Bacary Domingo Mané, analyste politique : « En vérité, Barthélémy Diaz n’a jamais été sincère. Son objectif a toujours été de séduire et de capturer la jeunesse. C’est un homme du système ce qui lui impose de verser dans la compromission. »
« Le discours d’opposant radical de Barthélémy Diaz était un discours trompe-l’œil. Barthélémy Diaz n’était pas du tout sincère. La preuve, aujourd’hui, il a montré son vrai visage, il était dans la compromission. C’est cela la vérité. Je ne suis pas de ceux-là qui disent que Barthélémy Diaz a changé de visage. Bien au contraire ! Il a montré son vraie nature. Son discours musclé n’était qu’un jeu pour lui. Il savait que ce discours était destiné à la galerie, au cosmétique. Aujourd’hui, la vérité l’a rattrapé pour laisser découvrir un politicien qui gère ses propres intérêts. En clair, Barthélémy Diaz est aujourd’hui dans la vérité en laissant apparaître sa vraie nature, alors qu’hier, il était dans le mensonge. Il a fait croire qu’il était de cette génération qui voulait changer le monde, alors qu’il n’en était rien !
Hier, il avançait à visage masqué, aujourd’hui il marche à visage découvert. Au grand public, il tient ce discours radical, dans les coulisses il avoue jouer de la comédie. Comme il est avec le président de la République, il n’hésite pas à lui avouer amuser la galerie. En tout cas, je n’ai jamais pris Barthélémy Dias au sérieux. J’étais persuadé que c’est un homme du système. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’il va croire aux idéaux de révolution ou de révolutionnaire. Le Barthélémy qui s’offre à nos yeux est le vrai Barthélémy, l’autre était un Barthélémy qui jouait avec les Sénégalais, notamment la jeunesse. Il savait que la jeunesse aime le discours de rupture et pour gagner sa conviction, il a joué dans la radicalité, sans vraiment y croire.
Il n’y a pas de contradiction entre le discours révolutionnaire et la posture de maire. Ousmane Sonko est maire, mais cela ne l’empêche guère de collaborer avec les tenants du pouvoir. Il gère un outil qui relève de la décentralisation et il y a des prérogatives dévolues à l’Etat. Le discours n’est en rien antinomique avec l’entretien de relations notamment administratives avec les tenants du pouvoir. La question à se poser est de savoir si Barthélémy Diaz est un homme libre. C’est cela question qui mérite d’être posée. Est-ce que le président de la République ou du moins le pouvoir ne le tiennent pas au collet pour avoir des dossiers compromettants ? La question que j’adresse à Barthélémy Diaz est de savoir s’il est un homme libre. Le chef de l’Etat détient-il des dossiers compromettants pour le maire de Dakar au point de lui imposer de marcher à la cadence qu’il lui plaît ?
Le changement de discours de Barthélémy Diaz n’est pas lié au statut de maire. En vérité, il n’a jamais été sincère. Son objectif a toujours été de séduire et de capturer la jeunesse. C’est un homme du système ce qui lui impose de verser dans la compromission. Non d’abord, parce que Barthélémy Diaz semble être un pion de Khalifa Sall. Nous en avons l’illustration dans la guéguerre entretenue à l’endroit d’Ousmane Sonko. Mais les observateurs se demandent si les actes que le maire de Dakar est en train de poser ne ternissent pas l’image de son mentor. C’est une probabilité, d’autant que Barthélémy Dias travaille aussi pour le président Macky Sall. Ce dernier n’hésitera pas, dans son jeu d’échecs, d’utiliser Barthélémy Diaz qu’il tient au collet au travers des dossiers préjudiciables contre Khalifa Ababacar Sall.
