Vous êtes à la tête du Fap. Dans ce parti, on a l’impression qu’il n’y a que vous et votre épouse…
(Il coupe) N’allez-pas très loin ! Ça ne signifie rien. Il y a deux ans, peu de Sénégalais connaissaient l’Alliance pour la République (Ndlr:le parti au pouvoir). Nous avons aussi vu le parti de Lauren Gbabgo, l’ancien Président ivoirien (Front populaire ivoirien) et tant d’autres qui sont considérés comme des outsiders et qui prennent le pouvoir. Nous avons aussi les partis comme le Pds, le Ps… qui étaient, dans le passé, considérés comme les plus représentatifs. Aujourd’hui, combien pèsent-ils devant l’opinion? N’entrons pas dans ça. Un parti, ce n’est pas la photo du moment. Nous pouvons avoir un champion de lutte qui, il y a quelques mois, était inconnu. Et il devient maintenant le « Roi des arènes ». C’est le jeu de la vie. Nous sommes un parti politique. Demain, les jeux de société peuvent nous appeler à exercer le pouvoir. Rien ne dit que nous sommes exclus ad vitam aeternam du pouvoir. Que nous l’exerçons totalement ou partiellement, au Parlement ou ailleurs. Ça ne signifie rien.
Un parti est fait pour aller aux élections. Peut-on s’attendre à ce que le Fap participe aux prochaines échéances électorales ?
Un parti est fait pour aller aux élections et il le fera quand il sera prêt pour le faire. Ce n’est pas parce que vous êtes dans l’arène que vous allez demander à lutter contre tel lutteur. Vous attendez le moment opportun. Nous sommes patients et nous avons un programme qui est réclamé par tous : c’est « Le tout, tout de suite ». Nous sommes les seuls à le prôner. Le Sénégal peut se développer entre 3 et 5 ans comme l’ont fait l’Europe occidentale et le Japon au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ces pays n’ont pas attendu 50 ans. Ils ont tout fait entre 3 et 5 ans et étaient à nouveau développés. Il faut mettre tout le Sénégal en chantier et ne pas dire : « Ecoute, nous commençons par Dakar et dans trois siècles, nous serons à Kédougou ». Les populations ne l’accepteront pas. Si les Sénégalais sont séduits par notre programme et qu’ils nous le manifestent et nous élisent, nous le mettrons en œuvre. Si un autre parti au pouvoir nous appelle à réaliser notre programme, nous le ferons aussi. L’essentiel est que le peuple puisse en bénéficier.
Pensez-vous vous participer aux locales de 2014 ?
Oui, nous y pensons. Moi, je l’ai déjà annoncé, je suis en préretraite. Je n’ai pas encore formellement démissionné mais j’ai le désir de le faire. Je n’ai pas à cacher mon âge, j’ai 67 ans. Je ne veux pas continuer à patauger dans la politique avec un âge aussi avancé. Si Dieu me prête vie et santé, je transmettrai le témoin à la génération suivante. J’invite les autres hommes politiques qui ont le même âge que moi ou plus à faire la même chose.
Certains disent qu’il y a un différend entre l’Etat du Sénégal et Ahmed Khalifa Niasse concernant les véhicules « Maybach ». Qu’en est-il exactement ?
Il n’y a jamais de problème concernant les voitures « Maybach ». J’avais acheté ces voitures personnellement et l’ancien Président (Ndrl : Me Wade) m’avait demandé de les lui rétrocéder. J’ai été payé. Nous n’avons pas eu de problème sur ça. Par contre, il y a quarante véhicules que j’ai livrés depuis 2008 et qui n’ont toujours pas été payés. Certains de ces véhicules sont utilisés par l’actuel chef de l’Etat. Il y a quelques jours, Macky Sall m’a envoyé une bonne partie de son gouvernement, son directeur de Cabinet et son épouse pour me présenter ses condoléances suite au rappel à Dieu de mon oncle (Ndrl : frère de sa maman). Certains véhicules de la délégation qui se sont garés devant ma maison font partie de ces véhicules qui ne sont pas encore payés. Mais, je ne suis pas inquiet parce que je n’ai pas vendu du vent. Je réclame mon argent à l’Etat du Sénégal, depuis 2010, à travers l’Agent judiciaire de l’Etat.
Vous attendez toujours d’être payé ?
Je serai payé ! Je n’ai pas voulu ouvrir un contentieux mais si j’amène l’affaire devant le Tribunal de Paris, l’Etat du Sénégal sera contraint de me payer. Toutefois, nous n’en sommes pas encore là.
L’Etat vous doit combien ?
