Le Parti démocratique sénégalais avait décidé d’organiser une marche dans la banlieue mais la manifestation a été interdite par le Préfet de Pikine. Interdire une marche qui est un droit inscrit dans la Constitution, n’est-ce pas un recul démocratique ?
Je vais vous dire que si c’était moi qui décidais la première marche (organisée le 23 avril dernier) n’aurait pas eu lieu. Cette manifestation a été organisée pour dénoncer la hausse du coût de la vie. Et pourtant, tout le monde sait que le coût de la vie, c’est le régime Pds qui l’a mis là où il est aujourd’hui. Et puis, ces libéraux se permettent de réclamer la libération de Karim Wade. Ils se moquent du monde. Karim tout seul nous a volé plus de deux mille milliards de francs CFA. Au total, ils en ont pris quatre mille. C’est totalement inacceptable. Cette mobilisation n’était pas celle du Pds. C’est tous les mécontents et les frustrés du pays qui en ont profité pour s’infiltrer dans la manifestation. Je vous rappelle qu’il y a eu une foultitude de manifestations qui ont été interdites sous le règne de Me Wade. Qu’on arrête d’évoquer la Constitution et des règles de droit dans cette affaire-là. Je soutiens le gouvernement dans l’interdiction de la manifestation qui était prévue dans la banlieue qui est l’une des zones les plus délicates en matière de management populaire puisque les frustrations du monde rural et urbain se concentrent dans cette partie de Dakar.
Vous dites que Karim Wade a détourné deux mille milliards de francs CFA. D’où tenez-vous cette information ?
Cette information est sortie des publications des bailleurs de fonds. Elle a été évoquée par le Forum civil que je prends pour une structure sérieuse. Au stade où nous sommes, dans l’accusation portée contre Karim Wade, c’est juste le quart (près de sept cents milliards) qui a été évoqué par le Procureur spécial près de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. On n’a toujours pas évoqué tout le vol de l’or du Sénégal oriental. Karim et son père sont en plein dedans. On n’a pas érigé Kédougou en région pour rien du tout. L’ensemble du département de Kédougou est moins peuplé que Grand Yoff. Mais, ils nous prennent pour qui ? On n’a pas évoqué tout le bradage du foncier, toutes les commissions occultes, le Fesman (Festival mondial des arts nègres) et les 21 milliards qui ont été décaissés pour les villas qui devaient être construites dans le Champ de tirs dans le cadre du sommet de l’Oci (Organisation de la conférence islamique). Maintenant, ce que je dis au gouvernement, je rentre d’un voyage en Europe, c'est de faire très attention parce qu’en France, en Angleterre, il y a une intoxication médiatique extraordinaire même dans des réunions privées tendant à faire croire qu’il y a un acharnement contre Karim Wade. C’est très grave. Donc, le gouvernement a intérêt à aller communiquer à travers ses ambassades, à travers des émissions ponctuelles sur des médias comme Rfi (Radio France internationale) et France 24 pour bien expliquer ce qui se passe aux gens. Il y a une désinformation qui est en train d’être développée par certains médias. Pour la première fois de l’histoire du Sénégal, le pouvoir fait face à une opposition milliardaire. Il faut faire très attention. S’il y a de la faiblesse, il y aura un retour de flammes.
Vous dites que Karim Wade a détourné deux mille milliards de francs CFA. Comment un citoyen peut-il détourner une telle somme ? Où étaient les corps de contrôle de l’Etat ?
Vous avez parfaitement raison. L’Assemblée nationale est considérée comme un corps de contrôle des actions de l’Etat. Mais, lorsque cette institution, à l’époque dirigée par Macky Sall, a voulu, dans une commission, entendre Karim Wade, Wade est monté sur ses grands chevaux pour dégager le président de l’Assemblée nationale. Et peut-être les autres organes de l’Etat ont eu peur. Des rapports ont été faits mais ils ont toujours été bloqués. Je dois vous rappeler que les actuels dossiers traités par la justice et la CREI sont pour la plupart des dossiers dont l’audit a été fait sous l’ancien régime. Cependant, ils étaient gelés. A mon avis, ce que Karim a pu faire, personne ne peut plus le faire. Un ministre ordinaire ne peut pas faire ce que Karim a fait. Il l’a fait parce que c’est le fils du président de la République. S’il n’était pas le fils du président de la République, il aurait été viré du gouvernement de l’époque.