A partir de ce moment, Macky Sall peut faire faire à Barthélémy le travail qu’il veut. En vérité Barthélémy Diaz n’est pas en train de se positionner comme certains le pensent. Il se contentera pour le moment de la mairie. Le jeu qu’il déroule est au bénéfice du chef de l’Etat et, sans doute, pour Khalifa aussi. Le chef de l’Etat à qui on prête le projet de réduire l’opposition à sa plus simple expression n’hésitera pas à utiliser Barthélémy Diaz pour atteindre ses objectifs dès que les intérêts se croiseront sur le champ politique. Pour moi, Barthélémy Diaz est dans le double jeu et celui qui en récolte les fruits est dans les coulisses, il s’agit du président de la République. Aujourd’hui, le jeu est clair : Barthélémy Diaz était toujours en contact avec Macky Sall. Maintenant, le discours radical qu’il développe à l’endroit de l’opposition est, visiblement, nuisible à Khalifa Sall. Mais, si la commande vient du chef de l’Etat, il est obligé de le faire.
Beaucoup de Sénégalais avaient de la sympathie pour Barthélémy Diaz en raison du discours similaire à celui d’Ousmane Sonko jusqu’à cette affaire de dialogue politique. Et son violent discours contre le leader de Pastef qu’il ne cessait d’appeler « domou ndèye ». C’est à partir de ce moment que les Sénégalais ont commencé à se poser des questions sur la posture de Barthélémy Diaz à l’endroit de Sonko avant le dialogue politique. Mais c’est un jeu qui peut se retourner contre lui.
D’ailleurs, il a ouvert un autre front contre le PUR qui peut précipiter sa descente aux enfers. Son style d’avant était bâti sur l’arrogance. Aujourd’hui, le Barthélémy qui s’offre à nous est en réalité le vrai Barthélémy Diaz, un homme du système. Il se positionne ainsi pour préserver ses intérêts. Mais l’opinion comme l’imaginaire des Sénégalais le font passer, hélas, comme un traître. Il est en train de perdre la sympathie de nombre de Sénégalais intrigués par son jeu vis-à-vis de Sonko.
Abdou Khadre Sanoko, Sociopsychologue Politiste: « Barthélémy Dias a envie de jouer un grand rôle par rapport à l’avenir politique de ce pays. Il est beaucoup plus dans la lecture des enjeux politiques. Il sait là où se trouvent ses intérêts »
Je crois que Barthélémy Dias fait ce qu’on appelle en Sciences politiques, la realpolitik. Entre les émotions, le sentimentalisme, les histoires des enfants de cœur et l’adaptation par rapport aux circonstances du moment, il y a un fossé abyssal. C’est cela qu’on appelle le réalisme. Je crois qu’il a fait ses classes dans un parti réputé stratège, le parti socialiste, qui est vieux de plusieurs décennies. C’est une école qui formate ses membres, futurs leaders, à être très prompts à saisir la balle au rebond. Je crois que c’est ce que Barthémy Dias a fait. Il a allié ce que Machiavel appelait l’outil avec le mécanisme du bâton et de la carotte. Quand il se sent faible, il fait montre d’une grande intelligence politique pour pouvoir revenir dans le jeu.
Quels que soient vos talents, vos postures, votre intelligence, si vous ne participez pas aux compétitions électorales, visiblement, vous ne servez à rien. Faisant face à la maestria du président Macky Sall, Barthélémy ne pouvait que trouver un outil capable de pouvoir lui permettre, à lui et à son mouvement Takhawu Sénégal avec Khalifa Sall de rebondir très vite. En plus, Barthélémy qui avait entre 25 et 35 ans se trouve aujourd’hui, avec 40-48 ans. Il est beaucoup plus dans la lecture des enjeux politiques. Il sait là où se trouvent ses intérêts. La politique, c’est un jeu de dupes et d’intérêts. Ce n’est pas une histoire de religion ou d’enfant de cœur. Etant un peu trop glissant, quand vous vous trouvez au bas de l’échelle, il faudra scruter tous les chemins possibles pour pouvoir revenir. Je crois que c’est ce qu’il a fait.
