Que pensez-vous des propos de Moustapha Niasse qui a déclaré que l’Etat était impuissant face à la flambée des prix des denrées de première nécessité ?
Je regrette cette déclaration et j’ai la conviction que les propos du Président Moustapha Niasse ont dépassé sa pensée. Si je vous demande de me confier une part des responsabilités de l’Etat, c’est parce que je crois que j’ai des solutions. Même si j’utilise des experts, je peux régler les problèmes des populations. Imaginez un instant que le Sénégal ait été militairement attaqué, on va nous dire que le pays n’a pas les moyens de se défendre et même de payer des mercenaires ? Eh bien, on va les chercher. Pour le coût de la vie, c’est la même chose. Dans la modeste contribution que le Bloc des centristes gaïndé a apportée au programme Yoonu Yokkuté de Macky Sall, nous avions mis l’accent sur la cherté du coût de la vie. Donc pour nous, c’est un problème sérieux. Nous disons qu’il y a des gens capables de résoudre le problème si tel n’est pas le cas, que le président de la République prenne ses responsabilités. Le Sénégal est un pays où vivent des gens intelligents. Alors comment, face à cette situation, on nous dit qu’on est impuissant ?
L’Etat a les moyens de baisser les prix des denrées de base…
(Il coupe) C’est une décision politique mais il faut qu’elle soit dans le consensus de ceux qui sont au pouvoir. C’est pourquoi, je propose ce qui suit :
Premièrement, mettons en place une caisse de stabilisation et de péréquation des prix. Elle existait dans le passé. Ce sont les organisations de Bretton Woods qui nous ont amené à supprimer cette caisse. Elles ont eu tort. Par exemple, lorsque le prix du riz est relativement bas, nous allons vendre le kilo à 250 francs Cfa. Le différentiel que nous encaissons, nous l’épargnons. Lorsque le prix du riz flambe, nous subventionnons. Voilà ce qu’il faut faire. C’est un système de vases communicants. Ça c’est dans l’immédiat.
Deuxièmement : J’ai travaillé durant la campagne électorale avec quelqu’un que j’appelle le « pape du riz », quelqu’un qui, en dorman,t rêve de riz. Il nous a fait une démonstration selon laquelle on peut baisser le riz au moins au niveau du grossiste et du demi-grossiste. Il faut ensuite que les consommateurs jouent le jeu à travers des numéros verts reliés à des préfectures ou d’autres structures qui pourraient être mises en place. Baisser le coût de la vie, ce n’est pas seulement une action fiscale. Il y a des frais qui sont imposés par la Chambre de commerce qui ramasse des milliards. On doit dire à celle-ci qu’elle n’a pas besoin de tout cet argent. Toutes ces petites économies peuvent faire baisser le coût de la vie. Qu’on ne vienne pas nous dire que nous n’y pouvons rien parce que c’est imposé à l’international !
Maintenant, dans le long terme, il n’y a d’autres solutions qui consistent à développer les productions locales. Nous avons des milliers d’hectares sur la vallée non utilisées. Allons vers l’autosuffisance alimentaire. Ce que le Mali a réussi à faire, pourquoi nous ne pouvons pas le réaliser ? Que rapportent les mines au Sénégal ? Rien du tout ! Le gouvernement l’a reconnu. Aujourd’hui, le Burkina Faso, avec l’or qu’il exploite, a dépassé les 7% de croissance. Au Sénégal, on ne parle que de réformes des institutions, de durée des mandats et des tas de conneries alors qu’il y a de vrais problèmes.
Macky Sall est à la tête du pays depuis plus d’un an. Etes-vous rassuré par les actes posés par le président de la République ?
