De notre envoyé spécial à Los Cabos (Mexique)
Le décor n'est pas raccord. Sur la terrasse mise à disposition des journalistes télé par les organisateurs du G20 pour assurer leurs duplex depuis Los Cabos, ça râle un peu. Comment parler de la crise européenne avec le ciel bleu et la mer mexicaine en toile de fond?
Pourtant, à y regarder de plus près, le paysage n'est pas aussi idyllique. Les militaires patrouillent en nombre sur la plage. Au large, des navires de l'armée surveillent les côtes. En ville, les forces de police quadrillent le moindre rond-point. C'est là que les représentants des pays les plus riches et ceux des pays émergents se sont retrouvés deux jours durant. Il devait être question de croissance et d'emploi, mais c'est surtout la crise européenne qui a occupé les débats, au grand dam de ses dirigeants.
Avant même le début du sommet, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso s'agaçait lors d'une conférence de presse: «On n'est pas là pour recevoir des leçons de qui que ce soit.» À commencer par celles des États-Unis, dont le président Barack Obama ne cesse de faire pression sur la chancelière allemande Angela Merkel pour qu'elle assouplisse ses positions sur la rigueur.
L'appel d'Obama à l'Europe
Après une semaine de tensions avec l'Allemagne, le président de la République a préféré tenter d'aplanir ses divergences avec Angela Merkel. Celle-ci s'est concentrée sur l'union bancaire. C'est à ce sujet qu'elle a consacré l'essentiel de son propos pour son intervention lors de la séance d'ouverture du G20. Une réunion à huis clos, très calibrée, où chaque intervenant n'avait droit qu'à six minutes de discours mais qui a duré, au bout du compte, plus de trois heures et demie.
De son côté, Barack Obama a plaidé pour qu'une solution soit trouvée à la crise européenne. Des propos sobres mais sur lesquels il a ensuite pu insister plus fermement auprès des dirigeants européens qu'il rencontrait lundi soir en tête-à-tête.
François Hollande, dont c'était la première participation à cette instance, a développé quatre points: la nécessité de coordonner les politiques économiques, celle de mettre en place des politiques de consolidation, un plaidoyer pour la stabilité des prix des matières premières, du pétrole et des taux de change, et enfin un appel à la régulation du système financier en Europe et dans le reste du monde.
Appel entendu? Si dans son entourage, on se réjouit de voir désormais les dirigeants du monde en appeler à la croissance, comme il le préconisait durant sa campagne présidentielle, il reste tout de même beaucoup de pays à convaincre.
L'invitation du premier ministre britannique
Notamment la Grande-Bretagne et son premier ministre. À peine François Hollande avait-il posé le pied sur la terre mexicaine qu'à quelques kilomètres de l'aéroport, David Cameron s'en prenait à l'une de ses principales propositions de campagne, celle de taxer à 75 % les revenus au-delà d'un million d'euros par an. «Quand la France instituera ses 75 %, on déroulera le tapis rouge pour accueillir les entreprises françaises», ironisait le premier ministre britannique.
De quoi provoquer l'agacement dans la délégation française, à commencer par Michel Sapin. «C'est un propos qui lui a échappé», jugeait le ministre du Travail, membre de la délégation avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et celui de l'Économie, Pierre Moscovici.
Avec le président chinois Hu Jintao, c'est un autre genre de problème que François Hollande a rencontré: celui de la realpolitik. Le candidat avait inscrit dans son programme sa volonté d'agir «dans le cadre du G20, pour une parité plus équilibrée de l'euro vis-à-vis du dollar américain et du yuan chinois». Le thème n'a pas été abordé lors de leur entretien privé. Dans le camp français, on se réjouissait toutefois de la tonalité chaleureuse de la rencontre, de son «atmosphère très positive, en particulier sur le plan économique», selon un diplomate.
«Nous allons faire en sorte que les relations franco-chinoises connaissent un nouveau palier», expliquait-on dans l'entourage du président de la République. Début juillet, Laurent Fabius se rendra en Chine et une invitation a été lancée à François Hollande. De là à obtenir des concessions des Chinois sur leur monnaie, il reste du chemin.
