L'Italie, qui compte aujourd'hui quelque cent dix provinces, n'en dénombrera plus que quarante-six en décembre prochain. C'est du moins ce qu'a décidé vendredi le Conseil des ministres. Un décret prévoit que chaque province devra afficher une superficie de 2500 km2 ou une population d'au moins 350.000 habitants. Cette réforme, nécessaire pour juguler les dépenses publiques, suscite émotion et colère dans bien des agglomérations.
«Avec Parme, jamais», clame-t-on ainsi à Plaisance. À Pise, l'idée d'être associé à Livourne, l'ennemi héréditaire, fait frémir. À Rome, Renata Polverini, le gouverneur du Latium, craint de perdre les provinces de Viterbe (30.000 habitants) et de Latina (49 km2). «Nous saisirons les tribunaux administratifs», lance-t-elle. Sept provinces de Sardaigne sur huit devront fusionner pour remplir les critères indiqués - seule celle de Cagliari y satisfait déjà. En Toscane, Sienne la fière devra unir son destin à celui d'Arezzo. En Lombardie, enfin, le puzzle des autonomies cher à la Ligue du Nord, qui avait fait obstruction à toute réforme des provinces sous Silvio Berlusconi, semble condamné au délitement.
Coup de scalpel
Mario Monti inflige ainsi un profond coup de scalpel au mythe des «petites patries» voulu en 1927 par Benito Mussolini afin d'inclure la source du Tibre dans la province de Forli, dont il était originaire. Au nombre de cinquante-neuf lors de la création du royaume d'Italie en 1861, les provinces n'ont fait que se multiplier au fil du temps: soixante-treize à la fin de la Première Guerre mondiale, quatre-vingt-quinze à la fin du fascisme, cent dix après une ultime réorganisation en 2004.
Le décret ne se limite pas à réduire les provinces ordinaires et à créer dix «cités métropolitaines» autour des grandes villes, la naissance de ces dernières étant renvoyée au 1er janvier 2014. Il restreint également leurs prérogatives à trois fonctions: entretien des routes, transports publics et environnement. Les autres compétences seront transférées aux communes. Il est pour l'heure difficile de quantifier l'économie, le gouvernement n'avançant aucune prévision. L'Union des provinces d'Italie (UPI) parle de 500 millions d'euros par an.
De vives batailles s'annoncent au Parlement. «Je suis prêt à prendre les armes plutôt que céder Udine (100.000 habitants, NDLR)», proclame Alessandro Ciriani, président de la province de Pordenone, dans le Frioul. Dans la Campanie napolitaine, Avellino frémit à l'idée de perdre le titre de chef-lieu de province au profit de Benevento, plus peuplé. De Lodi à Matera et de Gorizia à Trapani, les petites communes sont sur le pied de guerre et menacent de saisir la Cour constitutionnelle. Un peu partout, l'émotion est vive et l'humeur belliqueuse.
Par Richard Heuzé
«Avec Parme, jamais», clame-t-on ainsi à Plaisance. À Pise, l'idée d'être associé à Livourne, l'ennemi héréditaire, fait frémir. À Rome, Renata Polverini, le gouverneur du Latium, craint de perdre les provinces de Viterbe (30.000 habitants) et de Latina (49 km2). «Nous saisirons les tribunaux administratifs», lance-t-elle. Sept provinces de Sardaigne sur huit devront fusionner pour remplir les critères indiqués - seule celle de Cagliari y satisfait déjà. En Toscane, Sienne la fière devra unir son destin à celui d'Arezzo. En Lombardie, enfin, le puzzle des autonomies cher à la Ligue du Nord, qui avait fait obstruction à toute réforme des provinces sous Silvio Berlusconi, semble condamné au délitement.
Coup de scalpel
Mario Monti inflige ainsi un profond coup de scalpel au mythe des «petites patries» voulu en 1927 par Benito Mussolini afin d'inclure la source du Tibre dans la province de Forli, dont il était originaire. Au nombre de cinquante-neuf lors de la création du royaume d'Italie en 1861, les provinces n'ont fait que se multiplier au fil du temps: soixante-treize à la fin de la Première Guerre mondiale, quatre-vingt-quinze à la fin du fascisme, cent dix après une ultime réorganisation en 2004.
Le décret ne se limite pas à réduire les provinces ordinaires et à créer dix «cités métropolitaines» autour des grandes villes, la naissance de ces dernières étant renvoyée au 1er janvier 2014. Il restreint également leurs prérogatives à trois fonctions: entretien des routes, transports publics et environnement. Les autres compétences seront transférées aux communes. Il est pour l'heure difficile de quantifier l'économie, le gouvernement n'avançant aucune prévision. L'Union des provinces d'Italie (UPI) parle de 500 millions d'euros par an.
De vives batailles s'annoncent au Parlement. «Je suis prêt à prendre les armes plutôt que céder Udine (100.000 habitants, NDLR)», proclame Alessandro Ciriani, président de la province de Pordenone, dans le Frioul. Dans la Campanie napolitaine, Avellino frémit à l'idée de perdre le titre de chef-lieu de province au profit de Benevento, plus peuplé. De Lodi à Matera et de Gorizia à Trapani, les petites communes sont sur le pied de guerre et menacent de saisir la Cour constitutionnelle. Un peu partout, l'émotion est vive et l'humeur belliqueuse.
Par Richard Heuzé