Frank Timis a toujours su s’attirer les bonnes grâces des hommes politiques en place, souvent avec l’appui de sociétés publiques et de personnalités bien placées.
Pour en savoir un peu plus sur la personne de Frank Timis, Leral.net vous propose de lire cette enquête réalisée le 5 septembre 2014 par «Jeune Afrique) sur Frank Timis. Ce dernier a fait ses premières armes dans les gisements d'or de sa Roumanie natale avant de débarquer, il y a dix ans, en Afrique de l'Ouest. Son appétit pour les richesses du sous-sol semble insatiable. Mais ses méthodes ne plaisent pas à tout le monde. Y compris dans l'une de ses entreprises...
Sa dernière acquisition ? Quatre permis d’exploration dans l’uranium en juin 2014 au Niger. Un pays et une filière minière de plus pour Frank Timis, surnommé The Gusher – un terme qui désigne un geyser ou un puits de pétrole jaillissant -, en référence à sa rapidité légendaire à saisir les occasions qui se présentent.
Homme d’affaires hâbleur et charismatique
Âgé de 51 ans (Ndlr : Frank Timis a en 2016 53 ans), cet homme d’affaires hâbleur et charismatique est en train de bâtir un empire dans le secteur extractif en Afrique de l’Ouest, une région qu’il considère comme le nouvel eldorado minier. Le tycoon a commencé dans le fer et le diamant en Sierra Leone après la fin de la guerre civile, avant de s’intéresser au sous-sol de la Guinée, du Burkina Faso puis de la Côte d’Ivoire. « Le potentiel régional est comparable à celui du Nord-Ouest australien que j’ai connu dans les années 1970, à mes débuts », pariait, lors d’une interview à Jeune Afrique en janvier 2011, celui qui cumule les nationalités roumaine et australienne.
Les trois piliers d’un empire africain
Pan African Minerals
o Société non cotée
o Propriété exclusive de Frank Timis
o Possède une filiale au Burkina Faso (gisement de Tambao, manganèse), une autre en Côte d’Ivoire et une troisième en Guinée
African Minerals
o Cotée sur le marché alternatif à Londres (AIM)
o Détenue à 13 % par l’homme d’affaires
o Présente en Sierra Leone (gisements de Tonkolili, fer et diamants)
African Petroleum
o Coté à la bourse australienne ASX et à Oslo (Oslo Axess)
o Détenue à 40% par l’Australo-Roumain
o Détient les concessions sur huit blocs pétroliers offshore au Liberia, en Sierra Leone, au Sénégal et en Côte d’Ivoire (deux blocs dans chacun de ces pays), deux autres étant en contentieux avec l’État gambien
Et ce pari commence à porter ses fruits : sa mine de fer sierra-léonaise de Tonkolili a déjà démarré en 2012 ; celle de manganèse de Tambao (100 millions de tonnes de réserves estimées) au Burkina commencera sa production en décembre. Quant à la phase développement de son – modeste – gisement de fer du mont Klahoyo, dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, elle débutera en 2015 ; et celle de son bloc pétrolier offshore CI-509, en 2016.
Deux avions privés, des Bombardier Challenger 604
C’est depuis le siège londonien de son groupe, non loin du palais de Buckingham, que l’Australo-Roumain dirige ses affaires. Mais, il cherche à faire d’Abidjan le coeur de son dispositif. Poids lourd économique et logistique dans la sous-région, la Côte d’Ivoire est un passage obligé pour l’exportation des minerais et des hydrocarbures qui seront tirés de ses gisements de l’hinterland ouest-africain.
Grâce à ses deux avions privés, des Bombardier Challenger 604, il se rend régulièrement dans la capitale ivoirienne où il a promis aux autorités des investissements faramineux de plus de 5 milliards de dollars (3,73 milliards d’euros).
Il en aurait les moyens : l’homme a su, jusqu’à présent, garder la confiance des grandes banques anglo-saxonnes comme JP Morgan, bien qu’il ait été condamné à 600 000 livres sterling (750 000 euros) d’amende en 2006 par la Financial Service Authority (FSA) pour déclarations mensongères – trop optimistes – à propos d’un projet pétrolier en Grèce.
Sa filiale ivoirienne est installée au troisième étage de l’immeuble Teylium, dans le quartier du Plateau, le coeur des affaires abidjanaises. Et l’on voit régulièrement Frank Timis, mais aussi l’Anglais Guy Blakeney, son directeur du développement, et Alexander Fairbairn, son directeur opérationnel, dans les restaurants huppés de la capitale économique ouest-africaine.
