Je pense fondamentalement qu’en démocratie, il n’y a pas à sélectionner les candidats, que tout électeur doit être éligible. On nous a créé une sorte de démocratie sélective sur la base d’une caution élevée, de textes constitutionnels. Moi, je récuse cette constitution qui se réfère à la révolution de 1789, du pays qui nous a colonisés, dominés et a commis tous les pillages économiques contre notre peuple. L’exclusion de Keïndé et de Youssou Ndour à cette compétition électorale ne suscite pas autant de réactions que la validation de la candidature de Wade. Personnellement, la troisième candidature de Wade ne me pose aucun problème. Parce que si Wade est désavoué par les urnes, il devra partir. Et les vraies conditions qui font que Wade puisse être valablement désavoué, c’est que l’électorat soit mobilisé par l’opposition à des fins électorales et que le scrutin soit surveillé.
Tous ces troubles relatifs à l’élection ne constituent-ils pas une régression au regard de notre longue tradition électorale ?
On a l’habitude de dire que nous votons depuis 1848. Mais on oublie de nuancer pour dire que ce n’est pas tout le monde qui votait à l’époque. C’était donc dans les quatre communes. S’il y a une pratique longue et avérée de l’exercice démocratique, cela concerne cette aire géographique ainsi que la classe émergente de l’intelligentsia qui habitait toutes les autres localités du pays.
Dans le contexte actuel pensez-vous qu’on peut éviter des contestations post électorales ?
Même s’ils ne le disent pas, tout le monde sait que les leaders de l’opposition sont partis pour contester les résultats du scrutin. Mais la contestation qui se fera va achopper sur un problème majeur. Si Wade est accusé d’avoir volé les élections, lequel des 13 autres candidats a-t-il volé des suffrages ? Cette question n’est jusqu’à présent pas réglé avec l’élection de 2007. J’imagine mal Wade qui distribue les rôles puisse classer Idrissa Seck, un dissident deuxième alors que c’est Tanor qui représente l’opposition naturelle. En plus, on ne sait pas ceux de l’opposition qui sont prêts à accepter les résultats de l’élection. Ceci est d’autant plus important que Wade qui annonce un gouvernement d’union nationale pourrait récupérer ceux qui acceptent les résultats du scrutin.
Ne craignez-vous pas que la violence soit plus exacerbée après l’élection ?
Il y a présentement une violence de la contestation, mais cette violence ne découle pas d’une pugnacité des contestataires sur le terrain. Les gens sortent en nombre et quand la police lance des grenades, ils détalent. Face à la désorganisation de la contestation je pense que le régime est en mesure de se réajuster pour éviter ce qui s’est passé la dernière fois à la place de l’obélisque.
Est-ce à dire que la stratégie du M23 a montré ses limites ?
Il n’y a pas même pas de stratégie. Il y a seulement un mimétisme du printemps arabe. Les gens manifestent sur place et s’il y a des morts, ils font appel à la communauté internationale. J’ai entendu parler de Cour pénale internationale, mais le problème, c’est que Wade n’a pas encore commis de crimes justiciables à la Cpi.
Comment appréciez-vous l’engagement de la société civile dans le contentieux électoral ?
En réalité, j’ai ma définition de la société civile. Il s’agit des syndicats, des organisations de masse, des confréries religieuses. Ce sont tous ceux qui s’organisent en dehors de l’Etat. Donc, il y a une sorte d’imposture des organisations qui accaparent le terme de société civile alors que même si elles en font partie, elles ne sont pas la seule société civile. En ce sens, ces organisations pervertissent l’action et le sens de la société civile. Par exemple en mai 68, la contestation était portée par la société civile qui avait plafonné ses revendications à la lisière de la politique. Les 18 points de revendication de l’Unts ont tous été discutés et adoptés.
L’histoire politique contemporaine du Sénégal reste donc marquée par des contentieux électoraux. Etait-ce le cas durant la période coloniale ?
