Comment définissez-vous Horizon Sans Frontières ?
Horizon Sans Frontières (Hsf) est une initiative d’un groupe de personnes de nationalités différentes qui se nomment citoyens du monde. Nous travaillons depuis 2006 sur une idée avec l’unique objectif d’être un lien de concorde et d’harmonie entre les peuples indépendamment de leurs nationalités, langues, croyances, religieuses ou philosophiques. Nous sommes estimés aujourd'hui à plus 214 millions de migrants soit un 3 ,1% de la population mondiale.
Quels sont les objectifs d’Horizon Sans Frontières ?
Elle est une organisation de défense, d’orientation et d’intégration de migrants dans le monde. Les objectifs fondamentaux et statuaires d’Horizon Sans Frontières sont : la défense et l’amélioration de la qualité de vie des migrants. Nous prétendons casser les barrières afin que les migrants puissent être considérés comme des êtres humains et respectés.
Ces derniers temps, on a dénombré de nombreux cas d’assassinats d’Africains subsahariens, dont des Sénégalais, à travers le monde. Comment expliquez-vous cela ?
Vous savez l’immigration est en train d’écrire les pages les plus sombres de son histoire à cause des assassinats et autres formes de maltraitance dénombrés à travers le monde. Ceci s’explique par le fait qu’il y a un échec de l’intégration dans les pays d’accueils et particulièrement en Europe.
Pourquoi vous ciblez l’Europe ?
L’Europe est aujourd'hui la région du monde qui accueille le plus de migrants. Chaque année, plus 1,4 million de migrants légaux sont enregistrés. L’union européenne a échoué dans ce sens pour n’avoir pas pris au sérieux la question. Aujourd’hui, il y a plus 18 ,5 millions de ressortissants du tiers monde en Europe et leur intégration pose un réel problème.
Selon vous qu'est-ce qu'il faut faire pour résoudre le problème?
Pour être efficace, toute politique migratoire doit se baser sur des stratégies d’intégration efficaces. Cela dit, les principes de l’intégration doivent se fonder sur un processus à double sens. Les immigrants et les autochtones doivent tisser des relations constructives fondées sur le respect et la tolérance mutuelle. L’immigration est un fait social total qui a marqué l’histoire de l’humanité. Il faut rappeler que les Européens ont migré pendant plus de 4 siècles en Amérique du nord, du sud, en Australie, en Asie et dans la moindre mesure en Afrique.
Comme les africains aujourd’hui, ils cherchaient une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille. Ils fuyaient les persécutions religieuses que connaissait leur pays. Ce qui fait que de 1860 à 1760, les colonies britanniques passèrent de 250 000 à environ 200 millions d’habitants. Le principal vecteur de cet accroissement démographique est le fruit d’un flux migratoire largement positif. Parmi ces migrants, la majorité était des nord Irlandais. Dans le lot, il y avait 125 000 Allemands et 2000 Huguenots français chassés de Nantes par la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
Entre 1840 et 1860 plus de 4 millions d’Européens sont arrivés aux Etats-Unis. Ils venaient d’Irlande et d’Allemagne etc. Il faut aussi rappeler que lors de la reconstruction faisant suite à la seconde guerre mondiale, les pays d’Europe occidentale ont appelé les anciennes colonies à venir grossir leur main d’œuvre au fur et à mesure que leur économies se développaient pendant les années 50 et 60.
Tout ceci pour dire que tout le monde a besoin de migrer. Donc, il faut restituer le débat dans un contexte mondial de mobilité croissante des populations et de crise économique et financière. Car, aujourd'hui, il est démontré que ce ne sont pas seulement les plus pauvres qui migrent. Il y a 15 millions de ressortissants du nord qui vivent dans le sud. Depuis le début de la crise, il y a plus de 500 000 Espagnols qui ont quitté l’Espagne à la rechercher d’une vie meilleure. En février dernier, 22 Portugais ont été rapatriés de Luanda (Angola) pour faute de visa. Aujourd’hui, on estime à 100.000, le nombre de Portugais vivant à Luanda.