Frank Timis a toujours su s’attirer les bonnes grâces des hommes politiques en place
Alors que tout semblait bien engagé sur le continent, l’homme d’affaires est entré dans une mauvaise passe ces dernières semaines. Mi-août à Londres, le conseil d’administration d’African Minerals, l’un de ses trois groupes actifs sur le continent, remettait en question son statut de PDG en raison d’une transaction opaque. Et pendant ce temps en Afrique de l’Ouest, c’est sa manière de faire des affaires qui fait l’objet de vives critiques. Frank Timis a toujours su s’attirer les bonnes grâces des hommes politiques en place, souvent avec l’appui de sociétés publiques et de personnalités bien placées.
Une méthode qui a fait ses preuves en Afrique anglophone avant d’être appliquée côté francophone. En Sierra Leone, c’est par l’intermédiaire de Lord Anthony St John, connu au Royaume-Uni pour ses interventions dans les questions africaines, qu’il rencontre Ahmad Tejan Kabbah, le chef de l’État de l’époque, et l’un de ses proches, Gibril Bangoura, devenu depuis directeur général d’African Petroleum.
Au Liberia, il a notamment rencontré à plusieurs reprises Robert Alvin Sirleaf, fils de la présidente libérienne et ancien patron de la compagnie pétrolière nationale Nocal. Au Sénégal, c’est avec Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, qu’il fait des affaires, les deux hommes étant associés au sein de Petro Tim.
À chaque fois, Timis, qui sait se montrer chaleureux, n’hésite pas à convoyer ministres et officiels à bord de l’un de ses jets privés, ainsi qu’on l’a vu faire au Burkina Faso au moment de la conclusion de la concession de Tambao, en 2013.
La méthode Timis
En Côte d’Ivoire, la même approche a été appliquée. Après l’élection d’Alassane Ouattara à la présidence, en 2011, il a d’abord eu recours à Mamadi Diané, conseiller diplomatique très influent à la présidence et fondateur d’Amex International, une société de conseil en lobbying basée à Washington. Par son intermédiaire, Frank Timis a débauché Fanta Diéné Kaba, l’ex-directrice générale de l’agence de communication Havas en Côte d’Ivoire. Il en a fait la directrice générale de Pan African Minerals Côte d’Ivoire, actionnaire de toutes les filiales de Timis dans le pays.
L’homme d’affaires a aussi bénéficié du soutien du ministre Adama Toungara, au moment où ce dernier cumulait les portefeuilles des Mines et de l’Énergie. African Petroleum a ainsi obtenu coup sur coup, fin 2011 et mi-2012, ses deux blocs pétroliers CI-509 et CI-513 au large de San Pedro, puis son permis minier du mont Klahoyo.
Timis chez les hommes intègres
Mais, sur les rives de la lagune Ébrié, la méthode Timis passe mal. Les patrons des secteurs logistique et extractif craignent d’être écartés des dossiers où il a des intérêts. Le groupe belge Sea Invest, concessionnaire du terminal minéralier du port d’Abidjan, en a fait l’expérience. « Alors que nous lui proposions une coopération commerciale, Frank Timis souhaitait prendre des parts dans notre capital. Et ses soutiens politiques nous ont mis une grosse pression », indique une source au sein de Sea Invest.
Pour y échapper, la société a fait appel à Peter Huyghebaert, l’ambassadeur du royaume de Belgique en Côte d’Ivoire. Celui-ci a dû monter au créneau auprès du gouvernement, sollicitant même l’arbitrage du président Alassane Ouattara, qui a finalement décidé que l’entrepreneur australo-roumain gérerait un terminal minéralier à part à Abidjan.
Connection avec Bolloré
Sitarail, la filiale commune du groupe Bolloré Africa Logistics (BAL) et des États ivoirien et burkinabè, est aussi dans le viseur de Frank Timis. Ce dernier avait réussi début 2014 à convaincre les deux exécutifs de lui confier le projet de réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya, actuellement géré par Sitarail, de même que son extension jusqu’à la mine de Tambao. Objectif de Timis : sécuriser l’acheminement de son minerai de manganèse jusqu’au port d’Abidjan. Pour la réalisation de ces infrastructures, Timis compte, comme il l’a fait en Sierra Leone, sur ses alliés chinois, et en particulier sur China Railways Group (CRG), qui avait construit la voie ferrée pour sa mine de Tonkolili en échange d’une partie de la production de fer. Un principe qui pourrait être appliqué pour le manganèse de Tambao ou le fer du mont Klahoyo…
Mais Vincent Bolloré en personne a débarqué fin avril 2014 à Abidjan pour obtenir que la réhabilitation et la gestion de la voie ferrée Abidjan-Kaya lui restent acquises. « Timis n’a toujours pas renoncé au projet de chemin de fer. Désormais, il s’appuie sur le gouvernement burkinabè pour nous contraindre à lui faire une place », confie cependant un haut cadre de BAL à Abidjan. À Ouagadougou, Timis peut en effet se prévaloir de sérieux soutiens, à commencer par François Compaoré, conseiller économique à la présidence et frère cadet du président Blaise Compaoré, et par le Premier ministre, Luc-Adolphe Tiao. Le « Gusher » a plus d’un tour dans son sac pour parvenir à ses fins.
