Les cérémonies officielles des évènements religieux ont beaucoup gagné en importance. Elles sont hyper médiatisées. Ce sont les lieux où il faut être vu. Des lieux privilégiés de communication politique. La résonnance à l’extrême. Tenants du pouvoir et opposants s’y bousculent. Ils y chantent la même antienne. Ils y vont tous. Personne n’ose ne pas y aller. Nul n’y est expressément convié. Aucune exigence de présence. Mais gare aux absents.
Les familles religieuses aimeraient pouvoir y convier tous les protagonistes. Elles n’ont pas à lever le plus petit doigt. La course à la bénédiction les remplit de bonheur. Elles y trouvent leur compte. Et pour maintenir le statu quo, elles prédisent à chacun un destin politique de premier de classe. Pour tous et contre personne. Tout le monde sera Président un jour. La destinée s’accomplira. Celui qui serrera la main le premier sera certainement l’élu des dieux. Mais il ne régnera sur personne. Son règne sera concomitant à celui de ses pairs, tous aussi bénis des dieux. Une armée mexicaine africanisée.
Les familles religieuses engrangent. Quelques que soient les tenants du pouvoir. Quelques soient les opposants. Faiseuses de rois, elles jouissent d’une aura pérenne qui tient moins des allégeances printanières que du déni autosuggéré de la remise en cause de l’ordre religieux établi. Cet ordre n’est pas offensif. Il s’autogère. Il gloutonne et se gausse des principes régaliens qui lui rappelleraient ses devoirs de réserve. Cet ordre religieux n’a aucun intérêt à remettre en cause le système. Il ne dira pas à non à une demande qu’il sait ne pas pouvoir satisfaire. Il n’a pas la prétention de la satisfaire. Il n’a pas l’ambition de tarir la source qui l’abreuve.
Les hommes politiques aiment à penser que les sénégalais leur font l’exigence d’aller s’y promener. Ils n’y rechignent pas. Ne serait ce que pour battre en brèche la suspicion de grands mécréants devant l’éternel qui leur prend au nez. Comment en fait assumer de symboliser, à tort ou à raison, toutes les contrevaleurs de la société sénégalaise dans sa posture d’« homme politique » et oublier d’aller solliciter les parures d’une respectabilité religieuse compensatoire ?
Les hommes politiques aiment laisser transparaitre que leurs victoires passées et à venir trouvent leur origine dans les prédictions et prières des hommes religieux. Pas les défaites. Les échecs des uns se justifiant par les succès des autres. Autrement, les prières n’auraient pas une trajectoire positive. Il faut bien qu’une prière exaucée justifie les milles autres tombées à l’eau. En prédisant les mêmes issues à tous les protagonistes, une seule issue positive crédibilise l’échec obligatoire des autres. Et la seule issue heureuse conforte l’infaillibilité de la promesse pourtant faite à tous. Il n’y pas de mensonge, pas d’incompétence, pas de ratés, pas d’incertitudes. C’est la toute puissance divine.
Les hommes politiques éprouvent le besoin de se convaincre et de convaincre de l’utilité de leurs démarches. Ils sont conscients de la réalité d’un impact nul sur le résultat électoral. C’est éprouvé depuis 2000. Mais ils ont encore l’illusion de pouvoir en tirer profit. Ils ont surtout le devoir de ne pas détonner. Ils sont des acteurs politiques pragmatiques et cyniques. Ils ont la posture du croyant devant la récompense promise par leur seigneur. Les moins pieux se diront toujours qu’en respectant les prières quotidiennes, ils gagneront le paradis, si Dieu existe. Au cas contraire, ils auront au moins fait de la gymnastique. La certitude de ne pas perdre.
Et moi ? Citoyen sénégalais, talibé convaincu, militant politique ! Coincé entre la certitude de l’inanité de telles démarches et le besoin d’être rassuré sur la considération donnée à ma chapelle. Mon dieu ! Merci de m’aider à gérer ce méli-mélo conflictuel entre un égo confrérique à fleur de peau et une conscience politique aiguisée qui s’arc boute à la toute puissance électorale d’une carte d’électeur qui scrute impatiemment le déroulé du calendrier républicain.
Le citoyen, les religieux et les hommes politiques sont les ingrédients d’une mascarade politico-religieuse dont seul le Sénégal a le secret. Ils se connaissent. Ils se jaugent. Ils se comprennent. Et tous décident de jouer le jeu. Le politique sait qu’il ne sera plus élu par le religieux. Le religieux sait que le politique ne se soumet pas par la force d’une foi qui transcenderait les questions matérielles d’ici bas. Le citoyen laisse faire. Il sait que son suffrage ne sera pas conditionné par son guide religieux. Il sait tout autant que ce n’est pas le politique qui fera bouillir sa marmite, en tout cas pas dans l’immédiat. Croit-il encore que son au-delà sera garanti par son guide religieux ? Pas si sûr ! Le temps d’intercession du guide religieux est le plus souvent utilisé à d’autres fins, à divertir le politique pour intercepter les bienfaits d’ici bas destinés à ses propres talibés, sans lui garantir les gains escomptés dans l’au-delà. Pas tous les guides religieux. Pas tout le temps. Pas partout. Sachons raison garder !
Alors pourquoi à votre avis les cérémonies officielles du Magal et du Maouloud continuent-elles à constituer des foires courues et hyper médiatisées ? La réponse est simple. Ce sont les lieux de confirmation d’un jeu politique, religieux et électoral à somme nulle. Tout le monde se neutralise. Les prières des uns annulent les allégeances des autres. Et la religion, la vraie, est extirpée du champ politique. Et la politique, la vraie, peut désormais se déployer en ne récompensant que les talents et les vertus de ceux qui s’y engagent. La politique au service du citoyen. La religion au service du croyant. Et le tout à l’avenant !
