QUELLES PERSPECTIVES POUR LA GUINEE ?
Nouvelle CENI : Un pas en avant – Deux pas en arrière
Près de deux ans après l’installation au pouvoir d’un civil élu, la CENI, au cœur du blocage politique empêchant la clôture de la transition, a été enfin « recomposée ». Les vingt cinq nouveaux membres ont prêté serment et ont été installés. Mais curieusement, la nouvelle CENI a été choisie en excluant l’UFD/FDP. Notre coalition a été privée illégalement et de façon totalement arbitraire de son droit d’être représentée à la CENI, comme elle l’était auparavant. S’agissant de postes non électifs, il n’y a eu aucune concertation quelconque pour fixer des critères d’éligibilité et déterminer qui peut y répondre. L’affaire a été bouclée dans l’opacité totale, par un arrangement entre le pouvoir et le tandem Collectif-ADP, en violant ouvertement la loi. C’était une affaire entre petits copains en passant par des combinaisons politico-ethniques. Tout le monde a constaté que sur la liste de l’opposition, il y a un parti centriste, qui a reconnu lui-même que dans le cadre de la loi actuelle, il ne pouvait pas siéger à la CENI. Plus grave encore, n’importe qui est en mesure de dire si réellement tous les partis qui ont obtenu un siège à la nouvelle CENI au compte de l’opposition sont plus méritants, plus représentatifs et plus engagés dans l’arène politique que l’UFD. Les deux compères, le pouvoir et la pseudo-opposition, ont sans doute leurs raisons de chercher à marginaliser le FDP, en lui déniant ses droits, quitte à violer ensemble la loi, comme c’est de coutume dans notre pays qui reste hélas, un Etat de non droit. Cet épisode a au moins le mérite de montrer au peuple de Guinée le vrai visage de ceux qui, tout en se prétendant « opposants farouches », n’ont rien à envier au pouvoir en matière de démocratie et de respect du pluralisme politique. Plutôt que d’emprunter les voies du dialogue pour qu’ensemble, nous travaillions à une véritable réforme en profondeur de la CENI, la pseudo-opposition s’est précipitée sur l’os qui lui a été jeté. La nouvelle institution taillée sur mesure pour et par le pouvoir, n’échappera à aucun des maux qui ont miné l’ancienne CENI : clanisme, esprit partisan exacerbé, affairisme, corruption, mépris de l’intérêt général. Par la faute de la pseudo-opposition, le pouvoir est encore plus fort dans la nouvelle CENI qu’avant. Avec la nouvelle CENI, les perspectives de la tenue prochaine d’élections libres, équitables et apaisées sont toujours aussi éloignées. Ceux qui ont posé ces actes devront un jour en répondre devant le peuple de Guinée. Un vrai dirigeant de l’opposition est avant tout un rassembleur capable de faire preuve d’ouverture d’esprit et de clairvoyance. Une opposition crédible est celle qui peut convaincre qu’elle fait partie de la solution aux problèmes de notre pays et qu’elle n’est pas elle-même une partie du problème. La pseudo-opposition reproche simplement au pouvoir de ne pas lui laisser accéder à la mangeoire pour faire la même politique, à quelques détails près. En marge de cette affaire, il faut dire que le cas Loucény CAMARA, ancien président contesté de la CENI, nommé par la suite Ministre du tourisme mérite, d’être souligné. Cette nomination confirme de façon éclatante son appartenance depuis toujours à un parti politique dont il a défendu les intérêts bec et ongles, jusqu’au bout. Ainsi, tombent les masques de la fameuse société civile guinéenne, prétendument apolitique, neutre ou au-dessus des partis. Pour finir sur cette question, nous réaffirmons qu’en principe ce n’est pas la CENI qui vote, c’est le peuple de Guinée. C’est à lui que nous allons nous adresser pour le convaincre dans sa majorité que le FDP est la solution pour le changement véritable dont il a urgemment besoin. Nous utiliserons toutes les ressources du Code électoral pour défendre nos droits.