Un des avocats français de Karim en l’occurrence Me Olivier Sur réclame la démission du Procureur spécial près de la CREI. Selon ce conseil du fils de Wade, Alioune Ndao a violé tous les droits de son client. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Je pense que ce monsieur devrait retourner à la Fac de Droit reprendre ses cours. La loi sur l’enrichissement illicite est une loi mais pas un décret. Elle existe depuis Abdou Diouf. Le régime de Wade n'a jamais abrogé cette loi. Il l’a même brandie, au début de l’Alternance, contre des responsables socialistes. Je peux vous dire que même la CEDEAO reconnaît qu’elle n’a pas pouvoir à apprécier les lois et les procédures du Sénégal. Ce monsieur (Me Sur) raconte n’importe quoi. Ce n’est pas parce qu’il est payé à coût de millions d’euros qu’il peut se permettre de dire tout ce qu’il veut. Il est dans un pays de démocratie et de liberté et il peut raconter sa vie. Moi, je pense qu’on a trop traîné avec ces dossiers. Il y a eu trop de tergiversations et d’atermoiements de sorte qu’on peut avoir l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche quelque part. J’avais dit depuis le début qu’il fallait les mettre à l’ombre. Si on m’avait suivi, on ne serait pas là à dire « présomption d’innocence » ou « liberté de circuler » ou quoique ce soit. Le régime de Wade n’a jamais respecté ces principes.
Etes-vous convaincu que la justice ira jusqu’au bout dans cette procédure de traque des biens mal acquis ?
Je le souhaite. Pour moi, ce n’est pas une affaire judiciaire. Il faut qu’on arrête avec ces choses-là. Une affaire judiciaire c’est quand des gens se trompent dans l’application des textes. Mais là, c’est une délinquance politique, un crime contre l’Etat du Sénégal. Vous pensez qu’il y a eu le procès de Nuremberg, on est passé par une procédure judiciaire ? Non. C’est extrêmement grave ce qui s’est passé.
Comment faire pour empêcher que de si grosses sommes d’argent soient détournées des caisses d’un si pauvre pays comme le Sénégal ?
Ce qui se passe c’est que lorsque quelqu’un est dans une position d’Etat au Sénégal, quand il quitte son poste, c’est très difficile pour lui de rebondir. Les ex-ministres, ex-députés et autres ont beaucoup de difficultés pour trouver du travail dans les entreprises parce que tout simplement ils ont eu à gérer de hautes fonctions au sein de l’Etat. Et certains chefs pensent qu’ils ne peuvent pas être les patrons de ces ex-hauts fonctionnaires de l’Etat. Concernant les organisations internationales, c’est devenu aléatoire parce que le quota du Sénégal est devenu full. De sorte que dans le subconscient des uns et des autres et même dans la perception sociale, celui qui a été ministre et qui n’a pas de voiture ni de villa « dafa gnak foula ». Donc, ils (les ministres) se disent qu’il faut qu’ils se mettent à l’abri. Là, ils sont plus qu'à l’abri. J’interpelle les hommes politiques toutes tendances confondues : il faut imaginer un système pour que quelqu’un qui, après avoir occupé de hautes fonctions, puisse vivre correctement. Par exemple, en France, quand un député n’a pu être réélu aux élections législatives, l’Assemblée nationale lui paye l’équivalent d’une indemnité de licenciement. Au Sénégal, pour les ministres, on leur donne six malheureux mois et après il n’y a plus rien. On donne aux chefs d’Etat une retraite. Il faut ce système pour que d’abord les présidents de la République ne nomment pas n’importe qui ministre. Ensuite, ça va permettre aux ministres ou autres responsables de ne pas avoir peur d’être virés ou de démissionner. C’est la peur de l’avenir qui est à l’origine de tout ce désordre. En France, quand un fonctionnaire devient ministre, lorsqu’il est renvoyé du gouvernement, il garde son niveau de salaire dans sa carrière de fonctionnaire. Ce qui s’est fait avec le régime de Wade ne s’est jamais fait depuis l’indépendance. Ce n’est pas une affaire judiciaire mais une affaire plus que criminelle, inqualifiable. Donc, on n’a pas à se préoccuper de tel ou tel article du Code pénal.
