Qui est Big D ?
Je m’appelle Big D, de mon vrai nom Armand Alexandre A. Damas. Je suis Sénégalais de mère et Gabonais de père mais j’ai grandi au Sénégal. Je suis un artiste musicien. J’ai plusieurs casquettes puisque je suis aussi présentateur d’émission télé, animateur de radio et de night club. En résumé, je suis un artiste plein.
D’où vient le pseudo Big D ?
C’est par rapport à ma taille. Je ne suis pas petit. Je pèse 140 kg, et D relève de mon nom de famille Damas.
Parlez-nous un peu de vos débuts dans rap ?
J’ai débuté très tôt dans le rap. Le rap est venu vers moi par un déclic. En fait, j’étais un enfant très terrible,très bagarreur. Pendant les navétanes, j’étais à la tête de la commission de bastonnade. C’est lorsque mon père est décédé que je me suis replié. Je n’ai pas pleuré lors de son décès. J’étais encore jeune, je ne savais pas encore ce qu’était la mort. C’est à la fin de l’année, quand les parents venaient récupérer les bulletins de notes de leurs enfants à l’école, je voyais chaque élève accompagné de son père et de sa mère et quand j’ai vu ma mère venir seule, c’est à ce moment que je me suis rendu compte que mon papa me manquait. Alors là, j’ai pleuré. C’est ce qui m’a poussé à rapper. Donc j’ai commencé en 1988. Le second déclic, c’était lorsqu’un jour je raccompagnais ma copine qui est finalement devenue ma femme. On revenait d’une soirée, ces temps-là c’est les « jeans Levis Strauss » qui étaient à la mode. Mon frère m’en avait envoyé de Paris et lorsque nous sommes arrivés au rond point du Jet-d’eau, j’ai vu un enfant couché dans la rue, il faisait froid alors que j’étais là, bien habillé. J’ai remarqué que l’enfant avait très froid, avec son pot de tomate vide aux environs de 5 heures du matin. Je me posais beaucoup de questions sur ce que je pouvais faire pour le sortir de cette situation. C’est comme ça que j’ai commencé à rapper. Depuis lors, je fais un rap très social.
Après quelle a été la suite ?
Après j’ai créé un groupe RCB (Rap Connexion Brothers), les anciens le connaissent, puis un autre. C’est après que j’ai quitté le groupe que j’ai créé « Yatfu » avec le son « Agresseur ». Après cet album on a galéré, puis j’ai quitté le groupe pour faire une carrière solo pour des raisons que je n’évoquerai pas parce que tout simplement on est des frères et c’est du passé comme on dit en Wolof « Lou teug tass »
Mais c’est un peu bizarre de vous voir quitter un groupe que vous-même avez créé...
Je suis comme ça. C’est-à-dire que moi je suis entier. Je suis un artiste qui crée à tout moment. Aujourd’hui Dieu merci, Big D c’est un nom. Ce n’est rien, ainsi va la vie. C’est ma famille.
Parlons maintenant de l’actualité surtout de votre nouveau single « Let’s go ». Pourquoi ce titre ?
En fait, là quand je le dis tout le monde se fâche. « Let’sgo » c’est le single de mon prochain et dernier album. Mais tout le monde me dit « tu n’oses pas », mais ce n’est pas possible ! Pourquoi ? C’est parce que la musique au Sénégal ne marche plus. Ce n’est pas parce que c’est la crise. Non ! C’est autre chose. Si je vivais en Europe en faisant de la musique je n’arrêterai pas. Actuellement la technologie est très pointue et elle évolue de jour en jour. Aujourd’hui où est Talla Diagne, où est le Studio 2000 et les Gadiaga et autres ? Voilà ce qui prouve que la musique ne marche plus. Aujourd’hui pour faire un bon clip, il te faut au minimum 5 millions. Un bon album te revient à huit millions sans compter la promo et la publicité et le tout peut te revenir à 15 millions. Vous savez quand vous avez un enfant et une femme « (j’en profite pour faire un big up à ma femme, une excellente épouse), tu es content en te disant « je suis content d’être papa » tu sais que ta descendance est assurée. Si Dieu fait que tu aies un deuxième gosse, là tu commences à réfléchir en te disant « il faut que je commence à faire un petit projet ». Et si le Bon Dieu fait maintenant que tu aies trois gosses, tu va prendre 15 millions pour les mettre dans un album ? Je suis père de famille et en même temps soutien de la grande famille n’oubliez pas qu’on est en Afrique. Imaginez que vous preniez 15 millions que vous mettiez dans un album où vous ne pouvez récolter en retour, au maximum, que deux millions. C’est un investissement à perte. C’est vrai que les fans seront contents mais chez toi, tu n’es pas bien.
S’agit-il d’une décision définitive ?