Près de quatre milliards. Il y aura un ou deux milliards de plus.
Vous réclamez des milliards à l’Etat du Sénégal, ce qui veut dire que vous êtes très riche. D’où provient réellement votre fortune ?
Je le répète depuis 40 ans : je fais du lobbying !
C’est-à-dire ?
Je vous donne un exemple : Un magnat du pétrole européen veut un permis d’exploitation des mines dans un pays africain. Connaissant mes relations avec le Président de ce pays, il me demande d’intervenir pour lui faciliter l’obtention de ce permis. S’il obtient ce qu’il veut, je pourrai gagner dix millions de dollars honnêtement. C’est aussi simple. Quelqu’un qui travaille à la bourse de New York peut gagner une pareille somme en une matinée. Alors pourquoi pas nous en un an ?
Certains pensent qu’une grande partie de votre fortune vous a été offerte par votre défunt ami, Mouhammar Khadafi.
J’ai eu de l’argent avant même d’aller en Libye. Certains ont la mémoire très courte et les journalistes qui écrivent sont très jeunes. Du temps de Senghor déjà, j’emmenais jusqu’à cent personnes à la Mecque. J’affrétais des avions qui partaient de Kaolack pour aller à la Mecque. Ça coûtait énormément d’argent. J’ai construit ma maison à Dakar depuis très longtemps. Cette réputation de fortuné qui redistribue son argent, elle n’est pas nouvelle. Maintenant, quand on n’a pas dilapidé une fortune, elle peut se fructifier. Moi, je ne dois rien à personne. Je défie quiconque de me prouver que je lui dois 25 francs. Quand ma facture d’électricité arrive, je n’attends pas le dernier délai pour payer. Je ne suis pas endetté, je suis en règle avec le fisc, avec la Douane, l’Etat et les particuliers. Je ne dois rien aux banques, je vis tranquillement. Je passe la moitié de l’année à jeûner et à prier. Je travaille de temps en temps. Je fais la politique en tant qu’amateur. Je trouve que c’est l’art des rois. J’aime la politique, j’observe, je regarde, je vis ça.
Vous évaluez votre fortune à combien ?
Je n’aime pas les chiffres surtout maintenant. Ce qui est important, ce n’est pas combien j’ai mais comment je l’ai acquis. Je ne vis que dans le licite religieux et social. Je ne touche pas à l’illicite. Si quelqu’un me propose de gagner mille milliards, s’il y a un brin d’illicite, je n’y toucherai pas. Maintenant, le chiffre descend et monte comme le dollar. Le plus important ce n’est pas combien mais comment.
Vos relations avec votre frère Sidy Lamine Niasse n’étaient pas des meilleures. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ça relève du ministère de la Santé (Sic) et je ne voudrai pas en parler. Quand vous avez un problème comme ça, vous en souffrez intérieurement et vous priez Dieu pour que les choses aillent mieux.
Comment le milliardaire que vous êtes vit-il en famille ?
Normal! Je suis un chef de famille. Quand je ne jeûne pas, on partage les trois repas. Mes enfants sont pour la plupart majeurs. Certains sont devenus des chefs de famille. Certains sont ici, d’autres à l’Etranger.
Il se dit que l’un de vos fils a eu maille à partir avec la justice. Vous le confirmez ?
Oui, c’est vrai. Moi, je me considère comme un enseignant, un éducateur. Un éducateur est comme un maître-nageur. Il peut apprendre à nager mais il ne peut pas vous éviter à cent pour cent une noyade. Celui qui sait nager peut aussi se noyer. Cette semaine, j’ai reçu deux informations contradictoires. Ma fille vient d’avoir son bachelor à l’université américaine de Dubaï et elle a été honorée par le prince Cheikh Mohammad. Dans la cérémonie de remise de diplômes, on a hissé le drapeau sénégalais et chanté l’hymne national du pays. Les images sont là. Paradoxalement, j’ai un enfant qui, en compagnie de ses amis, a des problèmes. On ne peut pas empêcher son enfant d’avoir des amis. Et généralement, on ne connaît pas les amis de votre fils. Ces deux nouvelles sont la chose la plus partagée dans la vie.
Votre fils est accusé de cambriolage. Il risque gros…
Le dossier va être traité par le Tribunal de Dakar la semaine prochaine. Il s’agit de plusieurs enfants mineurs. Dans le passé, deux de ses aînés avaient chacun connu des déboires avec la justice. Toutefois, après cette période difficile, ils se sont amendés et sont devenus des doctorants et des chefs de famille. J’espère que ce sera même chose pour lui.