A suivre…
Entretien réalisé par Serigne Diaw
Je vais vous dire que si c’était moi qui décidais la première marche (organisée le 23 avril dernier) n’aurait pas eu lieu. Cette manifestation a été organisée pour dénoncer la hausse du coût de la vie. Et pourtant, tout le monde sait que le coût de la vie, c’est le régime Pds qui l’a mis là où il est aujourd’hui. Et puis, ces libéraux se permettent de réclamer la libération de Karim Wade. Ils se moquent du monde. Karim tout seul nous a volé plus de deux mille milliards de francs CFA. Au total, ils en ont pris quatre mille. C’est totalement inacceptable. Cette mobilisation n’était pas celle du Pds. C’est tous les mécontents et les frustrés du pays qui en ont profité pour s’infiltrer dans la manifestation. Je vous rappelle qu’il y a eu une foultitude de manifestations qui ont été interdites sous le règne de Me Wade. Qu’on arrête d’évoquer la Constitution et des règles de droit dans cette affaire-là. Je soutiens le gouvernement dans l’interdiction de la manifestation qui était prévue dans la banlieue qui est l’une des zones les plus délicates en matière de management populaire puisque les frustrations du monde rural et urbain se concentrent dans cette partie de Dakar.
Vous dites que Karim Wade a détourné deux mille milliards de francs CFA. D’où tenez-vous cette information ?
Cette information est sortie des publications des bailleurs de fonds. Elle a été évoquée par le Forum civil que je prends pour une structure sérieuse. Au stade où nous sommes, dans l’accusation portée contre Karim Wade, c’est juste le quart (près de sept cents milliards) qui a été évoqué par le Procureur spécial près de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. On n’a toujours pas évoqué tout le vol de l’or du Sénégal oriental. Karim et son père sont en plein dedans. On n’a pas érigé Kédougou en région pour rien du tout. L’ensemble du département de Kédougou est moins peuplé que Grand Yoff. Mais, ils nous prennent pour qui ? On n’a pas évoqué tout le bradage du foncier, toutes les commissions occultes, le Fesman (Festival mondial des arts nègres) et les 21 milliards qui ont été décaissés pour les villas qui devaient être construites dans le Champ de tirs dans le cadre du sommet de l’Oci (Organisation de la conférence islamique). Maintenant, ce que je dis au gouvernement, je rentre d’un voyage en Europe, c'est de faire très attention parce qu’en France, en Angleterre, il y a une intoxication médiatique extraordinaire même dans des réunions privées tendant à faire croire qu’il y a un acharnement contre Karim Wade. C’est très grave. Donc, le gouvernement a intérêt à aller communiquer à travers ses ambassades, à travers des émissions ponctuelles sur des médias comme Rfi (Radio France internationale) et France 24 pour bien expliquer ce qui se passe aux gens. Il y a une désinformation qui est en train d’être développée par certains médias. Pour la première fois de l’histoire du Sénégal, le pouvoir fait face à une opposition milliardaire. Il faut faire très attention. S’il y a de la faiblesse, il y aura un retour de flammes.
Vous dites que Karim Wade a détourné deux mille milliards de francs CFA. Comment un citoyen peut-il détourner une telle somme ? Où étaient les corps de contrôle de l’Etat ?
Vous avez parfaitement raison. L’Assemblée nationale est considérée comme un corps de contrôle des actions de l’Etat. Mais, lorsque cette institution, à l’époque dirigée par Macky Sall, a voulu, dans une commission, entendre Karim Wade, Wade est monté sur ses grands chevaux pour dégager le président de l’Assemblée nationale. Et peut-être les autres organes de l’Etat ont eu peur. Des rapports ont été faits mais ils ont toujours été bloqués. Je dois vous rappeler que les actuels dossiers traités par la justice et la CREI sont pour la plupart des dossiers dont l’audit a été fait sous l’ancien régime. Cependant, ils étaient gelés. A mon avis, ce que Karim a pu faire, personne ne peut plus le faire. Un ministre ordinaire ne peut pas faire ce que Karim a fait. Il l’a fait parce que c’est le fils du président de la République. S’il n’était pas le fils du président de la République, il aurait été viré du gouvernement de l’époque.
