Baay Souley, parlez nous de votre actualité ?
Présentement l’actualité est dominée par « BULL DOFF » une ligne de vêtements que nous avons mise sur le marché. On sort d’un défilé qui s’était déroulé la semaine dernière en collaboration avec Les Petites Pierres. Il y a aussi l’ouverture du show room aux Mamelles, Enfin il y’aura un défilé pendant la biennale
Quel bilan faites-vous de votre premier défilé ?
On pourrait dire que c’était bien. C’était une occasion de communier avec le public, les acheteurs. On a pu montrer ce qui était réalisé dans les coulisses pour le mettre sur scène dans le but d’avoir l’avis du public. Les gens ont apprécié nos modèles, ce qui est le plus important. En plus cela se sent dans la vente que nous avons entamée depuis qu’on a lancé ce défilé. Mais on ne compte pas s’arrêter seulement au Sénégal car on veut l’exporter le plus loin possible à travers le monde.
Parlez-nous de votre marque « BULL DOFF » ?
Ce n’est pas un nom qui vient du hasard. L’idée BOUL DOFF nous est venue après une longue recherche non seulement sur le nom qui devait traduire l’état d’esprit de la marque mais aussi l’idée qu’on voulait développer à travers la mode. C’est plutôt une philosophie derrière plus qu’une tendance, une vision qu’on a mise sur place et on appelle les jeunes Africains à y adhérer. C’est Sénégalais, ça aurait pu être Baay Souley Style.
On vous connaissait danseur puis rappeur et aujourd’hui vous devenez styliste. Comment vous expliquez cela ?
Pour moi c’est une continuité. D’ailleurs j’ai eu à répondre ce genre de question quand j’avais sorti mon album. On disait Baay Souley de la danse au rap, alors que c’était dans la même dynamique. Je vois l’art et la culture dans sa globalité. Je ne veux pas m’enfermer uniquement dans la danse, la musique ou la mode. Quand je regarde l’ensemble, je vois tout. C’était la même chose avec le PBS, il y avait une mise en scène derrière. Je n’étais pas seulement danseur ou rappeur, j’étais aussi dans les costumes.
Comment vous êtes parvenu à combiner tous ces trois éléments ?
Ce n’est pas évident de faire tout en même temps. Dès fois il faut faire des breaks, je fais de petites pauses musicales pour me consacrer entièrement à la mode. Présentement je suis plutôt mode que musique. Même dans la mode il ya une partition musicale très importante. Par exemple dans mes défilés, je ne prends pas n’importe quel morceau, j’essaie de créer une mise en scène pour que la musique ne soit pas vaine. La musique a une importance capitale dans mes défilés.
Est-ce qu’on pourrait parler de révolution dans la mode ?
C’est possible, parce qu’un vêtement BULL DOFF peut être un texte revendicatif dans mon style et ma collection ou un message de liberté dans une forme ou un tissu dans lequel tu te sens bien. Parfois c’est militaire ou rebelle, cela rappelle Sélassié de l’Ethiopie qui n’a jamais été colonisée.
Alors sur quoi vous vous inspirez pour créer vos modèles ?
L’inspiration vient de partout. Déjà je ne suis pas seul dans la création, il y a une touche féminine de mon associée Laure Tarot peut être que c’est le phénomène de la parité qui la pousse à aller de l’avant. L’inspiration vient aussi de la rue du fait qu’il y a beaucoup de récupérations dans l’idée. Par exemple on voit les rideaux d’un « Tangana », une plaque de voiture, un feu rouge ou un pot de talibé pour le représenter sur un tee-shirt. Bref on essaie de donner une seconde vie aux matières et aux formes.
Est-ce qu’on peut parler de divorce entre Baay Souley et la musique ?
Pas du tout! Je suis dans la musique mais en underground. C’est vrai que je n’ai pas fait une carrière musicale très médiatisée pourtant je viens de vendre deux singles pour un film américain sur le basketball. J’ai participé à une compilation sur l’International Soul Produit avec une centaine de rappeurs basés en Italie, aux Etats-Unis, d’Afrique…etc. Le produit s’appelle « Univers Soul », Ce sont des trucs que je fais en underground.
Alors à quand le retour au devant de la scène musicale sénégalaise ?
Ce n’est pas pour bientôt à moins que ça soit un projet bien ficelé et clair. Je ne crois plus à la vente de musique sur support cassette, cd ou dvd. J’ai mis fin à tout cela. Ce qui me reste à faire dans la musique, c’est jouer en live, mais pas n’importe lequel. Il faut un live carré avec de bons musiciens ou une communion avec le public. Si C’est pour jouer des instrumentaux et chanter dessus, ou faire des playbacks je ne suis pas intéressé. Je préfère mourir musicalement.
