C’est le buzz du jour, cela sera peut-être le scandale de l’année. La toile s’enflamme, les médias ne savent plus où donner de la tête et chacun y va de son avis.
La rumeur sur la relation entre François Hollande et Julie Gayet faisait déjà parler dans "les milieux bien informés", et elle avait même était évoquée en décembre dans "Le Grand Journal ". Mais nous avons désormais passé un stade et c’est un bouleversement car c’est la première fois que la relation extra-conjugale d’un président de la République est évoquée ouvertement.
Je pense que toute personne a droit au respect de sa vie privée et que cette affaire ne regarde certainement pas le grand public, mais ce n’est pas ce dont je vais parler ici. "L’affaire" n'est pas confirmée, mais on en parle partout. Voyons donc plutôt les conséquences en terme de peoplitique.
Le politique est devenu un people comme un autre
Comme je l’ai constaté dans mon livre, la peoplisation de la politique a beaucoup évolué à partir de 2006. Nous étions au début de la campagne électorale de 2007, et Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy connaissaient chacun une vie privée mouvementée. C’était d’ailleurs déjà le magazine "Closer" qui affichait en Une les aventures d’une Ségolène en bikini à la plage dès 2006.
Dans un deuxième temps, et après l’élection, c’est Nicolas Sarkozy qui a affiché très vite sa relation avec Carla Bruni, n’hésitant pas à mettre en avant sa vie privée. Cette communication sur sa vie intime a contribué, quoi qu’on en dise, à son humanisation.
Nous le savons, François Hollande n’est pas sur cette ligne, et il a toujours refusé de mettre en avant sa vie privée. Or il semble (si l'information est vraie) qu'il a été pris le doigt dans le pot de confiture (si je puis m’exprimer ainsi). Il va donc falloir changer de braquet.
La société aussi a changé
Il y a 30 ans, un président pouvait avoir une double vie, une enfant cachée. Mazarine était connue des journalistes sans que cela se sache, le secret était bien gardé.
Que s’est-il passé depuis ? D’une part, les magazines people sont apparus et la presse généraliste n’hésite pas à reprendre des informations et photos dont elle déplore l’existence mais dont elle fait ses choux gras. Ces scoops se vendent, divertissent le public, les relations secrètes excitent l’imagination. C’est "Les feux de l’amour", mais pour de vrai.
D’autre part, la société elle-même a changé. Avant, les couples se séparaient moins souvent, les incartades étaient cachées et on restait ensemble pour les enfants et pour l’image. C’est désormais moins le cas, on hésite moins à se séparer et à "refaire sa vie", comme en témoigne le nombre croissant de familles recomposées.
Une peoplisation qui humanise le président
Dès lors, pourquoi un homme, fut-il président de la République échapperait-il à cela ? François Hollande, pendant sa campagne, envisageait de vivre comme quelqu’un de "normal", on peut considérer que du point de vue de la vie amoureuse, et si ce que raconte "Closer" est vrai, nous y sommes. Par ailleurs, Valérie Trierweiller n’est pas appréciée des Français. On peut donc imaginer qu’une fois la tempête passée, le président y gagne en terme d’image. Si du moins Valérie ne joue pas la femme trahie dans la presse, car cela pourrait être dévastateur…
Les résultats de mes travaux sur le phénomène people ont montré que cette presse contribue à humaniser les personnes qui apparaissent dans ces magazines.
Je ne suis pas ici sur le terrain du "bien" ou du "mal" mais sur le constat suivant : en apparaissant dans la presse people, les célébrités sont considérées comme des personnes "comme les autres", qui vivent, qui aiment, qui ont des forces et des faiblesses. Si la star est au firmament, et qu'elle est au-dessus de nous, le people n'est pas dans ce cas : il peut avoir des qualités, mais il est aussi "comme vous et moi".
La communication d'un homme politique doit aujourd'hui nécessairement passer par cette part d'humanisation. Et qu'est-ce qui rassemble plus que l'amour ?
Si cela s'avère réel, il va donc falloir assumer sans en faire trop, et comprendre que la peoplisation peut contribuer à humaniser un président jugé parfois trop éloigné des français. François Hollande serait donc bien un homme "normal", le "président des bisous".
Source: leplus.nouvelobs.com