L'été social s'annonce très chaud en Israël. Pour la première fois, deux manifestations des «indignés» à Tel-Aviv ont dégénéré ce week-end. Le bilan est lourd: 85 manifestants arrêtés sans ménagement par la police ainsi que des devantures de quelques succursales de banques, qui ont volé en éclats. Des scènes de violence qui contrastent avec l'ambiance bon enfant de l'an dernier, lorsque des centaines de milliers d'Israéliens des classes moyennes étaient descendus dans les rues pour réclamer la «justice sociale» et des logements abordables. À l'époque, l'ampleur de ce mouvement social sans précédent avait pris totalement par surprise la police et le gouvernement, qui avaient préféré laisser faire.
Tentes interdites
Des centaines de tentes de protestation avaient été installées à Tel-Aviv, notamment sur le très sélect boulevard Rothschild, ainsi que dans d'autres villes, avec le soutien de la grande majorité de la population. Cette fois-ci, en revanche, les «tentes, en tant que symboles de la contestation, sont devenues les ennemies» des autorités, selon l'expression de Keren Neubach, commentatrice politique de la radio publique. Résultat: vendredi, des forces de l'ordre ont empêché l'installation de la moindre toile. Lors d'une intervention particulièrement musclée, Daphni Leef, une des égéries du mouvement, qui avait été la première à dresser une tente de protestation l'an dernier, a eu le bras cassé. Le lendemain des milliers de jeunes se sont rassemblés pour dénoncer les violences des forces de l'ordre.
Selon la police, des «casseurs» auraient profité de l'occasion pour se livrer à des actes de «vandalisme». Dans ce cas aussi, la police a frappé fort, non seulement lors de la dispersion du cortège, mais aussi en demandant l'inculpation de 37 des 85 manifestants arrêtés. Dans l'autre camp, l'heure est à la colère. «La police a reçu l'ordre de casser le mouvement par tous les moyens», s'indigne Orly Bar Lev, une des figures de proue de la contestation.
Du côté des médias, le ton a également changé. L'an dernier, les manifestants, qui dénonçaient l'emprise d'une «vingtaine de grandes familles et de groupes financiers» sur l'économie du pays, avaient bénéficié d'un large soutien des journaux. Hier, en revanche, certains n'ont pas hésité à s'en prendre aux «casseurs». Le Yediot Aharonot , le quotidien le plus vendu, titrait ainsi hier un de ses éditoriaux: «De la justice sociale à l'anarchie et au vandalisme.»
Au sein du gouvernement, également, l'heure est à la fermeté. Youval Steinitz, le ministre des Finances, contraint d'adopter l'an dernier un profil bas face à la masse des manifestants, proclame qu'il n'est pas question de céder aux exigences de la rue. Selon lui, l'heure est, au contraire, aux coupes budgétaires pour contenir un déficit qui a tendance à se creuser. Plus prudent, Benyamin Nétanyahou, le chef du gouvernement, préfère pour le moment attendre de voir dans quel sens le vent va tourner dans les prochains jours.
Par Marc Henry
Tentes interdites
Des centaines de tentes de protestation avaient été installées à Tel-Aviv, notamment sur le très sélect boulevard Rothschild, ainsi que dans d'autres villes, avec le soutien de la grande majorité de la population. Cette fois-ci, en revanche, les «tentes, en tant que symboles de la contestation, sont devenues les ennemies» des autorités, selon l'expression de Keren Neubach, commentatrice politique de la radio publique. Résultat: vendredi, des forces de l'ordre ont empêché l'installation de la moindre toile. Lors d'une intervention particulièrement musclée, Daphni Leef, une des égéries du mouvement, qui avait été la première à dresser une tente de protestation l'an dernier, a eu le bras cassé. Le lendemain des milliers de jeunes se sont rassemblés pour dénoncer les violences des forces de l'ordre.
Selon la police, des «casseurs» auraient profité de l'occasion pour se livrer à des actes de «vandalisme». Dans ce cas aussi, la police a frappé fort, non seulement lors de la dispersion du cortège, mais aussi en demandant l'inculpation de 37 des 85 manifestants arrêtés. Dans l'autre camp, l'heure est à la colère. «La police a reçu l'ordre de casser le mouvement par tous les moyens», s'indigne Orly Bar Lev, une des figures de proue de la contestation.
Du côté des médias, le ton a également changé. L'an dernier, les manifestants, qui dénonçaient l'emprise d'une «vingtaine de grandes familles et de groupes financiers» sur l'économie du pays, avaient bénéficié d'un large soutien des journaux. Hier, en revanche, certains n'ont pas hésité à s'en prendre aux «casseurs». Le Yediot Aharonot , le quotidien le plus vendu, titrait ainsi hier un de ses éditoriaux: «De la justice sociale à l'anarchie et au vandalisme.»
Au sein du gouvernement, également, l'heure est à la fermeté. Youval Steinitz, le ministre des Finances, contraint d'adopter l'an dernier un profil bas face à la masse des manifestants, proclame qu'il n'est pas question de céder aux exigences de la rue. Selon lui, l'heure est, au contraire, aux coupes budgétaires pour contenir un déficit qui a tendance à se creuser. Plus prudent, Benyamin Nétanyahou, le chef du gouvernement, préfère pour le moment attendre de voir dans quel sens le vent va tourner dans les prochains jours.
Par Marc Henry