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Entre justice et jugement moral

SENEGAL : Affaire Cheikh Yérim Seck ( Commentaire )

J’avais, à l’instar de plusieurs confrères, décidé de ne pas me prononcer sur ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Cheikh Yérim Seck (CYS) tant que le verdict du tribunal ne serait pas tombé. Il a été rendu finalement le 26 septembre dernier, date symbolique du naufrage du ferry le Joola. Un verdict qui symbolise en même temps le naufrage d’un confrère que les Sénégalais avaient porté naguère au pinacle grâce à son travail remarquable et intrépide dans le monde de la presse et qui se retrouve aujourd’hui dans la posture de l’ange déchu. L’affaire CYS illustre à souhait le caractère illusoire et fugitif des situations acquises, la fragilité de toute chose, la périssabilité de toute œuvre humaine. Comment ne pas songer en pareille circonstance à la maxime selon laquelle « la Roche Tarpéienne n’est pas loin du Capitole » ? Sans spéculer sur la culpabilité ou l’innocence de CYS, ce qui me paraît inutile après le prononcé de la sentence, j’éviterai de tomber dans le réflexe pro ou anti-confraternel qui consiste à vouloir blanchir ou noircir un confrère empêtré dans l’écheveau des libertinages et des permissivités.


Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Octobre 2012 à 20:37 | | 7 commentaire(s)|

Entre justice et jugement moral
Quand l’ancien président israélien Moshé Katzav, 66 ans, reconnu coupable à l’encontre de deux de ses collaboratrices de viols, de harcèlements sexuels, de subornation de témoins et d'entraves à la justice condamné à sept ans de prison ferme pour viols, a été écroué mercredi 7 décembre 2011, le Premier ministre Benjamin Nétanyahu s’est exprimé en ces termes : « C’est un jour triste pour l'Etat d’Israël et ses citoyens, mais le tribunal a adressé aujourd'hui un message très clair sur l’égalité de tous devant la loi ». Naturellement Moshé Katzav, qui récusait les faits qui lui étaient reprochés, n’a pas empêché le glaive de Dame Justice de s’abattre sur lui. Si nous avons jugé nécessaire d’évoquer cette affaire judiciaire qui s’est tenue très loin de nos frontières, c’est pour rappeler un principe de justice universel : «Dura lex, sed lex ». Autrement dit, la loi est dure, mais c’est la loi.
Le 26 septembre dernier à Dakar, à des milliers de kilomètres de la prison de Tel Aviv où est écrouée cette personnalité israélienne, un célèbre journaliste du nom de Cheikh Yérim Seck, accusé de viol sur une jeune fille, a été condamné à trois ans ferme assortis d’une amende de trois millions de francs CFA. Au sein de l’opinion sénégalaise, une telle sentence n’a fait que soulever les passions et attiser le débat contradictoire sur la culpabilité ou l’innocence de CYS depuis le jour de ses coucheries à l’auberge Keur Madamel. La contradiction est le propre d’une conversation démocratique où personne ne peut prétendre avoir le dernier mot, les Sénégalais ont livré des opinions divergentes sur cette affaire. Dès lors les deux camps qui se sont dessinés en pro-Yérim et anti-Aïssata ou anti-Yérim et pro-Aïssata se sont tiré la bourre. Pourtant, dans cette dualité féroce, les journalistes que les avocats de Yérim ont accusés à tort d’avoir lynché leur client avant le prononcé de la sentence se sont abstenus prudemment de prendre position quand bien même chacun aurait une opinion propre sur cette affaire de mœurs. Chaque camp, tapi dans le tribunal populaire des fora des sites internet ou des places publiques, avait déjà condamné ou blanchi le journaliste libertin. C’est la cruelle confrontation entre justice et jugement moral dans laquelle se perdent les deux parties antagoniques.
Mais si les Sénégalais ne se sont pas limités à juger trivialement un simple concitoyen victime de ses pulsions libidinales, c’est parce que le patron du site dakaractu.com, depuis son retour définitif au Sénégal, ne s’est plus limité à son rôle de journaliste. Il a fini, avec ses passages télévisuels fréquents aux allures de prêcheries, par enfiler la toge d’un pontife moralisateur, d’un journaliste-businessman sans souci pécuniaire, d’un saint jeûneur qui voue un culte à la fidélité conjugale, d’un khalife doctissime dans la profession journalistique ainsi que dans d’autres domaines. Cette prétention, pour ne pas dire cette folie médiatique ostentatoire qui tranche avec l’humilité et la prudence qu’exige la profession journalistique, a fini par l’exposer à un jeune public qui, fasciné par le monde glamour de la célébrité, du vedettariat ou de l’idolâtrie, pense que la vie de star est toute de rose. Ce public candide ou pervers est très enclin à nouer des relations avec ces as de la rhétorique qu’il déifie à travers leur grandiloquence, leurs prestations médiatiques voire leur prestance physique. Et parmi ce public se trouve une pléiade de nymphettes profanes ou expérimentées semblables à Aïssata Tall qui, guidées par leurs toquades ou foucades, souhaitent vivre des sensations fortes avec leur star ou idole. L’envie est exquise mais la tentation est généralement périlleuse et les conséquences souvent désastreuses. Bruno Masure, ex-journaliste de TF1, a dit dans un ouvrage que « la télé rend fou ». Cette folie, Yérim en a été victime ne serait-ce qu’un peu. Comme quoi, « la Roche Tarpéienne n’est pas loin du Capitole ».
Ainsi, CYS restera en prison pour trois ans pendant lesquels il devra se résoudre à porter sa croix avec stoïcisme. Sa mésaventure nous offre l’occasion d’engager une réflexion dont la finalité est de juger le citoyen CYS sur les faits et non sur son nom ou renom. Qu’un citoyen comme CYS (et nous avons eu des positions similaires dans l’affaire Cheikh Béthio Thioune) se retrouve derrière les barreaux d’une cellule de prison ne devrait pas choquer si le droit est dit. «Dura lex, sed lex ». La justice doit être la même pour tous les citoyens d’un pays qui aspire à être un Etat de droit. Et cela, sans tenir compte de leur rang social et de tous titres dont ils peuvent se prévaloir. Cette posture indépendante de la justice bat en brèche une tendance qui s’est développée dans notre pays pendant le magistère du président Abdoulaye Wade. Elle consiste à ne plus faire de la prison la destination quasi exclusive et le centre d’accueil prioritaire des gueux, des miséreux, des impécunieux ou des adversaires politiques. Elle disqualifie cette maxime de la Fontaine qui dit que « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous laisseront blanc ou noir ».

