Le chef de l'état guinéen, Alpha Condé, a déjoué tous les pronostics en reconduisant son premier ministre, Mohamed Said Fofana à la tête d'une équipe de 34 ministres, après avoir présenté sa démission le mercredi 15 janvier dernier. Un gouvernement fortement marqué par un dosage politique et régional déséquilibré où les partis alliés du parti au pouvoir ( RPG ) ont été éjectés de leurs fauteuils douillets, la faible présence de femmes. Décryptage Le président Alpha Condé se plait il à ramer à contre courant, chaque fois que les signaux forts lui sont envoyés par une importante frange de la population s'interroge t-on à Conakry ?. Au moment où l'on s'attendait le plus à la non reconduction du chef du gouvernement, Mohamed Said Fofana dont le bilan de 3 années n'est pas, du tout, reluisant, l'homme fort de Conakry lui crée la surprise. Le président Condé a finalement préféré remettre en selle son jocker, Said Fofana de tous les potentiels prétendants à la Primature. Beaucoup de noms avaient circulé avec insistance dans les couloirs du palais Sekoutouréya dont les plus en vue sont Naby Youssouf Kridi Bangoura, ministre Secrétaire général de la présidence, Kerfala Yansané, ministre des Finances. L'adrénaline était m! onté d'un cran au terme de la victoire haut la main de la mouvance présidentielle aux joutes parlementaires - au point que tout le monde pariait sur la fin d'un compagnonnage Alpha Condé - Said Fofana. Le 18 janvier 2014, une berezina inattendue tomba comme un coup de foudre sur la tête des Guinéens. C’est le ministre secrétaire général à la présidence de la république, Naby Youssouf Kiridi Bangoura qui a livré la nouvelle sur les antennes de la télévision nationale. Mohamed Said Fofana || sort du bois. C'est le casting mis en musique par le président himself. Sans enchantement, l'annonce de la reconduction de Mohamed Said Fofana se propage dans un épais tumulte, dans les chaumières. Un Big bang dans la moulinette des férus chroniqueurs politiques. Une bulle compulsive de plus dans la marre. Urbi orbi, beaucoup estiment que celui que le président présente comme son cheval de Troie est un cheval boiteux.. Son bilan loin d'être élogieux aux yeux du secteur privé guinéen, des jeunes et de la diaspora ne jouait pas à sa faveur. Mais contre vents et marées, le locataire de Sekoutouréya a impos! é sa loi. Il en est le seul responsable. Exit les alliés : Dans cet attelage constitué de 34 ministres ( 15 ministres dont 5 femmes font leur entrée et 19 reconduits ), un seul rescapé du bizutage de la défenestration des personnalités 'ministérielles membres de la mouvance présidentielle. Le nouveau ministre de l' Élevage et des Productions animales, Thierno Ousmane Diallo, membre de l' UPR. Son mentor, M.Ousmane BA, ministre des Transports dans le gouvernement précédent quitte le navire Said Fofana 2. Pourquoi le président Condé lui a échangé avec Thierno Diallo ? Une énigme dont la pièce de puzzle reste introuvable. D'autres fortes personnalités connues du landerneau politique à l'instar de Papa Koly Kourouma, ministre de l'énergie, El! Hadj Tidiane Traoré, celui que l'on présente comme le dernier des mohicans de l'establishment puriste Condé, le très olympien, Christian Sow ( Justice ), Mamadou Laminé Fofana ( Mines ) ont été éjectées de leurs fauteuils douillets. L'option du président de se séparer de ses anciens ministres obéit à des logiques dont il est le seul à détenir le secret. C'est risqué ergote t- on. La suppression du poste très convoité du Secrétariat chargé des affaires religieuses occupé dans le précédent gouvernement par Elhadj Abdoulaye Diassy, agace et passionne. La présidence n'a fourni aucune explication à ce sujet. Excepté le 'ministre de l'Elevage et des Productions animales issu d'un parti allié ( UPR ), le président Condé a opté de jouer à fausses cor! des l'hymne du gentlemen agreement avec ses alliés. Que s'est il passé ? Sent il le cash ? Les entrants du bizutage : Des silhouettes peu familières font leur entrée dans le gouvernement dit de mission de Said Fofana. Cheikh Sako ( Justice ) Rémy Lamah ( Santé ), Idrissa Thiam ( Énergie et Hydraulique ), Sékou Kourouma ( Fonction Publique, Réforme de l'Etat ) drivent des ministères stratégiques et devront convaincre les 100 premiers jours. Car, la moindre erreur se paye cash. Dans la troupe des 15 ministres entants, cinq femmes ( Jacqueline Sultan, ministre de l'Agriculture, Mme Domani Doré qui hérite du ministère des Sports , Mme Kadiatou Ndiaye, ministre de l'Environnement, des Eaux et Forêts entre autres ) blindent le dispositif Said Fofana. Le départ de l'égérie, Rougui Barry, du gouvernement, qui pourtant est en mesure! de défendre son bilan à la tête de son département est un signe de malaise. La particularité de ces ministres entrants est qu'ils sont ni des éminences grises, ni des technocrates chevronnés appelés à la rescousse d'un régime à la quête d'un nouveau souffle pour sortir le pays du gouffre. Là aussi, le président semble bien passer à côté. L'allégeance des miraculés : Ce nouveau gouvernement dit de << mission >> drivé par l'économiste Mohamed Said Fofana, dont le sort avait été scellé, selon ses détracteurs, ressort ce que l'on pourrait appeler la nouvelle galaxie Condé, le noyau dur du système , constitué désormais de fidèles lieutenants et de chambellans. Presque, ces ministres reconduits, Kerfalla Yansané, l'ex argentier qui atterrit aux Mines, Lonceny FALL, le gourou diplomate, Oyé Guilavogui, le sémillant renard, Madifing Diané '' securocrate'', Kabele Kamara, la colonne vertébrale de l'armée, Alhassane Condé, le Sphinx, ont fait leur allégeance à l'homme fort de Conakry. Une recrue de taille, Moustapha! Naite, Le Sillicon Valley très chocolaté, bien connecté dans le milieu urbain, hérite du ministère de la Jeunesse et de l' Emploi Jeune. Pourtant, les indiscrétions disent qu'il a perdu la bataille de Kaloum, une commune stratégique pour le parti au pouvoir, en dépit des moyens faramineux mis à sa disposition. Très politique et moins politique, ce gouvernement Said 2 a pour mission de battre le rappel des troupes, en prélude à la prochaine présidentielle. Pour le chef de l'état, Alpha Condé, ce virage est non négociable. A tout prix, il est désormais engagé à ne rien céder. PAR ISMAEL AIDARA, RÉDACTEUR EN CHEF DÉLÉGUÉ. ( Les Afriques ) |