Aujourd’hui, les résultats sont là et ils sont extrêmement probants. Barthélémy Dias sait que s’il le dit ou pas, il aurait dû être un opposant farouche de Macky Sall. La mairie de Dakar risquait d’être sous délégation spéciale. Lui-même savait qu’il avait un dossier pendant devant la justice comme une épée de Damoclès. Ça suspendait sur sa tête. Sachant lire et conscient qu’il était
un peu défavorisé par rapport aux rapports de force, comprenant qu’il n’avait pas la main, il a trouvé de manière intelligente, politiquement, parlant le moyen de s’en tirer. Et si ses alliés d’alors l’avaient très bien écouté, ils n’allaient pas arriver là. Ils croyaient en leur propre étoile. Quand Barthélémy faisait de la politique, ils étaient sur les bancs de l’école en train de suivre leurs cursus scolaires. Il a beaucoup plus de cran et de stratégie politique. Et, il l’a montré. Il fallait le suivre jusqu’au bout. Personne n’allait parler de Khalifa et de Sonko. Il fallait endosser le manteau et assumer ses responsabilités. Mais, l’autre a trop parlé, l’obligeant à se radicaliser. Aujourd’hui, on peut parler de morale, d’éthique et de tout ce qu’on veut. Mais, du point de vue politique, il a visiblement raison en termes de stratégie sur les autres qui s’étaient éloignés de la sienne. De toutes les manières si on sait lire entre les ligne politiquement parlant, il est en train de s’affirmer et le Barthélémy qu’on est en train de voir n’a pas ses yeux exclusivement sur les petits strapontins de mairie de Dakar et autre.
Barthélémy Dias a envie de jouer un grand rôle par rapport à l’avenir politique de ce pays. Il faut que les gens se démarque des émotions et de leur propre ressenti vis-à-vis de l’homme. Très sincèrement, on peut tout lui reprocher, mais c’est quelqu’un qui a eu à faire l’école d’Abdou Diouf, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et actuellement de Khalifa Sall. C’est vrai que Khalifa c’est son grand, mais c’est un vieux de la vieille génération. Tôt ou tard, il sera appelé à prendre sa retraite politique. Pourquoi, en tant que jeune loup, il ne doit pas étendre sa dent blanche longue et fourchue pour marquer son territoire. Pour moi, c’est ce qu’il a fait. Même s’il ne l’affirme pas, il a un avenir politique auquel, il tient mordicus. Les positions politiques, qu’elles soient illégitimes ou pas, il faut finir par les prendre et les assumer. C’est ce qu’il a fait. On ne peut pas le lui reprocher. Parce que visiblement, c’est quelqu’un de très conséquent avec lui-même. Barthélémy Dias a un courage politique indescriptible. Il assume quand il prend ses positions. C’est vrai qu’on a voulu le mettre en mal avec la population.
En termes de perception, il y a des gens qui prennent mal sa décision et sa posture. Ça va avec la politique. C’est à lui de comprendre que c’est un couteau à double tranchant. Maintenant quand on finit de prendre sa position ou sa posture, il faudra apprécier : soit l’histoire nous donne raison, on continue à s’arc-bouter sur nos positions et tirer les conclusions nécessaires. Par rapport à la démarche, personne ne peut lui reprocher ce qu’il a fait, en se défendant pour préserver ses intérêts. Qu’on me dise ce que la politique signifie. Quand on crée un parti politique, c’est pour concourir aux joutes, c’est pour gagner et conserver le pouvoir. Aujourd’hui, pourquoi Macky Sall s’est permis de s’accompagner avec Oumar Sarr pendant un moment. Alors qu’il était un de ses opposants farouches du côté du Pds. La politique, ce n’est pas une position continue à laquelle on se dit je ne peux pas revenir en arrière, j’ai déjà donné ma parole. Ça, nous sommes dans la morale, dans la religion...tout ce que vous voulez l’éthique, les valeurs. Comme le dit Machiavel très clairement dans son ouvrage, « Le Prince » : en politique, celui qui laisse ce qui se fait pour ce qui devait être fait apprend toujours à se perdre qu’à se conserver.
