Parlez-nous un peu de votre actualité?
Mon actualité c'est qu'en fait je suis sur une nouvelle émission, une téléréalité avec Badou Meunn Lépp, un artiste que tout le monde connait au Sénégal. Ce ne sera pas un téléfilm mais une vraie
téléréalité comme on en fait aux Etats-Unis, jamais faite au Sénégal. Il est temps que les gens sachent qu'hormis la notoriété, nous sommes des êtres humains comme tout le monde. Dans notre vie, tout n'est pas toujours rose. Que les gens se rendent compte qu'entre rumeurs et réalité il y'a parfois un fossé.
Cela fait longtemps que l'on ne vous voit pas au-devant de la scène médiatique. Pourquoi ce silence?
Ma vie a changé, je me suis mariée et j'habite plus au Sénégal, c'est aussi simple que ça. J'ai changé de pays, le temps de s'adapter, se stabiliser et s'intégrer ce sont des choses à prendre en compte. Je me suis mariée sur le plan religieux au courant de l'année 2009 et j'ai demandé à faire d'abord le festival d'Atlanta avant de faire mon mariage civil. Après ma conférence de presse on m'a suggéré d'arrêter d'intervenir dans la presse et de m'occuper de mon mariage car le reste n'est que futilité d'autant plus que mon avocat pourra continuer le travail et après je pourrais toujours revenir si je le voulais. Je pensais que les démarches administratives allaient durer 3 mois c'est ce qu'on m'avait dit, c'était beaucoup plus long car mon mari est d'origine française donc l'ambassade de France doit d'abord donner son accord avant de se retourner vers les autorités Belges. Après le mariage on vous donne une carte de 5 mois pour pouvoir travailler mais on ne sait pas voyager avec. D'ailleurs une fois le patron de la 2stv est venu à Bruxelles en compagnie de son épouse, on devait tourner une émission à Paris mais je ne pouvais pas et je lui ai montré la carte. J'ai eu le titre de séjour au mois d'Octobre 2010, Février j'étais à Dakar pour enregistrer « show tout chaud » avec Gaston Mbengue et Gouy Gui. J'ai enregistré « show tout chaud » à Bruxelles suite aux événements du 23 juin, un plateau entre l'APR et le PDS. J'ai ensuite pris une partie de mon salaire pour aller à Milan et tourner « show tout chaud » avec Mamadou Lamine Maiga, j'ai payé le caméraman, billet d'avion jusqu'au billet de train et taxi mais l'émission n'a pas été diffusée pour des problèmes techniques ce que je comprends parfaitement car il faut toujours diffuser des images de qualité. Aujourd'hui les choses ont changé j'ai décidé de travailler avec une équipe Belge c'est très cher mais il le faut absolument.
Qu'est-ce que vous faites à l'étranger exactement?
Quelle question! (Rires) Je suis ici parce que suis mariée je vis ma vie de femme c'est tout. Rester au Sénégal et voir son mari une fois ou deux dans l'année ne doit pas être facile, en tout cas c'est impensable avec un Européen. Rires.
Il parait que vous avez des problèmes avec votre ancien patron El hadj Ndiaye. C'est pourquoi vous avez quitté la boite.
J'ai quitté 2stv et je n'ai pas échangé de mots avec le PDG de la 2STV c'est quelqu'un que je respecte et qui me respecte aussi, j'ai fait part de ma décision à son épouse. Je vous l'ai dit je suis restée en bons termes avec elle, il y'a quelques semaines je discutais avec une de leurs filles sur internet pour tout vous dire.
Est-ce la fin d'une collaboration avec la 2Stv?
Oui j'ai arrêté à la 2stv depuis quelques mois. J'ai discuté avec l'épouse du PDG qui est, je pense, son bras droit. Tout s'est très bien passé, lors de mon dernier séjour à Dakar, c'est-à- dire au mois de Mars passé on devait se voir, prendre un verre ensemble. Je ne suis plus à la 2stv mais je remercierais toujours El Hadj Ndiaye et son épouse. Car avec le problème du Festival d'Atlanta des gens ont tout fait pour nous brouiller, ils ont même subi des pressions. C'est pourquoi dès mon retour au Sénégal en 2011,j'ai eu certes des propositions des autres télévisions mais je suis restée à la 2STV.Je me rappelle le jour de mon départ pour Dakar, de l'aéroport de Bruxelles, dans l'avion, des
sénégalais me disaient qu'il faut que j'aille à la télévision de Youssou Ndour , n'empêche j'ai décidé à l'époque de rester à la 2STV.C'est ce même dévouement, cette fidélité que je vais offrir à la
nouvelle télévision où je vais aller.