Il faut reconnaître que Macky Sall a pris le pays dans le trou. Le Sénégal était plus bas que terre, il faut d’abord l’amener à niveau. Des choses ont été faites. Elles peuvent ne pas apparaître suffisantes ou déterminantes. Après la chute de Wade, l’attente était tellement grande que Macky Sall n’a pas eu d’état de grâce. Je reconnais qu’il faut accélérer les mesures. Lorsque vous lancez un message, ne dites pas que le récepteur l’a mal compris. C’est peut-être vous qui l’avez mal formulé. Nous avons un vrai problème de communication. Le gouvernement n’a pas encore maîtrisé cet aspect. Mon constat est que le gouvernement peut mieux faire. Mais, dans douze autres mois, ce sera impossible de dire qu’on ne peut pas. Il ne sera pas permis de ne pas maîtriser le coût de la vie. Il faut des décisions ardues. Il ne faut pas qu’on se laisse les poings et pieds liés face aux partenaires au développement. Diriger un pays demande de l’autorité, de la fermeté.
Concernant les inondations, nous BCG, nous avons toujours dit que le problème n’était pas réglable dans le cadre d’un système de promotion immobilière d’Etat comme « Plan Jaxaay ». Il faut dégager les populations des zones inondables. Les gens se sont installés dans ces localités par le laxisme du régime socialiste. Ensuite, le régime de Wade a laissé faire. Et les gens ont aussi leur part de responsabilité. Le Premier ministre Abdoul Mbaye l’a dit et tout le monde a sauté en l’air mais c’est la stricte vérité. Il faut anticiper en positionnant des motopompes pour que, dès les premières pluies, les eaux soient évacuées. Il faut qu’on arrête d’intervenir trop tard.
Vous proposez des solutions d’urgence. Mais à long terme, qu’est-ce qu’il faut faire pour régler définitivement le problème des inondations qui dure depuis plusieurs années maintenant ?
Vous avez raison ! A long terme, il faut que les gens partent. Le BCG avait proposé des indemnités forfaitaires pour les propriétaires des maisons qui se trouvent sur les zones inondables. Je doute qu’il y ait des titres fonciers là-bas. On leur donne de l’argent. Ils ne sont pas originaires de ces localités. Alors, ils vont retourner chez eux. Ou bien dans le marché immobilier à Dakar, ils peuvent trouver quelque chose. Il n’y a aucune obligation pour l’Etat à les reloger.
Pour l’éducation, c’est la même chose. Je suis pour un pays où les gens ont des diplômes. Mais, l’Etat n’aurait pas d’obligation à leur trouver de l’emploi. Je préfère que quelqu’un fasse de l’élevage là-bas alors qu’il a une maîtrise même de lettres parce qu’il est capable d’aller sur Internet et d’y trouver des informations. Au Japon, tous les ouvriers ont le bac. Il faut aider les gens à faire une bonne formation. Au secondaire, ils pourraient être initiés à des métiers comme l’agriculture, le maraîchage, l’artisanat…
Nous sommes à moins d’un an des Locales de 2014. Comment le BCG compte y participer ? Vous y allez en solo ou en coalition ?
Je vous rappelle que le BCG, quel que soit le résultat, a toujours été seul aux élections. Il est un petit parti mais nous sommes fiers d’appartenir à cette formation politique. Le BCG est fier de s’être battu chaque fois aux élections pour y aller seul. Même lors des sénatoriales, nous y étions. Donc, nous n’avons aucun problème avec ça. Dans le contexte actuel de la configuration du paysage politique sénégalais, il est utile que les partis aillent seuls aux élections. Un parti politique est fait pour aller aux élections. Au Sénégal, vous avez des formations politiques qui n’ont jamais participé à une échéance électorale. Nous n’accepterons d’aller en coalition aux Locales qu’à la condition d’y trouver notre compte. Sinon, nous y irons seul.
Vous êtes membre de Benno Bokk Yakaar. Est-ce que vous pensez que cette coalition va encore vivre longtemps ?
Vous me faites répéter ce que j’ai déjà dit plusieurs fois. Depuis plus de vingt ans, aucune coalition de cette taille n’a tenu cinq ans. Nous ne pensons pas vraiment que Benno Bokk Yakaar, telle qu’elle est configurée, peut vivre très longtemps. Mais si la coalition continue, tant mieux. Nous sommes pour l’unité.