Soupçons de malversations chez African Minerals
Le conseil d’administration d’African Minerals, qui s’est réuni mi-août en l’absence du fondateur du groupe, pourrait mettre un terme au mandat de ce dernier comme tout-puissant président. Selon Roger Liddell, directeur non exécutif du groupe, Frank Timis aurait autorisé un versement suspect de 50 millions de dollars au profit de Global Iron Ore (GIO), une société chypriote dont il détiendrait 25 des parts. Cette transaction correspondrait à une indemnité versée à la suite de la résiliation d’un contrat de logistique avec GIO, finalement attribué au groupe chinois Shandong Iron & Steel. Cette opération fait l’objet d’une investigation interne.
Selon le quotidien britannique The Times, le fondateur et directeur général de GIO n’est autre qu’Eden Dervan, un ancien des forces spéciales britanniques (SAS) qui a été condamné pour possession illégale de matériel militaire en 2008 dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent. Et un des actionnaires de GIO serait Dermot Coughlan, un ancien directeur non exécutif d’African Minerals qui a démissionné en juillet dernier. Les représentants de Frank Timis assurent qu’il ne détient pas de parts dans GIO et nient tout enrichissement personnel. Mais l’affaire met African Minerals dans l’embarras.
Les fonds d’investissement BlackRock et Franklin Templeton auraient réduit leurs participations de plus de 10 % chacun à moins de 5 % aujourd’hui, entraînant une chute de 33% du titre en une semaine à Londres. Le conseil d’administration d’African Minerals souhaiterait que Frank Timis lâche à moyen terme les rênes au profit d’une gouvernance plus orthodoxe et transparente, à l’image de ce qui s’est passé au sein d’African Petroleum, où Frank Timis n’a plus de fonction opérationnelle depuis octobre 2013.Xalass : Il menace d’éléphantiasis des organes génitaux le taximan qui a volé ses bagages.
Source Jeune Afrique
Sa dernière acquisition ? Quatre permis d’exploration dans l’uranium en juin 2014 au Niger. Un pays et une filière minière de plus pour Frank Timis, surnommé The Gusher – un terme qui désigne un geyser ou un puits de pétrole jaillissant -, en référence à sa rapidité légendaire à saisir les occasions qui se présentent.
Homme d’affaires hâbleur et charismatique
Âgé de 51 ans (Ndlr : Frank Timis a en 2016 53 ans), cet homme d’affaires hâbleur et charismatique est en train de bâtir un empire dans le secteur extractif en Afrique de l’Ouest, une région qu’il considère comme le nouvel eldorado minier. Le tycoon a commencé dans le fer et le diamant en Sierra Leone après la fin de la guerre civile, avant de s’intéresser au sous-sol de la Guinée, du Burkina Faso puis de la Côte d’Ivoire. « Le potentiel régional est comparable à celui du Nord-Ouest australien que j’ai connu dans les années 1970, à mes débuts », pariait, lors d’une interview à Jeune Afrique en janvier 2011, celui qui cumule les nationalités roumaine et australienne.
Les trois piliers d’un empire africain
Pan African Minerals
o Société non cotée
o Propriété exclusive de Frank Timis
o Possède une filiale au Burkina Faso (gisement de Tambao, manganèse), une autre en Côte d’Ivoire et une troisième en Guinée
African Minerals
o Cotée sur le marché alternatif à Londres (AIM)
o Détenue à 13 % par l’homme d’affaires
o Présente en Sierra Leone (gisements de Tonkolili, fer et diamants)
African Petroleum
o Coté à la bourse australienne ASX et à Oslo (Oslo Axess)
o Détenue à 40% par l’Australo-Roumain
o Détient les concessions sur huit blocs pétroliers offshore au Liberia, en Sierra Leone, au Sénégal et en Côte d’Ivoire (deux blocs dans chacun de ces pays), deux autres étant en contentieux avec l’État gambien
Et ce pari commence à porter ses fruits : sa mine de fer sierra-léonaise de Tonkolili a déjà démarré en 2012 ; celle de manganèse de Tambao (100 millions de tonnes de réserves estimées) au Burkina commencera sa production en décembre. Quant à la phase développement de son – modeste – gisement de fer du mont Klahoyo, dans l’ouest montagneux de la Côte d’Ivoire, elle débutera en 2015 ; et celle de son bloc pétrolier offshore CI-509, en 2016.
