Deux voitures piégées ont explosé jeudi matin un quartier du sud de la capitale syrienne, Damas. Ces attentats ont fait au moins 55 morts et 372 blessés, selon le dernier bilan donné parla télévision d'État, qui a diffusé des premières images montrant des corps carbonisés à bord de dizaines de carcasses de véhicules encore fumantes. Selon le ministère de l'Intérieur, les voitures piégées contenaient «plus d'une tonne d'explosifs» et leur explosion a provoqué deux cratères d'un mètre et de 2,5 mètres de profondeur.
Il s'agit des «attaques les plus violentes en Syrie depuis le début de la révolte», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le chef des observateurs de l'ONU, le général norvégien Robert Mood, s'est rendu immédiatement sur le lieu du drame et a lancé un appel à l'aide pour faire arrêter les tueries.
Le pouvoir et la rébellion se sont mutuellement rejeté la responsabilité de ces attentats. Un membre du bureau exécutif du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a accusé le régime de mener ces attaques «pour envoyer deux messages: l'un pour dire aux observateurs qu'ils sont en danger, l'autre pour corroborer ses allégations selon lesquelles les groupes armés et al-Qaida agissent en Syrie». Les militants syriens ont appelé les habitants de Damas à manifester vendredi pour «se révolter» contre «le régime assassin».
Ban Ki-moon met en garde le gouvernement syrien
Mercredi, Ban Ki-moon avait mis en garde le gouvernement syrien et l'opposition après l'attaque d'un convoi d'observateurs de l'ONU. Une bombe a explosé au passage des observateurs internationaux à Deraa, blessant dix soldats. «Il ne reste plus beaucoup de temps pour cesser les violences», a-t-il déclaré devant l'Assemblée générale de l'ONU. Le secrétaire général de l'organisation a dit craindre qu'«une guerre civile de grande envergure aux effets catastrophiques pour la Syrie et la région» n'éclate si la situation ne s'améliore pas.
C'est la première fois que l'ONU était visée depuis le déploiement des observateurs en Syrie, le 15 avril, pour surveiller un cessez-le-feu qui a été continuellement ignoré par les autorités. Le CNS a aussitôt accusé le régime du président Bachar el-Assad d'être à l'origine de cet attentat. De son côté, la France l'a condamné en disant tenir le régime pour «responsable de la sécurité des observateurs».
Selon un dernier bilan, près de 12.000 personnes, en majorité des civils tués par les troupes, ont péri depuis l'éclatement de la révolte populaire, selon un décompte de l'OSDH. Mardi pourtant, Kofi Annan, l'émissaire international pour la Syrie, avait défendu son plan de paix devant le Conseil de sécurité, estimant que les observateurs onusiens avaient un effet d'apaisement sur le conflit. Dans le même temps, il avait cependant concédé qu'il était «très difficile de convaincre» le régime Assad et la rébellion de déposer les armes.
Par lefigaro.fr