Un des avocats français de Karim en l’occurrence Me Olivier Sur réclame la démission du Procureur spécial près de la CREI. Selon ce conseil du fils de Wade, Alioune Ndao a violé tous les droits de son client. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Je pense que ce monsieur devrait retourner à la Fac de Droit reprendre ses cours. La loi sur l’enrichissement illicite est une loi mais pas un décret. Elle existe depuis Abdou Diouf. Le régime de Wade n'a jamais abrogé cette loi. Il l’a même brandie, au début de l’Alternance, contre des responsables socialistes. Je peux vous dire que même la CEDEAO reconnaît qu’elle n’a pas pouvoir à apprécier les lois et les procédures du Sénégal. Ce monsieur (Me Sur) raconte n’importe quoi. Ce n’est pas parce qu’il est payé à coût de millions d’euros qu’il peut se permettre de dire tout ce qu’il veut. Il est dans un pays de démocratie et de liberté et il peut raconter sa vie. Moi, je pense qu’on a trop traîné avec ces dossiers. Il y a eu trop de tergiversations et d’atermoiements de sorte qu’on peut avoir l’impression qu’il y a quelque chose qui cloche quelque part. J’avais dit depuis le début qu’il fallait les mettre à l’ombre. Si on m’avait suivi, on ne serait pas là à dire « présomption d’innocence » ou « liberté de circuler » ou quoique ce soit. Le régime de Wade n’a jamais respecté ces principes.
Etes-vous convaincu que la justice ira jusqu’au bout dans cette procédure de traque des biens mal acquis ?
Je le souhaite. Pour moi, ce n’est pas une affaire judiciaire. Il faut qu’on arrête avec ces choses-là. Une affaire judiciaire c’est quand des gens se trompent dans l’application des textes. Mais là, c’est une délinquance politique, un crime contre l’Etat du Sénégal. Vous pensez qu’il y a eu le procès de Nuremberg, on est passé par une procédure judiciaire ? Non. C’est extrêmement grave ce qui s’est passé.
Comment faire pour empêcher que de si grosses sommes d’argent soient détournées des caisses d’un si pauvre pays comme le Sénégal ?
Ce qui se passe c’est que lorsque quelqu’un est dans une position d’Etat au Sénégal, quand il quitte son poste, c’est très difficile pour lui de rebondir. Les ex-ministres, ex-députés et autres ont beaucoup de difficultés pour trouver du travail dans les entreprises parce que tout simplement ils ont eu à gérer de hautes fonctions au sein de l’Etat. Et certains chefs pensent qu’ils ne peuvent pas être les patrons de ces ex-hauts fonctionnaires de l’Etat. Concernant les organisations internationales, c’est devenu aléatoire parce que le quota du Sénégal est devenu full. De sorte que dans le subconscient des uns et des autres et même dans la perception sociale, celui qui a été ministre et qui n’a pas de voiture ni de villa « dafa gnak foula ». Donc, ils (les ministres) se disent qu’il faut qu’ils se mettent à l’abri. Là, ils sont plus qu'à l’abri. J’interpelle les hommes politiques toutes tendances confondues : il faut imaginer un système pour que quelqu’un qui, après avoir occupé de hautes fonctions, puisse vivre correctement. Par exemple, en France, quand un député n’a pu être réélu aux élections législatives, l’Assemblée nationale lui paye l’équivalent d’une indemnité de licenciement. Au Sénégal, pour les ministres, on leur donne six malheureux mois et après il n’y a plus rien. On donne aux chefs d’Etat une retraite. Il faut ce système pour que d’abord les présidents de la République ne nomment pas n’importe qui ministre. Ensuite, ça va permettre aux ministres ou autres responsables de ne pas avoir peur d’être virés ou de démissionner. C’est la peur de l’avenir qui est à l’origine de tout ce désordre. En France, quand un fonctionnaire devient ministre, lorsqu’il est renvoyé du gouvernement, il garde son niveau de salaire dans sa carrière de fonctionnaire. Ce qui s’est fait avec le régime de Wade ne s’est jamais fait depuis l’indépendance. Ce n’est pas une affaire judiciaire mais une affaire plus que criminelle, inqualifiable. Donc, on n’a pas à se préoccuper de tel ou tel article du Code pénal.
A suivre…
Entretien réalisé par Serigne Diaw