Deux avions privés, des Bombardier Challenger 604
C’est depuis le siège londonien de son groupe, non loin du palais de Buckingham, que l’Australo-Roumain dirige ses affaires. Mais, il cherche à faire d’Abidjan le coeur de son dispositif. Poids lourd économique et logistique dans la sous-région, la Côte d’Ivoire est un passage obligé pour l’exportation des minerais et des hydrocarbures qui seront tirés de ses gisements de l’hinterland ouest-africain.
Grâce à ses deux avions privés, des Bombardier Challenger 604, il se rend régulièrement dans la capitale ivoirienne où il a promis aux autorités des investissements faramineux de plus de 5 milliards de dollars (3,73 milliards d’euros).
Il en aurait les moyens : l’homme a su, jusqu’à présent, garder la confiance des grandes banques anglo-saxonnes comme JP Morgan, bien qu’il ait été condamné à 600 000 livres sterling (750 000 euros) d’amende en 2006 par la Financial Service Authority (FSA) pour déclarations mensongères – trop optimistes – à propos d’un projet pétrolier en Grèce.
Sa filiale ivoirienne est installée au troisième étage de l’immeuble Teylium, dans le quartier du Plateau, le coeur des affaires abidjanaises. Et l’on voit régulièrement Frank Timis, mais aussi l’Anglais Guy Blakeney, son directeur du développement, et Alexander Fairbairn, son directeur opérationnel, dans les restaurants huppés de la capitale économique ouest-africaine.
Frank Timis a toujours su s’attirer les bonnes grâces des hommes politiques en place
Alors que tout semblait bien engagé sur le continent, l’homme d’affaires est entré dans une mauvaise passe ces dernières semaines. Mi-août à Londres, le conseil d’administration d’African Minerals, l’un de ses trois groupes actifs sur le continent, remettait en question son statut de PDG en raison d’une transaction opaque. Et pendant ce temps en Afrique de l’Ouest, c’est sa manière de faire des affaires qui fait l’objet de vives critiques. Frank Timis a toujours su s’attirer les bonnes grâces des hommes politiques en place, souvent avec l’appui de sociétés publiques et de personnalités bien placées.
Une méthode qui a fait ses preuves en Afrique anglophone avant d’être appliquée côté francophone. En Sierra Leone, c’est par l’intermédiaire de Lord Anthony St John, connu au Royaume-Uni pour ses interventions dans les questions africaines, qu’il rencontre Ahmad Tejan Kabbah, le chef de l’État de l’époque, et l’un de ses proches, Gibril Bangoura, devenu depuis directeur général d’African Petroleum.
Au Liberia, il a notamment rencontré à plusieurs reprises Robert Alvin Sirleaf, fils de la présidente libérienne et ancien patron de la compagnie pétrolière nationale Nocal. Au Sénégal, c’est avec Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, qu’il fait des affaires, les deux hommes étant associés au sein de Petro Tim.
À chaque fois, Timis, qui sait se montrer chaleureux, n’hésite pas à convoyer ministres et officiels à bord de l’un de ses jets privés, ainsi qu’on l’a vu faire au Burkina Faso au moment de la conclusion de la concession de Tambao, en 2013.
La méthode Timis
En Côte d’Ivoire, la même approche a été appliquée. Après l’élection d’Alassane Ouattara à la présidence, en 2011, il a d’abord eu recours à Mamadi Diané, conseiller diplomatique très influent à la présidence et fondateur d’Amex International, une société de conseil en lobbying basée à Washington. Par son intermédiaire, Frank Timis a débauché Fanta Diéné Kaba, l’ex-directrice générale de l’agence de communication Havas en Côte d’Ivoire. Il en a fait la directrice générale de Pan African Minerals Côte d’Ivoire, actionnaire de toutes les filiales de Timis dans le pays.
L’homme d’affaires a aussi bénéficié du soutien du ministre Adama Toungara, au moment où ce dernier cumulait les portefeuilles des Mines et de l’Énergie. African Petroleum a ainsi obtenu coup sur coup, fin 2011 et mi-2012, ses deux blocs pétroliers CI-509 et CI-513 au large de San Pedro, puis son permis minier du mont Klahoyo.
