La retransmission en direct, le 18 avril 2012, du dernier face à face entre le lion de Guédiawaye, Balla Gaye II et l'empereur des arènes, Yékini a réellement déshabillé les journalistes de leur flamboyance professionnelle. Ce face à face avait été placé sur un tempo de conférence de presse, mais les journalistes, dans leur écrasante majorité, ont joué un "Thiakhagoune" dévalorisant. Dans une conférence de presse un journaliste se limite simplement à poser des questions sur un sujet préalablement établi par l'organisateur. C'est tout simple. Et la question elle est ouverte ou fermée. Durant ce face à face, visiblement et manifestement, les journalistes étaient venus pour envenimer la situation déjà critique de la lutte sénégalaise ; point n'est besoin de rappeler les incidences qui ont émaillé le dernier face à face des deux lutteurs au Radisson Blu. Les journalistes ont été dégonflé de leur bulle machiavélique. Ils étaient venus dans l'espoir de ramener avec eux de la croustillance et de l'explosion, cube maggi de leurs papiers du lendemain. La girouette journalistique a tourné heureusement en sens inverse.
Un relevé pas exhaustif de quelques propos de journalistes, ce 18 avril, est révélateur. Par exemple quelqu'un s'est permis de dire : "je remercie d'abord mon marabout avant de commencer..."; un autre : "mon collègue a déjà dit ma question; mais je vais ajouter ceci..."; ou bien " : "je ne pose pas de question, je vais faire une contribution" avec un tralala de moralité embêtante, même cette fille à l'allure svelte s'est permis d'indexer le promoteur en le traitant de "Show man". Le comble c'est ce journaliste de Walf qui apostrophe les deux lutteurs avec une violence verbale sans précédent : "vous avez fait un deal, durant ces jours derniers vous avez enflammé le pays et aujourd'hui vous avez rendu l'atmosphère très douce, regardez nous (les journalistes), nous avons même froid". Rien à dire. Mais si, un peu de chose à dire quand même et c'est Yékini qui l'a dit. Il a fait une petite leçon de culture aux journalistes en évoquant le match de football entre les équipes égyptiennes d’al-Masry et al-Ahly qui a occasionné 74 morts. Très loin de ce qui se passe dans l'arène sénégalaise. Loin de nous de cautionner la violence dans l'arène. Mais lorsqu’un gentleman agreement est trouvé, lorsqu'une bombe est désamorcée, il ne faut pas chercher la mèche pour l'allumer. Hier, nos collègues ont beau chercher la mèche, ils ne l'ont pas trouvée. Je veux bien croire que ce ne sont pas seulement les journalistes qui vivent avec l'étiquette "sportif" qui jouent à ce jeu, sinon je leur demanderai d'aller faire des entrainements et faire des bains mystiques parce que qu'ils sont allés "chez Ardo".
Loin de moi de s'ériger en donneur de leçon. Je jette simplement un faisceau critique sur une profession, ma profession. Une profession qui s'autorise d'être sentinelle de la démocratie, bouclier de l'ordre, défenseur de l'injustice, et j'en passe et qui refuse de recevoir même une once de critique. Voila ma profession : le violeur est jugé par le journaliste, le voleur voué aux gémonies, le politicien réduit en "politichien", la prostituée en saleté, l'enseignant en chasseur de primes, ...et le journaliste alors? Un grand journaliste, parmi les cinq fondateurs de Sud Hebdo m'a dit un jour : "j'ai jeté l'éponge lorsque je ne peux plus dire qui est journaliste au Sénégal". Le journaliste pour le sénégalais lambda, c'est ce menteur ; l'information fournie est jetée à la poubelle. Suppositions, Démenties et dénégation sont le lot quotidien de la profession.
Je reproduis ici la réflexion de Thierry CROUZET, il dit :" un bon journaliste est quelqu’un qui écoute les gens et leur fait dire ce qu’eux seuls peuvent dire. Il existe encore des bons journalistes. Mais j’imagine que leur vie doit être difficile dans un univers médiatique qui semble peuplé d’une armée de clones" Au Sénégal y a-t-il des clones journalistes? La question mérite bien d'être posée avec ce foisonnement de sites d'information et de quotidiens people à 100 fcfa, avec une rentabilité négative pour la plupart et qui recrute à la pelle un personnel non qualifié. C'est dommage ce beau métier est à la dérive, le journalisme de responsabilité, constructif se dérobe au profit d'un journalisme de marché et le journalisme d'investigation s'efface au profit du journalisme de connivence. Il suffit d'aller dans les séminaires pour constater comment ils s'agrippent aux perdiems, comme des nuées de mouches sur une friandise. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie (Cored) et le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) ont produit un communiqué conjoint pour dire halte à cette pratique qui ternit l'image de la profession. Hélas "le communiqué de presse", autre appellation édulcorante de perdiem est devenu le baromètre de la teneur de l'article du journaliste. Vivement que cette profession fasse un lavage avec tous les détergents nécessaires pour qu'elle ne meure pas...d'une infection virale, irréversible.