Que pensez-vous du décès du Sénégalais Alpha Pam, en Espagne?
Le cas Alpha Pam est très grave et nous accusons le gouvernement espagnol de crime et de non-assistance à une personne en danger. Le Premier ministre espagnol, Mariono Rajoy, en arrivant au pouvoir, a supprimé l’assistance médicale gratuite. Aujourd’hui, les personnes en situation irrégulière ne peuvent plus être soignées. Et ceci est extrêmement grave. Alpha était tuberculeux et selon le quotidien espagnol "El Mundo", il n’a pas eu accès aux soins parce que sans papiers. Nous déplorons vivement ce comportement. Horizon Sans Frontières tout comme l’Ong Medicos del mundo exigent la démission du ministre espagnol de la sante. Nous attendons l’aval de la famille d’Alpha Pam pour porter plainte contre le gouvernement Espagnol.
Pour les assassinats nous exigeons que les Nations Unies prennent leurs responsabilités pour arrêter ces dérives. Et, je pense qu’il y a urgence de créer un organe international qui sera un cadre de réflexion et de dialogue sur les questions migratoires. Il faut sans cesse rappeler que les migrants sont une partie intégrante du tissu social et économique des pays d’accueils. La France en est un exemple avec 22 ,5% de la population qui sont d’origine étrangère, soit 13 ,5 millions de Français d’origine étrangère, dont 3 millions d’origine maghrébine, 2,6 millions d’Italiens, 1 ,5 millions d'Espagnols, 1 ,1 million de Portugais. Il faut aujourd'hui renforcer les processus d’intégration culturelle et structurelle.
Au-delà des cas d’assassinat, les émigrés sont souvent victimes des propos racistes.
Je crois que sur ce point, il faut continuer à conscientiser certaines personnes qui continuent à alimenter la confusion. Il y a des migrants qui ne sont plus étrangers car ayant acquis la nationalité du pays d’accueil. Et ces gens-là doivent jouir des mêmes privilèges que les autochtones. Il faut aussi rappeler qu’il y a des étrangers qui n’ont jamais migré : c’est le cas des enfants des émigrés en France. Nés de parents étrangers, ils peuvent acquérir la nationalité que quand ils auront 13 voire 18 ans. Ces gens ne sont pas des étrangers et ils sont traités comme tel. D’ailleurs, je pense que c’est qui a été à l’origine des émeutes de 2006 en France. Ils sont marginalisés et victimes de racisme.
Quelles solutions préconisez-vous pour ce phénomène ?
Nous pensons que les Nations Unies doivent imposer des sanctions et une politique migratoire commune dans ses états membres. Il faut reconnaître qu’il y a des insuffisances dans les normes et les textes en ce qui concerne l’émigration pour des raisons familiales et économiques. Il y a aucune loi en matière de droit internationale qui protège le migrant. Les conventions de l’OIT sont rentrées en vigueur avec un nombre très restreints de signataires et la charte de l’Onu n’a été signée que par 27 pays tous d’émigration. Il faut créer comme en Angleterre une commission comme la CRE (Commission for racial equality) qui lutte contre le racisme et l’intégration des minorités ethniques. Les Etats-Unis qui occupent le premier rang mondial avec 42,8 millions de migrants dont la majeure partie occupe la haute technologie et le Portugal avec le SJR : Service Jésuites des Réfugiés qui lutte contre le racisme et l’intégration. Il faut aussi, aujourd'hui, que les dérives racistes et humanitaires cessent dans les pays comme l’Italie et l’Espagne car ces pays étaient des terres d’émigration jusqu’aux années 1970.
Que pensez-vous de la Belgique qui a parlé récemment de rapatriements des sans-papiers ?
