LE CAS HISSÈNE HABRÉ
Le président sénégalais est revenu sur le cas de l'ex-président tchadien Hissène Habré (photo), qui vit en exil à Dakar depuis sa chute en 1990. Accusé de crimes contre l'Humanité, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis en 2005 par la Belgique. "Très probablement Hissène Habré va être renvoyé en Belgique. (…) si la Cour d’appel de Dakar décide de l’extrader, je l’extraderai".
Le président sénégalais Abdoulaye Wade ne cache pas son optimisme. Il a reçu, dans son palais présidentiel de Dakar, une équipe de FRANCE 24 et de RFI, à qui il a annoncé être convaincu de l’emporter lors de l’élection présidentielle du 26 février prochain.
Il estime même ne pas avoir besoin d’un deuxième tour pour écarter l’ensemble de ses adversaires. À la question : "Pensez-vous être réélu dès le premier tour", il répond, l'air grave : "Absolument, sans aucun problème", ajoutant que la vingtaine de candidats qui pourrait lui disputer le poste de président "ne fait pas le poids".
Âgé de 85 ans, Abdoulaye Wade veut faire taire les rumeurs sur son état de santé. "Jugez par vous-mêmes, je me sens très bien pour faire une bonne campagne électorale", a-t-il lancé à Marc Perelman de FRANCE 24 et Laurent Correau de RFI. Il a tenu à ajouter que les critiques sur son âge venaient du fait qu’"en Occident, on ne comprend pas toujours les avantages d’être un homme âgé".
Youssou N'Dour candidat : Wade refuse de commenter
Élu une première fois en 2000, puis réélu en 2007 pour cinq ans après une réforme constitutionnelle qui a instauré un quinquennat renouvelable une fois, Abdoulaye Wade se présente cette fois-ci pour sept ans, en 2008, le septennat ayant été rétabli. Des arrangements avec la Constitution qui suscitent l’indignation de ses adversaires, dont la plupart estiment que le président a déjà épuisé ses deux mandats légaux.
"C’est quand même paradoxal, dans une République démocratique, un citoyen a le droit de se présenter autant que la Constitution le permet", a-t-il répondu à ses détracteurs, indiquant vouloir respecter la décision de la Cour constitutionnelle, qui doit valider les candidatures de tous les prétendants à la fin de janvier.
Lors du premier tour, il devrait affronter notamment Ousmane Tanor Dieng, leader socialiste dont le parti a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000, ainsi que deux de ses anciens Premiers ministres Moustapha Niass et Idrissa Seck. Concernant ce dernier, il n’a pas caché son amertume : "je l’ai élevé comme mon fils, il a été mon directeur de campagne, puis mon Premier ministre […] mais quand il a exagéré, je me suis séparé de lui".
Le plus médiatique des concurrents de l’actuel chef d'État devrait toutefois être la star internationale de la chanson Youssou N'Dour. Appelé par "un devoir patriotique suprême", il a révélé lundi 2 janvier son intention de briguer un mandat présidentiel. Une annonce qui fait beaucoup parler au Sénégal, mais qu'Abdoulaye Wade a refusé de commenter, lâchant simplement qu'il lui souhaitait "bonne chance".
VIOLENCES EN CASAMANCE
Abdoulaye Wade a évoqué la situation en Casamance, une région du sud du Sénégal, qui est le théâtre d’affrontements entre des militaires et des milices locales depuis 1982. Les violences ont gagné à nouveau en intensité ces derniers mois. "La première fois que j’ai été élu, j’avais dit qu’il y en avait pour quelques mois, je le croyais alors. Si je suis réélu, je m’efforcerai de résoudre cette question".