Après Valence et Murcie, la Catalogne, la région la plus riche d'Espagne, se prépare à solliciter l'aide de Madrid. De quoi affoler un peu plus les marchés et renforcer les spéculations sur un sauvetage inévitable de la péninsule Ibérique.
L'urgence est telle que le ministre des Finances espagnol, Luis De Guindos, a rencontré mardi soir son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, avant de s'entretenir, mercredi, avec le ministre français Pierre Moscovici. Ensemble, ils ont appelé à une mise en place rapide des décisions annoncées lors du dernier sommet européen, tout particulièrement sur la question de l'union bancaire.
Il y a en effet urgence quand la première région du pays frôle le défaut de paiement et risque de recourir au fonds de 18 milliards d'euros mis en place par le gouvernement pour soulager les régions qui n'arrivent plus à se financer sur les marchés.
Le gouvernement catalan a toutefois fait machine arrière, après avoir évoqué dans la matinée un appel à l'aide: la région n'a «pas décidé», a précisé un porte-parole de la Communauté, mais admet que «c'est une option qui sera étudiée». Car la communauté est confrontée à «de fortes tensions en termes de liquidités depuis un an».
Peu importe, le mal est déjà fait et la pression monte chaque jour d'un cran. Le taux à dix ans de la dette espagnole a battu un nouveau record historique, à 7,6%. Le Trésor espagnol a réussi à lever 3 milliards d'euros sur des échéances de trois et six mois mais en concédant de nouvelles hausses. Pis, les rendements à cinq ans ont brièvement dépassé, mardi, ceux de la dette à dix ans.
Face à une telle défiance des marchés, le verdict des économistes est sans appel. L'Espagne ne pourra pas échapper à un sauvetage d'État en bonne et due forme. Privé d'accès aux marchés en raison des taux prohibitifs et disposant d'environ 30 milliards d'euros dans ses caisses, le pays peut tenir trois mois. «À ce jour, Madrid a couvert 68% de ses besoins de financement. D'ici au mois d'octobre, il doit refinancer plus de 42 milliards, précise Jesus Castillo, économiste de Natixis. La BCE ayant exclu toute intervention, on ne voit pas comment il peut s'en sortir sans aide extérieure.»
Sauvetage hors de prix
Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy veut éviter cette extrémité, au nom de la sacro-sainte souveraineté nationale. Madrid refuse une mise sous tutelle du FMI et des réformes qui conduiraient à une baisse trop forte des coûts du travail.
Au dernier sommet européen, fin juin, l'Espagne pensait avoir sauvé les meubles en obtenant l'accord de Berlin pour une recapitalisation directe de ses banques par l'un des fonds de sauvetage européens, en contrepartie de pouvoirs de supervision bancaires élargis pour la BCE. Mais l'Union bancaire met du temps à se mettre en place. Et les marchés sont impatients. Ils assimilent l'aide de 100 milliards d'euros promise aux banques espagnoles à une nouvelle dette contractée par l'État espagnol, s'affolent de voir les régions alourdir le fardeau de Madrid et se débarrassent de leurs titres d'État.
Si la zone euro veut éviter un sauvetage hors de prix de l'État espagnol - le ministre des Finances a estimé à un montant compris entre 500 et 600 milliards d'euros les besoins nécessaires pour mettre l'Espagne à l'abri des marchés pendant trois ans -, Berlin doit accepter la recapitalisation directe des banques espagnoles et/ou le rachat de la dette d'État par l'un des fonds de secours européens. C'est en tout cas le message que compte adresser Madrid à Berlin.
La riche Catalogne au bord du défaut de paiement
C'est un poids lourd de l'économie espagnole qui vacille. La Catalogne, la région la plus riche d'Espagne, la plus touristique aussi - 7 millions d'habitants et 20% du PIB du pays - s'apprête à solliciter l'aide de Madrid. À l'échelle de l'UE, son PIB dépasse celui du Portugal ou de l'Irlande. Mais la Catalogne est la région la plus endettée d'Espagne avec 48 milliards d'euros de dettes, dont 13 milliards à refinancer cette année. Doutant de la solvabilité de l'État espagnol, ultime garant de la dette régionale, les marchés refusent de lui prêter. Ses taux d'emprunt à 8 ans dépassent 14%. Le risque d'un défaut de paiement est d'autant plus surprenant que la riche Catalogne symbolise le dynamisme économique
de la péninsule. Elle abrite les sièges de Caixa et du groupe Abertis constructeur d'autoroutes. Sa capitale, Barcelone, est une rivale de toujours de Madrid.