Entretien réalisé par Serigne Diaw (www.leral.net)
(Il coupe) N’allez-pas très loin ! Ça ne signifie rien. Il y a deux ans, peu de Sénégalais connaissaient l’Alliance pour la République (Ndlr:le parti au pouvoir). Nous avons aussi vu le parti de Lauren Gbabgo, l’ancien Président ivoirien (Front populaire ivoirien) et tant d’autres qui sont considérés comme des outsiders et qui prennent le pouvoir. Nous avons aussi les partis comme le Pds, le Ps… qui étaient, dans le passé, considérés comme les plus représentatifs. Aujourd’hui, combien pèsent-ils devant l’opinion? N’entrons pas dans ça. Un parti, ce n’est pas la photo du moment. Nous pouvons avoir un champion de lutte qui, il y a quelques mois, était inconnu. Et il devient maintenant le « Roi des arènes ». C’est le jeu de la vie. Nous sommes un parti politique. Demain, les jeux de société peuvent nous appeler à exercer le pouvoir. Rien ne dit que nous sommes exclus ad vitam aeternam du pouvoir. Que nous l’exerçons totalement ou partiellement, au Parlement ou ailleurs. Ça ne signifie rien.
Un parti est fait pour aller aux élections. Peut-on s’attendre à ce que le Fap participe aux prochaines échéances électorales ?
Un parti est fait pour aller aux élections et il le fera quand il sera prêt pour le faire. Ce n’est pas parce que vous êtes dans l’arène que vous allez demander à lutter contre tel lutteur. Vous attendez le moment opportun. Nous sommes patients et nous avons un programme qui est réclamé par tous : c’est « Le tout, tout de suite ». Nous sommes les seuls à le prôner. Le Sénégal peut se développer entre 3 et 5 ans comme l’ont fait l’Europe occidentale et le Japon au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ces pays n’ont pas attendu 50 ans. Ils ont tout fait entre 3 et 5 ans et étaient à nouveau développés. Il faut mettre tout le Sénégal en chantier et ne pas dire : « Ecoute, nous commençons par Dakar et dans trois siècles, nous serons à Kédougou ». Les populations ne l’accepteront pas. Si les Sénégalais sont séduits par notre programme et qu’ils nous le manifestent et nous élisent, nous le mettrons en œuvre. Si un autre parti au pouvoir nous appelle à réaliser notre programme, nous le ferons aussi. L’essentiel est que le peuple puisse en bénéficier.
Pensez-vous vous participer aux locales de 2014 ?
Oui, nous y pensons. Moi, je l’ai déjà annoncé, je suis en préretraite. Je n’ai pas encore formellement démissionné mais j’ai le désir de le faire. Je n’ai pas à cacher mon âge, j’ai 67 ans. Je ne veux pas continuer à patauger dans la politique avec un âge aussi avancé. Si Dieu me prête vie et santé, je transmettrai le témoin à la génération suivante. J’invite les autres hommes politiques qui ont le même âge que moi ou plus à faire la même chose.
Certains disent qu’il y a un différend entre l’Etat du Sénégal et Ahmed Khalifa Niasse concernant les véhicules « Maybach ». Qu’en est-il exactement ?
Il n’y a jamais de problème concernant les voitures « Maybach ». J’avais acheté ces voitures personnellement et l’ancien Président (Ndrl : Me Wade) m’avait demandé de les lui rétrocéder. J’ai été payé. Nous n’avons pas eu de problème sur ça. Par contre, il y a quarante véhicules que j’ai livrés depuis 2008 et qui n’ont toujours pas été payés. Certains de ces véhicules sont utilisés par l’actuel chef de l’Etat. Il y a quelques jours, Macky Sall m’a envoyé une bonne partie de son gouvernement, son directeur de Cabinet et son épouse pour me présenter ses condoléances suite au rappel à Dieu de mon oncle (Ndrl : frère de sa maman). Certains véhicules de la délégation qui se sont garés devant ma maison font partie de ces véhicules qui ne sont pas encore payés. Mais, je ne suis pas inquiet parce que je n’ai pas vendu du vent. Je réclame mon argent à l’Etat du Sénégal, depuis 2010, à travers l’Agent judiciaire de l’Etat.
Vous attendez toujours d’être payé ?
Je serai payé ! Je n’ai pas voulu ouvrir un contentieux mais si j’amène l’affaire devant le Tribunal de Paris, l’Etat du Sénégal sera contraint de me payer. Toutefois, nous n’en sommes pas encore là.
L’Etat vous doit combien ?
Près de quatre milliards. Il y aura un ou deux milliards de plus.