Avec l’Arc-en-ciel, le changement invisible
Le nouveau Président a été élu sur la promesse de s’attaquer aux multiples maux qui gangrènent la Guinée depuis l’indépendance et qui ont achevé de la ruiner. Le lourd héritage de cinquante ans de dictatures, de corruption et de prédation du bien public est connu de tous. On se serait attendu à ce que le nouveau pouvoir s’attaque de façon résolue et méthodique à ces maux qui plombent le développement de la Guinée et qui ont fait d’elle l’un des plus pauvres et les plus corrompus d’Afrique et du monde. Mais deux ans après, que constate-ton? L’écrasante majorité des Guinéens vivent plus mal qu’avant. L’économie est moribonde. Tous les investisseurs qui, sachant les énormes potentialités du pays avaient accouru pour y travailler sont partis, désabusés, laissant sur le carreau les Guinéens qui perdent ainsi leurs précieux emplois. Les compagnies minières notamment, lassées par le mauvais environnement de travail et les tergiversations du pouvoir, plient bagages, les unes après les autres. Leurs sous-traitants licencient actuellement à tour de bras. Tous les acteurs économiques sont confrontés à l’immobilisme du pouvoir et à l’incompétence de ses soi-disant cadres, tous cooptés sur la base du compagnonnage.
Economie en ruine
Le pouvoir donne l’impression de n’avoir aucune politique économique. Il se complait dans les annonces spectaculaires et les poses tapageuses de premières pierres, sans que rien de concret ne suive. Tout le réseau routier (routes nationales, routes secondaires et pistes rurales) se meurt, faute d’entretien ou de rénovation. La seule politique en ce domaine consiste à rafistoler des pistes menant à des localités habitées par des notabilités religieuses dont le pouvoir cherche l’appui. Cette situation pèse négativement sur l’économie et contribuant à la hausse inexorable du coût de la vie. L’incurie et l’incapacité du pouvoir à promouvoir le progrès économique et social se manifeste à tous les niveaux. De grandes entreprises comme la SOTELGUI sont acculées à la faillite, alors que bien gérées, elles sont viables et peuvent faire vivre des milliers de familles. L’usine de bauxite et d’alumine de Fria est à l’arrêt depuis plus de 8 mois, plongeant les travailleurs et la population de cette préfecture dans la misère et même la famine. Le Stade de Nongo, joyau construit par la coopération chinoise est à l’abandon, faute pour la Guinée de remplir ses engagements de contrepartie. L’hôpital de référence de Kipé dont la construction est achevée depuis longtemps n’est toujours pas fonctionnel, à cause des conflits d’intérêts de toutes sortes qui le paralysent. Le département de la santé, comme beaucoup d’autres est englué dans des querelles d’attribution entre ministres et ministres-délégués. La fonction publique croule toujours sous le poids d’un nombre indéterminé de fonctionnaires fictifs, sans que rien ne soit fait pour y remédier, afin de pouvoir enfin payer un salaire décent aux vrais fonctionnaires. Lorsque de simples citoyens dénoncent publiquement ces fraudes, preuves à l’appui, il ne se passe rien. D’ailleurs l’infortuné Mamadou Alpha Diallo, statisticien qui travaillait sur ces fameux « doublons » a été assassiné. Dans ces conditions, augmenter les salaires de la fonction publique équivaudrait à enrichir encore plus les fraudeurs. Même quand une mesure économique positive est prise, comme la distribution d’engrais et d’intrants subventionnés, elle ne produit pas les effets escomptés à cause de la désorganisation de l’Administration et la corruption effrénée qui règne en maîtresse.