Timis chez les hommes intègres
Mais, sur les rives de la lagune Ébrié, la méthode Timis passe mal. Les patrons des secteurs logistique et extractif craignent d’être écartés des dossiers où il a des intérêts. Le groupe belge Sea Invest, concessionnaire du terminal minéralier du port d’Abidjan, en a fait l’expérience. « Alors que nous lui proposions une coopération commerciale, Frank Timis souhaitait prendre des parts dans notre capital. Et ses soutiens politiques nous ont mis une grosse pression », indique une source au sein de Sea Invest.
Pour y échapper, la société a fait appel à Peter Huyghebaert, l’ambassadeur du royaume de Belgique en Côte d’Ivoire. Celui-ci a dû monter au créneau auprès du gouvernement, sollicitant même l’arbitrage du président Alassane Ouattara, qui a finalement décidé que l’entrepreneur australo-roumain gérerait un terminal minéralier à part à Abidjan.
Connection avec Bolloré
Sitarail, la filiale commune du groupe Bolloré Africa Logistics (BAL) et des États ivoirien et burkinabè, est aussi dans le viseur de Frank Timis. Ce dernier avait réussi début 2014 à convaincre les deux exécutifs de lui confier le projet de réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya, actuellement géré par Sitarail, de même que son extension jusqu’à la mine de Tambao. Objectif de Timis : sécuriser l’acheminement de son minerai de manganèse jusqu’au port d’Abidjan. Pour la réalisation de ces infrastructures, Timis compte, comme il l’a fait en Sierra Leone, sur ses alliés chinois, et en particulier sur China Railways Group (CRG), qui avait construit la voie ferrée pour sa mine de Tonkolili en échange d’une partie de la production de fer. Un principe qui pourrait être appliqué pour le manganèse de Tambao ou le fer du mont Klahoyo…
Mais Vincent Bolloré en personne a débarqué fin avril 2014 à Abidjan pour obtenir que la réhabilitation et la gestion de la voie ferrée Abidjan-Kaya lui restent acquises. « Timis n’a toujours pas renoncé au projet de chemin de fer. Désormais, il s’appuie sur le gouvernement burkinabè pour nous contraindre à lui faire une place », confie cependant un haut cadre de BAL à Abidjan. À Ouagadougou, Timis peut en effet se prévaloir de sérieux soutiens, à commencer par François Compaoré, conseiller économique à la présidence et frère cadet du président Blaise Compaoré, et par le Premier ministre, Luc-Adolphe Tiao. Le « Gusher » a plus d’un tour dans son sac pour parvenir à ses fins.
Soupçons de malversations chez African Minerals
Le conseil d’administration d’African Minerals, qui s’est réuni mi-août en l’absence du fondateur du groupe, pourrait mettre un terme au mandat de ce dernier comme tout-puissant président. Selon Roger Liddell, directeur non exécutif du groupe, Frank Timis aurait autorisé un versement suspect de 50 millions de dollars au profit de Global Iron Ore (GIO), une société chypriote dont il détiendrait 25 des parts. Cette transaction correspondrait à une indemnité versée à la suite de la résiliation d’un contrat de logistique avec GIO, finalement attribué au groupe chinois Shandong Iron & Steel. Cette opération fait l’objet d’une investigation interne.
Selon le quotidien britannique The Times, le fondateur et directeur général de GIO n’est autre qu’Eden Dervan, un ancien des forces spéciales britanniques (SAS) qui a été condamné pour possession illégale de matériel militaire en 2008 dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent. Et un des actionnaires de GIO serait Dermot Coughlan, un ancien directeur non exécutif d’African Minerals qui a démissionné en juillet dernier. Les représentants de Frank Timis assurent qu’il ne détient pas de parts dans GIO et nient tout enrichissement personnel. Mais l’affaire met African Minerals dans l’embarras.
Les fonds d’investissement BlackRock et Franklin Templeton auraient réduit leurs participations de plus de 10 % chacun à moins de 5 % aujourd’hui, entraînant une chute de 33% du titre en une semaine à Londres. Le conseil d’administration d’African Minerals souhaiterait que Frank Timis lâche à moyen terme les rênes au profit d’une gouvernance plus orthodoxe et transparente, à l’image de ce qui s’est passé au sein d’African Petroleum, où Frank Timis n’a plus de fonction opérationnelle depuis octobre 2013.Xalass : Il menace d’éléphantiasis des organes génitaux le taximan qui a volé ses bagages.
Source Jeune Afrique