NE PAS TOMBER DANS LES AMALGAMES
Ainsi, dans l’affaire CYS, il y a lieu de faire preuve d’objectivité pour ne pas tomber dans les amalgames. Ce n’est la pas pensée qui est au banc des accusés, mais le bas de la ceinture. Aussi serait-il subjectif de se pencher sur le cas de l’homme journaliste pour gloser sur les raisons qui l’ont conduit en prison. Tout ce qui pourrait donner à penser à de l’acharnement contre un journaliste professionnel, un empêcheur de tourner en rond ou un dénonciateur de magouilles et malversations financières doit être écarté. Il ne faut pas dire qu’il y a un réseau de forces obscures et perverses qui s’est constitué pour orchestrer la chute humiliante d’un talentueux journaliste. Il ne faut pas non plus insinuer que c’est dans la poubelle puante des considérations extrajudiciaires que la justice, incarnée par le juge Adiyatou Guèye, a cherché la justification de sa sentence. Dans cette affaire, il ne faut pas confondre la justice et l’aspect moral de l’inconduite de CYS et de sa victime. Que CYS trompe ses femmes et qu’il soit même coutumier des sorties libertines, qu’Aïssata Tall ait passé outre l’éducation morale inculquée par son père très conservateur jusqu’à se faire déniaiser, cela ne regarde pas le juge chargé de dire le droit sur une affaire de viol mais plutôt les jugeurs du tribunal populaire. Et sur la base des faits de viol, le juge Adiyatou Guèye, selon son intime conviction, a prononcé la sentence qui privera CYS de trois ans de liberté. C’est mon intime conviction.
Serigne Saliou GUEYE
Le Témoin N° 1010 –Hebdomadaire Sénégalais (Octobre 2012)



( Les News )


1.Posté par FocusActu le 11/10/2012 20:59 | Alerter
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Bonjour à tous! Votre nouveau site d'information est désormais en ligne: focusactu.com. Bienvenue à tous!