Alors dans ce cas qu'est-ce que vous préconisez?
Qu'il y'ait d'autres chaines est une excellente chose mais il y'a des pièges à éviter c'est à dire il faut faire en sorte qu'on ne retrouve pas les émissions partout. Penser à faire des émissions de jeux, innover, faire confiance aux producteurs extérieurs. Une chaine de télévision qui évolue et se développe ne peut pas produire toutes les émissions de la chaine, c'est lourd. Je me demande avec le nombre de télévisions qui existe au Sénégal pourquoi il n'y a pas d'agence qui va s'occuper de rechercher des sponsors pour les producteurs extérieurs, cela peut être très intéressant pour tout le monde y compris les télévisions bien sûr. En tout cas il faut que les choses bougent.
Est-ce que vous êtes heureuse là ou vous êtes présentement?
Vivre en Europe, les premières années sont très dures et tous les immigrés le savent et l'ont vécu. Venir de temps en temps en Europe et y vivre c'est différent. Il faut tout faire toute seule alors qu'à Dakar je pouvais être en tournage toute la journée quand je rentre la maison est impeccable bien nettoyée, on a fait à manger. J'ai toujours une femme de ménage ou une sœur une cousine pour m'aider ce qui est impensable ici en Europe hormis les titres et services. Le froid ne facilite pas les choses, le racisme aussi. J'habite en pleine campagne, dans ma rue il n'y a qu'un noir c'est un prêtre. La plupart des immigrés sont dans les villes comme Bruxelles car les transports en communs sont plus accessibles surtout avec le travail ce qui est normal. Alors quand je vais à la banque, dans les shops et autres je vis le racisme, un racisme sournois comme si je n’avais pas le droit d'habiter dans un tel endroit. D'un autre côté, ce pays m'a donné ma chance quand des sénégalais comme moi ont voulu me détruire ben ! Je me suis reconstruite ici. En plus je travaille dans une société très cosmopolite où j'ai côtoyé Afghane, rwandaise, marocaine, Belge et Français, des responsables très respectueux et humains. En définitive c'est normal d'être dépaysée les premières années mais je commence à m'intégrer petit à petit.
On a appris que vous avez divorcé avec votre mari, est-ce vraiment le cas?
Vous n'avez rien appris, vous prêchez le faux pour savoir. Non je rigole (Rires).Si c'est une rumeur alors j'ai envie de rire, je vois qu'actuellement beaucoup de personnes au Sénégal se plaignent à cause des rumeurs, de certaines choses qui peuvent détruire une vie. Je vais vous raconter une anecdote: j'ai découvert des choses extrêmement graves, terribles sur des personnes que je connais et avec des preuves s'il vous plait j'ai été tellement choquée et dégoutée que je dormais et me réveillais avec l'image de ces gens-là .Pourquoi parce qu’ils sont connus comme étant des personnes qui savent tout sur tout le monde, critiquent tout le temps les autres. Comment peut-on critiquer les autres alors qu'on fait pire ? Depuis ce jour-là "dama tayi si nit yi". Je rigolais avec un confrère en lui disant qu'on mette à la "Une" quelque chose d'extrêmement grave sur moi ça ne m'empêchera pas de vaquer à mes occupations et d'être happy. Qui n'a pas de défauts? Qui n'a pas fait d'erreurs dans sa vie, petite, soit elle? Je me lève tous les jours à 4h du matin pour aller travailler, je sors de chez il est 5h passé pour marcher pendant 45 minutes jusqu'à la gare, prendre 2 à 3 trains, revenir chez moi à 20h du soir, franchement si un compatriote a le cœur et le culot de colporter des ragots sur moi tant pis. Je suis qu'une jeune femme qui se bat et travaille dur pour ne pas passer pour une black entretenue par son mari blanc, j'ai ma fierté et ma dignité, des rêves à réaliser et objectifs à atteindre je n'ai plus le temps des "yafi wakhone manila".