Oui durant la période coloniale, il y a eu des contestations électorales. L’élection de Blaise Diagne au parlement français a été contestée par Ngalandou Diouf et Lamine Guèye. A cette période, il fallait régler la question en France, mais ils ont finalement trouvé un compromis avec Blaise Diagne. Cette contestation doit probablement concerner la dernière élection de Blaise Diagne qui a duré 20 ans à ce poste (1914-1934). Senghor lui-même contestait les résultats électoraux de Lamine Guèye à Saint-Louis qu’il accusait d’avoir gonflé l’électorat dans les zones qui lui étaient favorables. Pour montrer l’ampleur de la fraude, Senghor disait : « à Saint-Louis, même Faidherbe a voté ». Cela a posé la question de l’identification de l’électeur qui a été le contentieux majeur que Cheikh Anta Diop avait soulevé en son temps et sur lequel le régime d’Abdou Diouf avait fait l’impasse.
Quelles sont les dates les plus marquantes dans la contestation électorale durant la période postcoloniale ?
Dans le Sénégal indépendant, la contestation la plus marquante date de la première élection présidentielle du 1er décembre 1963. Cette contestation ne part pas des résultats, mais a eu lieu le jour même de l’élection. Elle découle des conditions draconiennes que Senghor avait imposées à l’opposition. Par lettre circulaire du président de la République, il était dit que 10 députés élus à l’Assemblée nationale doivent soutenir une liste. Ce qui était impossible parce que tous élus de l’Assemblée appartenaient au parti au pouvoir et on ne pouvait pas concevoir que 10 députés soutiennent un candidat compétiteur contre leur leader. La circulaire disait également que l’opposition devait ouvrir le temps d’antenne à la radio. Ce qui permet au camp présidentiel de pouvoir démanteler tous les arguments de l’opposition. Enfin la communication devait se faire uniquement en français alors que la majorité de la population ne comprenait pas cette langue. Le Pra/Sénégal était la seule organisation politique ayant participé à ce scrutin. Son leader Abdoulaye Ly avait inclus sur sa liste, les autres partis illégaux et clandestins. C’est dans ce contexte qu’il y a eu des bagarres dans les centres de vote sur presque toute l’étendue du territoire. Il en découle une contestation massive du scrutin le jour même des élections. L’effervescence était telle que le président de la République a fait appel à l’armée pour rétablir l’ordre. Les manifestants se sont retrouvés jusqu’aux grilles du palais. Le bilan officiel de ces affrontements fait état de 13 victimes du côté des manifestants et 10 du côté des forces de l’ordre.
L’année 68 a été marquée par de forts troubles. Ces événements étaient-liés à la contestation électorale ?
Aux élections de 1968, il n’y a pas eu de contestations majeures. Sauf que les élections ont dû avoir lieu en février et aussitôt, les événements de mai 68 sont intervenus. Ce qui laisse supposer, parallèlement à ce qui se passe aujourd’hui, que la contestation sociale pouvait faire le départ entre les élections et les revendications existentielles, sociales des populations. C’est-à-dire que le parti au pouvoir peut être hégémonique mais à travers la mise en œuvre des politiques, il peut dresser une partie des organisations sociales contre lui.
Quels sont les autres scrutins qui ont connu des contestations majeures ?
Aux élections de 1974, la contestation était plutôt formelle car Senghor avait écarté toutes les candidatures concurrentielles à la sienne. Mais, c’est aux élections de 1978 que la participation du Pds a relancé la contestation électorale. Jusqu’ à son accession au pouvoir Abdoulaye Wade a toujours réfuté ses résultats. Il a fait de la contestation des résultats une stratégie de déploiement et de renégociation avec Diouf. Il a toujours usé de la contestation et de l’agitation pour obliger le régime de Diouf à l’appeler au dialogue et le faire entrer dans le gouvernement.