2.Posté par Oumou Fall le 11/10/2012 23:06 | Alerter
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Personne, alors personne, je dis bien personne (incluant les parents de la supposée victime)... ne peut dire, HORS DE TOUT DOUTE RAISONNABLE, qu'il y a bien eu viol. Nous avons un système judiciaire MALADE, MAIS VRAIMENT MALADE... Cela est dangereux pour nous autres justiciables car, dans ce contexte, nul n'est épargné. Dans les grandes démocraties, les vraies démocraties comme aux États-Unis où le viol est (très) sévèrement puni, CYS n'aurait jamais été condamné sur des bases aussi FLOUES!!!
PS: Je ne connais pas CYS, ni de près, ni de loin. Je ne suis qu'une simple citoyenne qui constate et déplore!

3.Posté par Kesso le 12/10/2012 09:46 | Alerter
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Sur quelles bases a-t-on condamner CYS ? la preuve doit être irréfutable. Dans ce cas d'espèce, l'élément matériel (drap, chiffon....) mis à la disposition de la justice ne signifie rien; car qu'elle fût consentante ou non la suite aurait été la même à savoir drap ensanglanté, usage de torchon.... donc je pense que cette preuve ne suffit pas et devrait être analysée avec beaucoup de recul. Les filles, une fois affolées, accusent vite; récemment on a eu un exemple concret dans le cas d'un célèbre avocat sénégalais qui s'était rendu en France. Cet avocat a été balloté et malmené avant que la justice, gràce à son système de découverte de mensonges ne le blanchisse. Pour le cas de CYS on a tout simplement rerenu ceci : CYS a menti, AT a raison.
Eviter l'amalgame ? OK. Mais éviter l'amalgame, je pense que c'est éviter de comparer Cheikh Béthio Thioune (chef de gang) et CYS, coupable d'adultèe.

4.Posté par Pulci le 12/10/2012 09:47 | Alerter
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C est bienfait pour sa gueule c est un pervers et un sale violeur

5.Posté par Badou le 12/10/2012 09:50 | Alerter
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Ma chère Oumou, si comme vous le dites, il y a "un doute raisonnable", ça peut aller dans un sens ou dans l'autre non??? Alors le juge se base sur son intime conviction! Laissez lui ce droit!!

6.Posté par Linguère le 12/10/2012 10:45 | Alerter
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Personne ne peut non plus dire qu'il n'ya pas eu viol!!! Pourquoi et au nom de quoi doit-on refuter la thèse du viol à chaque fois qu'une femme dit qu'elle n'était pas consentante après des relations sexuelles? Personne ne peut dire ce qui s'est réellement passé dans cette chambre d'auberge! Nous avons délégué le pouvoir de juger à une institution respectons la sentence prononcée. Vous nous parler des USA justement pour votre gouverne dans ces pays dès que votre épouse avec qui vous partagez la même chambre, le même lit vous dit stop lors des préliminaires avant l'acte sexuel si vous insister pour aboutir à des relations sexuelles, vous êtes considéré comme un violeur!!! Donc soyons prudents laissons ces deux personnes ( CYS et Aïssatou) en paix! Rien ne dit que nous plus que l'un ou l'autre, laissons leur possibilité de se reconstruire parce je suis certaine que tous les deux vivent des moments difficiles.

7.Posté par Oumou Fall le 12/10/2012 11:19 | Alerter
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Pour Linguère: pour votre information et si cela peut vous aider à vous calmer... je vis en Amérique du Nord, dans un pays que j'aime pour sa tradition et ses valeurs démocratiques, alors vous m'apprenez RIEN... Désolée!
Quant à Babou, vous venez de confirmer mes craintes d'une justice qui marche sur la tête... On ne s'en sortirait plus si les juges devaient se baser sur leurs convictions pour condamner, acquitter ou relaxer. Parlant de convictions justement, vous conviendrez avec moi que, dans la tête des Blancs de l’Afrique du Sud du temps de l'apparteid, les Noirs devaient être considérés, non pas comme des citoyens à part entière, mais comme des citoyens entièrement à part... Même référence pour ce qui s'est dernièrement passé en Gambie avec l'exécution de pauvres citoyens. Je n'ai jamais dit que la supposée victime de CYS ment; je n'ai jamais dit qu'il y a pas eu de viol; je n’étais pas dans cette chambre avec eux! Ce que je dis, et ça reste vrai, c'est qu'il n'y a pas suffisamment de preuves, de faits (puisque les secrets de l'instruction ont été dévoilés sur la place publique...) pour qualifier cette conjonction de viol.
Je ne comprends donc pas cette condamnation...

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