Gestion non transparente des finances publiques
Dès le départ, il était connu que le plus grand défi auquel le pouvoir devait faire face est la gestion des finances publiques. C’est dans ce domaine qu’il était le plus attendu. Et l’attente est restée vaine…Nous avons eu à poser de nombreuses questions précises sur des faits relatifs à des emprunts de l’Etat : les 25 millions de Dollars US de Palladino, les 150 millions de Dollars US de l’Etat angolais associé aux Chinois de Chinalco et surtout l’utilisation effective des 700 millions de Dollars US payés par Rio Tinto. Le gouvernement n’a donné aucune réponse convaincante à toutes ces questions. Il se montre incapable de profiter de la maitrise de la monnaie pour favoriser l’investissement, la croissance et l’emploi. Tout se passe comme si pour le gouvernement de l’Arc-en-ciel, garder la caisse tient lieu de politique économique. Mais comme on le sait, cette caisse est très mal gardée, car trouée de toutes parts! Les paiements de marchés fictifs conclus généralement pendant la transition continuent. Le Trésor enregistre d’énormes sorties d’argent pour des destinations suspectes, comme dans l’ancien temps. L’affaire du vrai-faux virement de 13 milliards qui a éclaté depuis mai 2012, n’a toujours pas été élucidée par la justice. L’ancienne directrice du Trésor, Mme Aissatou Boiro qui avait été à l’origine de la dénonciation de cette scabreuse affaire, a été froidement assassinée le vendredi 9 novembre 2012 à Conakry, dans ce qui ressemble à une exécution sommaire réalisée par des escadrons de la mort. La victime avait confié à ses proches qu’elle était l’objet de menaces constantes et qu’elle en avait fait part à sa hiérarchie. Il semble bien qu’elle était sur le point de révéler un autre scandale du même ordre que le coup précédent. Dans le domaine universitaire, l’ancien ministre qui avait voulu assainir le secteur en mettant fin aux détournements via les étudiants fictifs a été remercié. L’impunité est toujours de rigueur comment par le passé. De multiples structures sont théoriquement chargées des audits, mais jusqu’à présent rien de sérieux n’en est sorti. Les audits ne sont qu’un épouvantail pour tenir en respect des adversaires. Le pouvoir ne peut pas déranger ses soutiens politiques. Nous n’avons pas demandé qu’on mette tous les Guinéens en prison, mais au moins, que l’Etat récupère ce qu’il peut des énormes détournements dont il a été victime et que nous ayons un consensus pour mettre définitivement fin à l’impunité. Tout se passe comme si tous les agents de l’Etat qui, croyant à la ferme volonté des autorités d’appliquer une politique de transparence et de rigueur dans la gestion, essaient de faire honnêtement leur travail sont bloqués, limogés, menacés et parfois éliminés physiquement. Il devient tous les jours un peu plus évident que de puissantes forces, apparentées au crime organisé sont là pour empêcher tout changement mettant fin à leurs privilèges.
Insécurité grandissante
Parallèlement à la dégradation de la situation économique et sociale, on note une dangereuse montée de l’insécurité. Les assassinats, le plus souvent ciblés, sont quotidiens sans qu’aucune affaire ne soit élucidée et pour cause! Des inconnus habillés et armés comme les forces de sécurité sèment désormais la terreur, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. On se demande alors où est passée la fameuse restructuration des forces de sécurité. Dans l’arrière pays, du fait des exactions commises par les chefaillons locaux, des émeutes éclatent de partout. Des axes routiers comme Mamou-Dabola sont aux mains de coupeurs de routes puissamment armés. De paisibles citoyens sont maltraités et dépouillés dans l’indifférence des autorités. Dans certaines zones rurales, les voleurs de bétail ont achevé de ruiner les éleveurs.
