Près de deux ans après l’assassinat de votre père, que pensez-vous de l’avancement de ce dossier ?
Deux ans après l’assassinat de mon père, on ne sait toujours pas pourquoi on l’a tué. On a arrêté et emprisonné notre parent Samsidine Kébanding Aïdara et Malanding Sonko. C’est arbitraire. L’objectif des commanditaires de ce meurtre était de liquider mon père et de faire taire les détenus pour que le processus de paix n’avance pas et qu’on leur retire le dossier de la Casamance.
Connaissez-vous les meurtriers ?
La Présidence connaît ceux qui ont tué mon père. Ils courent toujours et continuent à faire leur sale besogne.
Pouvez-vous être beaucoup plus précis…
Je n’ai pas besoin de citer de nom, mais je connais ceux qui l’ont tué.
Pourquoi vous ne voulez pas citer de nom ?
L’enquête est en cours… (Il ne termine pas sa phrase.) La fille de Malanding Sonko travaillait chez nous comme domestique. Elle avait identifié son oncle parmi les assaillants. Elle a bien cité son oncle, mais on arrête Malanding Sonko qui croupit en prison depuis lors. C’est injuste.
Pensez-vous que ses bourreaux ont atteint leur objectif ?
Oui. Mais, tout le monde est au courant du travail qu’a abattu mon père dans le dossier Casamance. J’ai des éléments sonores dans lesquels César Atoute Badiate et Antoine Diamacoune font des témoignages élogieux sur mon père, ses rencontres avec l’aile extérieure du Mfdc en Guinée-Bissau.
Après l’assassinat de votre père, Farba Senghor avait fait une sortie pour blanchir les rebelles…
Il avait raison, parce qu’entre notre demeure et la base rebelle de Djakay, il n’y a pas une maison encore moins un village. Djakay n’avait pas de puits, et c’est chez nous que les rebelles venaient puiser de l’eau. C’est dire l’étroitesse des relations entre les rebelles et mon père.
Mon père a piloté le dossier de la Casamance sans pour autant demander une garde rapprochée. Il avait confiance en lui. Tous les rebelles venaient là-bas. Donc, je ne crois pas que ce sont des rebelles qui l’ont tué.
Expliquez-nous les circonstances de sa mort ?
Un groupe d’hommes armés a débarqué chez nous pour demander Chérif Samsidine Aïdara. Or, il n’y a aucune base rebelle qui ne connaissait pas Chérif. On leur a seulement décrit mon père qu’ils ont confondu avec mon jeune frère qui lui ressemble trop. Ils ont voulu le liquider, mais mon père est venu pour leur demander l’objet de leur visite. Ils lui ont dit : «On cherche Chérif Samsidine Aïdara». «C’est moi», leur a-t-il dit. Ils sont rentrés dans sa chambre et c’est après qu’on a entendu un coup de feu.
Quelle a été votre réaction ?
Calme. Ils ont tabassé mes deux frères et réclamé nos téléphones portables. Mes frères ont voulu résister, mais je les ai dissuadés. Ils ont ensuite brûlé la maison.
Quelques heures après Kébanding et Malanding ont rappliqué. Kébanding a appelé toutes les bases rebelles qui lui ont dit que tous leurs éléments étaient en place.
Aussitôt après, Latif Aïdara (Ndlr : ancien chargé de mission à la Présidence de la République qui s’occupait du dossier casamançais) appelle Samsidine pour lui dire : «Je veux que tu me laves de tout soupçon dans cette affaire.» Nous étions là avec mes frères et Samsidine nous a ensuite tout raconté. C’est ce qui m’intrigue et m’a le plus fait mal.
Vous pensez que Latif Aïdara est impliqué dans l’assassinat de votre père ?
Je n’accuse personne. Mais ce qui est sûr, c’est que les pistes sont nombreuses.
Et l’une des pistes pourrait conduire à Latif Aïdara ?
Oui. Latif Aïdara a eu à gérer le dossier avec le général Abdoulaye Fall, l’actuel Haut commandant de la Gendarmerie nationale.
Il y a plusieurs pistes à explorer. J’étais en contact avec le gars qui avait pris nos téléphones portables. Je l’appelais pendant cinq mois.
Pourquoi ?
Je menais mes enquêtes.
Avez-vous eu ce que vous vouliez obtenir ou savoir ?
Pas grand-chose. Il m’a dit que je me fatiguais, qu’ils sont intouchables.
L’avez-vous dit aux enquêteurs ?
L’enquête n’a duré que deux à trois jours. Les enquêteurs ne sont venus qu’à Mahamouda (Ndlr : leur village où a été tué leur père) ensuite ils sont repartis. C’est une enquête ça ? J’ai eu à contacter des gens et à leur donner des pistes. Mais jusque-là, on ne les a pas explorées…
Qui sont-ils ?
Je ne veux pas citer leur nom, mais je sais de quoi je parle.
Pourquoi avez-vous peur de citer des noms. Il s’agit du meurtre de votre père ?
Ceux qui ont tué mon père sont très puissants. Si le dossier n’était pas politisé, les meurtriers auraient été arrêtés depuis longtemps.
