Connue et critiquée pour avoir plusieurs fois arrêté, emprisonné ou intimidé nombre de professionnels de la presse, la Gambie joue la carte de l’apaisement. « Nous ne sommes pas des ennemis, mais des partenaires » déclarait fin octobre à Banjul, le ministre de l’Intérieur Ousman Sonko, invité à assister à la célébration du quatrième anniversaire de la Young journalists association of the Gambia. « Aujourd’hui vous êtes journalistes, demain vous serez des leaders. Les intérêts du pays doivent passer avant ceux des individus et des partis politiques » a-t-il ajouté, alors que la campagne pour la présidentielle débutera le 12 novembre, et que 800 000 Gambiens seront appelés aux urnes le 24 du même mois.
Pour les uns, ces propos sont une mise en garde à l’endroit des médias qui publieraient des informations ou des commentaires jugés nuisibles. Pour d’autres, c’est une tentative du gouvernement d’endormir la méfiance des journalistes. Puis, il y a ceux qui pensent qu’ils illustrent la volonté du président Yahya Jammeh d’améliorer les relations avec les médias.
Débats politiques autorisés
S’il est vrai que la situation de la presse en Gambie n’est pas encore rose, il y a des signes d’amélioration. Cette année, pour la première fois, la radio d’État a été autorisée à recevoir sur son plateau, de surcroît en direct et avant le démarrage de la campagne électorale, les chefs des principales formations politiques. Ainsi, au cours des dernières semaines, Ousainu Darboe du United democratic party (UDP), Hamat Ba du National reconciliation party (NRP) et organisation for independance and socialism (PDOIS) ont pu s’exprimer librement. « Les révolutions survenue cette année [dans les pays arabes] ont sans aucun doute inspiré le président Jammeh » a estimé Darboe, candidat à la magistrature suprême.
Autre indicateur du changement en cours, en mars dernier, Yahya Jammeh a rencontré quelques patrons de presse. Interpellé sur la nécessité de revoir les lois sur la presse prévoyant des amendes de 1 à 5 millions de Dalasis et des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 2 ans pour diffusion de fausses nouvelles ou encore diffamation et les conditions de création d’un journal imposant de posséder un titre foncier ainsi qu’une garantie financière de 500 000 Dalasis, le président Jammeh n’a cependant pas réagi.
« Il a écouté nos revendications et nous a demandé de vérifier nos informations avant de les diffuser. Néanmoins, ce premier contact était important pour l’avenir de nos activités » souligne Pap Saine, le directeur de publication du premier journal indépendant The Point (créé en 1991), qui lui-même a été mis sous les verrous en 2004 et 2009, à l’issue d’un procès expéditif pour sédition et diffusion de fausses nouvelles, avant d'être libéré suite à une grâce présidentielle.
Des progrès... sous surveillance
En 2011, deux journalistes des médias d’État (GRTS et Daily observer) ont été licenciés, puis condamnés à payer des amendes pour « diffusion de fausses nouvelles » et Teranga FM, la seule radio à proposer de l’information dans les langues locales (hormis la radio d'État) et à diffuser des programmes politiques, a été fermée au premier trimestre pendant un mois.
Un bilan critiquable, mais moins que les années précédentes. Selon Aloa Ahmed Alota, le secrétaire exécutif de la Gambia press union (GPU) qui veille au respect de la liberté d’expression et assiste les professionnels des médias en difficultés avec le pouvoir, si la corporation reste très surveillée, notamment par la National Intelligence Agency (NIA), la situation s’améliore.
Mais ces signes d’apaisement ne suffisent pas à faire oublier le meurtre non élucidé de Deyda Hydara du journal The Point abattu par balles en 2004 ni la disparition d’Ebrima Maneh du quotidien pro-gouvernemental Daily Observer. Ce dernier n’a plus donné signe de vie depuis juillet 2006.
___
Cécile Sow, envoyée spéciale à Banjul
Jeuneafrique
Pour les uns, ces propos sont une mise en garde à l’endroit des médias qui publieraient des informations ou des commentaires jugés nuisibles. Pour d’autres, c’est une tentative du gouvernement d’endormir la méfiance des journalistes. Puis, il y a ceux qui pensent qu’ils illustrent la volonté du président Yahya Jammeh d’améliorer les relations avec les médias.
Débats politiques autorisés
S’il est vrai que la situation de la presse en Gambie n’est pas encore rose, il y a des signes d’amélioration. Cette année, pour la première fois, la radio d’État a été autorisée à recevoir sur son plateau, de surcroît en direct et avant le démarrage de la campagne électorale, les chefs des principales formations politiques. Ainsi, au cours des dernières semaines, Ousainu Darboe du United democratic party (UDP), Hamat Ba du National reconciliation party (NRP) et organisation for independance and socialism (PDOIS) ont pu s’exprimer librement. « Les révolutions survenue cette année [dans les pays arabes] ont sans aucun doute inspiré le président Jammeh » a estimé Darboe, candidat à la magistrature suprême.
Autre indicateur du changement en cours, en mars dernier, Yahya Jammeh a rencontré quelques patrons de presse. Interpellé sur la nécessité de revoir les lois sur la presse prévoyant des amendes de 1 à 5 millions de Dalasis et des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 2 ans pour diffusion de fausses nouvelles ou encore diffamation et les conditions de création d’un journal imposant de posséder un titre foncier ainsi qu’une garantie financière de 500 000 Dalasis, le président Jammeh n’a cependant pas réagi.
« Il a écouté nos revendications et nous a demandé de vérifier nos informations avant de les diffuser. Néanmoins, ce premier contact était important pour l’avenir de nos activités » souligne Pap Saine, le directeur de publication du premier journal indépendant The Point (créé en 1991), qui lui-même a été mis sous les verrous en 2004 et 2009, à l’issue d’un procès expéditif pour sédition et diffusion de fausses nouvelles, avant d'être libéré suite à une grâce présidentielle.
Des progrès... sous surveillance
En 2011, deux journalistes des médias d’État (GRTS et Daily observer) ont été licenciés, puis condamnés à payer des amendes pour « diffusion de fausses nouvelles » et Teranga FM, la seule radio à proposer de l’information dans les langues locales (hormis la radio d'État) et à diffuser des programmes politiques, a été fermée au premier trimestre pendant un mois.
Un bilan critiquable, mais moins que les années précédentes. Selon Aloa Ahmed Alota, le secrétaire exécutif de la Gambia press union (GPU) qui veille au respect de la liberté d’expression et assiste les professionnels des médias en difficultés avec le pouvoir, si la corporation reste très surveillée, notamment par la National Intelligence Agency (NIA), la situation s’améliore.
Mais ces signes d’apaisement ne suffisent pas à faire oublier le meurtre non élucidé de Deyda Hydara du journal The Point abattu par balles en 2004 ni la disparition d’Ebrima Maneh du quotidien pro-gouvernemental Daily Observer. Ce dernier n’a plus donné signe de vie depuis juillet 2006.
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Cécile Sow, envoyée spéciale à Banjul
Jeuneafrique