Dans les conditions actuelles, nous exhortons le peuple de Guinée à se mobiliser pour :
1. Mettre fin à l’impunité sous toutes ses formes ;
2. A revendiquer le droit de vivre en paix et en sécurité chez lui ;
3. A contraindre le pouvoir et toute la classe politique à respecter les lois de la République ;
4. La tenue d’élections libres, honnêtes et équitables.
Fait à Conakry, le 13 novembre 2012
Le Comité de Coordination du FDP
Mamadou BAH Baadiko
Nouvelle CENI : Un pas en avant – Deux pas en arrière
Près de deux ans après l’installation au pouvoir d’un civil élu, la CENI, au cœur du blocage politique empêchant la clôture de la transition, a été enfin « recomposée ». Les vingt cinq nouveaux membres ont prêté serment et ont été installés. Mais curieusement, la nouvelle CENI a été choisie en excluant l’UFD/FDP. Notre coalition a été privée illégalement et de façon totalement arbitraire de son droit d’être représentée à la CENI, comme elle l’était auparavant. S’agissant de postes non électifs, il n’y a eu aucune concertation quelconque pour fixer des critères d’éligibilité et déterminer qui peut y répondre. L’affaire a été bouclée dans l’opacité totale, par un arrangement entre le pouvoir et le tandem Collectif-ADP, en violant ouvertement la loi. C’était une affaire entre petits copains en passant par des combinaisons politico-ethniques. Tout le monde a constaté que sur la liste de l’opposition, il y a un parti centriste, qui a reconnu lui-même que dans le cadre de la loi actuelle, il ne pouvait pas siéger à la CENI. Plus grave encore, n’importe qui est en mesure de dire si réellement tous les partis qui ont obtenu un siège à la nouvelle CENI au compte de l’opposition sont plus méritants, plus représentatifs et plus engagés dans l’arène politique que l’UFD. Les deux compères, le pouvoir et la pseudo-opposition, ont sans doute leurs raisons de chercher à marginaliser le FDP, en lui déniant ses droits, quitte à violer ensemble la loi, comme c’est de coutume dans notre pays qui reste hélas, un Etat de non droit. Cet épisode a au moins le mérite de montrer au peuple de Guinée le vrai visage de ceux qui, tout en se prétendant « opposants farouches », n’ont rien à envier au pouvoir en matière de démocratie et de respect du pluralisme politique. Plutôt que d’emprunter les voies du dialogue pour qu’ensemble, nous travaillions à une véritable réforme en profondeur de la CENI, la pseudo-opposition s’est précipitée sur l’os qui lui a été jeté. La nouvelle institution taillée sur mesure pour et par le pouvoir, n’échappera à aucun des maux qui ont miné l’ancienne CENI : clanisme, esprit partisan exacerbé, affairisme, corruption, mépris de l’intérêt général. Par la faute de la pseudo-opposition, le pouvoir est encore plus fort dans la nouvelle CENI qu’avant. Avec la nouvelle CENI, les perspectives de la tenue prochaine d’élections libres, équitables et apaisées sont toujours aussi éloignées. Ceux qui ont posé ces actes devront un jour en répondre devant le peuple de Guinée. Un vrai dirigeant de l’opposition est avant tout un rassembleur capable de faire preuve d’ouverture d’esprit et de clairvoyance. Une opposition crédible est celle qui peut convaincre qu’elle fait partie de la solution aux problèmes de notre pays et qu’elle n’est pas elle-même une partie du problème. La pseudo-opposition reproche simplement au pouvoir de ne pas lui laisser accéder à la mangeoire pour faire la même politique, à quelques détails près. En marge de cette affaire, il faut dire que le cas Loucény CAMARA, ancien président contesté de la CENI, nommé par la suite Ministre du tourisme mérite, d’être souligné. Cette nomination confirme de façon éclatante son appartenance depuis toujours à un parti politique dont il a défendu les intérêts bec et ongles, jusqu’au bout. Ainsi, tombent les masques de la fameuse société civile guinéenne, prétendument apolitique, neutre ou au-dessus des partis. Pour finir sur cette question, nous réaffirmons qu’en principe ce n’est pas la CENI qui vote, c’est le peuple de Guinée. C’est à lui que nous allons nous adresser pour le convaincre dans sa majorité que le FDP est la solution pour le changement véritable dont il a urgemment besoin. Nous utiliserons toutes les ressources du Code électoral pour défendre nos droits.