Les contestations des résultats des élections par Wade étaient-elles fondées ?
Je crois qu’on peut s’interroger sur la pertinence de ces accusations de fraude, au regard des résultats que Diouf a engrangés lors de sa chute en 2000. Parce qu’au premier tour Abdou Diouf a eu 41% et Wade 31%. Ce qui signifie que les fraudes n’ont jamais eu une influence déterminante sur les résultats des élections précédentes. Ce score traduit, à mon sens, le poids réel du Pds.
Ne minimisez-vous pas trop l’ampleur de la fraude ?
La fraude a bel et bien existé. Il a existé dans les deux camps. En 1988 on a découvert que les Moustarchidines ont également utilisé les ordonnances. Mais, il faut des études sérieuses pour savoir à quel point les uns et les autres ont utilisé cette fraude. Cependant, il faut souligner qu’au temps de Senghor, le bourrage des urnes a été une pratique courante et la fraude de manière générale était astronomique. La différence avec l’époque de Diouf tenait au fait que Senghor n’avait pas de concurrent. Donc, les résultats en somme servaient uniquement à gonfler son succès électoral. A l’élection de 78 Senghor n’a pas réussi à engranger un score astronomique. A mon sens, les 17% de Wade ont été une alerte pour Senghor. On peut poser l’hypothèse selon laquelle, le départ de Senghor du pouvoir découle du fait que les résultats étaient beaucoup plus défavorables qu’on ne l’a avoué. Ces résultats traduisent une alerte sur son impopularité.
Pensez-vous que la fraude a été moins importante du temps de Diouf ?
Pendant la période de Diouf, j’ai tendance à minorer la fraude. Sauf durant la période où Mamadou Dia a participé à l’élection présidentielle. Parce que c’était pour la classe politique un danger. Mamadou Dia avait perdu le pouvoir, il a été incarcéré et a subi toutes sortes d’avanies. Ce qui fait craindre à une bonne partie de la classe politique qu’il veut revenir au pouvoir pour prendre une revanche. Je suppose que dans ce cas de figure, il y’a des voix qui ont manqué à Dia. Mais entre Diouf et Wade, je pense que la fraude n’a jamais été trop grande. Les 40% de Diouf à ses pires moments prouvent que les scores précédents de Wade reflètent son vrai poids électoral.Baye Makébé SARR
CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE - Par Henriette Niang Kandé
DDD
Tous ces troubles relatifs à l’élection ne constituent-ils pas une régression au regard de notre longue tradition électorale ?
On a l’habitude de dire que nous votons depuis 1848. Mais on oublie de nuancer pour dire que ce n’est pas tout le monde qui votait à l’époque. C’était donc dans les quatre communes. S’il y a une pratique longue et avérée de l’exercice démocratique, cela concerne cette aire géographique ainsi que la classe émergente de l’intelligentsia qui habitait toutes les autres localités du pays.
Dans le contexte actuel pensez-vous qu’on peut éviter des contestations post électorales ?
Même s’ils ne le disent pas, tout le monde sait que les leaders de l’opposition sont partis pour contester les résultats du scrutin. Mais la contestation qui se fera va achopper sur un problème majeur. Si Wade est accusé d’avoir volé les élections, lequel des 13 autres candidats a-t-il volé des suffrages ? Cette question n’est jusqu’à présent pas réglé avec l’élection de 2007. J’imagine mal Wade qui distribue les rôles puisse classer Idrissa Seck, un dissident deuxième alors que c’est Tanor qui représente l’opposition naturelle. En plus, on ne sait pas ceux de l’opposition qui sont prêts à accepter les résultats de l’élection. Ceci est d’autant plus important que Wade qui annonce un gouvernement d’union nationale pourrait récupérer ceux qui acceptent les résultats du scrutin.
Ne craignez-vous pas que la violence soit plus exacerbée après l’élection ?