Par Anne Cheyvialle
L'urgence est telle que le ministre des Finances espagnol, Luis De Guindos, a rencontré mardi soir son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, avant de s'entretenir, mercredi, avec le ministre français Pierre Moscovici. Ensemble, ils ont appelé à une mise en place rapide des décisions annoncées lors du dernier sommet européen, tout particulièrement sur la question de l'union bancaire.
Il y a en effet urgence quand la première région du pays frôle le défaut de paiement et risque de recourir au fonds de 18 milliards d'euros mis en place par le gouvernement pour soulager les régions qui n'arrivent plus à se financer sur les marchés.
Le gouvernement catalan a toutefois fait machine arrière, après avoir évoqué dans la matinée un appel à l'aide: la région n'a «pas décidé», a précisé un porte-parole de la Communauté, mais admet que «c'est une option qui sera étudiée». Car la communauté est confrontée à «de fortes tensions en termes de liquidités depuis un an».
Peu importe, le mal est déjà fait et la pression monte chaque jour d'un cran. Le taux à dix ans de la dette espagnole a battu un nouveau record historique, à 7,6%. Le Trésor espagnol a réussi à lever 3 milliards d'euros sur des échéances de trois et six mois mais en concédant de nouvelles hausses. Pis, les rendements à cinq ans ont brièvement dépassé, mardi, ceux de la dette à dix ans.
Face à une telle défiance des marchés, le verdict des économistes est sans appel. L'Espagne ne pourra pas échapper à un sauvetage d'État en bonne et due forme. Privé d'accès aux marchés en raison des taux prohibitifs et disposant d'environ 30 milliards d'euros dans ses caisses, le pays peut tenir trois mois. «À ce jour, Madrid a couvert 68% de ses besoins de financement. D'ici au mois d'octobre, il doit refinancer plus de 42 milliards, précise Jesus Castillo, économiste de Natixis. La BCE ayant exclu toute intervention, on ne voit pas comment il peut s'en sortir sans aide extérieure.»
Sauvetage hors de prix
Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy veut éviter cette extrémité, au nom de la sacro-sainte souveraineté nationale. Madrid refuse une mise sous tutelle du FMI et des réformes qui conduiraient à une baisse trop forte des coûts du travail.
Au dernier sommet européen, fin juin, l'Espagne pensait avoir sauvé les meubles en obtenant l'accord de Berlin pour une recapitalisation directe de ses banques par l'un des fonds de sauvetage européens, en contrepartie de pouvoirs de supervision bancaires élargis pour la BCE. Mais l'Union bancaire met du temps à se mettre en place. Et les marchés sont impatients. Ils assimilent l'aide de 100 milliards d'euros promise aux banques espagnoles à une nouvelle dette contractée par l'État espagnol, s'affolent de voir les régions alourdir le fardeau de Madrid et se débarrassent de leurs titres d'État.
Si la zone euro veut éviter un sauvetage hors de prix de l'État espagnol - le ministre des Finances a estimé à un montant compris entre 500 et 600 milliards d'euros les besoins nécessaires pour mettre l'Espagne à l'abri des marchés pendant trois ans -, Berlin doit accepter la recapitalisation directe des banques espagnoles et/ou le rachat de la dette d'État par l'un des fonds de secours européens. C'est en tout cas le message que compte adresser Madrid à Berlin.
La riche Catalogne au bord du défaut de paiement
C'est un poids lourd de l'économie espagnole qui vacille. La Catalogne, la région la plus riche d'Espagne, la plus touristique aussi - 7 millions d'habitants et 20% du PIB du pays - s'apprête à solliciter l'aide de Madrid. À l'échelle de l'UE, son PIB dépasse celui du Portugal ou de l'Irlande. Mais la Catalogne est la région la plus endettée d'Espagne avec 48 milliards d'euros de dettes, dont 13 milliards à refinancer cette année. Doutant de la solvabilité de l'État espagnol, ultime garant de la dette régionale, les marchés refusent de lui prêter. Ses taux d'emprunt à 8 ans dépassent 14%. Le risque d'un défaut de paiement est d'autant plus surprenant que la riche Catalogne symbolise le dynamisme économique
de la péninsule. Elle abrite les sièges de Caixa et du groupe Abertis constructeur d'autoroutes. Sa capitale, Barcelone, est une rivale de toujours de Madrid.
Par Anne Cheyvialle