Vous savez l’immigration étant un facteur d’équilibre social et économique et que, par conséquent, on ne peut pas arrêter les flux migratoires car il y a un vieillissement de population en Europe, le solde naturel est négatif dans beaucoup de pays. Et l’Onu, dans un de ses rapports en 2001, disait que si l’Europe veut maintenir son même ratio actif/inactif qu’en 2050, il lui faudra accueillir 161 millions de migrants. Le taux de natalité ne cesse de baisser. En Allemagne, il y a 766 999 naissances en 2000 contre 673 675 en 2006 ; soit une perte de 12,6%. Le solde migratoire ne fait que baisser dans certains pays. Exemple en France, le solde migratoire est de 1,6 pour mille. Il était de 3,3 pour mille dans la décennie 1955-1964 et de 2,7 pour mille de 1969 -1973.
Moi, je pense qu’il faut régulariser les gens au lieu de les expulser. Il y a des fonds de solidarité financière. Et ces fonds sont estimés à plus de 4 milliards d’euros durant la période 2007-2013.
Parmi ces fonds il y a le Fonds européen d’intégration des ressortissants de pays du tiers monde. Fonds qui facilite leur intégration. Le fonds de retour, doté d’un budget de 676 millions d’euros, soutient la gestion de retour des immigrants illégaux et leur insertion dans leur pays d’origine. Nous estimons que ces fonds devraient aussi prendre en charge la gestion technique et administrative du rapatriement des corps des migrants, qui pose un grand problème avec la crise. Il y a aussi un fonds doté d’un budget de 628 millions d’euros pour les réfugiés. Ces fonds sont aujourd'hui très mal gérés et ne profitent pas aux migrants ; choses que nous dénonçons vivement à Horizon sans frontières.
Qu’est qui explique votre campagne au Sénégal ?
Conscients qu'une immigration bien gérée peut être un facteur de lutte contre la pauvreté, nous sommes venus chercher un appui diplomatique auprès des autorités sénégalaises et africaines. Car nous sommes 19 millions de migrants africains et nous voulons faire de Horizon Sans Frontières un organe d’exécution qui va aider les pays africains dans leur politique migratoire, les accompagner. Notre défi consiste à faire qu’aujourd’hui l’immigration profite aussi aux pays africains. Nous avons écrit à tous les Présidents africains sur la nécessité d’un bureau régional sur les migrations internationales. Aujourd'hui l’Inde occupe la première position en matière de fonds migratoire avec plus de 21,3 milliards de dollars et notre défi est que notre cher continent renverse la tendance.
Avez-vous rencontré les autorités sénégalaises pour leur parler de vos projets?
Nous avons rencontré le ministre des Sénégalais de l’extérieur. Nous lui avons expliqué nos projets. Nous pensons que très bientôt une convention sera signée entre nous. Nous souhaiterions accompagner le gouvernement sénégalais dans sa politique migratoire par notre expertise et notre expérience. Nous espérons être leur organe d’exécution et d’évaluation dans le monde. Nous souhaitons mettre dans chaque pays une antenne d’Horizon Sans Frontière et un réseau d’avocats pour traiter les dossiers judiciaires avec des structures d’accueils et d’orientation. Mais ceci ne peut se faire qu’avec l’aide et le soutien diplomatique de nos Etats. C’est la raison pour laquelle nous souhaiterions rencontrer le président de la République pour discuter avec lui du sujet.
Votre dernier mot ?
Nous souhaitons que l’immigration soit au cœur du débat dans nos pays. Que la presse nous aide comme vous êtes en train de le faire et les débats sur le sujet soient multipliés et les Etats aussi nous soutiennent dans ce combat contre ces injustices dont nous sommes victimes dans le monde.
La connaissance des faits et des données ne suffit certes pas à trancher le débat, mais elle permet du moins de les dépassionner et de faire taire les passions irrationnelles du moment et leur instrumentalisation politique. Sur ce, nous appelons tout le monde à soutenir Horizon sans frontières pour qu’elle devienne une grande institution dans le monde de l’immigration.
