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Entretien - Aminata Mbengue Ndiaye, probable futur maire de Louga :«Les dossiers, qui le nécessitent, seront audités»

Après la victoire de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, Aminata Mbengue Ndiaye, tête de liste majoritaire à Louga, nous a fait part de son sentiment. Saluant la maturité de l’électorat sénégalais, l’ancien ministre de la Famille sous Diouf donne ici, sa lecture du scrutin du 22 mars. Et l’une des leçons qu’elle en tire, c’est que maintenant, «les Sénégalais ont compris qu’il faut faire partir ceux qui ne font pas de résultats».


Rédigé par leral.net le Samedi 28 Mars 2009 à 15:15 | | 0 commentaire(s)|

Entretien - Aminata Mbengue Ndiaye, probable futur maire de Louga :«Les dossiers, qui le nécessitent, seront audités»
Quelle lecture faîtes-vous des élections locales du 22 mars, qui ont donné la victoire à la Coalition Bennoo Siggil Senegaal dans la majeure partie des grandes villes ?
Je dois d’abord saluer la maturité et la prise de conscience des Sénégalais qui ont compris qu’en démocratie, la carte de l’électeur joue un rôle extrêmement important.
La population a compris que lorsque le gouvernement ou une Collectivité locale ne travaille pas, les gens qui sont élus ne travaillent pas, il faut les faire partir. Les Sénégalais ont compris que ceux qui ne font pas de résultats, il faut les faire partir.
L’autre lecture que j’en fais également, c’est l’arrogance, particulièrement du chef de l’Etat. Le fait qu’il s’implique dans la campagne électorale, en tant que Président de tous les Sénégalais, montre tout simplement qu’il n’a pas encore compris le rôle qui est le sien dans la marche de la démocratie. Aujourd’hui, les militants de son parti lui imputent la défaite, parce que c’est lui qui a battu campagne, et c’est lui qui a été battu. Mais, aussi, le fait qu’il ait battu campagne pour ses conseillers, ses candidats, a fait que les populations ont compris qu’il ne fallait pas les laisser continuer sur le terrain.
Je dois aussi dire que, en ce qui concerne le monde rural, les mauvaises campagnes commerciales de l’arachide, depuis le début de l’Alternance, ont été déterminantes dans leur vote. Dans les villes, c’est surtout le bradage de notre patrimoine foncier. Aujourd’hui, au moment où je vous parle, on me signale que les gens de l’ancienne équipe (municipale de Louga) sont en train d’attribuer des terrains à usage d’habitation dans certains quartiers, alors que depuis le 22 mars, ils savent qu’ils ne sont plus les responsables de cette ville et qu’ils doivent cesser toute activité. Ils doivent au moins, faire le service minimum, le travail courant de la municipalité. Mais, ils n’ont plus le droit de prendre de grandes décisions.

Est-ce que le Président Wade ne vous a pas donné un coup de pouce ? A l’occasion de sa tournée «économique», il disait que s’il perd les élections à Louga, la capitale sera transférée à Kébémer.
C’était certainement, une façon de parler. Je sais qu’il n’ose pas transférer la capitale qui est Louga, à Kébémer. C’était peut-être pour doper ses gens. Ce qui est sûr, il a perdu et la capitale ne sera pas transférée. La capitale restera à Louga.