Vous réclamez des milliards à l’Etat du Sénégal, ce qui veut dire que vous êtes très riche. D’où provient réellement votre fortune ?
Je le répète depuis 40 ans : je fais du lobbying !
C’est-à-dire ?
Je vous donne un exemple : Un magnat du pétrole européen veut un permis d’exploitation des mines dans un pays africain. Connaissant mes relations avec le Président de ce pays, il me demande d’intervenir pour lui faciliter l’obtention de ce permis. S’il obtient ce qu’il veut, je pourrai gagner dix millions de dollars honnêtement. C’est aussi simple. Quelqu’un qui travaille à la bourse de New York peut gagner une pareille somme en une matinée. Alors pourquoi pas nous en un an ?
Certains pensent qu’une grande partie de votre fortune vous a été offerte par votre défunt ami, Mouhammar Khadafi.
J’ai eu de l’argent avant même d’aller en Libye. Certains ont la mémoire très courte et les journalistes qui écrivent sont très jeunes. Du temps de Senghor déjà, j’emmenais jusqu’à cent personnes à la Mecque. J’affrétais des avions qui partaient de Kaolack pour aller à la Mecque. Ça coûtait énormément d’argent. J’ai construit ma maison à Dakar depuis très longtemps. Cette réputation de fortuné qui redistribue son argent, elle n’est pas nouvelle. Maintenant, quand on n’a pas dilapidé une fortune, elle peut se fructifier. Moi, je ne dois rien à personne. Je défie quiconque de me prouver que je lui dois 25 francs. Quand ma facture d’électricité arrive, je n’attends pas le dernier délai pour payer. Je ne suis pas endetté, je suis en règle avec le fisc, avec la Douane, l’Etat et les particuliers. Je ne dois rien aux banques, je vis tranquillement. Je passe la moitié de l’année à jeûner et à prier. Je travaille de temps en temps. Je fais la politique en tant qu’amateur. Je trouve que c’est l’art des rois. J’aime la politique, j’observe, je regarde, je vis ça.
Vous évaluez votre fortune à combien ?
Je n’aime pas les chiffres surtout maintenant. Ce qui est important, ce n’est pas combien j’ai mais comment je l’ai acquis. Je ne vis que dans le licite religieux et social. Je ne touche pas à l’illicite. Si quelqu’un me propose de gagner mille milliards, s’il y a un brin d’illicite, je n’y toucherai pas. Maintenant, le chiffre descend et monte comme le dollar. Le plus important ce n’est pas combien mais comment.
Vos relations avec votre frère Sidy Lamine Niasse n’étaient pas des meilleures. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ça relève du ministère de la Santé (Sic) et je ne voudrai pas en parler. Quand vous avez un problème comme ça, vous en souffrez intérieurement et vous priez Dieu pour que les choses aillent mieux.
Comment le milliardaire que vous êtes vit-il en famille ?
Normal! Je suis un chef de famille. Quand je ne jeûne pas, on partage les trois repas. Mes enfants sont pour la plupart majeurs. Certains sont devenus des chefs de famille. Certains sont ici, d’autres à l’Etranger.
Il se dit que l’un de vos fils a eu maille à partir avec la justice. Vous le confirmez ?
Oui, c’est vrai. Moi, je me considère comme un enseignant, un éducateur. Un éducateur est comme un maître-nageur. Il peut apprendre à nager mais il ne peut pas vous éviter à cent pour cent une noyade. Celui qui sait nager peut aussi se noyer. Cette semaine, j’ai reçu deux informations contradictoires. Ma fille vient d’avoir son bachelor à l’université américaine de Dubaï et elle a été honorée par le prince Cheikh Mohammad. Dans la cérémonie de remise de diplômes, on a hissé le drapeau sénégalais et chanté l’hymne national du pays. Les images sont là. Paradoxalement, j’ai un enfant qui, en compagnie de ses amis, a des problèmes. On ne peut pas empêcher son enfant d’avoir des amis. Et généralement, on ne connaît pas les amis de votre fils. Ces deux nouvelles sont la chose la plus partagée dans la vie.
Votre fils est accusé de cambriolage. Il risque gros…
Le dossier va être traité par le Tribunal de Dakar la semaine prochaine. Il s’agit de plusieurs enfants mineurs. Dans le passé, deux de ses aînés avaient chacun connu des déboires avec la justice. Toutefois, après cette période difficile, ils se sont amendés et sont devenus des doctorants et des chefs de famille. J’espère que ce sera même chose pour lui.
Entretien réalisé par Serigne Diaw (www.leral.net)