Face aux menaces proférées et réitérées en boucle contre les résidents sénégalais en terre guinéenne, au prétexte que le Président Wade soutiendrait la candidature du Président Camara, je m’étais élevé contre ce «terrorisme » anti-sénégalais inadmissible. Si, comme je suis fondé à le penser, cette prise de position a permis de mettre le holà sur ces intimidations et de les faire cesser, a permis au Sénégal d’éviter de se retrouver accusé dans les événements du 28 Septembre 2009, à ses ambassades de s’épargner des attaques, alors ma contribution, diffusée au plan international, aura modestement servi à quelque chose.
Plus personne ne s’aventure sur ce terrain, à présent.
C’est feu le Président Senghor qui, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, avait lancé le vocable « ivoirité », dans sa propension à forger des néologismes. Si, bien plus tard, le mot a été transformé, localement, en Concept et que ce dernier a pu, ici ou là, déboucher sur quelque exagération ou dérapage, jamais des ivoiriens n’ont songé menacer les ressortissants sénégalais pour cette initiative de Senghor.
En conséquence, les sénégalais de l’extérieur ne sauraient servir de boucs émissaires consécutivement aux actions ou choix de Wade.
Sur la potentielle candidature du Capitaine Dadis Camara que certains estiment pouvoir contester, j’avais pris une position que je maintiens.
Pour ne m’en tenir qu’à l’actualité récente, je soutiens que, si personne n’a empêché le général-président du Niger de s’autoproroger le mandat de 3 ans tout en se réservant la latitude de se porter encore candidat à l’issue de cette période, si nul n’a contesté au général Aziz de Mauritanie la possibilité d’être candidat, alors j’attends les raisons aptes à me convaincre que le Capitaine Camara ne peut pas être admissible à la candidature en vue de l’élection présidentielle à la fin de la transition.
Pour le moment je n’ai lu et entendu que des prétextes, des répétitions, des affirmations. J’attends encore les arguments. Personne n’en a fourni à moins que , une fois de plus, le soubassement ne soit qu’ethniciste ou autre.
Qu’on m’explique pourquoi Dadis devrait se désister au profit de gens qui n’ont jamais travaillé ou qui n’ont jamais dirigé un service public ou privé, d’individus milliardaires parce que notoirement connus pour leur capacité à vider des caisses de l’Etat, de personnes qui, sous le Président Conté ont occupé d’éminentes fonctions à partir desquelles ils ont laissé prospérer la corruption et le narcotrafic , de politiques qui, de ces positions se sont révélés incapables de développer la Guinée, d’éviter des événements sanglants, de restructurer l’Armée, de mettre de l’ordre dans la Fonction Publique etc…
Voilà pourquoi, étant allergique à la pensée unique, et me refusant à hurler avec les loups, je considère que, le Capitaine Moussa Dadis Camara doit pouvoir être candidat comme tout citoyen s’il en décidait ainsi car jusqu’à présent il ne s’est pas déclaré. Je suis l’avocat défenseur des principes pas du Capitaine-Président. Ma position s’arrête là ; pour le reste, il appartiendra au Peuple de Guinée de décider de son élection ou de celle d’un(e) autre. Je n’ai jamais dit que Dadis était le seul ou le meilleur candidat pour diriger la Guinée.
Pour le surplus, je traite avec mépris les inepties tendant à prétendre que mon option est une recherche de rapprochement avec Maître Wade.A ce jeune « doctorant », j’enseigne, pour la formation de sa culture, que l’allemand est la langue de Goethe pas de hitler. Dadis la pratique. Je lui conseille de se rapprocher de ses collègues, étudiants en droit qui lui apprendrons ce qu’est un parjure. Ce n’est pas le cas du Capitaine Camara.
Je ne suis ni militaire ni militariste mais je tiens pour discriminatoire l’exigence de remise du pouvoir aux civils. En Afrique, les civils détenteurs du pouvoir ne sont revêtus d’aucune sainteté. Lorsque des civils « démocratiquement élus » se comportent en incapables, en parvenus enrichis illicites, en fraudeurs patentés d’élections, en violeurs récidivistes de constitutions, en esclavagistes de la justice, même l’Opposition se prend parfois à rêver d’une intervention de l’armée.