Pour le moment à partir de cet album-là, si j’ai une maison de disque ou un producteur je reviendrai sur ma décision. Mais personnellement moi Big D, c’est le dernier album ou j’investis beaucoup d’argent. Je n’ai pas dit que je vais arrêter de rapper car j’accompagnerai des collègues en featuring. C’est un double album de 20 titres. Le premier volume sera un volume purement dance comme « Let’s go » un tube de boîte de nuit ou de club. Le second sera purement hip hop à consommer chez soi.
Pourquoi ce changement de style ?
Parce que les choses évoluent, vous savez la musique n’a pas de frontière. Ce que je faisais en 98 jusqu’en 2012, ce n’est pas pareil, cela fait 14 ans, donc la musique évolue. Aujourd’hui, que vous le veuillez ou non, c’est cette musique là qui marche, sinon on te met aux oubliettes. Et Dieu sait que ça était toujours mon style, je suis toujours chaud. Je vais vous dire un truc, ce n’est pas pour me jeter des fleurs, mais j’étais en avance sur les gars. Avant, on disait que je ne connaissais rien, j’étais incompris. Aujourd’hui c’est tout le monde qui court après moi pour avoir un jingle de ma voix. Ce que font les Big Ali et consort moi je le faisais avant. C’est grâce à ces soirées là que j’ai construit ma maison. Je faisais un One man show quand j’allais en soirée. Vous allez dans les soirées de Big D, vous allez bouger, parce que c’est chaud. C’est pour vous dire que le style que j’ai, était incompris des Sénégalais. Maintenant ce style vient d’arriver.
Alors c’est sans doute un défi à relever ?
Avec ce single « Let’s go », j’ai signé avec Gélongal un contrat qui fait qu’il sera distribué dans 240 Etats sous les plateformes de téléchargement sur internet. Pourquoi j’ai choisi de faire un tube en anglais, c’est pour l’universel. Pourquoi ce changement de style c’est une vidéo qui coute très chère. C’est devenu trop professionnel, parce que je veux vendre au niveau international. Ici quand tu sors un Cd, avant même le jour de la sortie, tu le retrouve dans la rue. « Lou golo du bay baboune di ci doundé » c’est difficile. Mais je comprends, c’est des fans, c’est des gars qui vivent au dépend des autres et qui veulent s’en sortir. Ça fait mal mais c’est la vérité, c’est une situation qu’on force à comprendre. Cet album pour moi c’est un challenge, je marche ou j’arrête.
Interview réalisée par Cheikh Camara Coka
Je m’appelle Big D, de mon vrai nom Armand Alexandre A. Damas. Je suis Sénégalais de mère et Gabonais de père mais j’ai grandi au Sénégal. Je suis un artiste musicien. J’ai plusieurs casquettes puisque je suis aussi présentateur d’émission télé, animateur de radio et de night club. En résumé, je suis un artiste plein.
D’où vient le pseudo Big D ?
C’est par rapport à ma taille. Je ne suis pas petit. Je pèse 140 kg, et D relève de mon nom de famille Damas.
Parlez-nous un peu de vos débuts dans rap ?
J’ai débuté très tôt dans le rap. Le rap est venu vers moi par un déclic. En fait, j’étais un enfant très terrible,très bagarreur. Pendant les navétanes, j’étais à la tête de la commission de bastonnade. C’est lorsque mon père est décédé que je me suis replié. Je n’ai pas pleuré lors de son décès. J’étais encore jeune, je ne savais pas encore ce qu’était la mort. C’est à la fin de l’année, quand les parents venaient récupérer les bulletins de notes de leurs enfants à l’école, je voyais chaque élève accompagné de son père et de sa mère et quand j’ai vu ma mère venir seule, c’est à ce moment que je me suis rendu compte que mon papa me manquait. Alors là, j’ai pleuré. C’est ce qui m’a poussé à rapper. Donc j’ai commencé en 1988. Le second déclic, c’était lorsqu’un jour je raccompagnais ma copine qui est finalement devenue ma femme. On revenait d’une soirée, ces temps-là c’est les « jeans Levis Strauss » qui étaient à la mode. Mon frère m’en avait envoyé de Paris et lorsque nous sommes arrivés au rond point du Jet-d’eau, j’ai vu un enfant couché dans la rue, il faisait froid alors que j’étais là, bien habillé. J’ai remarqué que l’enfant avait très froid, avec son pot de tomate vide aux environs de 5 heures du matin. Je me posais beaucoup de questions sur ce que je pouvais faire pour le sortir de cette situation. C’est comme ça que j’ai commencé à rapper. Depuis lors, je fais un rap très social.
Après quelle a été la suite ?