Entretien réalisé par Lamine DIEDHIOU (www.leral.net)
Horizon Sans Frontières (Hsf) est une initiative d’un groupe de personnes de nationalités différentes qui se nomment citoyens du monde. Nous travaillons depuis 2006 sur une idée avec l’unique objectif d’être un lien de concorde et d’harmonie entre les peuples indépendamment de leurs nationalités, langues, croyances, religieuses ou philosophiques. Nous sommes estimés aujourd'hui à plus 214 millions de migrants soit un 3 ,1% de la population mondiale.
Quels sont les objectifs d’Horizon Sans Frontières ?
Elle est une organisation de défense, d’orientation et d’intégration de migrants dans le monde. Les objectifs fondamentaux et statuaires d’Horizon Sans Frontières sont : la défense et l’amélioration de la qualité de vie des migrants. Nous prétendons casser les barrières afin que les migrants puissent être considérés comme des êtres humains et respectés.
Ces derniers temps, on a dénombré de nombreux cas d’assassinats d’Africains subsahariens, dont des Sénégalais, à travers le monde. Comment expliquez-vous cela ?
Vous savez l’immigration est en train d’écrire les pages les plus sombres de son histoire à cause des assassinats et autres formes de maltraitance dénombrés à travers le monde. Ceci s’explique par le fait qu’il y a un échec de l’intégration dans les pays d’accueils et particulièrement en Europe.
Pourquoi vous ciblez l’Europe ?
L’Europe est aujourd'hui la région du monde qui accueille le plus de migrants. Chaque année, plus 1,4 million de migrants légaux sont enregistrés. L’union européenne a échoué dans ce sens pour n’avoir pas pris au sérieux la question. Aujourd’hui, il y a plus 18 ,5 millions de ressortissants du tiers monde en Europe et leur intégration pose un réel problème.
Selon vous qu'est-ce qu'il faut faire pour résoudre le problème?
Pour être efficace, toute politique migratoire doit se baser sur des stratégies d’intégration efficaces. Cela dit, les principes de l’intégration doivent se fonder sur un processus à double sens. Les immigrants et les autochtones doivent tisser des relations constructives fondées sur le respect et la tolérance mutuelle. L’immigration est un fait social total qui a marqué l’histoire de l’humanité. Il faut rappeler que les Européens ont migré pendant plus de 4 siècles en Amérique du nord, du sud, en Australie, en Asie et dans la moindre mesure en Afrique.
Comme les africains aujourd’hui, ils cherchaient une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille. Ils fuyaient les persécutions religieuses que connaissait leur pays. Ce qui fait que de 1860 à 1760, les colonies britanniques passèrent de 250 000 à environ 200 millions d’habitants. Le principal vecteur de cet accroissement démographique est le fruit d’un flux migratoire largement positif. Parmi ces migrants, la majorité était des nord Irlandais. Dans le lot, il y avait 125 000 Allemands et 2000 Huguenots français chassés de Nantes par la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
Entre 1840 et 1860 plus de 4 millions d’Européens sont arrivés aux Etats-Unis. Ils venaient d’Irlande et d’Allemagne etc. Il faut aussi rappeler que lors de la reconstruction faisant suite à la seconde guerre mondiale, les pays d’Europe occidentale ont appelé les anciennes colonies à venir grossir leur main d’œuvre au fur et à mesure que leur économies se développaient pendant les années 50 et 60.
Tout ceci pour dire que tout le monde a besoin de migrer. Donc, il faut restituer le débat dans un contexte mondial de mobilité croissante des populations et de crise économique et financière. Car, aujourd'hui, il est démontré que ce ne sont pas seulement les plus pauvres qui migrent. Il y a 15 millions de ressortissants du nord qui vivent dans le sud. Depuis le début de la crise, il y a plus de 500 000 Espagnols qui ont quitté l’Espagne à la rechercher d’une vie meilleure. En février dernier, 22 Portugais ont été rapatriés de Luanda (Angola) pour faute de visa. Aujourd’hui, on estime à 100.000, le nombre de Portugais vivant à Luanda.