Barthélémy a voulu se conserver, il a pris sa position. Sauf qu’il ne faut pas fermer les yeux par rapport à l’opinion publique. Attendons de voir. Les positions politiques offrent toujours des postures de couteau à double tranchant. Ça peut marcher comme ça peut ne pas marcher. Mais, il revient à l’homme politique d’évaluer le pour et le contre pour évoluer. Maintenant si les faits lui donnent raison, il saura qu’il a pris la bonne décision. Si l’histoire ne lui donne pas raison, il en tirera les conclusions. Mais, je pense qu’il a certainement pris la bonne décision ou la bonne posture. Mamadou Sy Albert, journalisteanalyste politique : « La fonction de maire est déterminante dans le changement de la posture de Barthélémy Diaz… Si l’opinion pense qu’il a renié son ancrage à Yewwi Askan et à Sonko, il va beaucoup perdre son image d’opposant. » Le passage d’opposant radical à un homme politique qui dialogue avec le pouvoir s’explique par le contexte différent. En tant qu’opposant radical, il n’avait aucune responsabilité au niveau de la mairie ou du gouvernement.
Maintenant, il porte de nouveaux habits. En tant que maire, il est obligé de collaborer avec le ministère de tutelle et avec les services de l’Etat. C’est peut-être, en s’occupant des fonctions de maire, qu’il s’est rendu compte qu’il ne faut pas s’aliéner le pouvoir. Le maire est contraint de travailler avec son Ministère de tutelle, mais aussi, avec celui qui contrôle le pouvoir, notamment le président de la République. La deuxième raison est qu’il a pris de l’âge. Ce n’est plus un jeune socialiste radical, critiquant tout sur son passage. Il l’a fait, parce qu’il cherchait à se positionner en tant qu’opposant. Il a eu ce statut d’opposant contre le pouvoir dans le cadre de la lutte contre le président Abdoulaye Wade à l’époque. C’est le contexte politique du maire qui fait qu’il a accepté de dialoguer.
D'après le journal Point Actu, l'analyste précise que la fonction de maire est déterminante dans le changement de la posture de Barthélémy Diaz. Il a participé au dialogue, donc, il a changé de posture. D’autant plus que son leader aspire à participer à la présidentielle de 2024. Il comprend que son leader est dans l’attente d’une amnistie et autre. C’est ça qui entraîne son changement de comportement. Est-ce que Barthélémy Dias s’extirpera de la posture de Khalifa Sall, c’est trop tôt de le dire. Barth est un collaborateur très proche de Khalifa Sall. Il reste à voir quelle place, il va occuper auprès de son leader. Barthélémy Dias va certainement faire partie de l’équipe de Khalifa à l’élection présidentielle. En tant que député et maire, il va davantage construire sa personnalité autour de son mentor. Il pourra même jouer un rôle dans l’élargissement de Takhawu avec ses anciens camarades socialistes et autres. Il y a évidemment des dangers.
Sa participation au dialogue ne va pas donner l’impression de quelqu’un qui se compromet. Et si l’opinion pense qu’il a passé de radical à un allié. Si l’opinion pense qu’il a renié son ancrage à Yewwi Askan et à Sonko, il va beaucoup perdre son image d’opposant. Il pourra beaucoup perdre avec une image négative. Maintenant, il faudra comprendre que dans cette nouvelle position, Barthélémy ou Khalifa ne veulent pas être compromis par la dynamique radicale de Sonko dans la mouvance du rapprochement avec le pouvoir. Si jamais les Sénégalais décryptent qu’ils se sont inscrits dans une logique de ne pas soutenir Sonko, cela peut être une source de désaccord. Mais, l’avenir édifiera sur ce que les Sénégalais pensent réellement de Barthélémy Dias et de Khalifa Sall à la prochaine élection présidentielle.
