C'est toute la gauche française qui se déplace ce week-end à Dakar pour participer au 11e Forum social mondial (FSM), grande messe annuelle des altermondialistes de toute la planète. Martine Aubry y sera samedi et pour cinq jours; Eva Joly, flanqué de Jean-Paul Besset, un proche de Nicolas Hulot, débarque dimanche et repart vendredi; Pierre Laurent, n°1 du Parti communiste, fait également parti du voyage, tout comme Martine Billard, vice-présidente du Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot, qui prend l'avion dès vendredi après-midi. Bref, le FSM aura des allures de réunion de feu la "gauche plurielle".
Antithèse du Forum économique de Davos, ce grand raout semble pourtant un peu en perte de vitesse. En 2001, les caméras du monde entier filmaient les échanges à Porto Alegre au Brésil, histoire de voir qu'un "autre monde est possible", comme l'affirme le slogan de la réunion internationale. En 2011, le FSM se concentre sur "les crises du capitalisme et des civilisations" et le G20, par la voix de la France qui le préside cette année, reprend certaines de ses propositions comme la régulation des marchés des matières premières ou la taxation des transactions financières.
"Entre Davos et le FSM, il n'y a pas de passerelles possibles"
"Au contraire, a répondu au JDD.fr Olivier Besancenot. Le courant altermondialiste doit être revitalisé et reprendre confiance en lui-même. Il ne peut pas se contenter d'être une boite à idées dans laquelle les institutions internationales viennent piocher pour mieux dévoyer des propositions politiques". Pour le leader du NPA, le "G8 et le G20 sont là pour soutenir la mondialisation actuelle qui est en train de connaitre une nouvelle vague de libéralisme international".
Même son de cloche au Parti de gauche. "Nicolas Sarkozy a fait des grandes propositions, a concédé Martine Billard, mais ce n'est pas suffisant car il faut aussi s'assurer que les pays du Nord arrêtent d'inonder le Sud avec leurs produits". La numéro 2 du Parti de gauche a rappelé que le FSM permettra surtout d'avoir un "échange sur la manière de résoudre la crise du capitalisme et sur comment Nord et Sud peuvent avancer ensemble vers des solutions".
"Nous porterons un message très clair dans le cadre de la présidence française du G20: il faut construire une autre mondialisation", a expliqué pour sa part Pouria Amirshahi, secrétaire national à la coopération du PS. Et, donc non, ce n'est pas à Dakar que Nicolas Sarkozy trouvera des soutiens à ses réformes au niveau mondial. "Les propositions du chef de l'Etat sont purement incantatoires. D'abord parce que la place de la France de le monde n'est plus la même et aussi parce qu'il se contredit par ce qu'il fait en France. C'était la même chose avec Jacques Chirac et son discours sur 'notre maison qui brule'", poursuit le socialiste. "Nicolas Sarkozy, sa place il l'a trouvée, c'est à Davos. Et entre Davos et le FSM, il n'y a pas de passerelles possibles. Ce sont deux conceptions des choses qui sont incompatibles au 21e siècle ", a conclu Olivier Besancenot.
Le PS légitime?
La gauche française sur la même longueur d'onde, c'est suffisamment rare pour être souligné. L'altermondialisme la transcenderait, en passant du NPA au PS. Pourtant, la venue de Martine Aubry ne sera que la deuxième d'un premier secrétaire du PS en dix ans de FSM. "Nous sommes là pour réfléchir à un nouveau pacte de développement mondial et montrer qu'il y a des alternatives qui se construisent également en France", a glissé Pouria Amirshahi. Mais cette présence gène-t-elle les habitués? "Je ne suis pas un videur de boite de nuit à l'entrée du FSM. Il y a de la place pour toute la gauche sociale politique", a expliqué Olivier Besancenot, qui a estimé toutefois que le PS devait évoluer s'il voulait peser sur le mouvement altermondialiste: "L'avenir du mouvement n'est pas dans des positions de plus en plus modérées", a-t-il glissé, faisant référence aux événements en Tunisie et en Egypte. Au PG, Martine Billard a rappellé que les socialistes se montraient dans ces manifestations "surtout les années d'élections". "Mais il n'y a pas d'exclusive, a-t-elle ajouté. S'ils viennent avec une volonté de coopération, c'est bien. Si c'est pour donner des leçons, c'est pas la peine".
Martine Aubry devra aussi mettre certaines choses au clair. Le FSM se déroule à Dakar, et beaucoup de participants auront la tête tournée vers le nord du continent, vers les révolutions tunisienne et égyptienne. "Le fait que ce soit en Afrique est symboliquement et historiquement fort, puisque l'on observe qu'il y a une véritable aspiration des peuples à la liberté qui voit le jour. Cela nous permettra de redire qu'il ne faut pas transiger sur les valeurs démocratiques", a indiqué Pouria Amirshahi, faisant référence à l'internationale socialiste, gênée aux entournures par les cas Ben Ali, Moubarak et Gbagbo.
