Cher Monsieur,
Je réponds à votre lettre ouverte par laquelle vous cherchez à nous embarquer dans la contestation des institutions républicaines, notamment le président de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Vos allégations d’instrumentalisation sont non seulement mensongères mais ne résistent pas à la revue de la seule fonction présidentielle de nomination au sein de ladite instance. Il valide la sélection de vos pairs.
Aussi, nous n’avons pas connaissance d’un processus de fragilisation ni d’actes réputés malmener l’institution judiciaire. Les autorités politiques tout comme les citoyens ordinaires, se soumettent à la souveraineté de la loi et savent parfaitement que les magistrats, hauts fonctionnaires totalement décomplexés, peuvent briser des élans et se retirer des dossiers sans frais.
Les discours du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, relevés devant l’Assemblée Nationale sous le contrôle des honorables députés et de l’Union des Magistrats du Sénégal, manifestent un grand respect de l’institution judiciaire et une sincérité éprouvée dans le traitement des causes syndiquées.
Si la magistrature du Sénégal fonctionne indépendamment des régimes politiques, c’est que les anciens ont su poser des débats opportuns, inspirer des mesures dédiées à la construction d’une administration judiciaire post-coloniale libre et indépendante. En 2018, vous seriez magistrat au Gabon, au Nigéria ou au Ghana, vous n’auriez aucune liberté ni celle de démissionner.
Par ailleurs, votre science aurait été plus utile à enrichir les débats sur le dérèglement global de la sécurité publique, dans un contexte de lutte contre les extrémismes et les crises de leurs manifestations, le durcissement de la réglementation dédiée à la protection de la petite enfance et la tolérance des incivilités, des délits et des crimes en contexte électoral.
Nous abreuver de textes bavards qui énoncent des jugements de valeur, il faut vraiment s’être écarté de la noblesse de sa mission pour le faire. Un magistrat n’est pas un militaire pour “capituler” devant l’autorité politique. Il est investi d’une mission républicaine au-dessus de toutes celles codifiées par le législateur ou le pouvoir exécutif. Il peut même pénaliser le président de la République à l’issue de son exercice. En votre qualité de citoyen, débarrassé de la fonction judiciaire, vous avez maintenant le droit de militer en politique et d’en subir la dure réalité.
Plus loin, vous évoquez la “longue culture d’honneur, de dignité et d’indépendance de la hiérarchie judiciaire”. Vous n’ignorez pas que les anciens n’ont jamais marqué l’institution avec des démissions spectaculaires, sensationnelles et émotionnelles, sauf celle qui “lâcha la République au milieu du gué” qu’on cherche toujours à « romancer » avec des discours sur l’éthique et la déontologie.
Maintenant parlons politique, vous dites que les “Sénégalais sont fatigués” pour singer un discours, prononcé il y a 37 ans, qui dénonçait une “augmentation exponentielle des prix des denrées et des charges domestiques” étrangère à son auteur. Vous ne nous direz pas que les prix des denrées de base suivent la trajectoire d’un avion en phase de montée en trajectoire. Le régime a non seulement réussi, et pour la première fois dans l’histoire de notre société politique, à bloquer les prix depuis 6 ans et à normaliser la baisse des charges domestiques.
Suivant l’ordonnancement de votre texte, nous sommes d’accord que la sécurité est l’affaire des services de l’Etat. Nous demandons la reconduction de la politique de “tolérance zéro” même avec des « Baye Fall » en marche. L’indiscipline et l’insalubrité révèlent la persistance de comportements anormaux et la difficulté à corriger des adultes mal éduqués. Ce n’est pas de l’indignité, du déshonneur, de l’improbité et de la déloyauté. Des concepts forts pour des citoyens habitués à la deconstruction des valeurs et des normes, processus antérieur à l’élection du régime en exercice.
Sur la politisation des acteurs publics, il faut méconnaître l’histoire du Sénégal pour dater le processus en 2012. L’activité remonte à la condition coloniale entre les groupements de résistants et de collaborateurs. Les archives coloniales nous permettent de les renseigner. Après le transfert des pouvoirs souverains, des fonctionnaires ont servi, sous couvert de la technostructure de l’État, des régimes et les autorités politiques pour diverses raisons. D’autres se sont retrouvés nuitamment avec des clandestins pour planifier le dérèglement des services de l’État. Leurs carrières ont bien entendu ont été cassées par un régime socialiste impitoyable. Les fonctionnaires syndiqués et contestataires ont toujours disputé le monopole de l’intégrité à leurs collègues convaincus de l’opportunité des politiques de la majorité.
Enfin, si vous êtes si sûr que “ceux qui décident, ne savent pas”, dites-nous ce que nous ne savons pas ou qui devrait l’être mais demeure omis par ignorance. Retenez que le Sénégal est un pays bien gouverné, qui garantit toutes les libertés dans l’ordre.