Il y a présentement une violence de la contestation, mais cette violence ne découle pas d’une pugnacité des contestataires sur le terrain. Les gens sortent en nombre et quand la police lance des grenades, ils détalent. Face à la désorganisation de la contestation je pense que le régime est en mesure de se réajuster pour éviter ce qui s’est passé la dernière fois à la place de l’obélisque.
Est-ce à dire que la stratégie du M23 a montré ses limites ?
Il n’y a pas même pas de stratégie. Il y a seulement un mimétisme du printemps arabe. Les gens manifestent sur place et s’il y a des morts, ils font appel à la communauté internationale. J’ai entendu parler de Cour pénale internationale, mais le problème, c’est que Wade n’a pas encore commis de crimes justiciables à la Cpi.
Comment appréciez-vous l’engagement de la société civile dans le contentieux électoral ?
En réalité, j’ai ma définition de la société civile. Il s’agit des syndicats, des organisations de masse, des confréries religieuses. Ce sont tous ceux qui s’organisent en dehors de l’Etat. Donc, il y a une sorte d’imposture des organisations qui accaparent le terme de société civile alors que même si elles en font partie, elles ne sont pas la seule société civile. En ce sens, ces organisations pervertissent l’action et le sens de la société civile. Par exemple en mai 68, la contestation était portée par la société civile qui avait plafonné ses revendications à la lisière de la politique. Les 18 points de revendication de l’Unts ont tous été discutés et adoptés.
L’histoire politique contemporaine du Sénégal reste donc marquée par des contentieux électoraux. Etait-ce le cas durant la période coloniale ?
Oui durant la période coloniale, il y a eu des contestations électorales. L’élection de Blaise Diagne au parlement français a été contestée par Ngalandou Diouf et Lamine Guèye. A cette période, il fallait régler la question en France, mais ils ont finalement trouvé un compromis avec Blaise Diagne. Cette contestation doit probablement concerner la dernière élection de Blaise Diagne qui a duré 20 ans à ce poste (1914-1934). Senghor lui-même contestait les résultats électoraux de Lamine Guèye à Saint-Louis qu’il accusait d’avoir gonflé l’électorat dans les zones qui lui étaient favorables. Pour montrer l’ampleur de la fraude, Senghor disait : « à Saint-Louis, même Faidherbe a voté ». Cela a posé la question de l’identification de l’électeur qui a été le contentieux majeur que Cheikh Anta Diop avait soulevé en son temps et sur lequel le régime d’Abdou Diouf avait fait l’impasse.
Quelles sont les dates les plus marquantes dans la contestation électorale durant la période postcoloniale ?
Dans le Sénégal indépendant, la contestation la plus marquante date de la première élection présidentielle du 1er décembre 1963. Cette contestation ne part pas des résultats, mais a eu lieu le jour même de l’élection. Elle découle des conditions draconiennes que Senghor avait imposées à l’opposition. Par lettre circulaire du président de la République, il était dit que 10 députés élus à l’Assemblée nationale doivent soutenir une liste. Ce qui était impossible parce que tous élus de l’Assemblée appartenaient au parti au pouvoir et on ne pouvait pas concevoir que 10 députés soutiennent un candidat compétiteur contre leur leader. La circulaire disait également que l’opposition devait ouvrir le temps d’antenne à la radio. Ce qui permet au camp présidentiel de pouvoir démanteler tous les arguments de l’opposition. Enfin la communication devait se faire uniquement en français alors que la majorité de la population ne comprenait pas cette langue. Le Pra/Sénégal était la seule organisation politique ayant participé à ce scrutin. Son leader Abdoulaye Ly avait inclus sur sa liste, les autres partis illégaux et clandestins. C’est dans ce contexte qu’il y a eu des bagarres dans les centres de vote sur presque toute l’étendue du territoire. Il en découle une contestation massive du scrutin le jour même des élections. L’effervescence était telle que le président de la République a fait appel à l’armée pour rétablir l’ordre. Les manifestants se sont retrouvés jusqu’aux grilles du palais. Le bilan officiel de ces affrontements fait état de 13 victimes du côté des manifestants et 10 du côté des forces de l’ordre.