Entretien réalisé par Serigne Diaw
Je regrette cette déclaration et j’ai la conviction que les propos du Président Moustapha Niasse ont dépassé sa pensée. Si je vous demande de me confier une part des responsabilités de l’Etat, c’est parce que je crois que j’ai des solutions. Même si j’utilise des experts, je peux régler les problèmes des populations. Imaginez un instant que le Sénégal ait été militairement attaqué, on va nous dire que le pays n’a pas les moyens de se défendre et même de payer des mercenaires ? Eh bien, on va les chercher. Pour le coût de la vie, c’est la même chose. Dans la modeste contribution que le Bloc des centristes gaïndé a apportée au programme Yoonu Yokkuté de Macky Sall, nous avions mis l’accent sur la cherté du coût de la vie. Donc pour nous, c’est un problème sérieux. Nous disons qu’il y a des gens capables de résoudre le problème si tel n’est pas le cas, que le président de la République prenne ses responsabilités. Le Sénégal est un pays où vivent des gens intelligents. Alors comment, face à cette situation, on nous dit qu’on est impuissant ?
L’Etat a les moyens de baisser les prix des denrées de base…
(Il coupe) C’est une décision politique mais il faut qu’elle soit dans le consensus de ceux qui sont au pouvoir. C’est pourquoi, je propose ce qui suit :
Premièrement, mettons en place une caisse de stabilisation et de péréquation des prix. Elle existait dans le passé. Ce sont les organisations de Bretton Woods qui nous ont amené à supprimer cette caisse. Elles ont eu tort. Par exemple, lorsque le prix du riz est relativement bas, nous allons vendre le kilo à 250 francs Cfa. Le différentiel que nous encaissons, nous l’épargnons. Lorsque le prix du riz flambe, nous subventionnons. Voilà ce qu’il faut faire. C’est un système de vases communicants. Ça c’est dans l’immédiat.
Deuxièmement : J’ai travaillé durant la campagne électorale avec quelqu’un que j’appelle le « pape du riz », quelqu’un qui, en dorman,t rêve de riz. Il nous a fait une démonstration selon laquelle on peut baisser le riz au moins au niveau du grossiste et du demi-grossiste. Il faut ensuite que les consommateurs jouent le jeu à travers des numéros verts reliés à des préfectures ou d’autres structures qui pourraient être mises en place. Baisser le coût de la vie, ce n’est pas seulement une action fiscale. Il y a des frais qui sont imposés par la Chambre de commerce qui ramasse des milliards. On doit dire à celle-ci qu’elle n’a pas besoin de tout cet argent. Toutes ces petites économies peuvent faire baisser le coût de la vie. Qu’on ne vienne pas nous dire que nous n’y pouvons rien parce que c’est imposé à l’international !
Maintenant, dans le long terme, il n’y a d’autres solutions qui consistent à développer les productions locales. Nous avons des milliers d’hectares sur la vallée non utilisées. Allons vers l’autosuffisance alimentaire. Ce que le Mali a réussi à faire, pourquoi nous ne pouvons pas le réaliser ? Que rapportent les mines au Sénégal ? Rien du tout ! Le gouvernement l’a reconnu. Aujourd’hui, le Burkina Faso, avec l’or qu’il exploite, a dépassé les 7% de croissance. Au Sénégal, on ne parle que de réformes des institutions, de durée des mandats et des tas de conneries alors qu’il y a de vrais problèmes.
Macky Sall est à la tête du pays depuis plus d’un an. Etes-vous rassuré par les actes posés par le président de la République ?
