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Forte dépendance de l’extérieur, Covid-19, exploitations familiales fragilisées… Ces goulots d’étranglement sur la politique alimentaire du Sénégal

L’institut Panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le Développement (cicODev Afrique) a organisé hier un atelier de restitution de l’étude sur l’état des lieux des politiques alimentaires au Sénégal. A cette occasion, il a été relevé les principaux goulots d’étranglement qui influent sur les orientations du gouvernement en matière de sécurité alimentaire. Des recommandations ont été formulées pour changer la donne.


Rédigé par leral.net le Dimanche 12 Septembre 2021 à 09:51 | | 0 commentaire(s)|

CICODEV Afrique» avait commandé une étude sur l’état des lieux des politiques alimentaires au Sénégal. L’objectif visé, selon son Directeur Amadou Cheikh Kanouté, est de comprendre l'environnement des politiques alimentaires au Sénégal, la cohérence et la coordination qui existent entre les différents programmes et projets guidés vers les questions alimentaires afin d'identifier des pistes pour introduire des réformes favorables à des politiques alimentaires orientées vers la souveraineté alimentaire.

Lors de la présentation du rapport hier, il a été indexé de prime abord la forte dépendance aux importations de denrées alimentaires. L’étude révèle d’ailleurs qu’en 2018, le Sénégal a importé 1 984 531 tonnes de céréales réparties comme suit :
50% concernant le riz (997 280 tonnes); 30% pour le blé (soit 604 498 tonnes) et 20% des céréales (le maïs et le mil). Elle fait état également de la prédominance du riz qui supplante les céréales locales dans les modes de consommation.

«En 40 ans, la consommation de riz brisé a augmenté de 1000% (RCSA, 2017) », apprend-on. Pendant ce temps, la production céréalière couvre 68,6% des besoins évalués à 2 909 307 tonnes en 2018, soit un gap de 1 000 000 de tonnes.

L’étude souligne aussi que le panier de la ménagère sénégalaise (céréales, huiles, poissons, viandes et légumes) est composé aux 3/4 de produits alimentaires issus des exploitations familiales. Pour autant, regrette-t-elle, ces exploitations familiales sont fragilisées par l’insécurité foncière avec le développement de l’agrobusiness ; la dégradation des terres agricoles ; la forte dépendance de l’agriculture familiale aux aléas climatiques ;

le manque de cohérence des politiques agricoles ; et les modes de consommations extraverties (préférences des produits importés ; etc. Et la pandémie de Covid- 19 ne facilite pas les choses. En effet, d’après les chercheurs de CICODEV Afrique, les incidences de la crise sanitaire risquent de mettre en péril le système alimentaire.

La politique de l’état décriée
En outre, l’Etat du Sénégal a été critiqué du fait de son manque de cohérence dans les politiques mises en oeuvre. A en croire le document parvenu à la rédaction, les politiques agricoles et alimentaires du Sénégal continuent de souffrir d’un déficit de cohérence, perceptible à l’échelle du secteur agricole et de ses sous-secteurs.

Avant d’indiquer que les cultures végétales jouissent d’une attention prioritaire au détriment de l’élevage et de la pêche, sans pour autant répondre à un objectif politique précis. Et que les investissements consentis dans les infrastructures de pêche et d’élevage sont faibles et leur gestion inefficiente, souligne le rapport qui relève dans la foulée une absence de politique spécifique à la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui nuit à la prise en compte de son caractère multisectoriel et les chevauchements des actions dans leur opérationnalisation.

Il a été noté également beaucoup de facteurs de blocage qui vont du déficit d’intégration des différents acteurs aux options orientées vers des modes de production à caractère productiviste et destructeur de l'environnement ; en passant par les difficultés d’accès aux facteurs de production, en l’occurrence la terre, l’eau, le matériel agricole et les intrants.

Sans compter les difficultés d’accès à un marché suffisamment ouvert pour l’écoulement des produits de l’agro écologie ; l’absence de contrôle de l'introduction de certaines technologies qui peuvent devenir, à long terme, néfastes pour les lieux de la production agricole et pastorale ; et le faible niveau de centralisation, d’organisation et de diffusion des bonnes pratiques agro écologiques.
L’As