Que pensez-vous du décès du Sénégalais Alpha Pam, en Espagne?
Le cas Alpha Pam est très grave et nous accusons le gouvernement espagnol de crime et de non-assistance à une personne en danger. Le Premier ministre espagnol, Mariono Rajoy, en arrivant au pouvoir, a supprimé l’assistance médicale gratuite. Aujourd’hui, les personnes en situation irrégulière ne peuvent plus être soignées. Et ceci est extrêmement grave. Alpha était tuberculeux et selon le quotidien espagnol "El Mundo", il n’a pas eu accès aux soins parce que sans papiers. Nous déplorons vivement ce comportement. Horizon Sans Frontières tout comme l’Ong Medicos del mundo exigent la démission du ministre espagnol de la sante. Nous attendons l’aval de la famille d’Alpha Pam pour porter plainte contre le gouvernement Espagnol.
Pour les assassinats nous exigeons que les Nations Unies prennent leurs responsabilités pour arrêter ces dérives. Et, je pense qu’il y a urgence de créer un organe international qui sera un cadre de réflexion et de dialogue sur les questions migratoires. Il faut sans cesse rappeler que les migrants sont une partie intégrante du tissu social et économique des pays d’accueils. La France en est un exemple avec 22 ,5% de la population qui sont d’origine étrangère, soit 13 ,5 millions de Français d’origine étrangère, dont 3 millions d’origine maghrébine, 2,6 millions d’Italiens, 1 ,5 millions d'Espagnols, 1 ,1 million de Portugais. Il faut aujourd'hui renforcer les processus d’intégration culturelle et structurelle.
Au-delà des cas d’assassinat, les émigrés sont souvent victimes des propos racistes.
Je crois que sur ce point, il faut continuer à conscientiser certaines personnes qui continuent à alimenter la confusion. Il y a des migrants qui ne sont plus étrangers car ayant acquis la nationalité du pays d’accueil. Et ces gens-là doivent jouir des mêmes privilèges que les autochtones. Il faut aussi rappeler qu’il y a des étrangers qui n’ont jamais migré : c’est le cas des enfants des émigrés en France. Nés de parents étrangers, ils peuvent acquérir la nationalité que quand ils auront 13 voire 18 ans. Ces gens ne sont pas des étrangers et ils sont traités comme tel. D’ailleurs, je pense que c’est qui a été à l’origine des émeutes de 2006 en France. Ils sont marginalisés et victimes de racisme.
Quelles solutions préconisez-vous pour ce phénomène ?
Nous pensons que les Nations Unies doivent imposer des sanctions et une politique migratoire commune dans ses états membres. Il faut reconnaître qu’il y a des insuffisances dans les normes et les textes en ce qui concerne l’émigration pour des raisons familiales et économiques. Il y a aucune loi en matière de droit internationale qui protège le migrant. Les conventions de l’OIT sont rentrées en vigueur avec un nombre très restreints de signataires et la charte de l’Onu n’a été signée que par 27 pays tous d’émigration. Il faut créer comme en Angleterre une commission comme la CRE (Commission for racial equality) qui lutte contre le racisme et l’intégration des minorités ethniques. Les Etats-Unis qui occupent le premier rang mondial avec 42,8 millions de migrants dont la majeure partie occupe la haute technologie et le Portugal avec le SJR : Service Jésuites des Réfugiés qui lutte contre le racisme et l’intégration. Il faut aussi, aujourd'hui, que les dérives racistes et humanitaires cessent dans les pays comme l’Italie et l’Espagne car ces pays étaient des terres d’émigration jusqu’aux années 1970.
Que pensez-vous de la Belgique qui a parlé récemment de rapatriements des sans-papiers ?