Il faut reconnaître que Macky Sall a pris le pays dans le trou. Le Sénégal était plus bas que terre, il faut d’abord l’amener à niveau. Des choses ont été faites. Elles peuvent ne pas apparaître suffisantes ou déterminantes. Après la chute de Wade, l’attente était tellement grande que Macky Sall n’a pas eu d’état de grâce. Je reconnais qu’il faut accélérer les mesures. Lorsque vous lancez un message, ne dites pas que le récepteur l’a mal compris. C’est peut-être vous qui l’avez mal formulé. Nous avons un vrai problème de communication. Le gouvernement n’a pas encore maîtrisé cet aspect. Mon constat est que le gouvernement peut mieux faire. Mais, dans douze autres mois, ce sera impossible de dire qu’on ne peut pas. Il ne sera pas permis de ne pas maîtriser le coût de la vie. Il faut des décisions ardues. Il ne faut pas qu’on se laisse les poings et pieds liés face aux partenaires au développement. Diriger un pays demande de l’autorité, de la fermeté.
Concernant les inondations, nous BCG, nous avons toujours dit que le problème n’était pas réglable dans le cadre d’un système de promotion immobilière d’Etat comme « Plan Jaxaay ». Il faut dégager les populations des zones inondables. Les gens se sont installés dans ces localités par le laxisme du régime socialiste. Ensuite, le régime de Wade a laissé faire. Et les gens ont aussi leur part de responsabilité. Le Premier ministre Abdoul Mbaye l’a dit et tout le monde a sauté en l’air mais c’est la stricte vérité. Il faut anticiper en positionnant des motopompes pour que, dès les premières pluies, les eaux soient évacuées. Il faut qu’on arrête d’intervenir trop tard.
Vous proposez des solutions d’urgence. Mais à long terme, qu’est-ce qu’il faut faire pour régler définitivement le problème des inondations qui dure depuis plusieurs années maintenant ?
Vous avez raison ! A long terme, il faut que les gens partent. Le BCG avait proposé des indemnités forfaitaires pour les propriétaires des maisons qui se trouvent sur les zones inondables. Je doute qu’il y ait des titres fonciers là-bas. On leur donne de l’argent. Ils ne sont pas originaires de ces localités. Alors, ils vont retourner chez eux. Ou bien dans le marché immobilier à Dakar, ils peuvent trouver quelque chose. Il n’y a aucune obligation pour l’Etat à les reloger.
Pour l’éducation, c’est la même chose. Je suis pour un pays où les gens ont des diplômes. Mais, l’Etat n’aurait pas d’obligation à leur trouver de l’emploi. Je préfère que quelqu’un fasse de l’élevage là-bas alors qu’il a une maîtrise même de lettres parce qu’il est capable d’aller sur Internet et d’y trouver des informations. Au Japon, tous les ouvriers ont le bac. Il faut aider les gens à faire une bonne formation. Au secondaire, ils pourraient être initiés à des métiers comme l’agriculture, le maraîchage, l’artisanat…
Nous sommes à moins d’un an des Locales de 2014. Comment le BCG compte y participer ? Vous y allez en solo ou en coalition ?
Je vous rappelle que le BCG, quel que soit le résultat, a toujours été seul aux élections. Il est un petit parti mais nous sommes fiers d’appartenir à cette formation politique. Le BCG est fier de s’être battu chaque fois aux élections pour y aller seul. Même lors des sénatoriales, nous y étions. Donc, nous n’avons aucun problème avec ça. Dans le contexte actuel de la configuration du paysage politique sénégalais, il est utile que les partis aillent seuls aux élections. Un parti politique est fait pour aller aux élections. Au Sénégal, vous avez des formations politiques qui n’ont jamais participé à une échéance électorale. Nous n’accepterons d’aller en coalition aux Locales qu’à la condition d’y trouver notre compte. Sinon, nous y irons seul.
Vous êtes membre de Benno Bokk Yakaar. Est-ce que vous pensez que cette coalition va encore vivre longtemps ?
Vous me faites répéter ce que j’ai déjà dit plusieurs fois. Depuis plus de vingt ans, aucune coalition de cette taille n’a tenu cinq ans. Nous ne pensons pas vraiment que Benno Bokk Yakaar, telle qu’elle est configurée, peut vivre très longtemps. Mais si la coalition continue, tant mieux. Nous sommes pour l’unité.
Entretien réalisé par Serigne Diaw