Certes, il y a eu des contre-exemples militaires : Ould Taya (Mauritanie), Jammeh (Gambie), El Béchir (Soudan), tout comme ont existé des légions de dictateurs civils en Afrique. Toutefois, force est de reconnaître que, parfois, le passage de présidents militaires a ouvert la voie à la démocratie authentique ou au progrès économique, certaines fois aux deux : capitaine Jerry Rawlings II (Ghana), capitaine Blaise Compaoré (Burkina Faso), colonel A.Toumani Touré I (Mali), commandant Pedro Pires I (alors Premier ministre ; Cap-Vert), Général Ben Ali (Tunisie -aspect économique), Général Kérékou II (Bénin-après Soglo), Lieutenant- colonel Obiang Nguema Mbasogo( Guinée Equatoriale -aspect économique ) etc…
Qu’on arrête donc de nous bassiner avec la remise comminatoire du pouvoir aux civils si ceux à qui l’occasion a pu être offerte n’ont prouvé ni leurs compétences ni leur sérieux ni leur efficacité ni leur probité ni leur vision pour le futur.
Il reste indéniable que le Capitaine Dadis s’est révélé un acteur efficace et déterminé dans la lutte contre le trafic de drogue, dans la restauration des finances publiques, dans la remise en ordre de la fonction publique. Il s’avère indiscutable que l’homme est honnête et patriote. Récemment, il a exigé à une compagnie aurifère de verser au Trésor public , 40 millions de dollars dus (environ 20 milliards de frs cfa). Lorsque, pour demeurer fidèle aux habitudes du passé, le top management de l’entreprise a préféré lui remettre, sur compte off shore la moitié à titre personnel, il a refusé et l’a révélé publiquement. A Conakry, qui, placé dans les mêmes circonstances, peut se prévaloir d’avoir eu un comportement similaire ?
Même ses adversaires reconnaissent sa popularité. Au courant de la semaine précédant le 28 septembre 2009, il avait entrepris une tournée triomphale de plusieurs jours dans le Fouta : Pita, Mamou, Labé etc…La presse internationale n’a pas jugé utile de rendre compte de sa communion avec le pays peulh alors que le symbole était là très fort.
Restait donc à l’atteindre ailleurs. Puisque depuis le début, il répétait à souhait qu’il se refusait à toute « effusion de sang », que le pouvoir avait été pris « sans effusion de sang », on a manigancé les troubles du 28 Septembre pour lacérer sa popularité, le faire mentir sur la « non effusion de sang » en tentant de le rendre responsable de la catastrophe de ce jour là.
Nous condamnons tous les auteurs de ces événements, quelque soit leur bord. Nous déplorons les pertes de vies humaines. Nous nous inclinons devant la mémoire des victimes et espérons que les commissions d’enquêtes sauront mettre en lumière la vérité car, de ce que nous croyons savoir, nous ne sommes pas loin d’une situation de torts partagés.
Le CNDDdevra simplement veiller à ce que lesdites commissions d’enquête nationales et internationales ne soient pas truffées d’ong locales ou étrangères hostiles ou télécommandées et il lui faudra exiger qu’elles prennent en compte les drames de 2006 et 2007.
Quant à ceux qui hèlent le Tribunal pénal international ( Tpi) que ne l’avaient-ils pas fait lors des événements sanglants de juin 2006 (18 morts), de Janvier et Février 2007 (200 morts) en Guinée (Dadis n’était pas au pouvoir), lors des tueries de Kédougou (Sénégal), des massacres post électoraux du Kenya et du Zimbabwe, à la suite des déportations et exterminations anti- noirs de Ould Taya etc…C’est peut être plus confortable d’aboyer avec la meute.
Le Président Moussa Dadis Camara devra veiller particulièrement à sa sécurité personnelle car il doit se convaincre que dans certaines officines de l’étranger se mijotent déjà des plans machiavéliques alternatifs. Le CNDD doit maintenir le cap de l’assainissement des finances publiques en privilégiant la bonne gouvernance dans la fermeté, dans l’autorité et dans l’unité nationale ainsi que la saine démocratie sans faiblesse coupable, source de pagaille mais sans contrainte inutile, source de crispation.
Finalement, la réconciliation nationale, le progrès et le développement socio- économiques de la Guinée devraient constituer la priorité pour toute équipe présidant aux destinées de ce magnifique pays qui n’a que trop souffert de la malédiction de la dictature et de la gabegie.
