Voici une autre vidéo du gars
Les fake news, ces informations imaginaires et nauséabondes qui polluent l’espace public et compromettent le jeu démocratique, sont à combattre à tout prix. Leur effet nocif a été prouvé Outre-Manche comme Outre-Atlantique, notamment dans les grandes démocraties comme la Grande Bretagne et les Etats Unis. En effet, les fake news ont contribué à faire croire aux Britanniques que le BREXIT avait des avantages certains pour eux. Ce n’est qu’après coup que certains ont ouvert les yeux pour comprendre les enjeux de cette sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne. Cette manipulation de l’information a surtout participé à l’élection de l’actuel locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, aujourd’hui décrié par bien des Américains. De ce point de vue, tout combat qui concourt à lutter contre ces fausses informations est à soutenir. Comme la France, le Sénégal à travers le président Sall veut engager ce combat aux fake news. Mais attention aux dérives et aux effets pervers de cette traque aux fake news, notamment à travers internet.
De l’enquête supposée de la Cellule de traitement de l’information financière (Centif) contre Cheikh Hadjibou Soumaré, l’ancien premier ministre de Wade, au soi-disant accident vasculaire cérébral du ministre des Affaires étrangères Sidiki Kaba, le Sénégal comme tous les pays connaissent les fake news. Toutefois, dans un pays ou l’information officielle semble volontairement cachée, verrouillée au grand dam des journalistes, sous prétexte de lutter contre les fake news l’info officielle pourrait être davantage inaccessible, les journalistes contraints à une sorte de censure. Bref la liberté de presse pourrait en pâtir.
«Le net est en train d’être complètement saboté par ces mauvaises pratiques de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication», a noté Macky Sall, jeudi au Grand Théâtre lors de la cérémonie de remise des prix au Concours général.
Ce diagnostic étant fait, le Chef de l’état a clairement affiché sa volonté de les combattre non sans solliciter le ministère de l’éducation nationale. « Je demande au ministère de l’éducation nationale d’organiser une veille stratégique collective permanente pour contrecarrer les «fake news » et autres informations fausses et malveillantes. Il est donc salutaires de mobiliser l’école pour l’utilisation des politiques numériques éducatives pour un système éducatif rénové , efficace, efficient et surtout équitable », a suggéré Macky Sall en présence des présidents de l’assemblée nationale, du conseil économique et social et environnemental, du haut conseil des communautés territoriales et du Premier ministre.
Ce n’est pas pour la première fois que le président Sall dénonce les fake news. Il faut déjà l’en féliciter de s’en préoccuper certes. Mais souvent en Afrique la frilosité des pouvoirs face à l’information n’est pas à démontrer. Sous prétexte de vouloir lutter contre les fake news, les gouvernants, très peu enclins à la transparence, peuvent porter atteinte sciemment à la liberté de la presse et faire planer l’épée de Damoclès sur la tête des journalistes.
Déjà, l’accès à l’information est extrêmement verrouillé, on ne sait à quelle fin parfois sous le fallacieux prétexte d’info classée secret défense. Des informations qui n’ont rien de sensible, les autorités nous les cachent.
Par exemple, les autorités en place déclament à longueur de journée la transparence, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption… Mais allez demander des informations sur une affaire dans une direction et vous noterez comment elles se barricadent. Vous êtes tournez en bourrique jusqu’au découragement. L’adhésion du Sénégal à la norme ITIE devrait faciliter l’accès à l’information sur le secteur du pétrole et du gaz en particulier de l’ensemble des industries extractive en général, mais force est de constater que tel n’est pas le cas. Dans le même temps on chante la transparence et la bonne gouvernance. Quel paradoxe !
Si un journaliste teigneux se donne et produit une enquête et que ça dérange le gouvernement, il sera facile de prétendre que c’est une fake news et éventuellement de faire subir à l’auteur des représailles de son outrecuidance. La culture du secret, a encore le vent en poupe.
D’ailleurs quand il s’est agi de mener le combat contre ces fake news, en France, en période électorale, la présidente du Rassemblement national (RN, ex Front national) Marine Le Pen avait dénoncé un risque de censure. Pour la patronne du RN, cette loi pourrait devenir un «outil de censure» estimant que «d’une lutte de bonne foi contre la véritable désinformation, dont peuvent se rendre coupables les médias même les plus présentables, à une censure indirecte, il n’y a qu’un pas qui semble ici allègrement franchi». En France, lutter contre les fake news tel que l’envisageait le gouvernement Macron était de définir « fausse information ». Ce qu’a dénoncé aussi bien la gauche comme la droite comme étant un risque « d’atteinte à la liberté d’expression ».
Les professionnels des médias ne sont pas restés en marge de la dénonciation de ce projet de loi contre les fake news. Dans la foulée, des syndicats de journalistes et des médias, notamment des journaux Le Monde et L’Opinion avaient dénoncé, en Une, une loi « inutile » ou « potentiellement dangereuse », avec le risque également d’un effet pervers, légitimer une fausse information si le juge n’a pas les éléments pour l’interdire, rapporte actu.orange.fr.
Mais malgré les récriminations des unes et la dénonciation des autres, en début juillet, après plusieurs heures de débats tendus en juin, l’assemblée nationale a voté en première lecture, dans la nuit de 04 juillet 2018, deux propositions de loi contre « la manipulation de l’information » en période électorale, indique L’express.
En définitive les fake news, il faut bel et bien les combattre. Mais le défi reste de trouver la meilleure formule pour ne pas créer un plus grand problème en prétendant vouloir régaler un. La vigilance doit être de mise de la part de producteur mais aussi des consommateurs de l’info.