Vivien Vergnaud - leJDD.fr
Antithèse du Forum économique de Davos, ce grand raout semble pourtant un peu en perte de vitesse. En 2001, les caméras du monde entier filmaient les échanges à Porto Alegre au Brésil, histoire de voir qu'un "autre monde est possible", comme l'affirme le slogan de la réunion internationale. En 2011, le FSM se concentre sur "les crises du capitalisme et des civilisations" et le G20, par la voix de la France qui le préside cette année, reprend certaines de ses propositions comme la régulation des marchés des matières premières ou la taxation des transactions financières.
"Entre Davos et le FSM, il n'y a pas de passerelles possibles"
"Au contraire, a répondu au JDD.fr Olivier Besancenot. Le courant altermondialiste doit être revitalisé et reprendre confiance en lui-même. Il ne peut pas se contenter d'être une boite à idées dans laquelle les institutions internationales viennent piocher pour mieux dévoyer des propositions politiques". Pour le leader du NPA, le "G8 et le G20 sont là pour soutenir la mondialisation actuelle qui est en train de connaitre une nouvelle vague de libéralisme international".
Même son de cloche au Parti de gauche. "Nicolas Sarkozy a fait des grandes propositions, a concédé Martine Billard, mais ce n'est pas suffisant car il faut aussi s'assurer que les pays du Nord arrêtent d'inonder le Sud avec leurs produits". La numéro 2 du Parti de gauche a rappelé que le FSM permettra surtout d'avoir un "échange sur la manière de résoudre la crise du capitalisme et sur comment Nord et Sud peuvent avancer ensemble vers des solutions".
"Nous porterons un message très clair dans le cadre de la présidence française du G20: il faut construire une autre mondialisation", a expliqué pour sa part Pouria Amirshahi, secrétaire national à la coopération du PS. Et, donc non, ce n'est pas à Dakar que Nicolas Sarkozy trouvera des soutiens à ses réformes au niveau mondial. "Les propositions du chef de l'Etat sont purement incantatoires. D'abord parce que la place de la France de le monde n'est plus la même et aussi parce qu'il se contredit par ce qu'il fait en France. C'était la même chose avec Jacques Chirac et son discours sur 'notre maison qui brule'", poursuit le socialiste. "Nicolas Sarkozy, sa place il l'a trouvée, c'est à Davos. Et entre Davos et le FSM, il n'y a pas de passerelles possibles. Ce sont deux conceptions des choses qui sont incompatibles au 21e siècle ", a conclu Olivier Besancenot.
Le PS légitime?
La gauche française sur la même longueur d'onde, c'est suffisamment rare pour être souligné. L'altermondialisme la transcenderait, en passant du NPA au PS. Pourtant, la venue de Martine Aubry ne sera que la deuxième d'un premier secrétaire du PS en dix ans de FSM. "Nous sommes là pour réfléchir à un nouveau pacte de développement mondial et montrer qu'il y a des alternatives qui se construisent également en France", a glissé Pouria Amirshahi. Mais cette présence gène-t-elle les habitués? "Je ne suis pas un videur de boite de nuit à l'entrée du FSM. Il y a de la place pour toute la gauche sociale politique", a expliqué Olivier Besancenot, qui a estimé toutefois que le PS devait évoluer s'il voulait peser sur le mouvement altermondialiste: "L'avenir du mouvement n'est pas dans des positions de plus en plus modérées", a-t-il glissé, faisant référence aux événements en Tunisie et en Egypte. Au PG, Martine Billard a rappellé que les socialistes se montraient dans ces manifestations "surtout les années d'élections". "Mais il n'y a pas d'exclusive, a-t-elle ajouté. S'ils viennent avec une volonté de coopération, c'est bien. Si c'est pour donner des leçons, c'est pas la peine".
Martine Aubry devra aussi mettre certaines choses au clair. Le FSM se déroule à Dakar, et beaucoup de participants auront la tête tournée vers le nord du continent, vers les révolutions tunisienne et égyptienne. "Le fait que ce soit en Afrique est symboliquement et historiquement fort, puisque l'on observe qu'il y a une véritable aspiration des peuples à la liberté qui voit le jour. Cela nous permettra de redire qu'il ne faut pas transiger sur les valeurs démocratiques", a indiqué Pouria Amirshahi, faisant référence à l'internationale socialiste, gênée aux entournures par les cas Ben Ali, Moubarak et Gbagbo.
Vivien Vergnaud - leJDD.fr
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