Qu’en pensez-vous de vos fans ?
Je dirais à tous les fans de soutenir les musiciens parce qu’on ne peut pas se dire fan et ne pas aider son artiste préféré. Il faut acheter les cd quand il y a sortie d’album et payer des tickets quand il ya concert. Il faut qu’ils sachent qu’on est aussi des responsables de familles, qu’on a des factures à payer et des enfants. Ce n’est pas juste un « Bégué » ou « job bi nice na » (le travail est parfait) qui va nous maintenir en vie et nourrir ta production. Il y a un réel problème dans la culture et j’espère que le nouveau ministre qui connait bien l’histoire va s’y atteler.
Quels genres de problèmes voulez-vous parler ?
Je dis qu’au Sénégal l’art ne nourrit pas son homme. Ici la musique, ce n’est que du « Bégué ». En plus un « Bégué » ne coute même pas 100f CFA. Si on rassemblait cette somme pour chaque « Bégué » peut être que l’artiste aurait la dépense quotidienne. C’est bien d’avoir la reconnaissance. Imagine bien si on est pécheur et l’appât que l’on met sur l’hameçon est plus cher que le poisson qu’on veut pêcher alors vaut mieux arrêter la pêche et aller voir ailleurs.
Quelle expérience vous nous faites partager quand vous étiez au PBS ?
Waaaw ! On ne peut pas la mesurer ni la quantifier, Je dirais même que c’est incalculable C’était très cool sur le plan social et humain. Les voyages que nous avons effectués à travers l’Amérique, l’Europe ; l’Afrique etc. nous ont été bénéfiques. On a pris beaucoup sur le brassage culturel, le respect du travail et de l’heure, les rencontres avec des gens que tu croises et d’autres peut être que tu ne reverras jamais. Cela dépasse le cadre de la musique. Ce sont même des leçons de vie
Vous gardez toujours les mêmes relations avec Awadi et Duggue-T ?
Bien sûr que oui, on ne peut être avec des hommes pendant des années et ne pas avoir de bonnes relations. Bien que dans le boulot c’est parfois très chaud. Ils représentent beaucoup sur moi. C’est plus que des frères de sang.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA
Présentement l’actualité est dominée par « BULL DOFF » une ligne de vêtements que nous avons mise sur le marché. On sort d’un défilé qui s’était déroulé la semaine dernière en collaboration avec Les Petites Pierres. Il y a aussi l’ouverture du show room aux Mamelles, Enfin il y’aura un défilé pendant la biennale
Quel bilan faites-vous de votre premier défilé ?
On pourrait dire que c’était bien. C’était une occasion de communier avec le public, les acheteurs. On a pu montrer ce qui était réalisé dans les coulisses pour le mettre sur scène dans le but d’avoir l’avis du public. Les gens ont apprécié nos modèles, ce qui est le plus important. En plus cela se sent dans la vente que nous avons entamée depuis qu’on a lancé ce défilé. Mais on ne compte pas s’arrêter seulement au Sénégal car on veut l’exporter le plus loin possible à travers le monde.
Parlez-nous de votre marque « BULL DOFF » ?
Ce n’est pas un nom qui vient du hasard. L’idée BOUL DOFF nous est venue après une longue recherche non seulement sur le nom qui devait traduire l’état d’esprit de la marque mais aussi l’idée qu’on voulait développer à travers la mode. C’est plutôt une philosophie derrière plus qu’une tendance, une vision qu’on a mise sur place et on appelle les jeunes Africains à y adhérer. C’est Sénégalais, ça aurait pu être Baay Souley Style.
On vous connaissait danseur puis rappeur et aujourd’hui vous devenez styliste. Comment vous expliquez cela ?
Pour moi c’est une continuité. D’ailleurs j’ai eu à répondre ce genre de question quand j’avais sorti mon album. On disait Baay Souley de la danse au rap, alors que c’était dans la même dynamique. Je vois l’art et la culture dans sa globalité. Je ne veux pas m’enfermer uniquement dans la danse, la musique ou la mode. Quand je regarde l’ensemble, je vois tout. C’était la même chose avec le PBS, il y avait une mise en scène derrière. Je n’étais pas seulement danseur ou rappeur, j’étais aussi dans les costumes.
Comment vous êtes parvenu à combiner tous ces trois éléments ?
