Joy* vient tout juste de sortir du bois. Dans l’obscurité, un homme aux cheveux poivre et sel la suit, tout en resserrant la ceinture de son pantalon. Les billets passent d’une main à l’autre. Puis l’homme enfourche sa moto avant de repartir.
Les cheveux lissés sous un bandeau jaune et rouge qui lui enserre le front, Joy reprend « sa » place, à côté d’une station-service abandonnée de San Remo. La même scène se répète mécaniquement, tous les quelques mètres, le long de la route nationale Aurelia, qui traverse cette ville de Ligurie, à une vingtaine de kilomètres de la frontière italo-française de Vintimille. Ici, toutes les jeunes femmes sont nigérianes.
« J’ai 23 ans », prétend d’abord Joy, avant d’admettre qu’elle en a seulement 17. L’homme qui vient de disparaître dans la nuit lui a donné 20 euros, alors qu’elle en demandait 30. « Les clients ne paient pas, ils sont violents : ils me giflent, et parfois ils volent mon argent et mon portable », raconte-t-elle.
Arrivée en Italie en 2016, Joy fait partie des 11 009 Nigérianes à avoir débarqué en Italie en 2017. Ces trois dernières années, ce trafic d’êtres humains a explosé : elles étaient 433 en 2013, 5 653 en 2015 et pas moins de 5 399 en 2017. Elles constituent 30% des femmes arrivées via la Méditerranée, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Des jeunes femmes attirées par la promesse d’un emploi – dans un supermarché italien, dans le cas de Joy – avant de se rendre compte du piège. Depuis, elle est forcée à se prostituer pour rembourser une « dette » de 27 000 euros.
LA « MADAM » FERAIT TUER MES PARENTS AU NIGERIA. LE JUJU EST PUISSANT ET MA SURVIE DÉPEND DE CE TRAVAIL
La dette, les madams et le « juju »
Joy a l’air épuisée. Broyée, elle ne parvient pas à sortir de l’engrenage de la dette et de la prostitution. Elle doit travailler toute la nuit avant de rentrer dans sa chambre, à Gênes, où elle vit avec sa « madam », une ex-prostituée nigériane qui l’oblige à payer son dû.
Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ces madams représentent la moitié du contingent de trafiquants d’êtres humains d’origine nigériane. « J’ai été en contact avec elle dès mon départ », détaille celle qui dit gagner entre 150 et 200 euros par nuit, avant d’affirmer être sous l’emprise d’un « juju » dont elle a été victime au Nigeria.
Jeune Afrique
Les cheveux lissés sous un bandeau jaune et rouge qui lui enserre le front, Joy reprend « sa » place, à côté d’une station-service abandonnée de San Remo. La même scène se répète mécaniquement, tous les quelques mètres, le long de la route nationale Aurelia, qui traverse cette ville de Ligurie, à une vingtaine de kilomètres de la frontière italo-française de Vintimille. Ici, toutes les jeunes femmes sont nigérianes.
« J’ai 23 ans », prétend d’abord Joy, avant d’admettre qu’elle en a seulement 17. L’homme qui vient de disparaître dans la nuit lui a donné 20 euros, alors qu’elle en demandait 30. « Les clients ne paient pas, ils sont violents : ils me giflent, et parfois ils volent mon argent et mon portable », raconte-t-elle.
Arrivée en Italie en 2016, Joy fait partie des 11 009 Nigérianes à avoir débarqué en Italie en 2017. Ces trois dernières années, ce trafic d’êtres humains a explosé : elles étaient 433 en 2013, 5 653 en 2015 et pas moins de 5 399 en 2017. Elles constituent 30% des femmes arrivées via la Méditerranée, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Des jeunes femmes attirées par la promesse d’un emploi – dans un supermarché italien, dans le cas de Joy – avant de se rendre compte du piège. Depuis, elle est forcée à se prostituer pour rembourser une « dette » de 27 000 euros.
LA « MADAM » FERAIT TUER MES PARENTS AU NIGERIA. LE JUJU EST PUISSANT ET MA SURVIE DÉPEND DE CE TRAVAIL
La dette, les madams et le « juju »
Joy a l’air épuisée. Broyée, elle ne parvient pas à sortir de l’engrenage de la dette et de la prostitution. Elle doit travailler toute la nuit avant de rentrer dans sa chambre, à Gênes, où elle vit avec sa « madam », une ex-prostituée nigériane qui l’oblige à payer son dû.
Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ces madams représentent la moitié du contingent de trafiquants d’êtres humains d’origine nigériane. « J’ai été en contact avec elle dès mon départ », détaille celle qui dit gagner entre 150 et 200 euros par nuit, avant d’affirmer être sous l’emprise d’un « juju » dont elle a été victime au Nigeria.
Jeune Afrique