« Le discours d’opposant radical de Barthélémy Diaz était un discours trompe-l’œil. Barthélémy Diaz n’était pas du tout sincère. La preuve, aujourd’hui, il a montré son vrai visage, il était dans la compromission. C’est cela la vérité. Je ne suis pas de ceux-là qui disent que Barthélémy Diaz a changé de visage. Bien au contraire ! Il a montré son vraie nature. Son discours musclé n’était qu’un jeu pour lui. Il savait que ce discours était destiné à la galerie, au cosmétique. Aujourd’hui, la vérité l’a rattrapé pour laisser découvrir un politicien qui gère ses propres intérêts. En clair, Barthélémy Diaz est aujourd’hui dans la vérité en laissant apparaître sa vraie nature, alors qu’hier, il était dans le mensonge. Il a fait croire qu’il était de cette génération qui voulait changer le monde, alors qu’il n’en était rien !
Hier, il avançait à visage masqué, aujourd’hui il marche à visage découvert. Au grand public, il tient ce discours radical, dans les coulisses il avoue jouer de la comédie. Comme il est avec le président de la République, il n’hésite pas à lui avouer amuser la galerie. En tout cas, je n’ai jamais pris Barthélémy Dias au sérieux. J’étais persuadé que c’est un homme du système. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’il va croire aux idéaux de révolution ou de révolutionnaire. Le Barthélémy qui s’offre à nos yeux est le vrai Barthélémy, l’autre était un Barthélémy qui jouait avec les Sénégalais, notamment la jeunesse. Il savait que la jeunesse aime le discours de rupture et pour gagner sa conviction, il a joué dans la radicalité, sans vraiment y croire.
Il n’y a pas de contradiction entre le discours révolutionnaire et la posture de maire. Ousmane Sonko est maire, mais cela ne l’empêche guère de collaborer avec les tenants du pouvoir. Il gère un outil qui relève de la décentralisation et il y a des prérogatives dévolues à l’Etat. Le discours n’est en rien antinomique avec l’entretien de relations notamment administratives avec les tenants du pouvoir. La question à se poser est de savoir si Barthélémy Diaz est un homme libre. C’est cela question qui mérite d’être posée. Est-ce que le président de la République ou du moins le pouvoir ne le tiennent pas au collet pour avoir des dossiers compromettants ? La question que j’adresse à Barthélémy Diaz est de savoir s’il est un homme libre. Le chef de l’Etat détient-il des dossiers compromettants pour le maire de Dakar au point de lui imposer de marcher à la cadence qu’il lui plaît ?
Le changement de discours de Barthélémy Diaz n’est pas lié au statut de maire. En vérité, il n’a jamais été sincère. Son objectif a toujours été de séduire et de capturer la jeunesse. C’est un homme du système ce qui lui impose de verser dans la compromission. Non d’abord, parce que Barthélémy Diaz semble être un pion de Khalifa Sall. Nous en avons l’illustration dans la guéguerre entretenue à l’endroit d’Ousmane Sonko. Mais les observateurs se demandent si les actes que le maire de Dakar est en train de poser ne ternissent pas l’image de son mentor. C’est une probabilité, d’autant que Barthélémy Dias travaille aussi pour le président Macky Sall. Ce dernier n’hésitera pas, dans son jeu d’échecs, d’utiliser Barthélémy Diaz qu’il tient au collet au travers des dossiers préjudiciables contre Khalifa Ababacar Sall.