Momar Talla Béye
Journaliste
Un relevé pas exhaustif de quelques propos de journalistes, ce 18 avril, est révélateur. Par exemple quelqu'un s'est permis de dire : "je remercie d'abord mon marabout avant de commencer..."; un autre : "mon collègue a déjà dit ma question; mais je vais ajouter ceci..."; ou bien " : "je ne pose pas de question, je vais faire une contribution" avec un tralala de moralité embêtante, même cette fille à l'allure svelte s'est permis d'indexer le promoteur en le traitant de "Show man". Le comble c'est ce journaliste de Walf qui apostrophe les deux lutteurs avec une violence verbale sans précédent : "vous avez fait un deal, durant ces jours derniers vous avez enflammé le pays et aujourd'hui vous avez rendu l'atmosphère très douce, regardez nous (les journalistes), nous avons même froid". Rien à dire. Mais si, un peu de chose à dire quand même et c'est Yékini qui l'a dit. Il a fait une petite leçon de culture aux journalistes en évoquant le match de football entre les équipes égyptiennes d’al-Masry et al-Ahly qui a occasionné 74 morts. Très loin de ce qui se passe dans l'arène sénégalaise. Loin de nous de cautionner la violence dans l'arène. Mais lorsqu’un gentleman agreement est trouvé, lorsqu'une bombe est désamorcée, il ne faut pas chercher la mèche pour l'allumer. Hier, nos collègues ont beau chercher la mèche, ils ne l'ont pas trouvée. Je veux bien croire que ce ne sont pas seulement les journalistes qui vivent avec l'étiquette "sportif" qui jouent à ce jeu, sinon je leur demanderai d'aller faire des entrainements et faire des bains mystiques parce que qu'ils sont allés "chez Ardo".
Loin de moi de s'ériger en donneur de leçon. Je jette simplement un faisceau critique sur une profession, ma profession. Une profession qui s'autorise d'être sentinelle de la démocratie, bouclier de l'ordre, défenseur de l'injustice, et j'en passe et qui refuse de recevoir même une once de critique. Voila ma profession : le violeur est jugé par le journaliste, le voleur voué aux gémonies, le politicien réduit en "politichien", la prostituée en saleté, l'enseignant en chasseur de primes, ...et le journaliste alors? Un grand journaliste, parmi les cinq fondateurs de Sud Hebdo m'a dit un jour : "j'ai jeté l'éponge lorsque je ne peux plus dire qui est journaliste au Sénégal". Le journaliste pour le sénégalais lambda, c'est ce menteur ; l'information fournie est jetée à la poubelle. Suppositions, Démenties et dénégation sont le lot quotidien de la profession.
Je reproduis ici la réflexion de Thierry CROUZET, il dit :" un bon journaliste est quelqu’un qui écoute les gens et leur fait dire ce qu’eux seuls peuvent dire. Il existe encore des bons journalistes. Mais j’imagine que leur vie doit être difficile dans un univers médiatique qui semble peuplé d’une armée de clones" Au Sénégal y a-t-il des clones journalistes? La question mérite bien d'être posée avec ce foisonnement de sites d'information et de quotidiens people à 100 fcfa, avec une rentabilité négative pour la plupart et qui recrute à la pelle un personnel non qualifié. C'est dommage ce beau métier est à la dérive, le journalisme de responsabilité, constructif se dérobe au profit d'un journalisme de marché et le journalisme d'investigation s'efface au profit du journalisme de connivence. Il suffit d'aller dans les séminaires pour constater comment ils s'agrippent aux perdiems, comme des nuées de mouches sur une friandise. Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie (Cored) et le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) ont produit un communiqué conjoint pour dire halte à cette pratique qui ternit l'image de la profession. Hélas "le communiqué de presse", autre appellation édulcorante de perdiem est devenu le baromètre de la teneur de l'article du journaliste. Vivement que cette profession fasse un lavage avec tous les détergents nécessaires pour qu'elle ne meure pas...d'une infection virale, irréversible.
Momar Talla Béye
Journaliste