Avec l’Arc-en-ciel, le changement invisible
Le nouveau Président a été élu sur la promesse de s’attaquer aux multiples maux qui gangrènent la Guinée depuis l’indépendance et qui ont achevé de la ruiner. Le lourd héritage de cinquante ans de dictatures, de corruption et de prédation du bien public est connu de tous. On se serait attendu à ce que le nouveau pouvoir s’attaque de façon résolue et méthodique à ces maux qui plombent le développement de la Guinée et qui ont fait d’elle l’un des plus pauvres et les plus corrompus d’Afrique et du monde. Mais deux ans après, que constate-ton? L’écrasante majorité des Guinéens vivent plus mal qu’avant. L’économie est moribonde. Tous les investisseurs qui, sachant les énormes potentialités du pays avaient accouru pour y travailler sont partis, désabusés, laissant sur le carreau les Guinéens qui perdent ainsi leurs précieux emplois. Les compagnies minières notamment, lassées par le mauvais environnement de travail et les tergiversations du pouvoir, plient bagages, les unes après les autres. Leurs sous-traitants licencient actuellement à tour de bras. Tous les acteurs économiques sont confrontés à l’immobilisme du pouvoir et à l’incompétence de ses soi-disant cadres, tous cooptés sur la base du compagnonnage.
Economie en ruine
Le pouvoir donne l’impression de n’avoir aucune politique économique. Il se complait dans les annonces spectaculaires et les poses tapageuses de premières pierres, sans que rien de concret ne suive. Tout le réseau routier (routes nationales, routes secondaires et pistes rurales) se meurt, faute d’entretien ou de rénovation. La seule politique en ce domaine consiste à rafistoler des pistes menant à des localités habitées par des notabilités religieuses dont le pouvoir cherche l’appui. Cette situation pèse négativement sur l’économie et contribuant à la hausse inexorable du coût de la vie. L’incurie et l’incapacité du pouvoir à promouvoir le progrès économique et social se manifeste à tous les niveaux. De grandes entreprises comme la SOTELGUI sont acculées à la faillite, alors que bien gérées, elles sont viables et peuvent faire vivre des milliers de familles. L’usine de bauxite et d’alumine de Fria est à l’arrêt depuis plus de 8 mois, plongeant les travailleurs et la population de cette préfecture dans la misère et même la famine. Le Stade de Nongo, joyau construit par la coopération chinoise est à l’abandon, faute pour la Guinée de remplir ses engagements de contrepartie. L’hôpital de référence de Kipé dont la construction est achevée depuis longtemps n’est toujours pas fonctionnel, à cause des conflits d’intérêts de toutes sortes qui le paralysent. Le département de la santé, comme beaucoup d’autres est englué dans des querelles d’attribution entre ministres et ministres-délégués. La fonction publique croule toujours sous le poids d’un nombre indéterminé de fonctionnaires fictifs, sans que rien ne soit fait pour y remédier, afin de pouvoir enfin payer un salaire décent aux vrais fonctionnaires. Lorsque de simples citoyens dénoncent publiquement ces fraudes, preuves à l’appui, il ne se passe rien. D’ailleurs l’infortuné Mamadou Alpha Diallo, statisticien qui travaillait sur ces fameux « doublons » a été assassiné. Dans ces conditions, augmenter les salaires de la fonction publique équivaudrait à enrichir encore plus les fraudeurs. Même quand une mesure économique positive est prise, comme la distribution d’engrais et d’intrants subventionnés, elle ne produit pas les effets escomptés à cause de la désorganisation de l’Administration et la corruption effrénée qui règne en maîtresse.