L’année 68 a été marquée par de forts troubles. Ces événements étaient-liés à la contestation électorale ?
Aux élections de 1968, il n’y a pas eu de contestations majeures. Sauf que les élections ont dû avoir lieu en février et aussitôt, les événements de mai 68 sont intervenus. Ce qui laisse supposer, parallèlement à ce qui se passe aujourd’hui, que la contestation sociale pouvait faire le départ entre les élections et les revendications existentielles, sociales des populations. C’est-à-dire que le parti au pouvoir peut être hégémonique mais à travers la mise en œuvre des politiques, il peut dresser une partie des organisations sociales contre lui.
Quels sont les autres scrutins qui ont connu des contestations majeures ?
Aux élections de 1974, la contestation était plutôt formelle car Senghor avait écarté toutes les candidatures concurrentielles à la sienne. Mais, c’est aux élections de 1978 que la participation du Pds a relancé la contestation électorale. Jusqu’ à son accession au pouvoir Abdoulaye Wade a toujours réfuté ses résultats. Il a fait de la contestation des résultats une stratégie de déploiement et de renégociation avec Diouf. Il a toujours usé de la contestation et de l’agitation pour obliger le régime de Diouf à l’appeler au dialogue et le faire entrer dans le gouvernement.
Les contestations des résultats des élections par Wade étaient-elles fondées ?
Je crois qu’on peut s’interroger sur la pertinence de ces accusations de fraude, au regard des résultats que Diouf a engrangés lors de sa chute en 2000. Parce qu’au premier tour Abdou Diouf a eu 41% et Wade 31%. Ce qui signifie que les fraudes n’ont jamais eu une influence déterminante sur les résultats des élections précédentes. Ce score traduit, à mon sens, le poids réel du Pds.
Ne minimisez-vous pas trop l’ampleur de la fraude ?
La fraude a bel et bien existé. Il a existé dans les deux camps. En 1988 on a découvert que les Moustarchidines ont également utilisé les ordonnances. Mais, il faut des études sérieuses pour savoir à quel point les uns et les autres ont utilisé cette fraude. Cependant, il faut souligner qu’au temps de Senghor, le bourrage des urnes a été une pratique courante et la fraude de manière générale était astronomique. La différence avec l’époque de Diouf tenait au fait que Senghor n’avait pas de concurrent. Donc, les résultats en somme servaient uniquement à gonfler son succès électoral. A l’élection de 78 Senghor n’a pas réussi à engranger un score astronomique. A mon sens, les 17% de Wade ont été une alerte pour Senghor. On peut poser l’hypothèse selon laquelle, le départ de Senghor du pouvoir découle du fait que les résultats étaient beaucoup plus défavorables qu’on ne l’a avoué. Ces résultats traduisent une alerte sur son impopularité.
Pensez-vous que la fraude a été moins importante du temps de Diouf ?
Pendant la période de Diouf, j’ai tendance à minorer la fraude. Sauf durant la période où Mamadou Dia a participé à l’élection présidentielle. Parce que c’était pour la classe politique un danger. Mamadou Dia avait perdu le pouvoir, il a été incarcéré et a subi toutes sortes d’avanies. Ce qui fait craindre à une bonne partie de la classe politique qu’il veut revenir au pouvoir pour prendre une revanche. Je suppose que dans ce cas de figure, il y’a des voix qui ont manqué à Dia. Mais entre Diouf et Wade, je pense que la fraude n’a jamais été trop grande. Les 40% de Diouf à ses pires moments prouvent que les scores précédents de Wade reflètent son vrai poids électoral.Baye Makébé SARR
CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE - Par Henriette Niang Kandé
DDD