L’école est toute une vie à elle seule. La faire vivre à bon escient (mieux la faire connaître, la faire aimer et la faire réussir) est un sacerdoce, un ministère suffisamment motivant, suffisamment mobilisateur qu’il ne soit plus besoin d’en rajouter. En ce moment, toute fermeture de classe, fut-elle légitime, revient de trop !
J’ai une fois lu une lettre adressée par Albert Camus à son instituteur – alors qu’il venait tout juste d’être plébiscité pour le Nobel de littérature - et dont je vous livre ici un extrait : « on vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève ».
A entendre de tels mots si émouvants, je voudrai qu’ici, chez moi, que l’on en revienne à une telle école ; cette autre école vertueuse, faite de solidarité, d’amour et de reconnaissance ; une école qui – parlant comme John Rawls oppose le respect de soi (comme l'un des « biens premiers) à la honte. La honte de voir les enfants plus dans la rue que dans les salles de classe ; la honte de les voir échouer à la pelle à la moindre évaluation de leurs capacités, la honte de les voir se comporter d’une manière autre que ce que l’on attend d’eux, la honte de les voir adopter de nouvelles postures qui heurtent la conscience collective. Cette école vertueuse et sobre (qui a produit des Sénégalais cités en référence dans le monde) a existé dans le temps et nous pouvons la faire ressusciter : il suffit pour cela de s’inspirer de la pensée d’un Paul Ricœur (le Parcours de la reconnaissance - 2004) qui insiste sur le regard que chacun porte sur ses capacités autant que sur celles des autres: « dans une société, on cherche à échanger des dons et non des places pécuniaires ou avantageuses ». Je disais tout à l’heure que l’enseignement est un sacerdoce, un don de soi à la communauté des Hommes. Et le choisir librement comme métier, c’est faire preuve de désintéressement et de grandeur d’âme ; la responsabilité de l’enseignant est trop grande pour s’arrêter et même se lier au simple fait de l’aspect pécuniaire et ou matériel. Pour s’en convaincre, méditons ensemble sur ces mots de Poitrinal : « votre premier souci est –il l’argent et votre règle le moindre effort ? Cherchez une autre profession ….
Mais avez- vous de l’amour pour des enfants et des études, votre opinion est – elle que le but essentiel de la vie n’est pas richesse et ses vanités et que le bonheur tient avant tout à des préoccupations qu’on aime, une œuvre qui prend tout entier et dont on sent la grandeur, n’hésitez pas, faîtes - vous instituteur… »
Amadou Fall Enseignant à GUINGUINEO
J’ai une fois lu une lettre adressée par Albert Camus à son instituteur – alors qu’il venait tout juste d’être plébiscité pour le Nobel de littérature - et dont je vous livre ici un extrait : « on vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève ».
A entendre de tels mots si émouvants, je voudrai qu’ici, chez moi, que l’on en revienne à une telle école ; cette autre école vertueuse, faite de solidarité, d’amour et de reconnaissance ; une école qui – parlant comme John Rawls oppose le respect de soi (comme l'un des « biens premiers) à la honte. La honte de voir les enfants plus dans la rue que dans les salles de classe ; la honte de les voir échouer à la pelle à la moindre évaluation de leurs capacités, la honte de les voir se comporter d’une manière autre que ce que l’on attend d’eux, la honte de les voir adopter de nouvelles postures qui heurtent la conscience collective. Cette école vertueuse et sobre (qui a produit des Sénégalais cités en référence dans le monde) a existé dans le temps et nous pouvons la faire ressusciter : il suffit pour cela de s’inspirer de la pensée d’un Paul Ricœur (le Parcours de la reconnaissance - 2004) qui insiste sur le regard que chacun porte sur ses capacités autant que sur celles des autres: « dans une société, on cherche à échanger des dons et non des places pécuniaires ou avantageuses ». Je disais tout à l’heure que l’enseignement est un sacerdoce, un don de soi à la communauté des Hommes. Et le choisir librement comme métier, c’est faire preuve de désintéressement et de grandeur d’âme ; la responsabilité de l’enseignant est trop grande pour s’arrêter et même se lier au simple fait de l’aspect pécuniaire et ou matériel. Pour s’en convaincre, méditons ensemble sur ces mots de Poitrinal : « votre premier souci est –il l’argent et votre règle le moindre effort ? Cherchez une autre profession ….
Mais avez- vous de l’amour pour des enfants et des études, votre opinion est – elle que le but essentiel de la vie n’est pas richesse et ses vanités et que le bonheur tient avant tout à des préoccupations qu’on aime, une œuvre qui prend tout entier et dont on sent la grandeur, n’hésitez pas, faîtes - vous instituteur… »
Amadou Fall Enseignant à GUINGUINEO