Après j’ai créé un groupe RCB (Rap Connexion Brothers), les anciens le connaissent, puis un autre. C’est après que j’ai quitté le groupe que j’ai créé « Yatfu » avec le son « Agresseur ». Après cet album on a galéré, puis j’ai quitté le groupe pour faire une carrière solo pour des raisons que je n’évoquerai pas parce que tout simplement on est des frères et c’est du passé comme on dit en Wolof « Lou teug tass »
Mais c’est un peu bizarre de vous voir quitter un groupe que vous-même avez créé...
Je suis comme ça. C’est-à-dire que moi je suis entier. Je suis un artiste qui crée à tout moment. Aujourd’hui Dieu merci, Big D c’est un nom. Ce n’est rien, ainsi va la vie. C’est ma famille.
Parlons maintenant de l’actualité surtout de votre nouveau single « Let’s go ». Pourquoi ce titre ?
En fait, là quand je le dis tout le monde se fâche. « Let’sgo » c’est le single de mon prochain et dernier album. Mais tout le monde me dit « tu n’oses pas », mais ce n’est pas possible ! Pourquoi ? C’est parce que la musique au Sénégal ne marche plus. Ce n’est pas parce que c’est la crise. Non ! C’est autre chose. Si je vivais en Europe en faisant de la musique je n’arrêterai pas. Actuellement la technologie est très pointue et elle évolue de jour en jour. Aujourd’hui où est Talla Diagne, où est le Studio 2000 et les Gadiaga et autres ? Voilà ce qui prouve que la musique ne marche plus. Aujourd’hui pour faire un bon clip, il te faut au minimum 5 millions. Un bon album te revient à huit millions sans compter la promo et la publicité et le tout peut te revenir à 15 millions. Vous savez quand vous avez un enfant et une femme « (j’en profite pour faire un big up à ma femme, une excellente épouse), tu es content en te disant « je suis content d’être papa » tu sais que ta descendance est assurée. Si Dieu fait que tu aies un deuxième gosse, là tu commences à réfléchir en te disant « il faut que je commence à faire un petit projet ». Et si le Bon Dieu fait maintenant que tu aies trois gosses, tu va prendre 15 millions pour les mettre dans un album ? Je suis père de famille et en même temps soutien de la grande famille n’oubliez pas qu’on est en Afrique. Imaginez que vous preniez 15 millions que vous mettiez dans un album où vous ne pouvez récolter en retour, au maximum, que deux millions. C’est un investissement à perte. C’est vrai que les fans seront contents mais chez toi, tu n’es pas bien.
S’agit-il d’une décision définitive ?
Pour le moment à partir de cet album-là, si j’ai une maison de disque ou un producteur je reviendrai sur ma décision. Mais personnellement moi Big D, c’est le dernier album ou j’investis beaucoup d’argent. Je n’ai pas dit que je vais arrêter de rapper car j’accompagnerai des collègues en featuring. C’est un double album de 20 titres. Le premier volume sera un volume purement dance comme « Let’s go » un tube de boîte de nuit ou de club. Le second sera purement hip hop à consommer chez soi.
Pourquoi ce changement de style ?
Parce que les choses évoluent, vous savez la musique n’a pas de frontière. Ce que je faisais en 98 jusqu’en 2012, ce n’est pas pareil, cela fait 14 ans, donc la musique évolue. Aujourd’hui, que vous le veuillez ou non, c’est cette musique là qui marche, sinon on te met aux oubliettes. Et Dieu sait que ça était toujours mon style, je suis toujours chaud. Je vais vous dire un truc, ce n’est pas pour me jeter des fleurs, mais j’étais en avance sur les gars. Avant, on disait que je ne connaissais rien, j’étais incompris. Aujourd’hui c’est tout le monde qui court après moi pour avoir un jingle de ma voix. Ce que font les Big Ali et consort moi je le faisais avant. C’est grâce à ces soirées là que j’ai construit ma maison. Je faisais un One man show quand j’allais en soirée. Vous allez dans les soirées de Big D, vous allez bouger, parce que c’est chaud. C’est pour vous dire que le style que j’ai, était incompris des Sénégalais. Maintenant ce style vient d’arriver.
Alors c’est sans doute un défi à relever ?
Avec ce single « Let’s go », j’ai signé avec Gélongal un contrat qui fait qu’il sera distribué dans 240 Etats sous les plateformes de téléchargement sur internet. Pourquoi j’ai choisi de faire un tube en anglais, c’est pour l’universel. Pourquoi ce changement de style c’est une vidéo qui coute très chère. C’est devenu trop professionnel, parce que je veux vendre au niveau international. Ici quand tu sors un Cd, avant même le jour de la sortie, tu le retrouve dans la rue. « Lou golo du bay baboune di ci doundé » c’est difficile. Mais je comprends, c’est des fans, c’est des gars qui vivent au dépend des autres et qui veulent s’en sortir. Ça fait mal mais c’est la vérité, c’est une situation qu’on force à comprendre. Cet album pour moi c’est un challenge, je marche ou j’arrête.
Interview réalisée par Cheikh Camara Coka