Quelles sont les priorités de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, ou de l’équipe municipale qu’elle va mettre sur pied ?
Notre ambition est de relever les défis. Par exemple, la propreté de notre ville. Louga est la ville la plus sale du Sénégal. Les jeunes sont prêts à procéder au nettoyage de toute la ville, dans les prochains jours. J’ai déjà pris contact avec certains amis qui vont nous aider, en nous dotant de camions, de pelles mécaniques, entre autres outils, dont nous aurons besoin pour balayer la ville. C’est la première opération à faire.
Nous allons remettre notre programme sur la table, après avoir mis sur pied l’équipe municipale de la ville. Parce que nous avons un programme à soumettre à la ville. Maintenant, il faut qu’on en discute davantage pour voir, quelles sont les priorités et essayer de voir comment les mettre en œuvre.
Nous avons également, l’ambition de régler le problème du foncier. Car, à ce niveau, il y a beaucoup de choses qui sont en train de se faire. Il nous faut un audit pour avoir une situation beaucoup plus claire. Avec le bradage des terres, il ne reste plus grand-chose à Louga. On va essayer de résoudre les problèmes d’injustice qui ont été commis dans les grands quartiers, puis parler à la population, car les gens doivent aussi se rendre compte de la situation que nous avons trouvée sur place. Il faut que l’on fasse une vaste communication sur ce que nous avons trouvé sur place, de l’ampleur des dégâts, autant au niveau national qu’au niveau des Collectivités locales. On va faire tout cela ensemble. Mais sans aucune animosité, sans chasse à la sorcière. Ce que nous voulons, c’est travailler dans la sérénité, mais également dans la justice et dans l’équité. Nous pouvons le réussir. Il faut que les choses soient claires : s’il y a des fautifs, il faut qu’ils payent. Mais, on ne fera pas de discrimination. L’essentiel c’est que les choses soient claires avant qu’on ne prenne service.

Comptez-vous auditer la gestion de l’équipe sortante ?
Tout dépendra de ce qui nous sera donné. Après notre prise de fonction, si on constate qu’il y a des dossiers qui nécessitent un audit, on va le faire. Au cas contraire, on va assurer le suivi. En effet, nous sommes dans une institution ayant une administration ; et, l’administration, c’est une continuité. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut qu’on sache où on va mettre les pieds.

Avec la défaite de la Coalition Sopi 2009, les équipes municipales de Bennoo ne craignent-elles pas d’avoir des difficultés pour mener à bien leurs missions ?
On ne craint rien, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de difficultés. Ce qui est sûr, c’est que les difficultés ne sont pas liées à ceux qui viennent d’arriver. Ceux qui étaient là avaient des difficultés. Aujourd’hui, il y a beaucoup de Collectivités locales qui n’ont pas encore reçu les fonds de dotation des compétences transférées. Les fonds de concours, n’en parlons pas ! Les difficultés, il faut savoir les surmonter.
A cause de la mauvaise gestion de la coopération décentralisée, certains partenaires avaient complètement quitté Louga. Mais depuis hier (mercredi), nous recevons des coups de fils d’institutions internationales qui nous félicitent et qui expriment leur ambition de reprendre la coopération. Dans les jours à venir, on en saura davantage.

Ce qui est sûr, c’est que nous avons des idées. Nous avons des gens qui ont la volonté d’appuyer ce que nous allons faire.
A ce titre, je lance un appel à tous les fils de Louga. Nous venons de relever un défi pour le compte de tout le monde, parce que Louga a été humiliée par le pouvoir depuis neuf ans. Aujourd’hui, le défi est relevé ; il faut que les dignes fils de cette ville, de cette région, se mobilisent pour vraiment, appuyer les actions à poser. Nous lançons un appel à tous les Lougatois pour qu’ils sachent que Louga, c’est d’abord notre ville, notre patrimoine. Nous n’avons rien de plus important que Louga. Il faut que tout le monde se mobilise autour de l’équipe qui sera mise en place pour relever le défi de la réalisation de la demande sociale, des aspirations des populations et de l’embellissement de notre ville.

A qui ? La société civile ou l’opposition ?
On ne fait pas d’exclusion. Nous tendons la main à tous ceux qui veulent travailler avec nous. Déjà, il y a des tractations qui sont en train de se faire. Nous voulons d’abord avoir les résultats officiels qui vont être publiés d’ici vendredi (l’entretien a eu lieu jeudi : Ndlr). Nous avons discuté avec les organisations de la société civile de la ville et nous leur avons présenté un programme qui a été l’un des meilleurs programmes parmi ceux qui ont été présentés.