Une République de Guinée en paix et prospère constituera une chance nouvelle pour l’Afrique de l’Ouest.
Jean-Paul Dias
Ancien Président
du Conseil des Ministres
de la CDEAO
Plus personne ne s’aventure sur ce terrain, à présent.
C’est feu le Président Senghor qui, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, avait lancé le vocable « ivoirité », dans sa propension à forger des néologismes. Si, bien plus tard, le mot a été transformé, localement, en Concept et que ce dernier a pu, ici ou là, déboucher sur quelque exagération ou dérapage, jamais des ivoiriens n’ont songé menacer les ressortissants sénégalais pour cette initiative de Senghor.
En conséquence, les sénégalais de l’extérieur ne sauraient servir de boucs émissaires consécutivement aux actions ou choix de Wade.
Sur la potentielle candidature du Capitaine Dadis Camara que certains estiment pouvoir contester, j’avais pris une position que je maintiens.
Pour ne m’en tenir qu’à l’actualité récente, je soutiens que, si personne n’a empêché le général-président du Niger de s’autoproroger le mandat de 3 ans tout en se réservant la latitude de se porter encore candidat à l’issue de cette période, si nul n’a contesté au général Aziz de Mauritanie la possibilité d’être candidat, alors j’attends les raisons aptes à me convaincre que le Capitaine Camara ne peut pas être admissible à la candidature en vue de l’élection présidentielle à la fin de la transition.
Pour le moment je n’ai lu et entendu que des prétextes, des répétitions, des affirmations. J’attends encore les arguments. Personne n’en a fourni à moins que , une fois de plus, le soubassement ne soit qu’ethniciste ou autre.
Qu’on m’explique pourquoi Dadis devrait se désister au profit de gens qui n’ont jamais travaillé ou qui n’ont jamais dirigé un service public ou privé, d’individus milliardaires parce que notoirement connus pour leur capacité à vider des caisses de l’Etat, de personnes qui, sous le Président Conté ont occupé d’éminentes fonctions à partir desquelles ils ont laissé prospérer la corruption et le narcotrafic , de politiques qui, de ces positions se sont révélés incapables de développer la Guinée, d’éviter des événements sanglants, de restructurer l’Armée, de mettre de l’ordre dans la Fonction Publique etc…
Voilà pourquoi, étant allergique à la pensée unique, et me refusant à hurler avec les loups, je considère que, le Capitaine Moussa Dadis Camara doit pouvoir être candidat comme tout citoyen s’il en décidait ainsi car jusqu’à présent il ne s’est pas déclaré. Je suis l’avocat défenseur des principes pas du Capitaine-Président. Ma position s’arrête là ; pour le reste, il appartiendra au Peuple de Guinée de décider de son élection ou de celle d’un(e) autre. Je n’ai jamais dit que Dadis était le seul ou le meilleur candidat pour diriger la Guinée.
Pour le surplus, je traite avec mépris les inepties tendant à prétendre que mon option est une recherche de rapprochement avec Maître Wade.A ce jeune « doctorant », j’enseigne, pour la formation de sa culture, que l’allemand est la langue de Goethe pas de hitler. Dadis la pratique. Je lui conseille de se rapprocher de ses collègues, étudiants en droit qui lui apprendrons ce qu’est un parjure. Ce n’est pas le cas du Capitaine Camara.
Je ne suis ni militaire ni militariste mais je tiens pour discriminatoire l’exigence de remise du pouvoir aux civils. En Afrique, les civils détenteurs du pouvoir ne sont revêtus d’aucune sainteté. Lorsque des civils « démocratiquement élus » se comportent en incapables, en parvenus enrichis illicites, en fraudeurs patentés d’élections, en violeurs récidivistes de constitutions, en esclavagistes de la justice, même l’Opposition se prend parfois à rêver d’une intervention de l’armée.
