gaz représentent à elles seules 20 % du budget de l'État, dont le déficit atteint les 10 %. La situation est d'autant plus critique que les réserves du trésor sont passées de 35 milliards de dollars en 2010 à 15 milliards en avril 2012.
Le FMI, en discussion avec les autorités égyptiennes pour un prêt de 3,2 milliards de dollars, a repoussé les pourparlers à l'après-présidentielle en espérant qu'émanerait du scrutin une solution politique viable. «Au regard des récents développements, la dissolution du Parlement et le bras de fer qui se durcit entre l'armée et les Frères, tout reste incertain», s'inquiète Magda Kandil.
Par Marion Guénard
Chute vertigineuse du tourisme, pénurie de gaz et d'essence, hausse des prix et du chômage: depuis la révolution de janvier 2011, l'Égypte peine à relever la tête, à tel point que l'économie est devenue un enjeu central de la campagne et a motivé bon nombre d'électeurs à voter Ahmed Chafiq, ancien général incarnant l'ordre et se présentant comme le champion du retour à la stabilité.
La croissance, qui caracolait aux alentours des 5 % lors des derniers mois du régime de Hosni Moubarak, s'élève en moyenne à 1,7 % depuis la révolution. Le tourisme compte parmi les secteurs les plus touchés, avec des licenciements et des réductions de salaires.
Les investissements étrangers, qui représentaient plus de 6 milliards de dollars, se sont effondrés pour être quasi nuls entre les mois de juillet et décembre 2011. «C'est la conséquence d'une instabilité politique qui dure depuis des mois», explique Magda Kandil, responsable du Centre égyptien pour les études économiques (Eces), un think-tank indépendant au Caire.
Le ralentissement de la croissance a entraîné une montée du chômage, passé de 10 % environ à plus de 12 %. Même si le nombre des sans-emploi reste très difficile à comptabiliser, en raison notamment de l'économie informelle, l'Eces estime que plus de 3 millions d'Égyptiens sont au chômage, dont un grand nombre de jeunes, les plus diplômés compris. «J'ai une formation d'ingénieur et pourtant je dois travailler comme taxi», raconte Mahmoud, parfaitement anglophone et issu du quartier aisé de Mohandessine au Caire.
Budget déficitaire
Face à cette crise, le gouvernement nommé par les militaires à l'automne dernier tente de faire bonne figure, en annonçant des créations de postes dans le secteur public déjà pléthorique. «C'est une goutte d'eau dans l'océan. Il faudrait créer un million d'emplois par an en Égypte. C'est une façon d'apaiser le mécontentement social mais structurellement cela ne sert à rien», regrette Madga Kandil.
De la même façon, le gouvernement a instauré en janvier dernier un salaire minimum de 700 livres égyptiennes (90 euros), obligatoire dans le public. «C'est un gouffre financier, ça a déjà coûté 9 milliards de livres à l'État (plus d'un milliard d'euros). Le privé s'est engagé à appliquer la loi de son côté. Mais comment l'imposer, vu la conjoncture, le chômage élevé et le poids de l'économie informelle?», s'interroge l'économiste.
Reste l'épineuse question des subventions qui gangrènent les finances publiques. Les sommes allouées à l'essence et au gaz représentent à elles seules 20 % du budget de l'État, dont le déficit atteint les 10 %. La situation est d'autant plus critique que les réserves du trésor sont passées de 35 milliards de dollars en 2010 à 15 milliards en avril 2012.
Le FMI, en discussion avec les autorités égyptiennes pour un prêt de 3,2 milliards de dollars, a repoussé les pourparlers à l'après-présidentielle en espérant qu'émanerait du scrutin une solution politique viable. «Au regard des récents développements, la dissolution du Parlement et le bras de fer qui se durcit entre l'armée et les Frères, tout reste incertain», s'inquiète Magda Kandil.
Par Marion Guénard