Par François-Xavier Bourmaud
Le décor n'est pas raccord. Sur la terrasse mise à disposition des journalistes télé par les organisateurs du G20 pour assurer leurs duplex depuis Los Cabos, ça râle un peu. Comment parler de la crise européenne avec le ciel bleu et la mer mexicaine en toile de fond?
Pourtant, à y regarder de plus près, le paysage n'est pas aussi idyllique. Les militaires patrouillent en nombre sur la plage. Au large, des navires de l'armée surveillent les côtes. En ville, les forces de police quadrillent le moindre rond-point. C'est là que les représentants des pays les plus riches et ceux des pays émergents se sont retrouvés deux jours durant. Il devait être question de croissance et d'emploi, mais c'est surtout la crise européenne qui a occupé les débats, au grand dam de ses dirigeants.
Avant même le début du sommet, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso s'agaçait lors d'une conférence de presse: «On n'est pas là pour recevoir des leçons de qui que ce soit.» À commencer par celles des États-Unis, dont le président Barack Obama ne cesse de faire pression sur la chancelière allemande Angela Merkel pour qu'elle assouplisse ses positions sur la rigueur.
L'appel d'Obama à l'Europe
Après une semaine de tensions avec l'Allemagne, le président de la République a préféré tenter d'aplanir ses divergences avec Angela Merkel. Celle-ci s'est concentrée sur l'union bancaire. C'est à ce sujet qu'elle a consacré l'essentiel de son propos pour son intervention lors de la séance d'ouverture du G20. Une réunion à huis clos, très calibrée, où chaque intervenant n'avait droit qu'à six minutes de discours mais qui a duré, au bout du compte, plus de trois heures et demie.
De son côté, Barack Obama a plaidé pour qu'une solution soit trouvée à la crise européenne. Des propos sobres mais sur lesquels il a ensuite pu insister plus fermement auprès des dirigeants européens qu'il rencontrait lundi soir en tête-à-tête.
François Hollande, dont c'était la première participation à cette instance, a développé quatre points: la nécessité de coordonner les politiques économiques, celle de mettre en place des politiques de consolidation, un plaidoyer pour la stabilité des prix des matières premières, du pétrole et des taux de change, et enfin un appel à la régulation du système financier en Europe et dans le reste du monde.
Appel entendu? Si dans son entourage, on se réjouit de voir désormais les dirigeants du monde en appeler à la croissance, comme il le préconisait durant sa campagne présidentielle, il reste tout de même beaucoup de pays à convaincre.
L'invitation du premier ministre britannique
Notamment la Grande-Bretagne et son premier ministre. À peine François Hollande avait-il posé le pied sur la terre mexicaine qu'à quelques kilomètres de l'aéroport, David Cameron s'en prenait à l'une de ses principales propositions de campagne, celle de taxer à 75 % les revenus au-delà d'un million d'euros par an. «Quand la France instituera ses 75 %, on déroulera le tapis rouge pour accueillir les entreprises françaises», ironisait le premier ministre britannique.
De quoi provoquer l'agacement dans la délégation française, à commencer par Michel Sapin. «C'est un propos qui lui a échappé», jugeait le ministre du Travail, membre de la délégation avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et celui de l'Économie, Pierre Moscovici.
Avec le président chinois Hu Jintao, c'est un autre genre de problème que François Hollande a rencontré: celui de la realpolitik. Le candidat avait inscrit dans son programme sa volonté d'agir «dans le cadre du G20, pour une parité plus équilibrée de l'euro vis-à-vis du dollar américain et du yuan chinois». Le thème n'a pas été abordé lors de leur entretien privé. Dans le camp français, on se réjouissait toutefois de la tonalité chaleureuse de la rencontre, de son «atmosphère très positive, en particulier sur le plan économique», selon un diplomate.
«Nous allons faire en sorte que les relations franco-chinoises connaissent un nouveau palier», expliquait-on dans l'entourage du président de la République. Début juillet, Laurent Fabius se rendra en Chine et une invitation a été lancée à François Hollande. De là à obtenir des concessions des Chinois sur leur monnaie, il reste du chemin.
Par François-Xavier Bourmaud