Vous dites aussi que vous n'avez plus rien à prouver. Pourquoi une telle affirmation?
Quand on commence dans le milieu des médias comme partout d'ailleurs on cherche à s'imposer, prouver à ses employeurs qu'on est compétent .Je me suis bien battue ainsi que les reporters de ma génération je pense à Birahim Touré, Ibrahima Benjamin Diagne, Oumar Gningue etc...Il y'a des moments que j'oublierais jamais de ma vie: quand l'étudiant Balla Gaye a été tué, la peur, les bastonnades, les courses poursuites j'ai vécu, partagé cette journée mémorable avec les étudiants. Lors d'une mission en Mauritanie avec les élections présidentielles sous haute tension je me souviens avoir été coincée dans une maison avec des opposants, maison encerclée par la GIGN, les grenades lacrymogènes qu'on nous balançait, l'assaut qu'on a subit plus tard, des personnes ensanglantées sous mes yeux et le chef de l'opération qui m'insultait car j'étais la seule journaliste à l'intérieur tous les autres correspondants des rédactions internationales étaient dehors. C'était la première fois que je n'ai pas osé répliquer face à des insultes car là il s'agissait de ma sécurité physique et surtout la solidarité de toute la rédaction de Walfadjiri quand les proches de l'ancien président ont voulu m'expulser du pays, je n'oublierais pas également le soutien de Reporter Sans Frontières Mauritanie c'était en 2004 si mes souvenirs sont bons. Donc je sais que je me suis bien battue, aujourd'hui je cherche juste à persévérer, découvrir d'autres horizons, innover pour ne pas décevoir les personnes qui croient en moi et enfin continuer à apprendre car la vie est une école.
Sentez-vous vraiment la pression de la nouvelle génération qui fait aussi un travail remarquable sur le petit écran?
Une pression ? Je pense que beaucoup de personnes si elles sont de bonne foi, diront que j'ai toujours soutenu de jeunes reporters ou animateurs fille comme garçon. J'aime bien les rassurer car j'ai été dans cette situation. Je sais qu'il m'est arrivé d'appeler des organes de presse pour "placer" des jeunes qui m'ont sollicitée. Ce qui m'a beaucoup aidé dans ce milieu c'est que je crois énormément en moi. Quand j'étais au Sénégal, je suivais beaucoup certains confrères et je n'hésitais pas à les appeler pour les féliciter du fond du cœur mais une fois sur le plateau de "Show tout chaud" j'oublie tout ce qui est autour de moi, je redeviens "Maty 3pommes" et je fais mon "job".
Vous avez été mêlé à une affaire d'escroquerie de visa. Comment vous avez vécu cette affaire?
J'ai l'impression qu'avec les épreuves de la vie je deviens de plus en plus mature, j'apprends beaucoup sur l'être humain, sur moi. J'ai été tellement naïve qu'aujourd'hui des personnes continuent à vouloir en abuser. Cela me fait rire et je joue avec. Il m'arrive même de jouer la
naïve parfaite pour voir jusqu'où la personne est capable d'aller. Donc l'épisode d'Atlanta était un mal nécessaire .Une page s'est tournée, une autre s'ouvre. J'ai pardonné mais je n'oublie pas.
Est ce que vous pensez que votre image s'est assombrie depuis lors?
Pas du tout!!! C'est pourquoi j'avais fait le site, tout dire. Montrer à mes détracteurs que seule la vérité compte et les personnes intelligentes et positives seront toujours de mon côté. Ils vont participer à mon combat, pour tout vous dire le numéro de compte ne fonctionnait pas , il y'avait des erreurs alors ma famille ,moi-même et le journaliste Alioune Ndiaye on s'est bien battu avec nos propres moyens. Jusqu'à présent, j'envoie de l'argent chaque mois au Sénégal pour payer la banque et depuis quelques temps la mutuelle. Un Sénégalais vivant à Washington et qui anime dans une radio a fait ses propres investigations, des personnes à Atlanta à l'antenne et hors antenne ont témoigné en confirmant qu'ils ont compris que j'étais vraiment une victime dans cette affaire. Les Sénégalais m'ont appelé de partout dans le monde, quand je voyage où que j'en croise dans la rue certains me regardent genre "pauvre petite on t'a eu, tu as dû souffrir" et moi j'ai envie de dire plus de compassion j'ai tourné la page. Vous savez le sénégalais n'aime pas l'injustice, certains ont hâte que je revienne à l'écran. Je reçois sur facebook, dans mes messages, des soutiens et témoignages qui me donnent la chair de poule. Je dis alors qu'il y'a toujours des gens bien au Sénégal malgré la perte de certaines valeurs.
