Il est arrivé sous le manteau d’un phénomène, comme la lutte en connaît de façon épisodique. Massaër Seck « Gouye-gui », né en 1986, est un baobab dont les racines ne sont pas encore solides dans le terreau de l’arène. Mais il récolte déjà les fruits de la popularité.
Même si son incursion dans l’arène ne date que de la saison 2008-2009, Gouye-gui, a, en effet, pendant des années, sillonné les galas de lutte simple entre la Petite Côte et Thiès avant de prendre son bâton de pèlerin en direction de Dakar. À Guédiawaye, où débarque le natif de Thiénaba, il est accueilli par Mor Fadam. Les détecteurs du promoteur Serigne Modou Niang le repèrent vite par les « ravages » qu’il fait, rien qu’aux entraînements, et son premier combat est monté pour le 17 novembre 2009, en marge du duel Ouza Sow / Jules Baldé. Il se paye alors Ndiouga Tine 2 en un clin d’œil.
« Ce fut un combat fabuleux. Je luttais pour la première fois devant des milliers de personnes », sourit-il.
Quelques semaines plus tard, il fait face à Robert Junior avec la toujours même efficacité. Mais quand il croise la route de Building de Pikine Mbollo, c’est pour se rendre compte que l’ombre du baobab ne couvre pas tout. La défaite affecte son moral. « Mon adversaire était intelligent. Il a mis à profit sa grande taille pour faire un croc-en-jambe en extension. Lorsque j’ai cherché à le basculer, il m’a projeté. J’ai été déséquilibré, et je suis tombé ».
Il lavera son amertume sur Thiopet et Tyson Junior, et se voit offrir Tapha Junior, frère de Papa sow.
Cette confrontation avec une autre révélation fut la plus pénible dans sa carrière. « Ce lutteur est un bon bagarreur. Il se déplaçait vite et parvenait à placer des frappes puissantes. C’est un bon technicien aussi ». Il s’en sort pour ensuite dompter Pape Mor Lô, le 1er Août 2009. « Après une série de plusieurs succès, j’étais en confiance. Rien ne pouvait m’arrêter ». Il le confirme devant Zarco de Rock Énergie, le 23 mars 2010 ; le 9 Août, il surclasse Mbaye Diouf, un fin technicien. Sur les gradins, la chanson est devenue une ritournelle : « Gouye-gui jappal, yekeutil, simpil, sanil. »
Mais cette technique de l’arraché et de la projection va connaître ses limites devant Zoss. La défaite est cuisante, ce qui lui fait dire : « J’ai tiré les leçons de ce combat. J’ai fait des erreurs qui m’ont coûté cher. Mais je ne regrette rien. Il y a juste des changements à faire et ne plus chercher à forcer un adversaire. Je ferai de l’ambiance, mais, dès le coup d’envoi, je serai concentré jusqu’à la fin. »
Amanékh est averti. « Le combat va démarrer par la bagarre. Il n’y a pas de doute. Je ne vais plus chercher le contact comme lors de mes précédents combats. Je vais imposer le combat à distance. Ce n’est pas du bluff ».
Un autre Gouye-gui en somme.
B. NIANG
Source : WalfSports n°1614 via Arenebi.com