Nioxobaye,
http://www.xalimablog.com/Nioxobaye
E-mail : nioxobayesamb@gmail.com
1er Mars 2010.
Les familles religieuses aimeraient pouvoir y convier tous les protagonistes. Elles n’ont pas à lever le plus petit doigt. La course à la bénédiction les remplit de bonheur. Elles y trouvent leur compte. Et pour maintenir le statu quo, elles prédisent à chacun un destin politique de premier de classe. Pour tous et contre personne. Tout le monde sera Président un jour. La destinée s’accomplira. Celui qui serrera la main le premier sera certainement l’élu des dieux. Mais il ne régnera sur personne. Son règne sera concomitant à celui de ses pairs, tous aussi bénis des dieux. Une armée mexicaine africanisée.
Les familles religieuses engrangent. Quelques que soient les tenants du pouvoir. Quelques soient les opposants. Faiseuses de rois, elles jouissent d’une aura pérenne qui tient moins des allégeances printanières que du déni autosuggéré de la remise en cause de l’ordre religieux établi. Cet ordre n’est pas offensif. Il s’autogère. Il gloutonne et se gausse des principes régaliens qui lui rappelleraient ses devoirs de réserve. Cet ordre religieux n’a aucun intérêt à remettre en cause le système. Il ne dira pas à non à une demande qu’il sait ne pas pouvoir satisfaire. Il n’a pas la prétention de la satisfaire. Il n’a pas l’ambition de tarir la source qui l’abreuve.
Les hommes politiques aiment à penser que les sénégalais leur font l’exigence d’aller s’y promener. Ils n’y rechignent pas. Ne serait ce que pour battre en brèche la suspicion de grands mécréants devant l’éternel qui leur prend au nez. Comment en fait assumer de symboliser, à tort ou à raison, toutes les contrevaleurs de la société sénégalaise dans sa posture d’« homme politique » et oublier d’aller solliciter les parures d’une respectabilité religieuse compensatoire ?
Les hommes politiques aiment laisser transparaitre que leurs victoires passées et à venir trouvent leur origine dans les prédictions et prières des hommes religieux. Pas les défaites. Les échecs des uns se justifiant par les succès des autres. Autrement, les prières n’auraient pas une trajectoire positive. Il faut bien qu’une prière exaucée justifie les milles autres tombées à l’eau. En prédisant les mêmes issues à tous les protagonistes, une seule issue positive crédibilise l’échec obligatoire des autres. Et la seule issue heureuse conforte l’infaillibilité de la promesse pourtant faite à tous. Il n’y pas de mensonge, pas d’incompétence, pas de ratés, pas d’incertitudes. C’est la toute puissance divine.
Les hommes politiques éprouvent le besoin de se convaincre et de convaincre de l’utilité de leurs démarches. Ils sont conscients de la réalité d’un impact nul sur le résultat électoral. C’est éprouvé depuis 2000. Mais ils ont encore l’illusion de pouvoir en tirer profit. Ils ont surtout le devoir de ne pas détonner. Ils sont des acteurs politiques pragmatiques et cyniques. Ils ont la posture du croyant devant la récompense promise par leur seigneur. Les moins pieux se diront toujours qu’en respectant les prières quotidiennes, ils gagneront le paradis, si Dieu existe. Au cas contraire, ils auront au moins fait de la gymnastique. La certitude de ne pas perdre.
Et moi ? Citoyen sénégalais, talibé convaincu, militant politique ! Coincé entre la certitude de l’inanité de telles démarches et le besoin d’être rassuré sur la considération donnée à ma chapelle. Mon dieu ! Merci de m’aider à gérer ce méli-mélo conflictuel entre un égo confrérique à fleur de peau et une conscience politique aiguisée qui s’arc boute à la toute puissance électorale d’une carte d’électeur qui scrute impatiemment le déroulé du calendrier républicain.
Le citoyen, les religieux et les hommes politiques sont les ingrédients d’une mascarade politico-religieuse dont seul le Sénégal a le secret. Ils se connaissent. Ils se jaugent. Ils se comprennent. Et tous décident de jouer le jeu. Le politique sait qu’il ne sera plus élu par le religieux. Le religieux sait que le politique ne se soumet pas par la force d’une foi qui transcenderait les questions matérielles d’ici bas. Le citoyen laisse faire. Il sait que son suffrage ne sera pas conditionné par son guide religieux. Il sait tout autant que ce n’est pas le politique qui fera bouillir sa marmite, en tout cas pas dans l’immédiat. Croit-il encore que son au-delà sera garanti par son guide religieux ? Pas si sûr ! Le temps d’intercession du guide religieux est le plus souvent utilisé à d’autres fins, à divertir le politique pour intercepter les bienfaits d’ici bas destinés à ses propres talibés, sans lui garantir les gains escomptés dans l’au-delà. Pas tous les guides religieux. Pas tout le temps. Pas partout. Sachons raison garder !
Alors pourquoi à votre avis les cérémonies officielles du Magal et du Maouloud continuent-elles à constituer des foires courues et hyper médiatisées ? La réponse est simple. Ce sont les lieux de confirmation d’un jeu politique, religieux et électoral à somme nulle. Tout le monde se neutralise. Les prières des uns annulent les allégeances des autres. Et la religion, la vraie, est extirpée du champ politique. Et la politique, la vraie, peut désormais se déployer en ne récompensant que les talents et les vertus de ceux qui s’y engagent. La politique au service du citoyen. La religion au service du croyant. Et le tout à l’avenant !
Nioxobaye,
http://www.xalimablog.com/Nioxobaye
E-mail : nioxobayesamb@gmail.com
1er Mars 2010.