A partir de ce moment, Macky Sall peut faire faire à Barthélémy le travail qu’il veut. En vérité Barthélémy Diaz n’est pas en train de se positionner comme certains le pensent. Il se contentera pour le moment de la mairie. Le jeu qu’il déroule est au bénéfice du chef de l’Etat et, sans doute, pour Khalifa aussi. Le chef de l’Etat à qui on prête le projet de réduire l’opposition à sa plus simple expression n’hésitera pas à utiliser Barthélémy Diaz pour atteindre ses objectifs dès que les intérêts se croiseront sur le champ politique. Pour moi, Barthélémy Diaz est dans le double jeu et celui qui en récolte les fruits est dans les coulisses, il s’agit du président de la République. Aujourd’hui, le jeu est clair : Barthélémy Diaz était toujours en contact avec Macky Sall. Maintenant, le discours radical qu’il développe à l’endroit de l’opposition est, visiblement, nuisible à Khalifa Sall. Mais, si la commande vient du chef de l’Etat, il est obligé de le faire.
Beaucoup de Sénégalais avaient de la sympathie pour Barthélémy Diaz en raison du discours similaire à celui d’Ousmane Sonko jusqu’à cette affaire de dialogue politique. Et son violent discours contre le leader de Pastef qu’il ne cessait d’appeler « domou ndèye ». C’est à partir de ce moment que les Sénégalais ont commencé à se poser des questions sur la posture de Barthélémy Diaz à l’endroit de Sonko avant le dialogue politique. Mais c’est un jeu qui peut se retourner contre lui.
D’ailleurs, il a ouvert un autre front contre le PUR qui peut précipiter sa descente aux enfers. Son style d’avant était bâti sur l’arrogance. Aujourd’hui, le Barthélémy qui s’offre à nous est en réalité le vrai Barthélémy Diaz, un homme du système. Il se positionne ainsi pour préserver ses intérêts. Mais l’opinion comme l’imaginaire des Sénégalais le font passer, hélas, comme un traître. Il est en train de perdre la sympathie de nombre de Sénégalais intrigués par son jeu vis-à-vis de Sonko.
Abdou Khadre Sanoko, Sociopsychologue Politiste: « Barthélémy Dias a envie de jouer un grand rôle par rapport à l’avenir politique de ce pays. Il est beaucoup plus dans la lecture des enjeux politiques. Il sait là où se trouvent ses intérêts »
Je crois que Barthélémy Dias fait ce qu’on appelle en Sciences politiques, la realpolitik. Entre les émotions, le sentimentalisme, les histoires des enfants de cœur et l’adaptation par rapport aux circonstances du moment, il y a un fossé abyssal. C’est cela qu’on appelle le réalisme. Je crois qu’il a fait ses classes dans un parti réputé stratège, le parti socialiste, qui est vieux de plusieurs décennies. C’est une école qui formate ses membres, futurs leaders, à être très prompts à saisir la balle au rebond. Je crois que c’est ce que Barthémy Dias a fait. Il a allié ce que Machiavel appelait l’outil avec le mécanisme du bâton et de la carotte. Quand il se sent faible, il fait montre d’une grande intelligence politique pour pouvoir revenir dans le jeu.
Quels que soient vos talents, vos postures, votre intelligence, si vous ne participez pas aux compétitions électorales, visiblement, vous ne servez à rien. Faisant face à la maestria du président Macky Sall, Barthélémy ne pouvait que trouver un outil capable de pouvoir lui permettre, à lui et à son mouvement Takhawu Sénégal avec Khalifa Sall de rebondir très vite. En plus, Barthélémy qui avait entre 25 et 35 ans se trouve aujourd’hui, avec 40-48 ans. Il est beaucoup plus dans la lecture des enjeux politiques. Il sait là où se trouvent ses intérêts. La politique, c’est un jeu de dupes et d’intérêts. Ce n’est pas une histoire de religion ou d’enfant de cœur. Etant un peu trop glissant, quand vous vous trouvez au bas de l’échelle, il faudra scruter tous les chemins possibles pour pouvoir revenir. Je crois que c’est ce qu’il a fait.