Vous savez l’immigration étant un facteur d’équilibre social et économique et que, par conséquent, on ne peut pas arrêter les flux migratoires car il y a un vieillissement de population en Europe, le solde naturel est négatif dans beaucoup de pays. Et l’Onu, dans un de ses rapports en 2001, disait que si l’Europe veut maintenir son même ratio actif/inactif qu’en 2050, il lui faudra accueillir 161 millions de migrants. Le taux de natalité ne cesse de baisser. En Allemagne, il y a 766 999 naissances en 2000 contre 673 675 en 2006 ; soit une perte de 12,6%. Le solde migratoire ne fait que baisser dans certains pays. Exemple en France, le solde migratoire est de 1,6 pour mille. Il était de 3,3 pour mille dans la décennie 1955-1964 et de 2,7 pour mille de 1969 -1973.
Moi, je pense qu’il faut régulariser les gens au lieu de les expulser. Il y a des fonds de solidarité financière. Et ces fonds sont estimés à plus de 4 milliards d’euros durant la période 2007-2013.
Parmi ces fonds il y a le Fonds européen d’intégration des ressortissants de pays du tiers monde. Fonds qui facilite leur intégration. Le fonds de retour, doté d’un budget de 676 millions d’euros, soutient la gestion de retour des immigrants illégaux et leur insertion dans leur pays d’origine. Nous estimons que ces fonds devraient aussi prendre en charge la gestion technique et administrative du rapatriement des corps des migrants, qui pose un grand problème avec la crise. Il y a aussi un fonds doté d’un budget de 628 millions d’euros pour les réfugiés. Ces fonds sont aujourd'hui très mal gérés et ne profitent pas aux migrants ; choses que nous dénonçons vivement à Horizon sans frontières.
Qu’est qui explique votre campagne au Sénégal ?
Conscients qu'une immigration bien gérée peut être un facteur de lutte contre la pauvreté, nous sommes venus chercher un appui diplomatique auprès des autorités sénégalaises et africaines. Car nous sommes 19 millions de migrants africains et nous voulons faire de Horizon Sans Frontières un organe d’exécution qui va aider les pays africains dans leur politique migratoire, les accompagner. Notre défi consiste à faire qu’aujourd’hui l’immigration profite aussi aux pays africains. Nous avons écrit à tous les Présidents africains sur la nécessité d’un bureau régional sur les migrations internationales. Aujourd'hui l’Inde occupe la première position en matière de fonds migratoire avec plus de 21,3 milliards de dollars et notre défi est que notre cher continent renverse la tendance.
Avez-vous rencontré les autorités sénégalaises pour leur parler de vos projets?
Nous avons rencontré le ministre des Sénégalais de l’extérieur. Nous lui avons expliqué nos projets. Nous pensons que très bientôt une convention sera signée entre nous. Nous souhaiterions accompagner le gouvernement sénégalais dans sa politique migratoire par notre expertise et notre expérience. Nous espérons être leur organe d’exécution et d’évaluation dans le monde. Nous souhaitons mettre dans chaque pays une antenne d’Horizon Sans Frontière et un réseau d’avocats pour traiter les dossiers judiciaires avec des structures d’accueils et d’orientation. Mais ceci ne peut se faire qu’avec l’aide et le soutien diplomatique de nos Etats. C’est la raison pour laquelle nous souhaiterions rencontrer le président de la République pour discuter avec lui du sujet.
Votre dernier mot ?
Nous souhaitons que l’immigration soit au cœur du débat dans nos pays. Que la presse nous aide comme vous êtes en train de le faire et les débats sur le sujet soient multipliés et les Etats aussi nous soutiennent dans ce combat contre ces injustices dont nous sommes victimes dans le monde.
La connaissance des faits et des données ne suffit certes pas à trancher le débat, mais elle permet du moins de les dépassionner et de faire taire les passions irrationnelles du moment et leur instrumentalisation politique. Sur ce, nous appelons tout le monde à soutenir Horizon sans frontières pour qu’elle devienne une grande institution dans le monde de l’immigration.
Entretien réalisé par Lamine DIEDHIOU (www.leral.net)