Qu'est-ce que vous aimerez ajouter en guise de conclusion?
Mon dernier mot ce sera d'encourager les jeunes animateurs et journalistes, gardez la tête sur les épaules. Il faut aussi que les patrons de presse essaient de promouvoir la polyvalence. Dans un groupe de presse, il faut laisser les jeunes descendre sur le terrain et faire leurs preuves à la télévision comme à la radio. Vous savez un policier qui campe tous les jours au même rond-point, à la longue les chauffeurs le reconnaissent forcément s'habituent. Même chose à la télévision, si on est régulièrement devant l'écran forcément on devient populaire car les gens s'habituent c'est pour cela que je me suis jamais sentie "star" mais populaire. Il faut faire attention pour pas qu'il y'ait trop de folklore à la télévision. Autre chose pour mes compatriotes, arrêtons le misérabilisme et soyons fiers de notre pays. Les Européens viennent chez nous, filment la misère et vendent ces images aux chaines Européennes. Comment se faire respecter avec ça? Il y'a la pauvreté au Sénégal mais nous ne sommes pas des sauvages. Nous avons aussi des personnes très riches, des intellectuels, de jeunes fonctionnaires qui vivent beaucoup mieux que certains Belges ici. J'ai été choquée et révoltée de voir des documentaires et reportages tournés au Sénégal. Je suis mariée à un Européen, je sais qu'ils ne sont pas tous racistes mais il faut qu'on se respecte pour être respecté. Le fait de vivre en Europe a fait que je suis devenue beaucoup plus patriote qu'avant et fière d'être sénégalaise. Ici des amis Belges m'appellent "Black Power" il y'en a un qui souhaite d'ailleurs venir vivre au Sénégal à sa retraite, acheter une maison. Alors soyons fiers et arrêtons de nous apitoyer sur nous.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA
Mon actualité c'est qu'en fait je suis sur une nouvelle émission, une téléréalité avec Badou Meunn Lépp, un artiste que tout le monde connait au Sénégal. Ce ne sera pas un téléfilm mais une vraie
téléréalité comme on en fait aux Etats-Unis, jamais faite au Sénégal. Il est temps que les gens sachent qu'hormis la notoriété, nous sommes des êtres humains comme tout le monde. Dans notre vie, tout n'est pas toujours rose. Que les gens se rendent compte qu'entre rumeurs et réalité il y'a parfois un fossé.
Cela fait longtemps que l'on ne vous voit pas au-devant de la scène médiatique. Pourquoi ce silence?
Ma vie a changé, je me suis mariée et j'habite plus au Sénégal, c'est aussi simple que ça. J'ai changé de pays, le temps de s'adapter, se stabiliser et s'intégrer ce sont des choses à prendre en compte. Je me suis mariée sur le plan religieux au courant de l'année 2009 et j'ai demandé à faire d'abord le festival d'Atlanta avant de faire mon mariage civil. Après ma conférence de presse on m'a suggéré d'arrêter d'intervenir dans la presse et de m'occuper de mon mariage car le reste n'est que futilité d'autant plus que mon avocat pourra continuer le travail et après je pourrais toujours revenir si je le voulais. Je pensais que les démarches administratives allaient durer 3 mois c'est ce qu'on m'avait dit, c'était beaucoup plus long car mon mari est d'origine française donc l'ambassade de France doit d'abord donner son accord avant de se retourner vers les autorités Belges. Après le mariage on vous donne une carte de 5 mois pour pouvoir travailler mais on ne sait pas voyager avec. D'ailleurs une fois le patron de la 2stv est venu à Bruxelles en compagnie de son épouse, on devait tourner une émission à Paris mais je ne pouvais pas et je lui ai montré la carte. J'ai eu le titre de séjour au mois d'Octobre 2010, Février j'étais à Dakar pour enregistrer « show tout chaud » avec Gaston Mbengue et Gouy Gui. J'ai enregistré « show tout chaud » à Bruxelles suite aux événements du 23 juin, un plateau entre l'APR et le PDS. J'ai ensuite pris une partie de mon salaire pour aller à Milan et tourner « show tout chaud » avec Mamadou Lamine Maiga, j'ai payé le caméraman, billet d'avion jusqu'au billet de train et taxi mais l'émission n'a pas été diffusée pour des problèmes techniques ce que je comprends parfaitement car il faut toujours diffuser des images de qualité. Aujourd'hui les choses ont changé j'ai décidé de travailler avec une équipe Belge c'est très cher mais il le faut absolument.
Qu'est-ce que vous faites à l'étranger exactement?
Quelle question! (Rires) Je suis ici parce que suis mariée je vis ma vie de femme c'est tout. Rester au Sénégal et voir son mari une fois ou deux dans l'année ne doit pas être facile, en tout cas c'est impensable avec un Européen. Rires.
Il parait que vous avez des problèmes avec votre ancien patron El hadj Ndiaye. C'est pourquoi vous avez quitté la boite.
J'ai quitté 2stv et je n'ai pas échangé de mots avec le PDG de la 2STV c'est quelqu'un que je respecte et qui me respecte aussi, j'ai fait part de ma décision à son épouse. Je vous l'ai dit je suis restée en bons termes avec elle, il y'a quelques semaines je discutais avec une de leurs filles sur internet pour tout vous dire.
Est-ce la fin d'une collaboration avec la 2Stv?
Oui j'ai arrêté à la 2stv depuis quelques mois. J'ai discuté avec l'épouse du PDG qui est, je pense, son bras droit. Tout s'est très bien passé, lors de mon dernier séjour à Dakar, c'est-à- dire au mois de Mars passé on devait se voir, prendre un verre ensemble. Je ne suis plus à la 2stv mais je remercierais toujours El Hadj Ndiaye et son épouse. Car avec le problème du Festival d'Atlanta des gens ont tout fait pour nous brouiller, ils ont même subi des pressions. C'est pourquoi dès mon retour au Sénégal en 2011,j'ai eu certes des propositions des autres télévisions mais je suis restée à la 2STV.Je me rappelle le jour de mon départ pour Dakar, de l'aéroport de Bruxelles, dans l'avion, des
sénégalais me disaient qu'il faut que j'aille à la télévision de Youssou Ndour , n'empêche j'ai décidé à l'époque de rester à la 2STV.C'est ce même dévouement, cette fidélité que je vais offrir à la
nouvelle télévision où je vais aller.
Alors dans ce cas qu'est-ce que vous préconisez?
Qu'il y'ait d'autres chaines est une excellente chose mais il y'a des pièges à éviter c'est à dire il faut faire en sorte qu'on ne retrouve pas les émissions partout. Penser à faire des émissions de jeux, innover, faire confiance aux producteurs extérieurs. Une chaine de télévision qui évolue et se développe ne peut pas produire toutes les émissions de la chaine, c'est lourd. Je me demande avec le nombre de télévisions qui existe au Sénégal pourquoi il n'y a pas d'agence qui va s'occuper de rechercher des sponsors pour les producteurs extérieurs, cela peut être très intéressant pour tout le monde y compris les télévisions bien sûr. En tout cas il faut que les choses bougent.
Est-ce que vous êtes heureuse là ou vous êtes présentement?
Vivre en Europe, les premières années sont très dures et tous les immigrés le savent et l'ont vécu. Venir de temps en temps en Europe et y vivre c'est différent. Il faut tout faire toute seule alors qu'à Dakar je pouvais être en tournage toute la journée quand je rentre la maison est impeccable bien nettoyée, on a fait à manger. J'ai toujours une femme de ménage ou une sœur une cousine pour m'aider ce qui est impensable ici en Europe hormis les titres et services. Le froid ne facilite pas les choses, le racisme aussi. J'habite en pleine campagne, dans ma rue il n'y a qu'un noir c'est un prêtre. La plupart des immigrés sont dans les villes comme Bruxelles car les transports en communs sont plus accessibles surtout avec le travail ce qui est normal. Alors quand je vais à la banque, dans les shops et autres je vis le racisme, un racisme sournois comme si je n’avais pas le droit d'habiter dans un tel endroit. D'un autre côté, ce pays m'a donné ma chance quand des sénégalais comme moi ont voulu me détruire ben ! Je me suis reconstruite ici. En plus je travaille dans une société très cosmopolite où j'ai côtoyé Afghane, rwandaise, marocaine, Belge et Français, des responsables très respectueux et humains. En définitive c'est normal d'être dépaysée les premières années mais je commence à m'intégrer petit à petit.
On a appris que vous avez divorcé avec votre mari, est-ce vraiment le cas?
Vous n'avez rien appris, vous prêchez le faux pour savoir. Non je rigole (Rires).Si c'est une rumeur alors j'ai envie de rire, je vois qu'actuellement beaucoup de personnes au Sénégal se plaignent à cause des rumeurs, de certaines choses qui peuvent détruire une vie. Je vais vous raconter une anecdote: j'ai découvert des choses extrêmement graves, terribles sur des personnes que je connais et avec des preuves s'il vous plait j'ai été tellement choquée et dégoutée que je dormais et me réveillais avec l'image de ces gens-là .Pourquoi parce qu’ils sont connus comme étant des personnes qui savent tout sur tout le monde, critiquent tout le temps les autres. Comment peut-on critiquer les autres alors qu'on fait pire ? Depuis ce jour-là "dama tayi si nit yi". Je rigolais avec un confrère en lui disant qu'on mette à la "Une" quelque chose d'extrêmement grave sur moi ça ne m'empêchera pas de vaquer à mes occupations et d'être happy. Qui n'a pas de défauts? Qui n'a pas fait d'erreurs dans sa vie, petite, soit elle? Je me lève tous les jours à 4h du matin pour aller travailler, je sors de chez il est 5h passé pour marcher pendant 45 minutes jusqu'à la gare, prendre 2 à 3 trains, revenir chez moi à 20h du soir, franchement si un compatriote a le cœur et le culot de colporter des ragots sur moi tant pis. Je suis qu'une jeune femme qui se bat et travaille dur pour ne pas passer pour une black entretenue par son mari blanc, j'ai ma fierté et ma dignité, des rêves à réaliser et objectifs à atteindre je n'ai plus le temps des "yafi wakhone manila".
Vous dites aussi que vous n'avez plus rien à prouver. Pourquoi une telle affirmation?
Quand on commence dans le milieu des médias comme partout d'ailleurs on cherche à s'imposer, prouver à ses employeurs qu'on est compétent .Je me suis bien battue ainsi que les reporters de ma génération je pense à Birahim Touré, Ibrahima Benjamin Diagne, Oumar Gningue etc...Il y'a des moments que j'oublierais jamais de ma vie: quand l'étudiant Balla Gaye a été tué, la peur, les bastonnades, les courses poursuites j'ai vécu, partagé cette journée mémorable avec les étudiants. Lors d'une mission en Mauritanie avec les élections présidentielles sous haute tension je me souviens avoir été coincée dans une maison avec des opposants, maison encerclée par la GIGN, les grenades lacrymogènes qu'on nous balançait, l'assaut qu'on a subit plus tard, des personnes ensanglantées sous mes yeux et le chef de l'opération qui m'insultait car j'étais la seule journaliste à l'intérieur tous les autres correspondants des rédactions internationales étaient dehors. C'était la première fois que je n'ai pas osé répliquer face à des insultes car là il s'agissait de ma sécurité physique et surtout la solidarité de toute la rédaction de Walfadjiri quand les proches de l'ancien président ont voulu m'expulser du pays, je n'oublierais pas également le soutien de Reporter Sans Frontières Mauritanie c'était en 2004 si mes souvenirs sont bons. Donc je sais que je me suis bien battue, aujourd'hui je cherche juste à persévérer, découvrir d'autres horizons, innover pour ne pas décevoir les personnes qui croient en moi et enfin continuer à apprendre car la vie est une école.
Sentez-vous vraiment la pression de la nouvelle génération qui fait aussi un travail remarquable sur le petit écran?
Une pression ? Je pense que beaucoup de personnes si elles sont de bonne foi, diront que j'ai toujours soutenu de jeunes reporters ou animateurs fille comme garçon. J'aime bien les rassurer car j'ai été dans cette situation. Je sais qu'il m'est arrivé d'appeler des organes de presse pour "placer" des jeunes qui m'ont sollicitée. Ce qui m'a beaucoup aidé dans ce milieu c'est que je crois énormément en moi. Quand j'étais au Sénégal, je suivais beaucoup certains confrères et je n'hésitais pas à les appeler pour les féliciter du fond du cœur mais une fois sur le plateau de "Show tout chaud" j'oublie tout ce qui est autour de moi, je redeviens "Maty 3pommes" et je fais mon "job".
Vous avez été mêlé à une affaire d'escroquerie de visa. Comment vous avez vécu cette affaire?
J'ai l'impression qu'avec les épreuves de la vie je deviens de plus en plus mature, j'apprends beaucoup sur l'être humain, sur moi. J'ai été tellement naïve qu'aujourd'hui des personnes continuent à vouloir en abuser. Cela me fait rire et je joue avec. Il m'arrive même de jouer la
naïve parfaite pour voir jusqu'où la personne est capable d'aller. Donc l'épisode d'Atlanta était un mal nécessaire .Une page s'est tournée, une autre s'ouvre. J'ai pardonné mais je n'oublie pas.
Est ce que vous pensez que votre image s'est assombrie depuis lors?
Pas du tout!!! C'est pourquoi j'avais fait le site, tout dire. Montrer à mes détracteurs que seule la vérité compte et les personnes intelligentes et positives seront toujours de mon côté. Ils vont participer à mon combat, pour tout vous dire le numéro de compte ne fonctionnait pas , il y'avait des erreurs alors ma famille ,moi-même et le journaliste Alioune Ndiaye on s'est bien battu avec nos propres moyens. Jusqu'à présent, j'envoie de l'argent chaque mois au Sénégal pour payer la banque et depuis quelques temps la mutuelle. Un Sénégalais vivant à Washington et qui anime dans une radio a fait ses propres investigations, des personnes à Atlanta à l'antenne et hors antenne ont témoigné en confirmant qu'ils ont compris que j'étais vraiment une victime dans cette affaire. Les Sénégalais m'ont appelé de partout dans le monde, quand je voyage où que j'en croise dans la rue certains me regardent genre "pauvre petite on t'a eu, tu as dû souffrir" et moi j'ai envie de dire plus de compassion j'ai tourné la page. Vous savez le sénégalais n'aime pas l'injustice, certains ont hâte que je revienne à l'écran. Je reçois sur facebook, dans mes messages, des soutiens et témoignages qui me donnent la chair de poule. Je dis alors qu'il y'a toujours des gens bien au Sénégal malgré la perte de certaines valeurs.
Qu'est-ce que vous aimerez ajouter en guise de conclusion?
Mon dernier mot ce sera d'encourager les jeunes animateurs et journalistes, gardez la tête sur les épaules. Il faut aussi que les patrons de presse essaient de promouvoir la polyvalence. Dans un groupe de presse, il faut laisser les jeunes descendre sur le terrain et faire leurs preuves à la télévision comme à la radio. Vous savez un policier qui campe tous les jours au même rond-point, à la longue les chauffeurs le reconnaissent forcément s'habituent. Même chose à la télévision, si on est régulièrement devant l'écran forcément on devient populaire car les gens s'habituent c'est pour cela que je me suis jamais sentie "star" mais populaire. Il faut faire attention pour pas qu'il y'ait trop de folklore à la télévision. Autre chose pour mes compatriotes, arrêtons le misérabilisme et soyons fiers de notre pays. Les Européens viennent chez nous, filment la misère et vendent ces images aux chaines Européennes. Comment se faire respecter avec ça? Il y'a la pauvreté au Sénégal mais nous ne sommes pas des sauvages. Nous avons aussi des personnes très riches, des intellectuels, de jeunes fonctionnaires qui vivent beaucoup mieux que certains Belges ici. J'ai été choquée et révoltée de voir des documentaires et reportages tournés au Sénégal. Je suis mariée à un Européen, je sais qu'ils ne sont pas tous racistes mais il faut qu'on se respecte pour être respecté. Le fait de vivre en Europe a fait que je suis devenue beaucoup plus patriote qu'avant et fière d'être sénégalaise. Ici des amis Belges m'appellent "Black Power" il y'en a un qui souhaite d'ailleurs venir vivre au Sénégal à sa retraite, acheter une maison. Alors soyons fiers et arrêtons de nous apitoyer sur nous.
Interview réalisée par Cheikh Camara COKA