Entretien exclusif! Ndella Madior Diouf se dévoile

J’ai créé depuis 2004 un parti qui s’appelle Réconciliation pour l’unité africaine. Maintenant j’ai mon récépissé de dépôt mais je n’ai pas encore de récépissé final parce que je n’ai pas trop insisté auprès de Me Ousmane Ngom pour l’avoir. Je voyais qu’il refusait de donner des récépissés à Idrissa Séck, à Macky Sall et à bien d’autres personnes. Par contre, je me suis focalisée à massifier le parti et à me préparer aux élections. Je n’ai pas participé à la Présidentielle du 26 février à la dernière minute. J’ai préféré accompagner mon père qui soutenait Moustapha Niasse. J’étais avec Niasse parce qu’il m’avait promis de faire en sorte que Benno Siggil Senegaal sauve son unité. Mais tout le monde a vu que Benno était divisé en deux. Pour les Législatives, j’ai pris la décision de mener une liste. Dans un premier temps, n’ayant pas de récépissé, j’ai opté pour des signatures. Mais à la dernière, j’ai décidé, avant qu’on me fasse le même coup que Youssou Ndour, d’y aller avec un parti. Et Khalifa Ababacar Sall de Pikine, président du Parti taxawou askan wi (PTAW), a bien voulu m’accompagner dans cette marche vers l’Assemblée nationale. Comme tout le monde, on a déposé nos listes et j’ai payé la caution de 20 millions de francs Cfa. Mais, on a seulement déposé une liste nationale parce qu’il fallait investir partout au niveau des 45 départements et les délais étaient extrêmement courts. Il faut rappeler que je suis la seule à être investie par un seul parti, tous les autres le sont par des coalitions de partis.

Vous allez vous appuyer sur PTAW pour être élue députée mais ce parti n’est pas très connu des Sénégalais…

Mais,c’est PTAW qui a investi Djibril lors de la dernière Présidentielle. C’est un parti très connu qui est né en 2007 et qui a ses militants un peu partout dans le pays. C’est un grand parti qui draine beaucoup de monde surtout dans la banlieue, raison pour laquelle j’étais obligée de prendre un autre quartier général pour recevoir tous les militants qui viennent voir Khalifa Ababacar Sall à Pikine.

PTAW est-il de l’opposition ou de la mouvance présidentielle ?

On ne peut pas être de la mouvance présidentielle car si c’était le cas on allait carrément être dans Benno Bokk Yakaar. On est de l’opposition et on va se battre pour qu’il y ait une Assemblée nationale de rupture composée d’hommes et de femmes qui ne seront pas dans cette chambre pour applaudir Macky Sall et compagnie.

Vous disiez tout à l’heure que le parti qui vous a investi est très connu mais vous est-ce que vous êtes assez populaire pour pouvoir diriger une liste ?

Tout le monde sait que je fais de la politique depuis 2004. Je suis très connue et parfois ça fait peur. Je suis suivie par les services de renseignements. L’Etat me surveille, mon téléphone est sur écoute. Même lors du séminaire organisé par le CNRA (conseil national de régulation de l’audiovisuel) pour les temps d’antenne, quelqu’un s’est rapproché de moi pour me dire : ‘’Je suis des services de renseignements et j’aimerai vous poser des questions’’. Cela veut dire que Ndella suscite un intérêt. Les gens savent maintenant que je ne participe pas aux Législatives pour faire de la figuration. Je suis bien présente politiquement et j’ai l’intention d’aller à l’Assemblée nationale avec un groupe parlementaire.

Quelle sera votre stratégie de campagne pour conquérir l’Assemblée nationale ?

On va faire beaucoup de visites de proximité. Finis les grands meetings où il n’y a pas de sécurité. Nous allons faire du Setsi askan wi (aller à l’encontre des populations) pour savoir les problèmes que les gens vivent au quotidien et les soulever durant les temps d’antenne à la Rts. Parallèlement, on va essayer d’organiser des concerts. Coumba Gawlo va nous aider en participant dans l’organisation de ces concerts. On a choisi 14 dates pour les 14 régions.

La caution pour ces Législatives s’élève à 20 millions. Vous devez être riche pour pouvoir débloquer une telle somme...

Mais je ne suis pas pauvre ! Je n’ai pas eu de difficultés pour mobiliser l’argent. Je l’ai déposé cinq jours comme tout le monde parce qu’il faut laisser à la caisse de dépôt et de consignation le temps de vérifier si les 20 millions sont disponibles. Et après, on vous ouvre les portes du ministère de l’Intérieur.

Avez-vous une ambition présidentielle ?

Chaque personne qui crée un parti veut diriger un pays. Je n’ai pas créé mon parti pour soutenir la mouvance présidentielle mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas travailler avec Macky Sall. Après les élections, on verra comment on va faire parce que tout dépend des résultats. Mais l’objectif est de développer le pays, de réunir toutes les forces vives qui ont l’ambition de faire avancer le Sénégal. Maintenant, mon ambition est d’être candidate à la Présidentielle de 2019 parce que certains des partisans de Macky Sall veulent qu’il fasse un mandat de 7 ans. Mais, l’objectif aujourd’hui est d’avoir la majorité à l’Assemblée nationale parce que c’est très important. Moi, je suis déjà à l’Assemblée mais je veux y aller avec les autres pour avoir un groupe parlementaire.

A vous entendre parler, on sent que vous êtes très confiante et sûre de faire partie de la prochaine Assemblée nationale ?

Ah oui ! Je suis extrêmement confiante. Quand je sens que je ne gagne pas, je ne mène le combat. ‘Mane sayouma beuré damay daan’. Je ne fais pas de la figuration. J’ai suffisamment de médias pour être visible. J’ai ma radio et mon web Tv. Quand j’accepte de financer toute une campagne électorale, c’est carrément pour aller à l’Assemblée.

Pour la première, la parité est instaurée et respectée dans les listes pour les Législatives. Vous êtes ravie de cette loi ?

La parité est une bonne chose pour la promotion des femmes qui ont toujours participé au développement économique du pays et l’approfondissement de la démocratie. Vivement un gouvernement paritaire comme en France. Ce qui se passe ici est une première mondiale

Interview réalisée par Cheikh Coka Camara et Serigne Diaw