Républicains et démocrates ont enterré provisoirement la hache de guerre au Congrès à propos d'un retentissant trafic d'armes. Le fiasco de l'opération «Fast and Furious», qui impliquait le ministère de la Justice et l'Agence fédérale sur l'alcool, le tabac et les armes à feu (ATF), aurait pu coûter son poste à l'Attorney général (ministre de la Justice), le controversé Eric Holder, et créer un embarras majeur pour l'Administration Obama en pleine joute présidentielle.
L'essentiel est sauf pour le gouvernement, fors l'honneur des services impliqués dans l'opération: un épais rapport de 467 pages dévoilé mercredi par l'inspecteur général Michael Horowitz absout Holder de toute responsabilité dans la disparition de 2000 armes lors d'une opération de surveillance de la contrebande à la frontière avec le Mexique en 2009. Il dénonce cependant l'amateurisme et l'irresponsabilité du bureau local de l'ATF de Phoenix, Arizona, ainsi que du procureur local en charge de l'enquête.
Selon Horowitz, une «série de graves erreurs» de jugement aurait conduit à laisser d'imposants stocks d'armes échapper à la vigilance des agents de l'ATF et tomber entre les mains de dangereux cartels mexicains.
Un garde-frontière abattu
La manipulation, dite gunwalking, consistait à «filer»des émissaires de ces cartels venus faire leur marché auprès d'armuriers de Phoenix, puis à remonter la piste jusqu'aux «gros poissons», les véritables commanditaires. Mal conçue, mal dirigée, l'opération échoua lamentablement, 122 des armes perdues réapparaissant lors de crimes perpétrés au Mexique. Deux autres furent retrouvées près du corps d'un garde-frontière américain, Brian Terry, abattu lors d'une fusillade avec des trafiquants le 14 décembre 2010 en Arizona, déclenchant un émoi considérable aux États-Unis.
Symptomatique de la polarisation de la scène politique fédérale, «Fast and Furious»était devenu l'enjeu d'une lutte de pouvoir acharnée entre républicains et démocrates, les premiers s'étant juré de précipiter la chute de leur «bête noire», le procureur général Holder.
En juin dernier, la Chambre des représentants, dominée par l'opposition républicaine depuis 2010, avait voté la défiance contre Holder, après le refus de celui-ci de rendre publics des e-mails relatifs à la «découverte» de «Fast and Furious». Il ne fut cependant pas poursuivi au pénal, tandis que le président Barack Obama exerçait son pouvoir discrétionnaire pour bloquer la communication de ces e-mails. Horowitz estime pour sa part que Holder n'a «pas été informé» de l'opération «Fast and Furious»ni des «tactiques employées par l'ATF dans l'enquête, avant le 31 janvier 2011».
En campagne à Miami, en Floride, le président Obama s'est déclaré satisfait des conclusions du rapport et a confirmé qu'il ne limogerait pas Eric Holder. Anticipant de «potentielles sanctions» annoncées par Holder lui-même, le directeur de l'ATF, Kenneth Melson, a préféré remettre sa démission.
Par Maurin Picard
L'essentiel est sauf pour le gouvernement, fors l'honneur des services impliqués dans l'opération: un épais rapport de 467 pages dévoilé mercredi par l'inspecteur général Michael Horowitz absout Holder de toute responsabilité dans la disparition de 2000 armes lors d'une opération de surveillance de la contrebande à la frontière avec le Mexique en 2009. Il dénonce cependant l'amateurisme et l'irresponsabilité du bureau local de l'ATF de Phoenix, Arizona, ainsi que du procureur local en charge de l'enquête.
Selon Horowitz, une «série de graves erreurs» de jugement aurait conduit à laisser d'imposants stocks d'armes échapper à la vigilance des agents de l'ATF et tomber entre les mains de dangereux cartels mexicains.
Un garde-frontière abattu
La manipulation, dite gunwalking, consistait à «filer»des émissaires de ces cartels venus faire leur marché auprès d'armuriers de Phoenix, puis à remonter la piste jusqu'aux «gros poissons», les véritables commanditaires. Mal conçue, mal dirigée, l'opération échoua lamentablement, 122 des armes perdues réapparaissant lors de crimes perpétrés au Mexique. Deux autres furent retrouvées près du corps d'un garde-frontière américain, Brian Terry, abattu lors d'une fusillade avec des trafiquants le 14 décembre 2010 en Arizona, déclenchant un émoi considérable aux États-Unis.
Symptomatique de la polarisation de la scène politique fédérale, «Fast and Furious»était devenu l'enjeu d'une lutte de pouvoir acharnée entre républicains et démocrates, les premiers s'étant juré de précipiter la chute de leur «bête noire», le procureur général Holder.
En juin dernier, la Chambre des représentants, dominée par l'opposition républicaine depuis 2010, avait voté la défiance contre Holder, après le refus de celui-ci de rendre publics des e-mails relatifs à la «découverte» de «Fast and Furious». Il ne fut cependant pas poursuivi au pénal, tandis que le président Barack Obama exerçait son pouvoir discrétionnaire pour bloquer la communication de ces e-mails. Horowitz estime pour sa part que Holder n'a «pas été informé» de l'opération «Fast and Furious»ni des «tactiques employées par l'ATF dans l'enquête, avant le 31 janvier 2011».
En campagne à Miami, en Floride, le président Obama s'est déclaré satisfait des conclusions du rapport et a confirmé qu'il ne limogerait pas Eric Holder. Anticipant de «potentielles sanctions» annoncées par Holder lui-même, le directeur de l'ATF, Kenneth Melson, a préféré remettre sa démission.
Par Maurin Picard