Deux semaines après l’assassinat, nous sommes venus à Dakar et nous nous sommes rendus chez Farba Senghor qui nous dit que Latif Aïdara vient de quitter la Casamance avec un groupe de rebelles pour rencontrer le président de la République. Comment quelqu’un peut organiser une rencontre entre le Président et de soi-disants rebelles alors qu’il ne gère pas le dossier ?
L’assassinat de votre père serait dû à une affaire d’argent…
(Il s’embarrasse). Quel argent ? Mon père, c’est Abdoulaye Wade qui lui a donné 60 millions de francs Cfa et cet argent a été déposé à la Gouvernance. S’il y a des gens qui le réclament qu’ils aillent voir le gouverneur de Ziguinchor. Ceux qui véhiculent ce genre d’information n’ont qu’à le dire à ceux qui sont derrière le maquis.
Qui est derrière le maquis ?
Ce sont des gens comme Atépa. Vous savez, il fut un temps, il était en brouille avec l’Etat à cause d’un montant d’un million de dollars qu’il devait percevoir comme commission dans les négociations entre le Sénégal et l’Inde. Alors, il a commencé à s’en prendre à mon père.
Pour quelle raison?
Par jalousie.
Quel est le rapport entre les relations entre le Sénégal et l’Inde et ton père ?
Ces gens agitent le dossier casamançais, à chaque fois qu’ils ont un problème avec l’Etat. J’aurais souhaité qu’ils investissent dans le pays pour que les gens travaillent. Le problème fondamental de la Casamance, c’est le développement. Il n’y a rien dans la région à part l’usine Suneor. Tant qu’on ne règle pas la question du développement, on n’arrivera pas à la paix. Il faut aussi que les responsables du Mfdc s’entendent entre eux.
Avez-vous bon espoir par rapport au dossier de votre père ?
J’ai bien peur que ce dossier connaisse le même sort que celui de Omar Lamine Badji, qu’on nous dise que le principal suspect s’est suicidé, que le même sort arrive aux prisonniers. Je lance un appel à la Raddho et aux autres organisations des droits de l’Homme.
Seriez-vous menacé d’expulsion… ?
Depuis que j’ai parlé au journal Walfadjri, on vit un calvaire. Après la mort de mon père, on nous a donné une maison à Mermoz provisoirement. Mais il y a un groupe de personnes qui y débarque régulièrement pour nous menacer d’expulsion.
Qui sont ces gens qui viennent vous menacer ?
Je ne les connais pas. Ils débarquent de leurs véhicules avec des costumes noirs.
Qui vous a donné cette maison ?
C’est Farba Senghor.
Deux ans après l’assassinat de mon père, on ne sait toujours pas pourquoi on l’a tué. On a arrêté et emprisonné notre parent Samsidine Kébanding Aïdara et Malanding Sonko. C’est arbitraire. L’objectif des commanditaires de ce meurtre était de liquider mon père et de faire taire les détenus pour que le processus de paix n’avance pas et qu’on leur retire le dossier de la Casamance.
Connaissez-vous les meurtriers ?
La Présidence connaît ceux qui ont tué mon père. Ils courent toujours et continuent à faire leur sale besogne.
Pouvez-vous être beaucoup plus précis…
Je n’ai pas besoin de citer de nom, mais je connais ceux qui l’ont tué.
Pourquoi vous ne voulez pas citer de nom ?
L’enquête est en cours… (Il ne termine pas sa phrase.) La fille de Malanding Sonko travaillait chez nous comme domestique. Elle avait identifié son oncle parmi les assaillants. Elle a bien cité son oncle, mais on arrête Malanding Sonko qui croupit en prison depuis lors. C’est injuste.
Pensez-vous que ses bourreaux ont atteint leur objectif ?
Oui. Mais, tout le monde est au courant du travail qu’a abattu mon père dans le dossier Casamance. J’ai des éléments sonores dans lesquels César Atoute Badiate et Antoine Diamacoune font des témoignages élogieux sur mon père, ses rencontres avec l’aile extérieure du Mfdc en Guinée-Bissau.
Après l’assassinat de votre père, Farba Senghor avait fait une sortie pour blanchir les rebelles…
Il avait raison, parce qu’entre notre demeure et la base rebelle de Djakay, il n’y a pas une maison encore moins un village. Djakay n’avait pas de puits, et c’est chez nous que les rebelles venaient puiser de l’eau. C’est dire l’étroitesse des relations entre les rebelles et mon père.
Mon père a piloté le dossier de la Casamance sans pour autant demander une garde rapprochée. Il avait confiance en lui. Tous les rebelles venaient là-bas. Donc, je ne crois pas que ce sont des rebelles qui l’ont tué.
Expliquez-nous les circonstances de sa mort ?
Un groupe d’hommes armés a débarqué chez nous pour demander Chérif Samsidine Aïdara. Or, il n’y a aucune base rebelle qui ne connaissait pas Chérif. On leur a seulement décrit mon père qu’ils ont confondu avec mon jeune frère qui lui ressemble trop. Ils ont voulu le liquider, mais mon père est venu pour leur demander l’objet de leur visite. Ils lui ont dit : «On cherche Chérif Samsidine Aïdara». «C’est moi», leur a-t-il dit. Ils sont rentrés dans sa chambre et c’est après qu’on a entendu un coup de feu.