Gestion non transparente des finances publiques
Dès le départ, il était connu que le plus grand défi auquel le pouvoir devait faire face est la gestion des finances publiques. C’est dans ce domaine qu’il était le plus attendu. Et l’attente est restée vaine…Nous avons eu à poser de nombreuses questions précises sur des faits relatifs à des emprunts de l’Etat : les 25 millions de Dollars US de Palladino, les 150 millions de Dollars US de l’Etat angolais associé aux Chinois de Chinalco et surtout l’utilisation effective des 700 millions de Dollars US payés par Rio Tinto. Le gouvernement n’a donné aucune réponse convaincante à toutes ces questions. Il se montre incapable de profiter de la maitrise de la monnaie pour favoriser l’investissement, la croissance et l’emploi. Tout se passe comme si pour le gouvernement de l’Arc-en-ciel, garder la caisse tient lieu de politique économique. Mais comme on le sait, cette caisse est très mal gardée, car trouée de toutes parts! Les paiements de marchés fictifs conclus généralement pendant la transition continuent. Le Trésor enregistre d’énormes sorties d’argent pour des destinations suspectes, comme dans l’ancien temps. L’affaire du vrai-faux virement de 13 milliards qui a éclaté depuis mai 2012, n’a toujours pas été élucidée par la justice. L’ancienne directrice du Trésor, Mme Aissatou Boiro qui avait été à l’origine de la dénonciation de cette scabreuse affaire, a été froidement assassinée le vendredi 9 novembre 2012 à Conakry, dans ce qui ressemble à une exécution sommaire réalisée par des escadrons de la mort. La victime avait confié à ses proches qu’elle était l’objet de menaces constantes et qu’elle en avait fait part à sa hiérarchie. Il semble bien qu’elle était sur le point de révéler un autre scandale du même ordre que le coup précédent. Dans le domaine universitaire, l’ancien ministre qui avait voulu assainir le secteur en mettant fin aux détournements via les étudiants fictifs a été remercié. L’impunité est toujours de rigueur comment par le passé. De multiples structures sont théoriquement chargées des audits, mais jusqu’à présent rien de sérieux n’en est sorti. Les audits ne sont qu’un épouvantail pour tenir en respect des adversaires. Le pouvoir ne peut pas déranger ses soutiens politiques. Nous n’avons pas demandé qu’on mette tous les Guinéens en prison, mais au moins, que l’Etat récupère ce qu’il peut des énormes détournements dont il a été victime et que nous ayons un consensus pour mettre définitivement fin à l’impunité. Tout se passe comme si tous les agents de l’Etat qui, croyant à la ferme volonté des autorités d’appliquer une politique de transparence et de rigueur dans la gestion, essaient de faire honnêtement leur travail sont bloqués, limogés, menacés et parfois éliminés physiquement. Il devient tous les jours un peu plus évident que de puissantes forces, apparentées au crime organisé sont là pour empêcher tout changement mettant fin à leurs privilèges.
Insécurité grandissante
Parallèlement à la dégradation de la situation économique et sociale, on note une dangereuse montée de l’insécurité. Les assassinats, le plus souvent ciblés, sont quotidiens sans qu’aucune affaire ne soit élucidée et pour cause! Des inconnus habillés et armés comme les forces de sécurité sèment désormais la terreur, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. On se demande alors où est passée la fameuse restructuration des forces de sécurité. Dans l’arrière pays, du fait des exactions commises par les chefaillons locaux, des émeutes éclatent de partout. Des axes routiers comme Mamou-Dabola sont aux mains de coupeurs de routes puissamment armés. De paisibles citoyens sont maltraités et dépouillés dans l’indifférence des autorités. Dans certaines zones rurales, les voleurs de bétail ont achevé de ruiner les éleveurs.
Dans les conditions actuelles, nous exhortons le peuple de Guinée à se mobiliser pour :
1. Mettre fin à l’impunité sous toutes ses formes ;
2. A revendiquer le droit de vivre en paix et en sécurité chez lui ;
3. A contraindre le pouvoir et toute la classe politique à respecter les lois de la République ;
4. La tenue d’élections libres, honnêtes et équitables.
Fait à Conakry, le 13 novembre 2012
Le Comité de Coordination du FDP
Mamadou BAH Baadiko