François Hollande vient de changer les principaux dirigeants de la police nationale, comme il l'avait annoncé il y a plusieurs mois déjà. Le préfet de police Michel Gaudin est remplacé par Bernard Boucault, qui a déjà travaillé en son temps auprès d'un ministre socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant. Frédéric Péchenard, à la tête de la Direction générale de la police nationale (DGPN), est remplacé par le préfet de la région Languedoc-Roussillon et préfet hors-cadre de l'Hérault, Claude Balland. Enfin, Bernard Squarcini, de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), est remplacé par Patrick Calvar. Ce type de valses n'a rien d'inédit.
A chaque changement de pouvoir en France, il est de tradition au ministère de l'Intérieur de nommer aux postes les plus sensibles et les plus élevés dans la hiérarchie, des hommes réputés « proches » du nouveau président.
Certes, avant d'avoir une coloration politique particulière, les hauts fonctionnaires sont censés être essentiellement des serviteurs zêlés de l'Etat. A l'usage cependant, il s'avère qu'ils penchent quasiment tous pour un bord plutôt que pour un autre. A chaque alternance, la nouvelle équipe sait donc où puiser.
Souvent, les nominations permettent de récompenser des amis qui se sont « mouillés » pendant la campagne présidentielle, et qui n'ont pu obtenir de maroquin. Elles permettent aussi de placer des « amis d'amis » au sortir d'une longue période de purgatoire politique.
Mais attention, officiellement, cet argument n'existe pas : on choisit tout simplement les bonnes personnes, permettant de mettre sur les rails les réformes annoncées ou prévues par le nouveau pouvoir en place !
Valls congédie au petit matin
Avec un Nicolas Sarkozy fonctionnant essentiellement à l'affectif, nommé par ailleurs deux fois ministre de l'Intérieur avant d'être élu président de la République, les choses se sont forcément amplifiées dans la police. Au point que, place Beauvau, certains parlaient sous cape de « la firme » quand ils évoquaient l'organigramme mis en place par l'ancien chef de l'Etat.
Très vite, François Hollande a donc voulu prendre ses distances. Le 4 mai dernier, encore candidat, il déclarait : « Ceux qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d'autres ». D'autant qu'il soupçonnait au moins deux personnes d'avoir ces dernières années davantage servi les intérêts de l'hôte de l'Elysée que ceux de l'Etat. Ces deux moutons noirs, Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini, ont donc été remerciés.
Le premier, ancien directeur général de la Police nationale, ira rejoindre la Sécurité routière ! Le second, hier encore à la tête des renseignements français, se retrouve sans affectation réelle après avoir été mis en examen dans l'affaire des « fadettes » du journal Le Monde. Paradoxalement pourtant, ils n'ont pas été les premiers évincés.
C'est Michel Gaudin, le préfet de police de Paris, qui a payé le premier son amitié revendiquée pour le président sortant et pour Claude Guéant. Convoqué ce mardi à l'aube par Manuel Valls, il s'est vu signifier son congé, lui qui comptait déjà les mois le séparant de la retraite. Pour certains, il s'agit là d'une faute de goût, brutale de surcroît, l'homme ayant toujours essayé de remplir au mieux ses missions.
« Haut fonctionnaire de gauche »
Quand certains partent, d'autres arrivent... Et là, le choix s'avère crucial pour les années à venir. François Hollande ayant martelé pendant toute sa campagne qu'il voulait une République « exemplaire », il lui fallait des hommes compétents, reconnus par tous. Mais de son côté, l'entourage de Manuel Valls insistait sur le fait que le ministre « avait besoin de travailler dans une confiance absolue ». Il fallait donc, en même temps, des hommes qui soient loyaux avec le nouveau pouvoir en place.
Du coup, voici revenues les ambiguités évoquées précédemment ! Et c'est un fait que Bernard Boucault, qui débarque à la préfecture de police de Paris avant d'avoir complètement réformé l'Ecole nationale d'administration (ENA), qu'il dirigeait, est un « haut fonctionnaire de gauche », comme il le revendique haut et fort depuis toujours.
Sans étiquette affichée, Claude Baland, préfet pur jus, prend les rênes de la Direction général de la police nationale, tandis qu'un ancien policier passé par feu la Direction de surveillance du territoire (DST, fusionnée avec les Renseignements généraux pour créer la DCRI), Patrick Calvar, revient justement à la DCRI.
« Pour la police, on va s'arrêter là »
Ce chassé-croisé entre corps préfectoral et police devrait permettre d'apaiser les esprits, autant que de rebrasser les cartes. Dans l'opposition, on s'inquiète, on parle sans ambages de « chasse aux sorcières », on met ouvertement en doute les capacités du préfet parisien à peine désigné, on évoque avec ironie la mise en place progressive d'un Etat tout acquis au Parti socialiste.
Histoire de rassurer l'opinion publique, le président Hollande avait malgré tout été clair : « Trois personnes, ce ne sera pas une valse considérable », ajoutant que « pour la police, on va s'arrêter là ». En tout cas pour l'instant. Trois préfets au moins jouent en effet en ce moment profil bas. Tous ont été nommés à la va-vite par Nicolas Sarkozy pour faire un coup d'éclat. Il n'est pas sûr, indépendamment de leurs résultats sur le terrain, qu'ils parviennent à se faire oublier.