Ce n’est pas évident de faire tout en même temps. Dès fois il faut faire des breaks, je fais de petites pauses musicales pour me consacrer entièrement à la mode. Présentement je suis plutôt mode que musique. Même dans la mode il ya une partition musicale très importante. Par exemple dans mes défilés, je ne prends pas n’importe quel morceau, j’essaie de créer une mise en scène pour que la musique ne soit pas vaine. La musique a une importance capitale dans mes défilés.
Est-ce qu’on pourrait parler de révolution dans la mode ?
C’est possible, parce qu’un vêtement BULL DOFF peut être un texte revendicatif dans mon style et ma collection ou un message de liberté dans une forme ou un tissu dans lequel tu te sens bien. Parfois c’est militaire ou rebelle, cela rappelle Sélassié de l’Ethiopie qui n’a jamais été colonisée.
Alors sur quoi vous vous inspirez pour créer vos modèles ?
L’inspiration vient de partout. Déjà je ne suis pas seul dans la création, il y a une touche féminine de mon associée Laure Tarot peut être que c’est le phénomène de la parité qui la pousse à aller de l’avant. L’inspiration vient aussi de la rue du fait qu’il y a beaucoup de récupérations dans l’idée. Par exemple on voit les rideaux d’un « Tangana », une plaque de voiture, un feu rouge ou un pot de talibé pour le représenter sur un tee-shirt. Bref on essaie de donner une seconde vie aux matières et aux formes.
Est-ce qu’on peut parler de divorce entre Baay Souley et la musique ?
Pas du tout! Je suis dans la musique mais en underground. C’est vrai que je n’ai pas fait une carrière musicale très médiatisée pourtant je viens de vendre deux singles pour un film américain sur le basketball. J’ai participé à une compilation sur l’International Soul Produit avec une centaine de rappeurs basés en Italie, aux Etats-Unis, d’Afrique…etc. Le produit s’appelle « Univers Soul », Ce sont des trucs que je fais en underground.
Alors à quand le retour au devant de la scène musicale sénégalaise ?
Ce n’est pas pour bientôt à moins que ça soit un projet bien ficelé et clair. Je ne crois plus à la vente de musique sur support cassette, cd ou dvd. J’ai mis fin à tout cela. Ce qui me reste à faire dans la musique, c’est jouer en live, mais pas n’importe lequel. Il faut un live carré avec de bons musiciens ou une communion avec le public. Si C’est pour jouer des instrumentaux et chanter dessus, ou faire des playbacks je ne suis pas intéressé. Je préfère mourir musicalement.
Qu’en pensez-vous de vos fans ?
Je dirais à tous les fans de soutenir les musiciens parce qu’on ne peut pas se dire fan et ne pas aider son artiste préféré. Il faut acheter les cd quand il y a sortie d’album et payer des tickets quand il ya concert. Il faut qu’ils sachent qu’on est aussi des responsables de familles, qu’on a des factures à payer et des enfants. Ce n’est pas juste un « Bégué » ou « job bi nice na » (le travail est parfait) qui va nous maintenir en vie et nourrir ta production. Il y a un réel problème dans la culture et j’espère que le nouveau ministre qui connait bien l’histoire va s’y atteler.
Quels genres de problèmes voulez-vous parler ?
Je dis qu’au Sénégal l’art ne nourrit pas son homme. Ici la musique, ce n’est que du « Bégué ». En plus un « Bégué » ne coute même pas 100f CFA. Si on rassemblait cette somme pour chaque « Bégué » peut être que l’artiste aurait la dépense quotidienne. C’est bien d’avoir la reconnaissance. Imagine bien si on est pécheur et l’appât que l’on met sur l’hameçon est plus cher que le poisson qu’on veut pêcher alors vaut mieux arrêter la pêche et aller voir ailleurs.
Quelle expérience vous nous faites partager quand vous étiez au PBS ?
Waaaw ! On ne peut pas la mesurer ni la quantifier, Je dirais même que c’est incalculable C’était très cool sur le plan social et humain. Les voyages que nous avons effectués à travers l’Amérique, l’Europe ; l’Afrique etc. nous ont été bénéfiques. On a pris beaucoup sur le brassage culturel, le respect du travail et de l’heure, les rencontres avec des gens que tu croises et d’autres peut être que tu ne reverras jamais. Cela dépasse le cadre de la musique. Ce sont même des leçons de vie
Vous gardez toujours les mêmes relations avec Awadi et Duggue-T ?
Bien sûr que oui, on ne peut être avec des hommes pendant des années et ne pas avoir de bonnes relations. Bien que dans le boulot c’est parfois très chaud. Ils représentent beaucoup sur moi. C’est plus que des frères de sang.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA