Un épais voile de mystère et de forts soupçons de corruption flottent sur le litige commercial qui oppose depuis plusieurs années l’Etat sénégalais au groupe ArcelorMittal autour du gisement de fer de la Falémé, dans la région de Tambacounda. Après s’être engagé de manière quelque peu tonitruante en 2007 à en assurer l’exploitation, l’aciériste s’était rétracté deux années plus tard en raison, argua-t-il, du contexte international moribond et du fait que les actifs concernés s’étaient révélés moins prometteurs qu’escompté.
A l’annonce de la nouvelle, ce fut la gueule de bois au Sénégal où l’on attendait monts et merveilles d’un projet dont la mise en exploitation effective, en 2011, devait engendrer quelque 22 000 emplois. ArcelorMittal s’était engagé en outre à ériger un port en eaux profondes à Bargny, une cité balnéaire située près de Dakar, ainsi que 750 kms d’infrastructures ferroviaires devant relier le site minier au port.
Les deux parties décidèrent d’un commun accord de recourir à un arbitrage international. Dakar, pour se libérer de ses obligations contractuelles et revenir à la situation ante, le groupe sidérurgiste pour garder le contrôle des gisements en attendant un environnement plus favorable aux affaires. En septembre 2013, ArcelorMittal perd contre toute attente la première manche. La Cour d’arbitrage international de Paris autorise le Sénégal à reprendre possession des mines. Encouragé par ce premier succès, Dakar exigea, dans une autre procédure, d’être indemnisé.
On en était là lorsque, à la surprise générale, on apprend le 4 juin par voie de communiqué du ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, qu’au terme de “deux ans de négociations“, les discussions entre les parties avaient abouti à un “accord amiable“. ArcelorMittal s’engage, nous dit le vénérable ministre, à payer 150 millions de dollars (72,4 milliards de F CFA) à l’Etat du Sénégal, restituer certaines études techniques réalisées sur les mines, et verser 50 millions de dollars (24 milliards de F CFA) additionnels au titre de la recherche à l’exploitant qui viendrait à hériter de la concession minière.
Circulez, il n’y a donc plus rien à voir ! La Cour d’arbitrage international de Paris tout comme l’avocat principal de l’Etat sénégalais, Me Rasseck Bourgi, sont priés d’arrêter illico la procédure et de retourner à leurs chères études. L’Etat aurait voulu se débarrasser une bonne fois pour toute de cet avocat franco-sénégalo-libanais suspecté par le proche entourage du président Macky Sall de naviguer au gré de ses intérêts entre la famille Wade et le nouveau pouvoir, qu’il ne se serait pas pris autrement !
Avec le compromis de dernière minute trouvé par les officiels sénégalais et la multinationale de l’acier, ce sont également de juteuses et consistantes promesses d’honoraires qui passent subrepticement à la barbe des robes noires parisiennes qui pensaient tenir le jackpot.
L’affaire se corse un peu plus lorsqu’on apprend par notre confrère quinzomadaire parisien La Lettre du Continent, que les prétentions financières de l’Etat caracolaient de fait à plus de 5 milliards de dollars (plus de 2400 milliards de F CFA !). Cinq milliards de dollars, et non pas à 450 millions de dollars (217 milliards de F CFA), un chiffre jeté en pâture au public, début juin, par un Abdoulaye Wade pressé de rejoindre son pavillon ouaté de Versailles. On croit rêver ! On est donc loin, très loin, de la malheureuse enveloppe de 150 millions de dollars agitée par ArcelorMittal pour amadouer ses interlocuteurs sénégalais.
Question : pourquoi se contenter d’un petit chèque alors qu’on peut en espérer un plus gros ? Et si, dans la réalité, l’aciériste s’était montré plus généreux ? Dans ce cas, où est donc passé le gros du magot ? Dans la poche d’intermédiaires plus ou moins mandatés ou de politiciens soucieux de se constituer un trésor de guerre dans la perspective de futures consultations électorales ? Pourquoi ne pas avoir laissé la procédure suivre son cours normal quitte à négocier un compromis a minima avec ArcelorMittal en cas de rejet par les arbitres des prétentions financières initiales ?
Enfin, l’agent judiciaire de l’Etat, Aïssé Gassama-Tall, était-elle au parfum, comme l’assure avec aplomb le ministre de l’Industrie et des Mines dans le communiqué mentionné plus haut ? Où est-ce juste un coup de bluff pour la “mouiller“ dans ce qui pourrait devenir le plus gros accord léonin de l’histoire du Sénégal indépendant ? A l’évidence, l’affaire ArcelorMittal versus Etat du Sénégal ne fait que commencer. La parole publique de l’agent judiciaire de l’Etat sera surveillée les jours prochains comme du lait sur le feu…
A l’annonce de la nouvelle, ce fut la gueule de bois au Sénégal où l’on attendait monts et merveilles d’un projet dont la mise en exploitation effective, en 2011, devait engendrer quelque 22 000 emplois. ArcelorMittal s’était engagé en outre à ériger un port en eaux profondes à Bargny, une cité balnéaire située près de Dakar, ainsi que 750 kms d’infrastructures ferroviaires devant relier le site minier au port.
Les deux parties décidèrent d’un commun accord de recourir à un arbitrage international. Dakar, pour se libérer de ses obligations contractuelles et revenir à la situation ante, le groupe sidérurgiste pour garder le contrôle des gisements en attendant un environnement plus favorable aux affaires. En septembre 2013, ArcelorMittal perd contre toute attente la première manche. La Cour d’arbitrage international de Paris autorise le Sénégal à reprendre possession des mines. Encouragé par ce premier succès, Dakar exigea, dans une autre procédure, d’être indemnisé.
On en était là lorsque, à la surprise générale, on apprend le 4 juin par voie de communiqué du ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, qu’au terme de “deux ans de négociations“, les discussions entre les parties avaient abouti à un “accord amiable“. ArcelorMittal s’engage, nous dit le vénérable ministre, à payer 150 millions de dollars (72,4 milliards de F CFA) à l’Etat du Sénégal, restituer certaines études techniques réalisées sur les mines, et verser 50 millions de dollars (24 milliards de F CFA) additionnels au titre de la recherche à l’exploitant qui viendrait à hériter de la concession minière.
Circulez, il n’y a donc plus rien à voir ! La Cour d’arbitrage international de Paris tout comme l’avocat principal de l’Etat sénégalais, Me Rasseck Bourgi, sont priés d’arrêter illico la procédure et de retourner à leurs chères études. L’Etat aurait voulu se débarrasser une bonne fois pour toute de cet avocat franco-sénégalo-libanais suspecté par le proche entourage du président Macky Sall de naviguer au gré de ses intérêts entre la famille Wade et le nouveau pouvoir, qu’il ne se serait pas pris autrement !
Avec le compromis de dernière minute trouvé par les officiels sénégalais et la multinationale de l’acier, ce sont également de juteuses et consistantes promesses d’honoraires qui passent subrepticement à la barbe des robes noires parisiennes qui pensaient tenir le jackpot.
L’affaire se corse un peu plus lorsqu’on apprend par notre confrère quinzomadaire parisien La Lettre du Continent, que les prétentions financières de l’Etat caracolaient de fait à plus de 5 milliards de dollars (plus de 2400 milliards de F CFA !). Cinq milliards de dollars, et non pas à 450 millions de dollars (217 milliards de F CFA), un chiffre jeté en pâture au public, début juin, par un Abdoulaye Wade pressé de rejoindre son pavillon ouaté de Versailles. On croit rêver ! On est donc loin, très loin, de la malheureuse enveloppe de 150 millions de dollars agitée par ArcelorMittal pour amadouer ses interlocuteurs sénégalais.
Question : pourquoi se contenter d’un petit chèque alors qu’on peut en espérer un plus gros ? Et si, dans la réalité, l’aciériste s’était montré plus généreux ? Dans ce cas, où est donc passé le gros du magot ? Dans la poche d’intermédiaires plus ou moins mandatés ou de politiciens soucieux de se constituer un trésor de guerre dans la perspective de futures consultations électorales ? Pourquoi ne pas avoir laissé la procédure suivre son cours normal quitte à négocier un compromis a minima avec ArcelorMittal en cas de rejet par les arbitres des prétentions financières initiales ?
Enfin, l’agent judiciaire de l’Etat, Aïssé Gassama-Tall, était-elle au parfum, comme l’assure avec aplomb le ministre de l’Industrie et des Mines dans le communiqué mentionné plus haut ? Où est-ce juste un coup de bluff pour la “mouiller“ dans ce qui pourrait devenir le plus gros accord léonin de l’histoire du Sénégal indépendant ? A l’évidence, l’affaire ArcelorMittal versus Etat du Sénégal ne fait que commencer. La parole publique de l’agent judiciaire de l’Etat sera surveillée les jours prochains comme du lait sur le feu…