Il s'agit de Christian Lambert en Seine-Saint-Denis, d'Alain Gardère à Marseille et d'Eric Le Douaron à Grenoble. Pour beaucoup, il est clair que le gouvernement Hollande ne peut se permettre d'agir trop vite : après cette première salve, annoncée à l'avance, devraient suivre d'autres mouvements, plus feutrés, moins visibles, après les législatives.
SOURCE:Rfi.fr
A chaque changement de pouvoir en France, il est de tradition au ministère de l'Intérieur de nommer aux postes les plus sensibles et les plus élevés dans la hiérarchie, des hommes réputés « proches » du nouveau président.
Certes, avant d'avoir une coloration politique particulière, les hauts fonctionnaires sont censés être essentiellement des serviteurs zêlés de l'Etat. A l'usage cependant, il s'avère qu'ils penchent quasiment tous pour un bord plutôt que pour un autre. A chaque alternance, la nouvelle équipe sait donc où puiser.
Souvent, les nominations permettent de récompenser des amis qui se sont « mouillés » pendant la campagne présidentielle, et qui n'ont pu obtenir de maroquin. Elles permettent aussi de placer des « amis d'amis » au sortir d'une longue période de purgatoire politique.
Mais attention, officiellement, cet argument n'existe pas : on choisit tout simplement les bonnes personnes, permettant de mettre sur les rails les réformes annoncées ou prévues par le nouveau pouvoir en place !
Valls congédie au petit matin
Avec un Nicolas Sarkozy fonctionnant essentiellement à l'affectif, nommé par ailleurs deux fois ministre de l'Intérieur avant d'être élu président de la République, les choses se sont forcément amplifiées dans la police. Au point que, place Beauvau, certains parlaient sous cape de « la firme » quand ils évoquaient l'organigramme mis en place par l'ancien chef de l'Etat.
Très vite, François Hollande a donc voulu prendre ses distances. Le 4 mai dernier, encore candidat, il déclarait : « Ceux qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d'autres ». D'autant qu'il soupçonnait au moins deux personnes d'avoir ces dernières années davantage servi les intérêts de l'hôte de l'Elysée que ceux de l'Etat. Ces deux moutons noirs, Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini, ont donc été remerciés.
Le premier, ancien directeur général de la Police nationale, ira rejoindre la Sécurité routière ! Le second, hier encore à la tête des renseignements français, se retrouve sans affectation réelle après avoir été mis en examen dans l'affaire des « fadettes » du journal Le Monde. Paradoxalement pourtant, ils n'ont pas été les premiers évincés.
C'est Michel Gaudin, le préfet de police de Paris, qui a payé le premier son amitié revendiquée pour le président sortant et pour Claude Guéant. Convoqué ce mardi à l'aube par Manuel Valls, il s'est vu signifier son congé, lui qui comptait déjà les mois le séparant de la retraite. Pour certains, il s'agit là d'une faute de goût, brutale de surcroît, l'homme ayant toujours essayé de remplir au mieux ses missions.
« Haut fonctionnaire de gauche »
Quand certains partent, d'autres arrivent... Et là, le choix s'avère crucial pour les années à venir. François Hollande ayant martelé pendant toute sa campagne qu'il voulait une République « exemplaire », il lui fallait des hommes compétents, reconnus par tous. Mais de son côté, l'entourage de Manuel Valls insistait sur le fait que le ministre « avait besoin de travailler dans une confiance absolue ». Il fallait donc, en même temps, des hommes qui soient loyaux avec le nouveau pouvoir en place.
Du coup, voici revenues les ambiguités évoquées précédemment ! Et c'est un fait que Bernard Boucault, qui débarque à la préfecture de police de Paris avant d'avoir complètement réformé l'Ecole nationale d'administration (ENA), qu'il dirigeait, est un « haut fonctionnaire de gauche », comme il le revendique haut et fort depuis toujours.
Sans étiquette affichée, Claude Baland, préfet pur jus, prend les rênes de la Direction général de la police nationale, tandis qu'un ancien policier passé par feu la Direction de surveillance du territoire (DST, fusionnée avec les Renseignements généraux pour créer la DCRI), Patrick Calvar, revient justement à la DCRI.
« Pour la police, on va s'arrêter là »
Ce chassé-croisé entre corps préfectoral et police devrait permettre d'apaiser les esprits, autant que de rebrasser les cartes. Dans l'opposition, on s'inquiète, on parle sans ambages de « chasse aux sorcières », on met ouvertement en doute les capacités du préfet parisien à peine désigné, on évoque avec ironie la mise en place progressive d'un Etat tout acquis au Parti socialiste.
Histoire de rassurer l'opinion publique, le président Hollande avait malgré tout été clair : « Trois personnes, ce ne sera pas une valse considérable », ajoutant que « pour la police, on va s'arrêter là ». En tout cas pour l'instant. Trois préfets au moins jouent en effet en ce moment profil bas. Tous ont été nommés à la va-vite par Nicolas Sarkozy pour faire un coup d'éclat. Il n'est pas sûr, indépendamment de leurs résultats sur le terrain, qu'ils parviennent à se faire oublier.
Il s'agit de Christian Lambert en Seine-Saint-Denis, d'Alain Gardère à Marseille et d'Eric Le Douaron à Grenoble. Pour beaucoup, il est clair que le gouvernement Hollande ne peut se permettre d'agir trop vite : après cette première salve, annoncée à l'avance, devraient suivre d'autres mouvements, plus feutrés, moins visibles, après les législatives.
SOURCE:Rfi.fr