Quelle a été votre réaction ?
Calme. Ils ont tabassé mes deux frères et réclamé nos téléphones portables. Mes frères ont voulu résister, mais je les ai dissuadés. Ils ont ensuite brûlé la maison.
Quelques heures après Kébanding et Malanding ont rappliqué. Kébanding a appelé toutes les bases rebelles qui lui ont dit que tous leurs éléments étaient en place.
Aussitôt après, Latif Aïdara (Ndlr : ancien chargé de mission à la Présidence de la République qui s’occupait du dossier casamançais) appelle Samsidine pour lui dire : «Je veux que tu me laves de tout soupçon dans cette affaire.» Nous étions là avec mes frères et Samsidine nous a ensuite tout raconté. C’est ce qui m’intrigue et m’a le plus fait mal.
Vous pensez que Latif Aïdara est impliqué dans l’assassinat de votre père ?
Je n’accuse personne. Mais ce qui est sûr, c’est que les pistes sont nombreuses.
Et l’une des pistes pourrait conduire à Latif Aïdara ?
Oui. Latif Aïdara a eu à gérer le dossier avec le général Abdoulaye Fall, l’actuel Haut commandant de la Gendarmerie nationale.
Il y a plusieurs pistes à explorer. J’étais en contact avec le gars qui avait pris nos téléphones portables. Je l’appelais pendant cinq mois.
Pourquoi ?
Je menais mes enquêtes.
Avez-vous eu ce que vous vouliez obtenir ou savoir ?
Pas grand-chose. Il m’a dit que je me fatiguais, qu’ils sont intouchables.
L’avez-vous dit aux enquêteurs ?
L’enquête n’a duré que deux à trois jours. Les enquêteurs ne sont venus qu’à Mahamouda (Ndlr : leur village où a été tué leur père) ensuite ils sont repartis. C’est une enquête ça ? J’ai eu à contacter des gens et à leur donner des pistes. Mais jusque-là, on ne les a pas explorées…
Qui sont-ils ?
Je ne veux pas citer leur nom, mais je sais de quoi je parle.
Pourquoi avez-vous peur de citer des noms. Il s’agit du meurtre de votre père ?
Ceux qui ont tué mon père sont très puissants. Si le dossier n’était pas politisé, les meurtriers auraient été arrêtés depuis longtemps.
Deux semaines après l’assassinat, nous sommes venus à Dakar et nous nous sommes rendus chez Farba Senghor qui nous dit que Latif Aïdara vient de quitter la Casamance avec un groupe de rebelles pour rencontrer le président de la République. Comment quelqu’un peut organiser une rencontre entre le Président et de soi-disants rebelles alors qu’il ne gère pas le dossier ?
L’assassinat de votre père serait dû à une affaire d’argent…
(Il s’embarrasse). Quel argent ? Mon père, c’est Abdoulaye Wade qui lui a donné 60 millions de francs Cfa et cet argent a été déposé à la Gouvernance. S’il y a des gens qui le réclament qu’ils aillent voir le gouverneur de Ziguinchor. Ceux qui véhiculent ce genre d’information n’ont qu’à le dire à ceux qui sont derrière le maquis.
Qui est derrière le maquis ?
Ce sont des gens comme Atépa. Vous savez, il fut un temps, il était en brouille avec l’Etat à cause d’un montant d’un million de dollars qu’il devait percevoir comme commission dans les négociations entre le Sénégal et l’Inde. Alors, il a commencé à s’en prendre à mon père.
Pour quelle raison?
Par jalousie.
Quel est le rapport entre les relations entre le Sénégal et l’Inde et ton père ?
Ces gens agitent le dossier casamançais, à chaque fois qu’ils ont un problème avec l’Etat. J’aurais souhaité qu’ils investissent dans le pays pour que les gens travaillent. Le problème fondamental de la Casamance, c’est le développement. Il n’y a rien dans la région à part l’usine Suneor. Tant qu’on ne règle pas la question du développement, on n’arrivera pas à la paix. Il faut aussi que les responsables du Mfdc s’entendent entre eux.
Avez-vous bon espoir par rapport au dossier de votre père ?
J’ai bien peur que ce dossier connaisse le même sort que celui de Omar Lamine Badji, qu’on nous dise que le principal suspect s’est suicidé, que le même sort arrive aux prisonniers. Je lance un appel à la Raddho et aux autres organisations des droits de l’Homme.
Seriez-vous menacé d’expulsion… ?
Depuis que j’ai parlé au journal Walfadjri, on vit un calvaire. Après la mort de mon père, on nous a donné une maison à Mermoz provisoirement. Mais il y a un groupe de personnes qui y débarque régulièrement pour nous menacer d’expulsion.
Qui sont ces gens qui viennent vous menacer ?
Je ne les connais pas. Ils débarquent de leurs véhicules avec des costumes noirs.
Qui vous a donné cette maison ?
C’est Farba Senghor.