Pour la mise en place ou le choix des éléments qui vont constituer les équipes municipales, certains craignent que Bennoo Siggil Senegaal connaisse des problèmes….
Non ! C’est une autre étape. Nous n’aurons pas de problème à ce niveau. Ce qui nous unit aujourd’hui est plus important que ce qui peut nous désunir demain. La question fondamentale était de gagner la ville. Nous avons fait énormément de concessions pour créer le consensus autour de la liste de Bennoo Siggil Senegaal. Aujourd’hui, nous avons la liste la plus large au Sénégal, en termes de participation de partis politiques et d’organisations de la société civile. Et, cela a montré tout simplement, qu’unis, nous pouvons faire quelque chose. Nous voulons travailler pour la ville. Nous ne voulons pas travailler pour des privilèges individuels ou pour rechercher des statuts personnels au niveau du Conseil municipal. Nous voulons simplement, travailler pour la ville. C’est ce qui m’anime et qui anime tout le monde. L’essentiel, c’est que nous avons été ensemble et nous avons gagné. Nous allons rester ensemble pour gagner davantage. Gagner encore plus, c’est gagner pour le développement de notre ville. C’est là que la population nous attend.

A Mbacké par exemple, les libéraux étaient unis en allant au scrutin, mais après la victoire dans cette localité, chaque responsable tire de son côté. Ne craignez-vous pas de vivre la même situation ?
Non ! On ne risque pas de vivre cette situation. La ville n’a pas voté pour une personne, pour une liste. C’est ce que nous avons ressenti dans tous les meetings et visites de proximité que nous avons organisés. A Louga, je ne me suis pas présentée comme tête de liste. Mon parti ne m’a pas présentée. Ce sont l’ensemble des partis politiques ainsi que les organisations de la société civile qui m’ont portée à la tête de la liste majoritaire. Je n’étais même pas au Sénégal. J’étais en Afrique du Sud ou en République démocratique du Congo (Rdc). Donc, à ce niveau, nous n’avons pas de problème.
Actuellement, nous réitérons notre volonté de cheminer ensemble, de rester unis pour donner le bon exemple à tout le pays. Nous continuons à travailler ensemble pour voir comment l’équipe municipale sera mise en place sans problème. Donc, on va tout faire pour avoir un consensus autour de ce que nous allons faire. Après, ce sera l’installation pour s’engager dans le travail réel.


Bennoo Siggil Senegaal a perdu la ville de Louga. Comment expliquez-vous cette défaite ?
De nombreuses listes étaient concentrées dans la ville sans beaucoup d’intérêt pour la région. Nous avons trois Collectivités locales. A Louga, par exemple nous n’avions pas de liste pour plusieurs raisons. On a, par exemple, une Collectivité locale où les gens ne voulaient pas voter pour la Coalition Sopi, mais où il y a eu une centaine de bulletins nuls, plus de cent bulletins blancs. Il y a eu quand même un certain nombre de manquements dus au travail administratif qui devait être fait et qui ne l’a pas été. Certaines collectivités n’ont pas eu tout l’appui qui pouvait leur permettre de déposer à temps leur dossier. De telle sorte que, ça a créé une frustration. Dans le département de Louga, c’est sûr que, si on avait des listes dans les trois Collectivités locales, on aurait pu gagner la départementale au niveau régional. Je me suis déplacée pour faire le tour de quelques villages du département de Louga, avec M. Birahim Ndiaye qui est le responsable de la coalition. Mais, je me suis davantage concentrée sur la commune de Louga qui était pour nous un défi.

Mais pourquoi, n’aviez-vous pas souligné ces manquements avant le scrutin ?
Si, on l’a fait, mais c’était trop tard. Quand on a su qu’il n’y avait pas de listes dans ces Collectivités locales, il n’y avait plus de possibilité de préparer des listes.

source le quotidien

Pape Alé Niang