Aujourd’hui, les résultats sont là et ils sont extrêmement probants. Barthélémy Dias sait que s’il le dit ou pas, il aurait dû être un opposant farouche de Macky Sall. La mairie de Dakar risquait d’être sous délégation spéciale. Lui-même savait qu’il avait un dossier pendant devant la justice comme une épée de Damoclès. Ça suspendait sur sa tête. Sachant lire et conscient qu’il était
un peu défavorisé par rapport aux rapports de force, comprenant qu’il n’avait pas la main, il a trouvé de manière intelligente, politiquement, parlant le moyen de s’en tirer. Et si ses alliés d’alors l’avaient très bien écouté, ils n’allaient pas arriver là. Ils croyaient en leur propre étoile. Quand Barthélémy faisait de la politique, ils étaient sur les bancs de l’école en train de suivre leurs cursus scolaires. Il a beaucoup plus de cran et de stratégie politique. Et, il l’a montré. Il fallait le suivre jusqu’au bout. Personne n’allait parler de Khalifa et de Sonko. Il fallait endosser le manteau et assumer ses responsabilités. Mais, l’autre a trop parlé, l’obligeant à se radicaliser. Aujourd’hui, on peut parler de morale, d’éthique et de tout ce qu’on veut. Mais, du point de vue politique, il a visiblement raison en termes de stratégie sur les autres qui s’étaient éloignés de la sienne. De toutes les manières si on sait lire entre les ligne politiquement parlant, il est en train de s’affirmer et le Barthélémy qu’on est en train de voir n’a pas ses yeux exclusivement sur les petits strapontins de mairie de Dakar et autre.
Barthélémy Dias a envie de jouer un grand rôle par rapport à l’avenir politique de ce pays. Il faut que les gens se démarque des émotions et de leur propre ressenti vis-à-vis de l’homme. Très sincèrement, on peut tout lui reprocher, mais c’est quelqu’un qui a eu à faire l’école d’Abdou Diouf, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et actuellement de Khalifa Sall. C’est vrai que Khalifa c’est son grand, mais c’est un vieux de la vieille génération. Tôt ou tard, il sera appelé à prendre sa retraite politique. Pourquoi, en tant que jeune loup, il ne doit pas étendre sa dent blanche longue et fourchue pour marquer son territoire. Pour moi, c’est ce qu’il a fait. Même s’il ne l’affirme pas, il a un avenir politique auquel, il tient mordicus. Les positions politiques, qu’elles soient illégitimes ou pas, il faut finir par les prendre et les assumer. C’est ce qu’il a fait. On ne peut pas le lui reprocher. Parce que visiblement, c’est quelqu’un de très conséquent avec lui-même. Barthélémy Dias a un courage politique indescriptible. Il assume quand il prend ses positions. C’est vrai qu’on a voulu le mettre en mal avec la population.
En termes de perception, il y a des gens qui prennent mal sa décision et sa posture. Ça va avec la politique. C’est à lui de comprendre que c’est un couteau à double tranchant. Maintenant quand on finit de prendre sa position ou sa posture, il faudra apprécier : soit l’histoire nous donne raison, on continue à s’arc-bouter sur nos positions et tirer les conclusions nécessaires. Par rapport à la démarche, personne ne peut lui reprocher ce qu’il a fait, en se défendant pour préserver ses intérêts. Qu’on me dise ce que la politique signifie. Quand on crée un parti politique, c’est pour concourir aux joutes, c’est pour gagner et conserver le pouvoir. Aujourd’hui, pourquoi Macky Sall s’est permis de s’accompagner avec Oumar Sarr pendant un moment. Alors qu’il était un de ses opposants farouches du côté du Pds. La politique, ce n’est pas une position continue à laquelle on se dit je ne peux pas revenir en arrière, j’ai déjà donné ma parole. Ça, nous sommes dans la morale, dans la religion...tout ce que vous voulez l’éthique, les valeurs. Comme le dit Machiavel très clairement dans son ouvrage, « Le Prince » : en politique, celui qui laisse ce qui se fait pour ce qui devait être fait apprend toujours à se perdre qu’à se conserver.