Samba Alassane Thiam
Je réponds à votre lettre ouverte par laquelle vous cherchez à nous embarquer dans la contestation des institutions républicaines, notamment le président de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Vos allégations d’instrumentalisation sont non seulement mensongères mais ne résistent pas à la revue de la seule fonction présidentielle de nomination au sein de ladite instance. Il valide la sélection de vos pairs.
Aussi, nous n’avons pas connaissance d’un processus de fragilisation ni d’actes réputés malmener l’institution judiciaire. Les autorités politiques tout comme les citoyens ordinaires, se soumettent à la souveraineté de la loi et savent parfaitement que les magistrats, hauts fonctionnaires totalement décomplexés, peuvent briser des élans et se retirer des dossiers sans frais.
Les discours du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, relevés devant l’Assemblée Nationale sous le contrôle des honorables députés et de l’Union des Magistrats du Sénégal, manifestent un grand respect de l’institution judiciaire et une sincérité éprouvée dans le traitement des causes syndiquées.
Si la magistrature du Sénégal fonctionne indépendamment des régimes politiques, c’est que les anciens ont su poser des débats opportuns, inspirer des mesures dédiées à la construction d’une administration judiciaire post-coloniale libre et indépendante. En 2018, vous seriez magistrat au Gabon, au Nigéria ou au Ghana, vous n’auriez aucune liberté ni celle de démissionner.
Par ailleurs, votre science aurait été plus utile à enrichir les débats sur le dérèglement global de la sécurité publique, dans un contexte de lutte contre les extrémismes et les crises de leurs manifestations, le durcissement de la réglementation dédiée à la protection de la petite enfance et la tolérance des incivilités, des délits et des crimes en contexte électoral.
Nous abreuver de textes bavards qui énoncent des jugements de valeur, il faut vraiment s’être écarté de la noblesse de sa mission pour le faire. Un magistrat n’est pas un militaire pour “capituler” devant l’autorité politique. Il est investi d’une mission républicaine au-dessus de toutes celles codifiées par le législateur ou le pouvoir exécutif. Il peut même pénaliser le président de la République à l’issue de son exercice. En votre qualité de citoyen, débarrassé de la fonction judiciaire, vous avez maintenant le droit de militer en politique et d’en subir la dure réalité.
Plus loin, vous évoquez la “longue culture d’honneur, de dignité et d’indépendance de la hiérarchie judiciaire”. Vous n’ignorez pas que les anciens n’ont jamais marqué l’institution avec des démissions spectaculaires, sensationnelles et émotionnelles, sauf celle qui “lâcha la République au milieu du gué” qu’on cherche toujours à « romancer » avec des discours sur l’éthique et la déontologie.
Maintenant parlons politique, vous dites que les “Sénégalais sont fatigués” pour singer un discours, prononcé il y a 37 ans, qui dénonçait une “augmentation exponentielle des prix des denrées et des charges domestiques” étrangère à son auteur. Vous ne nous direz pas que les prix des denrées de base suivent la trajectoire d’un avion en phase de montée en trajectoire. Le régime a non seulement réussi, et pour la première fois dans l’histoire de notre société politique, à bloquer les prix depuis 6 ans et à normaliser la baisse des charges domestiques.
Suivant l’ordonnancement de votre texte, nous sommes d’accord que la sécurité est l’affaire des services de l’Etat. Nous demandons la reconduction de la politique de “tolérance zéro” même avec des « Baye Fall » en marche. L’indiscipline et l’insalubrité révèlent la persistance de comportements anormaux et la difficulté à corriger des adultes mal éduqués. Ce n’est pas de l’indignité, du déshonneur, de l’improbité et de la déloyauté. Des concepts forts pour des citoyens habitués à la deconstruction des valeurs et des normes, processus antérieur à l’élection du régime en exercice.
Sur la politisation des acteurs publics, il faut méconnaître l’histoire du Sénégal pour dater le processus en 2012. L’activité remonte à la condition coloniale entre les groupements de résistants et de collaborateurs. Les archives coloniales nous permettent de les renseigner. Après le transfert des pouvoirs souverains, des fonctionnaires ont servi, sous couvert de la technostructure de l’État, des régimes et les autorités politiques pour diverses raisons. D’autres se sont retrouvés nuitamment avec des clandestins pour planifier le dérèglement des services de l’État. Leurs carrières ont bien entendu ont été cassées par un régime socialiste impitoyable. Les fonctionnaires syndiqués et contestataires ont toujours disputé le monopole de l’intégrité à leurs collègues convaincus de l’opportunité des politiques de la majorité.
Enfin, si vous êtes si sûr que “ceux qui décident, ne savent pas”, dites-nous ce que nous ne savons pas ou qui devrait l’être mais demeure omis par ignorance. Retenez que le Sénégal est un pays bien gouverné, qui garantit toutes les libertés dans l’ordre.
Samba Alassane Thiam