Certes, il y a eu des contre-exemples militaires : Ould Taya (Mauritanie), Jammeh (Gambie), El Béchir (Soudan), tout comme ont existé des légions de dictateurs civils en Afrique. Toutefois, force est de reconnaître que, parfois, le passage de présidents militaires a ouvert la voie à la démocratie authentique ou au progrès économique, certaines fois aux deux : capitaine Jerry Rawlings II (Ghana), capitaine Blaise Compaoré (Burkina Faso), colonel A.Toumani Touré I (Mali), commandant Pedro Pires I (alors Premier ministre ; Cap-Vert), Général Ben Ali (Tunisie -aspect économique), Général Kérékou II (Bénin-après Soglo), Lieutenant- colonel Obiang Nguema Mbasogo( Guinée Equatoriale -aspect économique ) etc…
Qu’on arrête donc de nous bassiner avec la remise comminatoire du pouvoir aux civils si ceux à qui l’occasion a pu être offerte n’ont prouvé ni leurs compétences ni leur sérieux ni leur efficacité ni leur probité ni leur vision pour le futur.
Il reste indéniable que le Capitaine Dadis s’est révélé un acteur efficace et déterminé dans la lutte contre le trafic de drogue, dans la restauration des finances publiques, dans la remise en ordre de la fonction publique. Il s’avère indiscutable que l’homme est honnête et patriote. Récemment, il a exigé à une compagnie aurifère de verser au Trésor public , 40 millions de dollars dus (environ 20 milliards de frs cfa). Lorsque, pour demeurer fidèle aux habitudes du passé, le top management de l’entreprise a préféré lui remettre, sur compte off shore la moitié à titre personnel, il a refusé et l’a révélé publiquement. A Conakry, qui, placé dans les mêmes circonstances, peut se prévaloir d’avoir eu un comportement similaire ?
Même ses adversaires reconnaissent sa popularité. Au courant de la semaine précédant le 28 septembre 2009, il avait entrepris une tournée triomphale de plusieurs jours dans le Fouta : Pita, Mamou, Labé etc…La presse internationale n’a pas jugé utile de rendre compte de sa communion avec le pays peulh alors que le symbole était là très fort.
Restait donc à l’atteindre ailleurs. Puisque depuis le début, il répétait à souhait qu’il se refusait à toute « effusion de sang », que le pouvoir avait été pris « sans effusion de sang », on a manigancé les troubles du 28 Septembre pour lacérer sa popularité, le faire mentir sur la « non effusion de sang » en tentant de le rendre responsable de la catastrophe de ce jour là.
Nous condamnons tous les auteurs de ces événements, quelque soit leur bord. Nous déplorons les pertes de vies humaines. Nous nous inclinons devant la mémoire des victimes et espérons que les commissions d’enquêtes sauront mettre en lumière la vérité car, de ce que nous croyons savoir, nous ne sommes pas loin d’une situation de torts partagés.
Le CNDDdevra simplement veiller à ce que lesdites commissions d’enquête nationales et internationales ne soient pas truffées d’ong locales ou étrangères hostiles ou télécommandées et il lui faudra exiger qu’elles prennent en compte les drames de 2006 et 2007.
Quant à ceux qui hèlent le Tribunal pénal international ( Tpi) que ne l’avaient-ils pas fait lors des événements sanglants de juin 2006 (18 morts), de Janvier et Février 2007 (200 morts) en Guinée (Dadis n’était pas au pouvoir), lors des tueries de Kédougou (Sénégal), des massacres post électoraux du Kenya et du Zimbabwe, à la suite des déportations et exterminations anti- noirs de Ould Taya etc…C’est peut être plus confortable d’aboyer avec la meute.
Le Président Moussa Dadis Camara devra veiller particulièrement à sa sécurité personnelle car il doit se convaincre que dans certaines officines de l’étranger se mijotent déjà des plans machiavéliques alternatifs. Le CNDD doit maintenir le cap de l’assainissement des finances publiques en privilégiant la bonne gouvernance dans la fermeté, dans l’autorité et dans l’unité nationale ainsi que la saine démocratie sans faiblesse coupable, source de pagaille mais sans contrainte inutile, source de crispation.
Finalement, la réconciliation nationale, le progrès et le développement socio- économiques de la Guinée devraient constituer la priorité pour toute équipe présidant aux destinées de ce magnifique pays qui n’a que trop souffert de la malédiction de la dictature et de la gabegie.
Une République de Guinée en paix et prospère constituera une chance nouvelle pour l’Afrique de l’Ouest.
Jean-Paul Dias
Ancien Président
du Conseil des Ministres
de la CDEAO