Barthélémy a voulu se conserver, il a pris sa position. Sauf qu’il ne faut pas fermer les yeux par rapport à l’opinion publique. Attendons de voir. Les positions politiques offrent toujours des postures de couteau à double tranchant. Ça peut marcher comme ça peut ne pas marcher. Mais, il revient à l’homme politique d’évaluer le pour et le contre pour évoluer. Maintenant si les faits lui donnent raison, il saura qu’il a pris la bonne décision. Si l’histoire ne lui donne pas raison, il en tirera les conclusions. Mais, je pense qu’il a certainement pris la bonne décision ou la bonne posture. Mamadou Sy Albert, journalisteanalyste politique : « La fonction de maire est déterminante dans le changement de la posture de Barthélémy Diaz… Si l’opinion pense qu’il a renié son ancrage à Yewwi Askan et à Sonko, il va beaucoup perdre son image d’opposant. » Le passage d’opposant radical à un homme politique qui dialogue avec le pouvoir s’explique par le contexte différent. En tant qu’opposant radical, il n’avait aucune responsabilité au niveau de la mairie ou du gouvernement.
Maintenant, il porte de nouveaux habits. En tant que maire, il est obligé de collaborer avec le ministère de tutelle et avec les services de l’Etat. C’est peut-être, en s’occupant des fonctions de maire, qu’il s’est rendu compte qu’il ne faut pas s’aliéner le pouvoir. Le maire est contraint de travailler avec son Ministère de tutelle, mais aussi, avec celui qui contrôle le pouvoir, notamment le président de la République. La deuxième raison est qu’il a pris de l’âge. Ce n’est plus un jeune socialiste radical, critiquant tout sur son passage. Il l’a fait, parce qu’il cherchait à se positionner en tant qu’opposant. Il a eu ce statut d’opposant contre le pouvoir dans le cadre de la lutte contre le président Abdoulaye Wade à l’époque. C’est le contexte politique du maire qui fait qu’il a accepté de dialoguer.
D'après le journal Point Actu, l'analyste précise que la fonction de maire est déterminante dans le changement de la posture de Barthélémy Diaz. Il a participé au dialogue, donc, il a changé de posture. D’autant plus que son leader aspire à participer à la présidentielle de 2024. Il comprend que son leader est dans l’attente d’une amnistie et autre. C’est ça qui entraîne son changement de comportement. Est-ce que Barthélémy Dias s’extirpera de la posture de Khalifa Sall, c’est trop tôt de le dire. Barth est un collaborateur très proche de Khalifa Sall. Il reste à voir quelle place, il va occuper auprès de son leader. Barthélémy Dias va certainement faire partie de l’équipe de Khalifa à l’élection présidentielle. En tant que député et maire, il va davantage construire sa personnalité autour de son mentor. Il pourra même jouer un rôle dans l’élargissement de Takhawu avec ses anciens camarades socialistes et autres. Il y a évidemment des dangers.
Sa participation au dialogue ne va pas donner l’impression de quelqu’un qui se compromet. Et si l’opinion pense qu’il a passé de radical à un allié. Si l’opinion pense qu’il a renié son ancrage à Yewwi Askan et à Sonko, il va beaucoup perdre son image d’opposant. Il pourra beaucoup perdre avec une image négative. Maintenant, il faudra comprendre que dans cette nouvelle position, Barthélémy ou Khalifa ne veulent pas être compromis par la dynamique radicale de Sonko dans la mouvance du rapprochement avec le pouvoir. Si jamais les Sénégalais décryptent qu’ils se sont inscrits dans une logique de ne pas soutenir Sonko, cela peut être une source de désaccord. Mais, l’avenir édifiera sur ce que les Sénégalais pensent réellement de Barthélémy Dias et de Khalifa Sall à la prochaine élection présidentielle.